Hissez haut ! [Séléné]

-Edessa-

Depuis qu'Edessa avait été prise patte sur le fait en train de voler quantité de fruits et de légumes par la belle Séléné, elle n'avait eu de faire qu'à se racheter. Enfin, se racheter : disons que la nakhu lui avait proposé un marché, que la pirate avait évidemment accepté. Il fallait qu'elle trouve quelque chose d'utile à la meute en échange de graines plus rares, de ces plantes médicinales dont ils avaient tant besoin.

Edessa n'avait pas fait que ça. Elle était descendue dans les profondeurs de l'Océan pour trouver un cadeau, non pas pour la meute, mais pour la belle louve au pelage de ciel, dans l'espoir d'avoir un rendez-vous. Parce que c'était comme ça qu'on faisait, chez eux ! Elle avait passé quelques jours à confectionner quatre beaux filets, solides et de différentes taille de maille, pour que les nakhus puissent pécher où ils le voulaient. Elle ne leur apprendrait pas comment les utiliser, il ne fallait pas exégerer, mais sans se vanter (ou à peine) elle était fière de son travail.

Et puis, son exploration avait donné de beaux résultats. D'abord, des os de baleine, qu'elle avait passé encore quelques jours à tailler en de beaux hameçons, qui étaient à présent entreposés dans une petite besace en cuir de poisson. Et puis ... Quelques trésors, pour la belle louve. Mais ça, ils restaient une surprise. Elle était allé chez les nakhus après avoir terminé son oeuvre, cherchant l'odeur de Séléné dans leur demeure. Elle l'avait trouvée sans peine : tellement reconnaissable, de ses cheveux bouclés et bien entretenus, de ses cils blancs et longs, de son corps frêle qui faisait tourner les tête. Edessa se pare de son meilleur sourire, sa besace alourdie par tous les cadeaux et les espoirs, avant de la saluer d'une révérence torve :


Elle ne quitte pas des yeux les siens, souvenir de leur jeu dans les jardins d'il y a deux semaines.

-Edessa-

La belle bouclée se retourne, et l'invite d'une patte désinvolte à s'approcher. Edessa se redresse, avant de la regarder dénouer le bandeau noir et le lui tendre. Elle se souvient, en revoyant ses gestes un peu tremblant et son sourire charmant, de toute la frustration qui l'avait secouée la dernière fois. Tout cela revient en même temps que son odeur vient lui caresser la truffe, ces heures passées à regretter d'avoir tenté le diable avec une allumeuse aussi belle. Mais cette fois-ci, la pirate était bien décidée à tenter sa chance, et si rien n'en venait, alors tant pis ! Elle rentrerait chez elle par l'Océan le plus froid, comme la dernière fois.

Le temps de renouer le bandeau à sa taille, et déjà la nakhu s'allonge en l'invitant à ses côtés. La frisée détache son sac avant de s'installer, confortable, dans le recoin de la demeure nakhus. Joueuse, elle sourit à la louve au pelage de ciel en exposant son ventre, et lui rétorque tout en sortant ses paquets :


Elle se fait vendeuse, comme toujours, mais cette fois-ci, c'est la pure vérité : elle avait tout donné. Elle commence par sortir les quatre filets, les étendant devant les yeux de la belle nakhu. Ses oeuvres, elle les chérit et les organise avec une tendresse presque maternelle. Personne ne comprenait l'amour qu'elle portait à ses cordages, qui devenaient parfois une sorte d'obsession. Elle les caresse d'une patte experte, montre les quatre tailles de mailles comme une démonstration de la maîtrise de son art. Elle sort ensuite les hameçons fait d'os de baleine, et les dispose à côté, avant de pencher la tête vers Séléné et de montrer le tout d'une patte :


Elle était fière, Edessa, de ce qu'elle montrait. Derrière elle, sa queue bat lentement le sol, et ses yeux dévorent le visage de la nakhu, cherchant la validation ou l'admiration, n'importe quelle récompense de son travail bien fait.

-Edessa-

Sur le visage fin de la louve pâle se lit ce que la pirate cherchait : elle était impressionnée. Le sourire d'Edessa se teinte de fierté, et elle se repait des compliments de Séléné. En un sens, cela va plus loin que la simple réussite personnelle, c'était aussi une preuve que leur clan entier avait ses spécialités et ses compétences, qu'ils avaient quelque chose à offrir. D'un point de vue politique, l'échange était important selon la frisée. Mais elle n'était pas là que pour la politique, ça non. Ses yeux suivent la silhouette de la nakhu se lever, puis disparaître de sa vue de sa démarche un peu irrégulière.

