Une fleur · Ted

-Ted-

Lùgh était parti ce matin. Apparemment, Onyx l'avait vu se diriger vers la montagne, sûrement pour aller chercher une offrande pour Ao. Les choses avançaient, comme pour son voyage, mais Ted avait de moins en moins envie de partir. Enfin, non. Disons plutôt qu'il y avait un soucis : Agathe avait disparue. La situation était plus grave que ce qu'il pensait, et il s'était autorisé à s'inquiéter, juste un peu. Personne ne l'avait vu depuis trop longtemps, et il y avait des chances pour qu'elle soit blessée au mieux, au pire ...

Le grand loup cendré se tâtait. Ils avaient encore un peu de temps avant que Lùgh ne passe son épreuve, mais probablement pas assez pour retrouver sa sœur. Le choix était vite fait : il devait aider. Sinon, il s'en voudrait à jamais. Mais par où commencer ? Il était assis là, dans ses pensées, lorsque la voix du loup beige le tire de ses réflexions. Son visage s'éclaire, et il lui semble que croiser le regard pâle de Lùgh chasse un peu ses angoisses. Son cœur bat plus vite aussi, un peu, comme à chaque fois qu'il le voit, et il peut à présent observer l'effet avec une certaine curiosité. Il n'avait pas encore réussi à se dépêtrer de ce qu'il ressentait envers le beige, mais savait à présent qu'il tenait beaucoup à lui.

Le beige se rapproche, amenant avec lui son odeur encore forte, mais sa joie chasse toute inquiétude. Il avait réussi ! La longue queue de Ted se met à battre lentement dans son dos : il était soulagé. Il en avait besoin, de cette bonne nouvelle aujourd'hui. Il sort les deux fleurs, et annonce que l'une d'entre elle était pour son herbier, ce qui immanquablement fait rougir (légèrement cette fois) le grand loup cendré. Il tend une patte délicate pour s'en saisir, le regard curieux porté sur les fleurs. Elles étaient belles. C'était la première fois qu'il en voyait en vrai. Refuser le cadeau est envisagé, mais il préfère opter pour le reconnaissance :


Il sourit, soudain plus excité. Un instant, l'absence d'Agathe est oubliée, et il ne pense qu'à son herbier. Il sait exactement où placer la fleurs, il faudrait encore la conserver un peu pour qu'elle sèche correctement sans humidité. Il se lève et d'un signe et d'un sourire, invite Lùgh à le suivre jusqu'à sa tanière. Il va chercher son épais herbier, et l'ouvre à la page de la montagne. Il avait réservé une place pour la fleur, si un jour il avait le courage d'aller en chercher une. Il place l'edelweiss dans le livre, l'attache avec un peu de sève et un morceau de papier. Puis, il écrit la date, à côté, et le nom de Lùgh. Il relève les yeux vers le beige, ensuite :

-Ted-

Le vent souffle doucement dans les poils gris sombres de Ted, le transportant presque en haut de la montagne, là où les arbres ne poussaient plus, là où l'herbe était dorée et où les plantes les plus rares poussaient. Ted y était déjà monté sur cette montagne, une fois, après la mort de maman. Il ne s'était pas attardé pour regarder les plantes, seulement le ciel, qui était bleu, il s'en souvenait très bien. Mais la manière qu'avait de raconter le loup beige l'inspirait, lui donner envie d'y aller, pour jouer un morceau de musique peut-être, ou bien d'écrire ou de dessiner.

Il refermer son livre avec soin, un léger sourire flottant sur ses babines. Mais bien vite, la pensée d'Agathe le fait se renfrogner légèrement, malgré lui. Il n'avait pas envie d'inquiéter Lùgh plus que nécessaire, surtout avant son épreuve. Il joue un peu avec les pages, légèrement nerveux en compagnie du mâle.


Il se frotte la tête, le regard un peu fuyant et les joues rosées. Il avait besoin d'espoir pour ça, mais ne voulait pas trop lui mettre la pression.

