Des bouquins pour un potager [Susie - Libre ?]

Susie
4 ans
FOR : 3 ; AGI : 0 ; END : 2 ; ING : 1
13 PV

Plusieurs bouleversements majeurs avaient marqué la vie de Susie de cicatrices, et le premier n'avait pas été la bataille contre Céto.
Non, le premier avait été bien plus insidieux, vécu comme une trahison de la part de sa propre famille - de ses propres parents. Elle avait, finalement, pardonné son père, ne le considérant que comme une victime collatérale.
Elle n'avait pas su pardonner à sa mère. Et, pourtant, la belle Séléné lui avait prédit qu'il faudrait se confronter à elle, si elle espérait un jour être à la tête de son propre bâtiment.
Soit.

Ce premier chamboulement avait eu d'autres conséquences. En effet, Susie n'avait jamais su considérer comme son domicile quiconque d'autre que Navire.
C'était chez lui qu'elle avait grandi, c'était chez lui qu'elle avait vécu, jusqu'à ce qu'on ne la déloge.

Et pourtant, elle s'était refusée à s'y établir de nouveau, hormis lors des expéditions de sa meute.
De peur de raviver ce lien susceptible d'être tranché de nouveau.

Alors, Susie vivotait, allant d'une couche à l'autre, sans domicile fixe.
Pourtant, la Bibliothèque commençait à prendre des airs de maison.

La pirate y avait tout d'abord passé plusieurs nuits de façon impromptue, s'endormant sur les ouvrages qu'elle consultait. Et, comme elle y avait fréquenté une certaine Nakhu, l'endroit lui était devenu plus agréable. La balafrée n'avait plus peur des regards se posant sur elle, ni des oreilles agacées par le bruit de sa patte métallique entamant le plancher du lieu. Au contraire, elle était fière d'y être vue - surtout en bonne compagnie - et surtout fière, pour une fois, de déroger à l'image première qu'elle pouvait donner.
Oui, grande brute qu'elle était, elle aimait les livres.
Elle aimait leur odeur. Elle aimait se perdre dans les ouvrages et, toute brouillonne qu'elle était, elle aimait prendre des notes. Elle aimait apprendre, elle aimait étudier. Elle aimait cette capacité à engranger de l'information, à perfectionner un art, qui lui serait un jour utile.
La Raeder, qui avait un jour envisagé de braver les Etelkrus pour défier Aka, prenait conscience qu'elle avait peut-être plus d'atomes crochus avec le Dieu qui bénissait l'endroit.

Mais qu'importe : elle était dédiée à l'Océan, maintenant, qui avait reconnu en elle la force de l'Orage.
Pour autant, elle n'était pas contrainte de se définir uniquement sous ce drapeau.

Et donc, les nuits passées à la Bibliothèque avaient été de plus en plus nombreuses, de façon de plus en plus volontaire, jusqu'à ce que Susie ne la regagne chaque nuit, même lorsque son ouvrage l'avait attirée loin d'elle.

Ce jour-là, Susie dormait encore, le corps encore fourbu de recherches menées la veille pour trouver l'arbre parfait où creuser sa tartane - sans succès jusque-là. Elle n'avait, pour le moment, sût trouver le chêne qui ferait chavirer son cœur, qui correspondrait à ses critères, et en lequel elle verrait un parfait compagnon de route. Ses journées étaient donc constituées de beaucoup de marche et d'observation, avant qu'elle ne regagne le coin qu'elle s'était aménagé dans la bibliothèque - près des traités relatifs aux chantiers navales, là où elle s'était fait tirer les cartes pour la première foi - dès lors que la nuit devenait trop opaque.
Elle qui avait jusqu'là perfectionné l'art de l'oisiveté se voyait faire fonctionner tant ses méninges que son grand corp musclé.

Ce fut une odeur connue qui vint chatouiller ses narines. Une odeur, pourtant, qu'elle n'avait jusque-là pas perçu en ces lieux.
Se levant péniblement, son corps craqua avant que la patte métallique ne vint s'abattre sur le plancher.
Si elle n'était pas discrète, elle surprit pourtant son frère qui tentait de l'être.
- Je suis pas sûre que qui que ce soit te dise quoi que ce soit, tu sais. Des livres sortent d'ici tous les jours, et ils y reviendront de toutes façons par magie.
Elle le savait : elle avait essayé.