Elle attend un peu. Elle était patiente aussi lorsqu'il s'agissait de relations. Pour la peine, elle réorganise un peu sa chevelure touffue, et range ses présents pour ne pas que les filets s'emmêlent. C'était réellement le seul désavantage de ce genre de pèche : il fallait faire attention à son matériel. Et puis, Séléné revient, sa présence précédée par sa flagrance si particulière. La pirate tourne le cou, détaille autant le panier que la louve : c'était sa part du marché. Elle se redresse sur ses pattes de devant pour constater les graines, et écouter les informations données par la nakhu. Finalement, elle tend le cou pour venir frôler du museau la truffe de la belle louve, ne la quittant pas des yeux :


Elle se relève et s'écarte de nouveau, avant de porter ses pattes à sa ceinture d'un geste presque théâtral. Son regard en coin est malicieux, alors qu'elle ménage son audience :


Elle sort d'une patte experte une petite fiole contenant ce qui apparaître être, en apparence, de la vulgaire eau de mer. Mais en son centre, une goutte nacrée semble pulser, comme animée d'une vie propre. Edessa l'avait trouvée au fond de l'Océan, et après avoir cherché quelque peu (et demandé à Astrid), elle en avait déduit sa provenance. Elle s'approche pour la montrer à la louve, comme on montre un objet secret, mangeant la distance entre elle, venant emmêler leurs souffles. Elle lève la fiole au niveau de leurs yeux, la secoue légèrement pour la faire miroiter, avant de chuchoter :

-Edessa-

Le jeu s'engage de nouveau, jeu de regards, de souffles, de paroles. Edessa rit, doucement, à la remarque de Séléné : malheureusement, elle n'avait pas eu l'occasion de rencontrer de véritable sirène, même si elles peuplaient parfois ses rêves les plus agréables. Elle sent cependant avec les paroles qui suivent que le coeur de la belle au pelage de ciel est conquis par le trésor, alors qu'elle se fend d'un ton presque amoureux. Mais les mots la font sourire, et elle se montre un peu plus intéressée : elle avait bien l'esprit vif, cette nakhu.

La louve frisée rit, avant d'avancer le museau, audacieuse. Elle vient effleurer le creux du coup de la louve eu pelage bouclé, s'enveloppant de son odeur avant de reculer, comme si elle demandait une sorte de permission. Malgré leur proximité et malgré la réputation qu'avait les pirates, Edessa n'oserait pas se montrer trop entreprenante, pas avant d'avoir cerné Séléné et ses intentions. Sa voix se fait plus charmeuse, aux inflexions joueuses :


Elle penche la tête, ses yeux alternant entre les iris bleutées de la louve et sa gueule, son cou qu'elle détaille avec une envie non dissimulée.


Un sourire malicieux. Elle se targuait d'être patiente, il fallait à présent le montrer. Et puis, elle avait en tête un tout autre cadre que ce Dédale, où bien des loups pouvaient passer et les déranger.

-Edessa-

La belle bouclée est audacieuse, mais elle pose ses conditions : ne pas être la seule à l'obtenir. La frisée fronce légèrement les sourcils. Fallait-il qu'elle invite une troisième personne au diner ? C'était une notice un peu courte, pour rajouter quelqu'un à leurs jeux, mais peut-être qu'elle avait déjà quelqu'un en tête ? Elle se rapproche, et Edessa se laisse enivrer par l'odeur de la louve autant que du bon rhum, le contact devenant un peu plus proche, peut-être. Et puis, elle éclaircit un peu ses conditions, que la fièvre avait empêché Edessa de bien comprendre. Elle n'était pas exclusive, c'était ça, qu'elle voulait dire.

La pirate lui rend son sourire, avant de lever une patte pour la poser sur sa joue. Elle était d'une beauté à couper le souffle, d'une qu'Edessa n'avait jamais pu observer. Ou bien, c'était les hormones qui lui faisaient perdre raison. De toute manière, la pirate ne perdait pas le nord : elle ne cherchait pas, elle non plus, une relation qui se voulait exclusive. Ni même une relation, pour ce que ça l'importait. Sa liberté était sa seule véritable valeur, et l'Océan occupait déjà son coeur. Elle souffle, avant de répondre :


Il y en avait bien certain qui aimaient au singulier, mais Edessa n'en faisait pas parti. La pirate se fait plus audacieuse, vient plonger son museau dans le cou de Séléné, et l'attirer un peu plus contre elle. Elle gronde, doucement :

-Edessa-

La louve confirme que son offre de diner est accepte, se coulant contre elle de manière joueuse. Edessa lui sourit avant de la libérer de ses pattes pour s'écarter. Elle se sentait fiévreuse à présent, et elle se satisfaisait de cet état là. La remarque de la louve au pelage de ciel la surprend, un peu : elle voulait y aller maintenant ? Ce n'était pas tout à fait l'heure du dîner ... Mais peu lui importait, à vrai dire. Le seul problème était que rien n'était préparé, à part la boisson qu'elle avait rapportée de Morne Oeil. Elle penche la tête, fait mine de réfléchir :


Elle écarte la difficulté d'une patte désinvolte, son sourire revenant à la charge.