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C'était râpé, pour ne pas inquiéter Lùgh. Il fallait dire que Ted n'était pas très doué en mensonge, ni même pour cacher les sentiments qui l'agitaient surtout lorsqu'ils concernaient les gens qu'il aimait. Mais il n'avait pas vraiment envie d'en parler tout de suite, pas avant d'avoir décidé de ce qu'il voulait faire, de s'il voulait partir dans le Nord ou non, de ce qui allait arriver si sa soeur était partie pour de bon, ou qu'il lui était arrivé malheur, et ...


Non, décidément, il n'arrivait pas à mentir. Pourtant, l'idée de partir en voyage avec Lùgh l'emplissait d'une sorte de joie, d'excitation, de hâte, mais ... Il ne pouvait pas partir. Il ne pouvait pas abandonner sa famille. Il ferme les yeux un instant, sentant un léger mal de crâne venir déranger ses pensées déjà assombries. Puis, il se redresse et inspire, essayant de chasser l'impression qu'il avait un poids sur la poitrine. Il repose ses yeux dans ceux de Lùgh. Il ne voulait pas gâcher son épreuve, et gâcher leur soirée, aussi. Il voulait ... Juste encore un moment d'innocence, d'espoir, avant que peut-être il doive retomber dans le deuil. Il avance un peu sa patte, jusqu'à effleurer celle du loup beige. Il rougit, aussi : il ne peut pas s'en empêcher. Mais il est décidé.

Mmh. Ca sonnait mal. Il rougit, full tomate cette fois-ci. Il retire légèrement sa patte, avant de se repasser la patte dans les cheveux.

-Ted-

Ted reste silencieux, ses pensées presque complètement envahie par son cœur qui battait dans sa poitrine. Un mélange de sentiments l'agite, trop changeant pour qu'il arrive à se concentrer, alors que son regard reste baissés sur les deux pattes qui se touchent. Il avait chaud, un peu. Lùgh avait accepté son invitation, mais il rougissait aussi : peut-être qu'il était confus. Ou bien peut-être que quelque chose était en train de se passer. Cette pensée là le fait un peu paniquer, Ted. Comme un poids sur sa poitrine en plus, mais il était étrangement plus agréable.

Il le comprends, alors : c'était de l'espoir. Tout comme il s'accrochait à celui que sa sœur était vivante, alors que tout indiquait qu'elle ne l'était plus, il en avait besoin, de cet espoir. De ce quelque chose. Il avait fermé les yeux sur ce que son cœur qui avait chuchoté, puis dit, puis hurlé, par peur que rien n'en sorte à part de la douleur. Mais il n'arrivait pas à se débarrasser de l'espoir, qui était plus tenace que tout, comme une sorte de poison sans antidote. Il se prenait trop la tête, Ted, il le savait. Et s'il avait mal interprété les signes ? Est-ce que c'était vraiment le bon moment, juste avant l'épreuve du beige, alors qu'Agathe manquait à l'appel et que le Nord était si proche ?

Les yeux pâles du solitaire viennent le trouver dans ses pensées, le corps tendu sans même qu'il ne s'en rendait compte. Peut-être qu'il cherchait à le réconforter comme lui l'avait fait avant, et il devait avouer qu'il ne serait pas contre un câlin, là, maintenant. Il n'allait pas le demander, sûrement pas ! De toute façon, il sentait sa gorge nouée incapable de parler, et n'était pas sûr que ça serait la bonne chose à faire. Alors, à la place, il avance se patte pour la poser sur celle de Lùgh et la serrer, un peu. Il espérait que le beige comprendrait sans mots, qu'il le supportait, que son silence n'était pas de sa faute. Et peut-être aussi qu'il y avait derrière un tout petit peu d'espoir.

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Leur proximité est plus qu'amicale, maintenant, et alors que Ted voit le beige s'approcher, il sent ses pensées s'affoler. Sa sœur est balayée (la pauvre), son père, le Nord, tout cela n'existe plus tant Lùgh prend toute la place. Son cœur s'emballe, mais le contact soudain de leur deux truffes fait comme un diapason. C'était doux. Il aime bien. Il a l'impression que ses sens se sont développés d'un coup, et il peut tout sentir : l'odeur fleurie de Lùgh, le frottement de ses poils frisés contre les siens, son souffle un peu haché. Sa chaleur.

