Le retour du mini-explorateur [Violette]

 ⱷ Le retour du mini-explorateur

Il ne doit pas sortir tout seul. Papa et Maman n'arrêtent pas de le lui répéter depuis qu'il a rencontré la bête trop moche dans les champs. Mais lui, c'est un enfant. Il est plein d'énergie. Des fois, çà l'empêche même de se concentrer sur la lecture des livres et des babines. Il a besoin de s'amuser et de découvrir le monde. Sinon, il devient infernal.

Il a beaucoup râlé Stendhal. Il a crié que ce n'était pas juste. Qu'il avait déjà six mois et qu'il allait bientôt être un Grand. Il a pleurniché qu'il n'avait pas d'ami et qu'il ne s'en ferait pas en restant enfermé dans la Bibliothèque. Il a eu des mots durs, il a déchiré des papiers. Mais au final, ses parents ont craqué. Qui resterait de marbre face à un enfant qui réclame le droit de grandir et de s'amuser ?

Ainsi, le voilà de nouveau avec ses petites pattes foulant les herbes des Champs Mystiques. Contrairement à la dernière fois, il est accompagné. Maman l'a confié à Monsieur Violette. Quel drôle de nom. Elle a dit que c'était un très grand ami à elle. Qu'il pouvait lui faire confiance et qu'il devait l'écouter. Ah oui, il ne devait pas non plus chercher à le semer. Des fois, Stendhal se demande si Maman ne lisait pas dans ses pensées. Mais temps pis, il a promis. Il sera gentil. Il écoutera. Parce qu'il est trop content de pouvoir de nouveau être dehors.

Déjà, il sautille sur place. Impatient. Mais la promesse le retient de partir comme un fou. Sa petite tête se lève haut pour fixer le Grand. Une question muette au fond de ses prunelles : On y va ?

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D'un geste, le Grand lui donne l'autorisation. Il n'attendait que çà ! Grand sourire sur les babines, il s'élance. Il dépasse Violette et se met courir. Il sait très que celui-ci n'aura aucun mal à le rattraper. Il a trop d'énergie à évacuer. Parce que ce n'était pas très amusant de rester enfermé à la Bibliothèque. Faut pas faire de bruit ni chahuter. Car çà embête les autres. Et un bon Nakhu doit être sage.

Mais il est sûr qu'il va bien s'amuser aujourd'hui. Il sent le vent qui souffle fort sur sa crête. Çà freine sa progression. C'est dur de courir contre le vent. Ils n'ont pas la même force. Alors, il ralentit et finit par marcher. Il sait que l'on ne peut pas vaincre le vent. On ne peut même pas l'attraper ! Il a déjà essayé avec sa bouche. Mais çà n'a pas marché.

Par contre, l'animal qui passe en virevoltant, on peut le capturer ! Un Papillon ! Un ami pour entendre ! Pour pouvoir parler avec l'ami de Maman ! Ses iris dorés se fixent sur l'insecte et voila le louveteau lancé à sa poursuite.

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Çà tremble à ses côtés. Beaucoup de vibrations. Il est obligé de quitter l'insecte du regard. Un coup d'oeil jeté à sa droite lui apprend que l'ami de Maman l'a rattrapé. Lui aussi, il veut le Papillon ? Mais c'est Stendhal qui l'a vu en premier ! Et il en a besoin si il veut entendre ! Faut pas lui prendre, non non !

Mais il s'est inquiété pour rien. Car les babines envoient plutôt des encouragements. Il est rassuré le louveteau. Il hoche la tête. Il peut de nouveau reprendre sa poursuite. Mais où est passé le Papillon ? Ah là ! Il court dans sa direction. Il bondit, ses pattes en avant. Mais il disparait. Pour réapparaitre au-dessus de sa tête. Çà alors, il fait des blagues ! C'est un Papillon blagueur !

Le jeune loup va avoir du mal à le capturer. Mais il est plein d'énergie. Il continue de le suivre. Le vent est toujours là et complique sa tâche. Mais ce n'est pas grave. Il veut réussir. Et peut être que l'insecte va les mener à un trésor ? Ce serait trop bien !

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Il court encore. Chassant sans s'en rendre compte. Il faut dire qu'il ignore tout de la chasse. Maman lui a montré que la pêche. Le poisson, il aime bien. Le miel aussi ! Et les petits gâteaux encore plus ! Mais il n'est pas seul à les adorer. Il faut partager. Ce papillon-là, il ne sera pas obligé de le partager. Il pourra le garder pour lui tout seul. Ce qui est triste, c'est que çà vit pas longtemps. Mais il va lui construire une jolie maison ! D'abord, il faut l'attraper.

Il volète de droite à gauche et de haut en bas. C'est dur d'anticiper son vol. Encore plus avec ses disparitions. Il faut se tenir prêt. Prêt à bondir. Ou pas. Parce que c'est fragile comme animal. Il ne faut pas lui faire du mal. Il ne veut pas devenir un méchant notre enfant. Sinon la Corneille, elle ne voudra pas de lui.

Alors, il réfléchit. Il cherche un moyen de capturer sans blesser. Ah, mais il a ce qu'il faut ! Sa sacoche ! Il va s'en servir comme d'un filet ! Il est content de son idée. Il n'a plus qu'à attendre maintenant.