-Edessa-

L'offre est acceptée après un petit temps de réfléxion. Bien ! Edessa savait déjà ce qu'elle allait préparer, un repas bon, de chez elle, mais assez léger, accompagné d'un bon rhum comme cela se devait. Elle lui rend son sourire. Elle avait hâte. Mais la mention d'une petite activité lui fait relever les oreilles : elle ne doutait pas que Séléné était plus que son joli minois, la preuve était qu'elle lui avait rapporté les graines demandées, ainsi que la négociation féroce qui avait eu lieu il y a deux semaines. Mais lorsqu'elle évoque la divination ... La mine de la frisée se renfrogne un peu. De la magie.

Elle passe une patte dans ses cheveux frisés, mais se déride bien vite. La situation était bien différente que celle avec Ann, la magie le serait aussi. Séléné était loin d'être une sorcière, et Edessa acceptait volontiers de laisser une nouvelle chance à cette discipline qu'elle n'appréciait guère. Elle souffle, feint d'être embarrassée :


Elle se rapproche avec lenteur, soutenant le regard d'azur de la louve au pelage de ciel, laissant son sourire revenir sur son visage :


Leurs truffes se touchent à l'issue de cette lente marche, comme pour finir sa phrase d'un point.

[Je propose éllipse du coup ? ]

-Edessa-

Les yeux de la pirate sont plongés dans ceux de Séléné, qui lui assurent que peu de magie réelle sera à l'oeuvre ce soir. Cela la rassure un peu, même si elle doute qu'une nakhu comme elle pourrait lui faire beaucoup de mal. Quoi que, avec une magie suffisante ... L'absence de lumière sur la louve avait fini de la convaincre, et pour ses beaux yeux elle se laisserait prendre au jeu. La belle rit doucement, et Edessa est tentée de se rapprocher encore d'elle, son corps attiré comme un aimant, mais elle se dérobe à ses désirs pour lui dire à ce soir. La frisée la regarde partir, détaillant sa démarche et son déhanché, avant de la saluer également :



Le soir venu, tout était prêt pour leur diner. Edessa avait choisi un endroit non loin du Dédale, dans les champs mystiques, où la lumière déclinante donnait un aspect magique à la scène. Elle avait étalé au sol quelques tissus et tapis, trouvés ça et là (volés ? Pas si elle les rendait), et avait allumé un feu qui à présent n'était plus que braise dans un petit foyer à côté. Le froid n'était pas ce qui l'inquiétait, la proximité les réchaufferait si la nuit s'en venait trop sévère, mais elle en avait eu besoin pour cuisiner son repas.

La pièce principale était un beau brochet, péché en rivière non loin d'ici. La frisée l'avait fait cuire sous la braise, accompagné de divers légumes et d'algues pour assaisonner et donner de l'énergie. Le dessert était dans un bol de bois, baies et fruits de saison. Et, bien sûr, le tout accompagné du rhum ramené de chez elle, une bouteille volée aux réserves sans aucune honte. Elle avait disposé deux verres, de quoi piocher ça et là dans le plat, mais pas d'assiette. Elle n'était pas si classe que ça, et en plus n'en avait pas trouvé.

Elle attendait ici alors que le soleil déclinait, à la chaleur des braises et de son feu intérieur, espérant que la belle louve au pelage de ciel trouverait le point de rendez-vous. L'odeur devait se sentir de loin, et d'un côté, Edessa espérait qu'elle n'attirerait pas d'autres animaux, ou bien d'autres loups trop aveugles pour comprendre que leur rendez-vous était seulement pour elles. Elle soupire, s'allonge sur un des tapis, offrant son ventre au feu.

-Edessa-

Son odeur la précède, venant déranger les sens d'Edessa avec timidité à travers les efflux puissants de poisson. Elle tourne la tête, et la voilà : toute apprêtée pour la soirée, un voile pâle recouvrant ses épaules frêles et une sorte de diadème luisant dans la nuit. Ainsi, elle était encore plus belle, et Edessa n'aurait pas été surprise si la nuit avait brillé sans étoiles, car toutes s'étaient rassemblée sur elle pour cette soirée. Elle s'en sentait honorée ! Son cadeau devait vraiment lui avoir plus si, comme elle disait, "tout était négociable avec elle".