Il n'ose pas bouger, laissant le solitaire venir contre lui pour le réconforter. Il se tend, et se rend bien compte que cette fois-ci était différente de la fois d'avant. Cette fois-ci, il y avait quelque chose d'autre, des sentiments plus forts. De l'espoir, plus fort. Une foule de questions l'assaillissent, est-ce que le beige ne faisait ça que pour le réconforter, est-ce qu'il devait dire quelque chose, qu'est-ce qu'on faisait dans ces moments là ? Son père n'était plus là pour le conseiller, et il se sentait soudain perdu, confus, effrayé à l'idée de gâcher le moment et de tuer ses espoirs auquel il tenait tant.

Alors, il décide d'arrêter de penser. Il laisse son corps se détendre, et expire, longuement. Un long et doux frisson vient courir le long de son échine, et il s'autorise à ressentir, plutôt qu'à réfléchir. Il sent les papillons de son ventre s'agiter, les fourmis dans ses pattes fourmiller, et une vague de bien-être le couvrir, d'un coup. Il sent le temps qui s'allonge et l'envie que rien ne s'arrête alors qu'il parvient à tenir loin les essaims d'angoisses inutiles. Leurs regards se croisent de nouveau, sa poitrine se serre d'un coup. Il y voyait beaucoup de choses, dans ce regard, tout ce qu'ils avaient vécu ces dernières semaines, ou mois. Toute l'affection qu'il avait développé pour Lùgh, poussant chaque fois un peu plus loin le bouchon de l'amitié.

Le beige referme les yeux, et revient vers Ted, qui doucement lève les pattes pour l'attirer contre lui. Il sait, que ce n'était pas à cause des chaleurs qu'il faisait tout ça. Elles n'avaient jamais rien changé, pour lui. Et surtout, il sait que Lùgh le savait, et il s'y accroche, car la peur soudain que le loup au corps de femelle cherche à l'utiliser le terrifie. Il pose doucement sa tête sur son épaule, l'enlace comme s'il avait peur de le briser, de ses pattes suantes et tremblantes, et il ferme les yeux pour laisser la bouffée de bien-être le détendre. Il ne voulait pas briser le moment, du moins, pas encore. Ce moment n'appartenait qu'à eux.

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Dans ses bras, Lùgh laisse échapper une sorte de rire mouillé, comme s'il pleurait. Ted ne sait pas bien comment l'interpréter, mais il s'appliquer à ne pas trop y réfléchir. Ses propres yeux sont humides, un peu, tant ce qui gonfle dans sa poitrine est intense, et beau. Il sourit, aussi, un peu comme un idiot, et il est heureux que personne ne soit là en train de les regarder, surtout pas Onyx. Ils sont seuls, et Ted ne s'était jamais senti autant à sa place. Il laisse un nouveau frisson courir le long de son corps quand il entend Lùgh heureux, et se dit qu'il ne voudrait jamais que ça s'arrête.

Peut-être que ça le pourrait, continuer pour toujours.
Il suffirait de quelques mots.

Les deux loups s'écartent légèrement, et Lùgh pose sa tête sous la sienne avant de lui dire quelque chose qui le rend encore plus fébrile : il était heureux. Et Ted se rend compte, presque avec violence, que lui aussi. Malgré tout ce qui se passait, il était heureux quand ils étaient ensemble. Tout était plus simple, plus doux et plus joyeux. Il déglutit, la gorge un peu sèche, car il ne sait ni comment interpréter ces sentiments là, ni comment comprendre ce que Lùgh lui avoue. Est-ce que c'était ça, être amoureux ? Une pensée vertigineuse, lui qui ne pensait même pas en être capable, lorsqu'il avait découvert ce petit livre rose, et qu'il avait été si dégouté qu'il avait fallut plusieurs jours pour s'en remettre. Est-ce que ça aussi, ça viendrait ? Il avait peur. Mais c'était une bonne peur. Lui qui fuyait toujours, pour une fois, il avait envie de combattre.