Voilà qu'après un énième coup de vent, l'insecte ralentit. Lui aussi il a besoin d'une pause. Il va se poser sur une fleur avec un seul pétale d'un blanc éblouissant. Très pur. L'occasion parfaite.

Stendhal ne perd pas de temps. Il prend sa sacoche, l'ouvre et la laisse tomber sur le sol. Droit sur la fleur de lune et la papillon de brume. Comme le dôme de Mido sur les Lazulis.

Il fait le tour de son piège improvisé. Il regarde dans l'herbe et dans le ciel. Il ne voit pas de Papillon Blagueur. Çà veut dire qu'une fois : il a réussi ! Il s'empresse d'aller tapoter la patte de Monsieur Violette. A-t-il vu ?

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Il a vu ! Il a vu le Grand ! Il en est sûr ! Car il a un grand sourire. Il y a les mots qui font gigoter ses babines. Lui aussi il partage sa victoire. Son popotin danse sous la caresse. Il accepte d'être décoiffé. Comme çà, il ressemblera encore plus à un explorateur ! Tout sali et ébouriffé par l'aventure !

Il attrape sa sacoche entre ses crocs. Il essaye de ne pas trop la secouer en la déposant sur son dos. Pour ne pas faire mal au Papillon blagueur et à la jolie fleur. Mais en même temps, il est pressé. Il ne sait pas pendant combien de temps il pourra jouer avec Monsieur Violette. Les Grands ils sont souvent plus vite fatigués que lui. Lui, il pourrait jouer toute sa vie !

Il se remet en route. En marchant car il n'y a plus rien à poursuivre. Le vent est toujours là. Est-ce qu'il va se transformer en tempête ? Une fois, dans un livre, il a vu un dessin de cyclone. C'était effrayant ! Çà peut tout manger et tout soulever. Lui, il aimerait bien pouvoir voler par lui-même. Pour être indépendant et aller où il veut.

Soudain, un animal surgit hors de l'herbe. Çà, çà change du vent ! Le louveteau s'arrête pour suivre la bête du regard. Elle a des tâches comme lui ! Et des cornes. Et des sabots. Mais elle est plus grande. C'est une proie, c'est sûr !

Il tourne sa tête vers l'ami de Maman. Une lueur interrogatrice dans ses iris dorés.

"Manger ?"

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Une tête qui se secoue de bas en haut. Çà veut dire oui ! On va chasser l'animal qui a sauté ! Il est content. Il va apprendre de nouvelles choses ! Il va être moins bête grâce à Monsieur Violette. Peut être même qu'il réussira à rattraper son frère ? Il a tellement d'avance sur lui.

Oh, mais apparemment avant il faut se préparer. Il faut se faire tout beau ? Voilà qu'une fleur est mise dans sa crête. Il imagine que c'est un rituel. Quelque chose que font tous les chasseurs. Sûrement pour se porter chance.

Lui aussi il veut mettre un truc dans les cheveux de l'ami à Maman. Mais quoi ? Il cherche autour de lui. Un parfum l'attire. Çà, il reconnait ! Çà sent comme le Jardin de Mamie ! Il suit l'odeur et arrive près d'un tas de fleurs mauve. Elles sont plus fortes que la neige celles-là ! C'est parce qu'elles sont violettes comme la Déesse ! Il choisit la plus jolie. Et il retourne près du Grand.

La tige de la fleur entre ses crocs, il se redresse sur ses pattes arrières. Il pose ses pattounes avants sur le corps bien plus grand que lui. Sa tête est trop haute. Il peut pas l'atteindre. Il a une autre idée. Il glisse la fleur dans le bracelet à sa portée. Voilà ! Comme çà Monsieur Violette et Stendhal sont pareils ! Ils ont une fleur tous les deux !

"Amis de chasse !"

Ils sont prêts. Prêts à aller chasser de la bébête tachetée !

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Petit Stendhal est tout content de voir le Grand aussi content que lui. Il ne le quitte plus des yeux. Il joue au parfait imitateur. Il vient s'allonger dans l'herbe. Même si vu sa taille, il n'en a pas vraiment besoin. Parce que couché, bah il ne voit plus rien. Plus de Proie. Les brins d'herbe sont si hauts ! Alors, il fait confiance à Monsieur Violette. Lui, il sait tout.

Il rampe un peu pour mieux voir le dessin. Il prend une mine très sérieuse. Il faut bien se concentrer pour tout comprendre. Il ne faut surtout pas décevoir son nouvel Ami de Chasse. Il faut réussir. Comme çà le Grand voudra de nouveau explorer avec lui ! Il ne sera plus tout seul. Il aura enfin un copain avec qui jouer. Le rêve !

Son regard doré passe de traits en traits. Il mémorise tout. Il pense avoir compris. Il hoche vivement la tête. Il a hâte d'essayer. Il est tellement pressé qu'il s'éloigne déjà. Il a retenu qu'il doit être derrière la Proie et l'effrayer.

Il s'avance dans les herbes. Mais ramper sans voir où il va, ce n'est pas facile. Il est obligé de se redresser pour voir le Daim.

[Petit Dé réussite pour savoir si il arrive à se positionner sans se faire repérer.]

Il se glisse à travers la végétation avec la discrétion d'une ombre. Nul ne le remarque. Après tout que pourrait-on craindre de la part d'un bébé loup ? Il réussit comme un chef à se placer comme sur le dessin de Monsieur Violette. Et il attend avant de lancer l'assaut.

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