La louve la salue, Edessa le lui rend d'un signe de patte avant de se relever. Séléné s'occupe d'allumer les bougies, une bonne idée au vu de la lumière déclinante, et Edessa fait mine de préparer la table tout en l'observant. Elle était drapée de mystère, ce soir, et dispose différents objets qui attisent la curiosité de la pirate. Celle-ci s'assoit, maîtresse des préparations culinaire pour cette soirée. Elle pose une patte sur le plat où reposait ce qu'elle avait préparé :


Le plat est amené plus proche, et d'une patte experte, la bouteille de rhum est débouchée. La louve l'approche du verre de la belle nakhu, haussant les sourcils :


C'est à dire sans conteste, eux.

-Edessa-

Sa question reste sans réponse, alors Edessa prend ça pour un oui. Elle verse une bonne dose de rhum dans le verre de Séléné, et se sert elle aussi. l'odeur vient emplir l'air, faisait remuser la queue de la pirate avec délice. Visiblement, la belle Séléné était plus intéressée par la nourriture, et comment lui en vouloir ! Ce n'était pas du grand art, mais Edessa y avait mis du coeur. Elle se penche sur le plat, se saisissant d'un couvert pour mieux montrer. Le poisson était au centre, les légumes et les épices autour, formant une couronne colorée de saison.


Elle lui fait un clin d'oeil, avant de saisir d'un morceau de légume couvert de ses algues séchés qu'elle avait ramené de chez elle. Réduit en une poudre grossière, ils croquaient un peu sous la dent et apportaient un petit air marin aux légumes. Elle tend le morceau jusqu'à la gueule de Séléné, l'invitant à goûter tout en la regardant dans les yeux. La voix se fait plus basse :

-Edessa-

Séléné s'exécute, docile, et ferme ses beaux cils blancs pour mieux apprécier la bouchée qu'Edessa lui dépose sur la langue. Elle la laisse chercher un peu, suspendue à ses lèvres, se délectant de son expression, jusqu'à ce que les beaux yeux se rouvrent, et la réponse est donnée. Edessa s'écarte, avant de s'esclaffer aux étoiles : elle avait de l'esprit, enfin ça, Edessa l'avait remarqué dès le début. Elle reprend son sérieux, les yeux pétillant de plaisir, appréciant autant la conversation que la présence de la belle nakhu.


Elle rit de nouveau, avant de prendre à son tour un morceau de brochet. Elle avait un peu faim à force de cuisiner, mais devait avouer avoir un peu pioché dans les fruits pour son quatre heures. Le regard ne s'écarte pas de son date cependant, et lorsque Séléné s'avance, un morceau de poisson dépassant de sa gueule comme une invitation, la pirate ne se fait pas prier. Elle glousse à son tour et s'avance, joueuse, pour venir prendre le morceau de nourriture entre ses dents. Et elle reste un peu, posant ses lèvres contre les siennes, laissant la sensation électrique venir ébouriffer légèrement son pelage alors qu'elle s'y abandonne. Elle intensifie un peu le contact, repoussant la louve avec délicatesse pour venir la faire basculer sur le dos et se retrouver au dessus d'elle. Sa gueule s'approche, sa voix se fait murmure :


Un diner à peine commencé, et Edessa restait sur sa faim. Séléné lui avait promis une activité, après tout, et elle était cureuse de voir la magie s'associer avec leur repas.

-Edessa-

La belle louve bleu accepte, et Edessa la laisse repartir presque avec regret. Elle se redresse un peu, appréciant le feu dans lequel son corps était plongé : les jeux n'en étaient que meilleurs lorsqu'ils prenaient leur temps. Elle reprend un morceau de poisson avant que Séléné ne reviennent se poser contre elle, comme pour la narguer. Mais en tendant le cou, la pirate peut voir ce qu'elle a apporté : un jeu de carte. La louve se la jouait voyante, alors, et Edessa n'avait jamais vu une telle magie. Elle la regarder les étaler avec attention, observe la même maîtrise dans ses doigts que lorsqu'elle travail à ses filets. Elle était experte.

Il fallait donc poser une question. Et à quelle question le ciel pouvait-il répondre ? La pirate était plus habituée à demander à l'Océan. Elle prend une mine réfléchie, cachant que la proximité et le rhum ont un peu émoustillé ses facultés, avant de trouver. Ne brisant pas le contact entre les deux pelages, elle s'allonge, nonchalante, avant de relever les yeux vers la nakhu :


Son regard brûle d'ambition, lorsque le nom est prononcé. Il est son pire ennemi, son meilleur allié, l'outil qu'elle aimerait maîtriser mais n'a jamais su comment. Le tuer serait un gâchis immense, mais le laisser comme ça était un danger tout aussi grand. Une énigme cruelle pour la cannonière qu'elle était !

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