Il commence par se combattre lui-même, lorsque sa gorge fermée l'oblige au mutisme. Il cille, tous ses sens à fleur de peau, ses émotions en vrac lorsqu'il entend toute la richesse de la voix du beige. Lui aussi était heureux ensemble. Peut-être qu'ils pouvaient ... Simplement continuer. Ted le voulait bien, enfin, il pensait. Y aller doucement. Et c'est doucement qu'il lutte contre son mutisme, et doucement qu'il parle, de sa voix étranglée, pour répondre au loup beige :

Il fronce les sourcils. Ça bloquait, un peu, mais il était habitué. Forcer ne ferait qu'empirer les choses. Ses pattes se serrent un peu sur le corps du beige (tiens, elles étaient toujours là ?) et il se décolle pour poser sa truffe sur sa gorge. Il n'avait pas envie qu'il arrête de respirer, même si c'était plus ... Une figure de style. Ou une métaphore. Bref.


Il pose doucement sa tête sur l'épaule du beige, transmettant par le contact ce que sa voix ne pouvait pas donner. Il était heureux, tellement qu'il ne voulait pas quitter le petit loup frisé. Il n'en savait pas plus, ni sur ce que c'était, ni sur ce qu'ils devenaient, mais là était la seule certitude qu'il avait : il voulait continuer à être heureux, ensemble. Il chuchote.

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Ils restent un peu là, ensemble, simplement, et Ted sent que le petit quelque chose qu'il y avait s'était transformé en un grand quelque chose, un quelque chose d'une vie, peut-être. Ça lui fait un peu peur, mais se dire qu'il pourra rester avec Lùgh face à cette peur le rassure beaucoup. Il se laisse faire lorsque le beige lui pose une patte sur la joue, un geste ... Tendre ? Qui n'est plus du tout amical, maintenant. Plus proche de celui maternel, aimant. Et puis, il lui dit qu'il le suivrait dans le Nord. Et il promet d'être là, pour tous ses soucis. Mais sa malédictions ...

Allait-il s'empêcher de vivre, à cause de cette malédiction ? Ted se sent coupable de vouloir partir dans le Nord et de l'emporter, de risquer sa vie. Mais le grand loup cendré risque aussi la sienne, est-ce que ce n'était pas égoïste, ça aussi ? Ils étaient liés, à présent, par une promesse. Et Ted, même s'il ne dit rien, se la fait aussi : il le protègerai, l'aiderait, continuerait à le rendre heureux. Et cela voulait dire rester ensemble, et ça le rend heureux, si fort qu'il se sent de nouveau incapable de parler. Alors, il pose doucement son front contre celui du beige, assoiffé de ce contact doux qui liait les deux corps. Il n'avait jamais été tactile, mais là, c'était différent.


n'ai jamais ressenti rien de pareil. Les mots se bloquent, encore, car Ted n'arrive pas à savoir ce qu'il devait dire. Il inspire, et ferme les yeux. Tout se mélangeait, comme lorsqu'il était stressé, comme quand il avait revu Maps lorsqu'elle était adulte. Il lui suffisait d'ouvrir la gueule, et d'attraper les phrases qu'il pouvait, celles qui étaient entières car elles avaient du sens, celles qui avaient l'air le plus facile à dire.


Alors vient avec moi.


Que je te rendrai heureux


...Crois que je t'aime


Ça faisait beaucoup d'émotions d'un coup, et Ted sent ses yeux d'humidifier, encore. Son corps tremble un peu, et il aimerait bien qu'il arrête d'avoir peur, sans cesse. Peur de tout gâcher, peur de lui faire du mal, peur de réaliser à quel point Lugh avait prit une part importante dans sa vie. Peur de penser à ce qui arriverait si sa malédiction l'emportait de nouveau. Est-ce qu'il ne valait mieux pas tout arrêter maintenant ? Cette idée là le révolte, presque physiquement. Ils avaient un peu de bonheur, là, tous les deux. Alors Ted se promet d'en profiter, et de garder ses larmes pour quand tout serait fini, que ça soit dans un mois ou dans dix ans.