Elle adressa un sourire ravi - loin de ceux tortueux qu'elle pouvait offrir par le passé - à Naël, qu'elle espérait trouver surpris.
- Salut, frangin.

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Susie
4 ans
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Le frangin ne parut pas tant surpris qu'ennuyé. Soit, la grande femelle s'en satisferait. D'autant plus que, pour une fois, c'était elle qui semblait détenir la source du savoir. En tous cas, c'était à elle qu'on posa la question.
De son pas lourd et boitant, elle s'approcha davantage, la tête haute, l'allure fière, l'air décontracté.
- Allons, Naël, je ne suis pas la secrétaire de Mido.
Elle s'installa à côté de son quintuplé, certainement trop proche pour respecter le confort de la zone péri-personnelle du mâle. Nonchalante, elle se mit à observer ses griffes.
- Je suppose, lorsque l'on n'en a plus besoin ? Lorsqu'on les abandonne dans un coin ? Ou bien, dès lors qu'on a l'intention de s'en prendre aux ouvrages ?
Un léger rictus déforma son expression, ce qui pouvait laisser entendre qu'elle avait peut-être été dans cette dernière situation, ou alors que cette idée éveillait en elle une sorte de fantasme douteux.
- Voir, lorsque l'on n'a pas l'intention de les rendre.
Cette fois, la louve sombre avait approché son visage de celui de Naël, amenant leur truffes à se frôler, dans un geste complètement dépourvu de tendresse.

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Susie
4 ans
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Les yeux de la louve ne lâchaient pas ceux semblables de son frère. Bien qu'ils n'aient pas de pupille, elle savait y lire la réflection qui suivait le doute que ses mots avaient semé. Il avait ce petit froncement de sourcil, aussi, qui ne faisait que renforcer l'impression de la brune.
Le rictus de la pirate ne la quitta pas au mouvement de recul de Naël. Et ça n'était-ce donc pas du dégoût ? C'est en tous cas ce qu'elle lisait en lui quand il la regardait de la sorte.
Pourtant, elle restait toujours aussi nonchalante, cachant la surprise que suscita la question du mâle.
Quelque-chose à lui demander ? Non, pas vraiment.
À moins qu'il n'ait quelque-chose à lui offrir.
De son pas toujours lent, mais assuré, la louve sombre avança de nouveau vers son frère, imposante.
- Que pourrais-je bien attendre de toi ?
Une question qui pouvait sonner comme rhétorique, et c'était là tout le but de la manœuvre : découvrir ce que cet avorton avait en tête, tout en lui faisant croire qu'elle avait une idée bien précise.

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Susie
4 ans
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Il semblait à Susie que son frère était trop nonchalant pour être honnête. C'était sûr, il lui cachait quelque chose. Elle descendit le coup de sorte à ce que leurs têtes restent au même niveau, lui permettant de scruter encore son visage et son expression.
Il changeait de sujet. Décidément, l'avorton avait un secret à cacher.
Elle redressa la tête, l'air méfiant. Elle n'insisterait pas plus pour le moment, uniquement pour mieux découvrir par la suite ce que Naël dissimulait de la sorte.
- Z'ai effectivement un prozet.
Elle n'avait imité son zozotement que pour mieux l'humilier. Son sourire se fit encore plus mauvais.
- Un projet dont tu es déjà informé, selon notre chère sœur. Toute comme le reste de la fratrie.
Elle ne savait pas tenir sa langue, celle-là.
- Pourtant, nous ne sommes toujours que deux à nous pencher activement sur le sujet.
Autrement dit, s'il espérait une place dans son équipage, il pouvait toujours aller se brosser, quoi qu'elle ait pu dire par le passé.

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Susie
4 ans
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Naël l'ennuyait profondément. Elle soupira et se détourna pour retourner à ses petites affaires.
Qu'il fasse l'ignorant, sa décision était prise : lorsqu'elle aurait son bâtiment, il n'aurait jamais l'honneur de mettre une patte sur celui-ci. Une place dans son équipage se méritait. Tout comme une réponse ou même un "au revoir".
En plus, elle non plus n'était pas venue pour se disputer avec lui, ni même l'ennuyer. Elle lui avait même donné un conseil.
- Ingrat.

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