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Il se sent étrangement plus léger, maintenant qu'il l'a dit, et qu'il voit que Lùgh le prend bien. Il n'est pas habitué à parler comme ça, mais se sent très soulagé que les mots aient fini par sortir, et qu'ils aient sonné juste, un peu. Le temps semblait reprendre lentement son cours maintenant, et il sent son corps se détendre encore alors qu'il s'écarte un peu beige. Il avait chaud, et puis faim aussi un peu. Mais il se sentait si bien, comme s'il était enveloppé d'un épais coussin de plumes qui empêcherait le monde de venir lui faire du mal.

Lorsque le beige rit, il se joint à lui, faisant baisser un peu la tension de son corps et de son souffle. Il se détache, le regard baissé et les joues rouges, comme s'il ne croyait toujours pas à ce qu'il avait fait, ce qu'il avait réussi à dire. Il s'était battu longtemps pour arriver à parler lorsque les émotions étaient fortes, et cela avait fini par payer.


Ils avaient beaucoup réussi, ensemble, comme si le sort leur souriait lorsqu'ils étaient à deux. Peut-être, alors, qu'avec Lùgh, ils arriveraient à retrouver Agathe, et que le Nord leur livrerait ses secrets. Il osait y croire maintenant, Ted, même s'il gardait en tête les précautions à prendre. Et sur son visage, un sourire clair apparaît, un peu incrédule. Il avait du mal à ... Croire, qu'avec tout ça, il se sentait ... Comme ça. Mais la question presque chuchotée de Lùgh fait baisser ses oreilles. Il relève les yeux : il ne voulait pas lui mentir, ou lui cacher le problème. Et puis ... Il avait dit vouloir l'aider. Ensemble, ils pourraient chercher Agathe, et ils seraient plus efficaces. C'était ça la solution.


Sa gorge se noue, et il déglutit.

Son regard flotte, inquiet. Ted ne pouvait pas croire qu'elle était morte, mais il gardait un esprit rationnel : c'était une possibilité. Et elle était terrifiante. Il ajoute, plus déterminé :

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La joie s'est envolée sur le visage de Lùgh, qui compatis à son inquiétude. Et puis, il commence à donner des pistes, des idées pour aller chercher sa soeur, comme si la possibilité qu'il n'y ai plus qu'un corps à chercher ne l'avait pas effleuré. C'était bien quelque chose qu'il avait remarqué ça, Ted, lorsqu'il avait rencontré Lùgh : il était le loup le plus proche de la mort qu'il n'ai jamais vu, et pourtant, le plus vivant, comme si sa malédiction ne le touchait qu'à peine, ne le retenait pas. Et ça faisait du bien, de voir quelqu'un avec autant d'espoir, et d'envie, et d'idées.

Mais ça faisait un peu beaucoup, là, d'un coup. Ted secoue lentement la tête : il n'avait appris la nouvelle que récemment, et pour le moment, sa famille était ... Trop choquée peut-être pour organiser quelque chose. Mais sous l'impulsion du beige, ses méninges commencent à refonctionner, à sortir de la paralysie où le contact et l'émotion les avaient plongées. Ils pourraient faire une battue, remonter la piste et trouver l'endroit où elle s'arrêter, chercher avec l'aide de ceux du refuge, si ils acceptaient. Agathe ... Elle était solitaire, mais c'est ensemble qu'ils la retrouveraient.


La suite éveille sa curiosité. Il se souvenait qu'il avait mentionné sa rencontre, mais n'avait pas idée qu'ils étaient assez proches pour qu'Agathe lui ai ... Parlé d'elle ? Ca ressemblait quand même à un niveau proche de l'amitié pour la grande licorne asociale. Ted se demandait même si il avait déjà eu une conversation comme ça avec elle. Mais ça pouvait leur être utile : un coin perdu, proche de la nature, oui ça collait avec une Agathe blessée et attaquée. Il faudrait qu'il y réfléchisse. Il relève les yeux vers Lùgh : il savait quoi lui proposer :


Il hoche la tête, moins angoissé que décidé. Ils allaient la retrouver, et ensuite, ils partiraient dans le Nord tous les deux.

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Lùgh accepte, et Ted sent un immense soulagement lui prendre la poitrine. Il allait avancer, enfin, au lieu de se retrouver piégé dans ses pensées et avec la peur de la mort d'Agathe. Ils avaient un plan, réaliste et efficace, qu'ils feraient, ensemble. Il souffle, laissant un peu s'échapper le stress, et sourit : ce n'était pas lui qui demain allait voir Ao pourtant. Il se laisse un peu aller, front contre front avec le loup beige, avant de rouvrir les yeux pour le regarder. Ils ... c'était plus que de l'entraide, à présent. Lùgh le rendait meilleur. Ensemble, ils arrivaient à faire tellement que ç'en était étourdissant, quand il y pensait.


Il s'écarte, hésite un instant avant de s'arracher à la chaleur de Lùgh. C'était étrange, de se retrouver seul après avoir eu autant de lui. Et surtout, c'était étrange de réaliser que ce qui s'était passé s'était vraiment passé. Un énorme sourire aux lèvres que seule les astres pouvaient voir, Ted part chercher quelques crudités et des œufs pour le repas. Il revient vite, se presse un peu sans s'en rendre compte, pour retrouver le loup beige et poser le tout près du foyer éteint. Lorsqu'il pose les oeufs, un éclat de curiosité passe dans ses yeux :

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D'une patte, le cendré attrape un oeuf et le pose dans la poussière, à côté du beige. Il avoue qu'il était curieux de le voir faire : gober des œufs était toujours assez rigolo, pour lui. Il va prendre une petite lame pour couper grossièrement les légumes et les séparer en deux. Ce soir ... Il n'avait pas trop envie de cuisiner. Le feu était eteint, alors ça prendrait beaucoup de temps. A la place, quelques crudité, des courgettes, de la salade et des radis, ainsi qu'un melon sucré en dessert et un oeuf devrait suffire, non ? Il penche un peu la tête, et l'explique à Lùgh :


Il sourit, se passant une patte dans les cheveux. Il n'avait pas très très faim, à vrai dire. Comme si la présence de Lùgh l'avait nourri, un peu plus tôt. Il devait avouer que l'impression de légèreté ne l'avait pas quitté, même s'ils ne se touchaient plus. Il va s'assoir à ses côtés, pas trop proche, mais quand même, pas trop loin. Il lui présente les fruits de saison, gorgés de soleil et poussés dans leur jardin, ici. Il aimait bien ça, en avoir tout plein comme ça à disposition, et se demande comment ça sera dans le Nord. Il devrait probablement se remettre à la chasse pour survivre : ça allait demander un peu d'adaptation.


Sa voix est plus douce. Il se sent bien, et a envie de rire, pour rien, ce qui était une sensation assez étrange.

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La tête du grand mâle cendré se tourne, un peu étonné. Lùgh ... Nasad ? Il se souvenait de ce que le beige lui avait raconté sur la fête, sur cette célébration estivale, ses fruits et légumes, ses fêtes. Et surtout, il se souvenait du visage doux et heureux du mâle quand il évoquait les traditions de ses ancêtres. Oui, c'était une bonne idée d'apporter un peu de chez lui ici : après tout, c'était ce qu'était le refuge. Et puis ... C'était ça, aussi, être chez soi. Ted se souvient, de ce qu'il avait dit plus tôt. Il était sa maison : c'était normal de vouloir la ... décorer.

Il sourit à cette idée, et hoche la tête. Il avait envie, il avait hâte. Il écoute les directives de Lùgh : des bougies, des graines, et ça tombe bien car il avait tout ça. Il acquiesce, et part dans sa tanière chercher quelques bougies qu'il utilise habituellement pour mieux voir. La fatigue s'est envolée à présent, et il va même rejoindre le jardin et trottant pour y chercher des graines. Lorsqu'il revient, Lùgh a disposé un cercle de pierre brune autour de lui. Il le rejoint au centre, le regard dévorant la paille, les fruits, curieux. Il s'assoit et pose les bougies et les graines devant lui.

Est-ce que c'était important ? Il y en avait une brune et une longue et pâle, et une autre quasiment terminée. Il lui sourit, attendant sa confirmation. C'était lui qui était en charge pour cette fête là, Ted se contentait de découvrir.