Apprends-moi, montres-les moi, ces inconnus qui seraient faits comme moi ▒ Abysse

CIMERII
▒ Cannonier Raeder ; 5 ans ▒
F A E I

Assis face à l'Océan, son bandeau noir aux mailles juste assez large pour ne pas entraver la vision mais en travers des yeux quand même pour ne pas subir les rayons directs du soleil dans ses orbes fragiles ou que les reflets dans les vagues ne l'aveuglent pas, le loup abyssal blanc fixait un point un peu à droite avant l'horizon. Du mouvement là-bas, un Raeder qui plongeait. Mieux : qui pêchait. Cimerii se mit en marche et entra dans la mer sans une hésitation pour aller aider son frère d'équipage. Contre sa peau nue de poil, l'eau salée s'enroula comme une couverture fraîche et l'engloutie en un rien de temps. Tel un poisson dans l'eau il s'élança, nagea à l'aide de sa nageoire dorsale et de ses pattes puissantes. Il avait appris à se diriger sans queue, usant d'une de ses pattes en gouvernail régulièrement pour affiner sa trajectoire. Avant de rejoindre le pirate en quête de nourriture, une ombre attira son attention et il vit qu'Abysse était dans le coin aussi. Ravi, il changea de direction pour rejoindre son père et alla le saluer d'un aboiement rendu grave sous la surface de l'eau. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas spécifiquement passer du temps avec le Second, et il avait de surcroit un service à lui demander : après tout les pirates étaient opportunistes non ? Et si en plus cela lui permettait de passer du temps en compagnie de son papa, il en était plus qu'heureux.

« Salut P'pa ! »

CIMERII
▒ Cannonier Raeder ; 5 ans ▒
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Abysse le sentit approcher avant de l'entendre et sa réaction fût immédiate. Le poids des années n'avaient pas entacher ses réflexes. Cimerii était réellement impressionné par son père, il était tellement à son aise, tellement à sa place dans le monde marin. Lui-même se débrouillait pas mal évidemment, il avait ça dans le sang, mais il devait tout de même beaucoup compenser son absence de queue et n'était pas aussi rapide que ce qu'il aurait pu être. Il apprécia l'affection du mâle abyssal et répondit joyeusement :

« Ça va et toi ? La forme ? »

Il tourna autour d'Abysse une ou deux fois, tout en vérifiant leur environnement direct au cas où. Il se demanda si Abysse partait en exploration ou s'il se promenait juste tranquillement. Après tout, le Second avait l'âge et le temps de profiter un peu aussi ! Cimerii répondit, tout sérieux retrouvé :

« Je te cherchais ! J'aimerais devenir aussi fort que toi ! Comment tu as appris à l'être ? »

C'était une grande question, et il savait bien que l'expérience jouait beaucoup. Mais à la base, il avait la même musculature que son paternel, alors y avait bien moyen d'accélérer les choses non ?

CIMERII
▒ Cannonier Raeder ; 5 ans ▒
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Abysse était fort et endurant parce que la vie l'avait rendu ainsi. Parce qu'il avait apprit de lui-même à faire face aux épreuves et difficultés. Cimerii se retint de soupirer, il avait un peu honte, lui n'avait aucune expérience de vie, aucun challenge à remplir et aucun objectif non repoussable pour se former un trajet vers l'évolution de son âme et de son corps. Bien sûr, il aimait aider les autres pirates et étaient ravis d'apporter sa patte à leurs projets, mais jusque là, il n'avait pas trouvé ce qui le motivait assez pour se lever tous les matins. Il se pensait encore trop faible, trop inutile pour se lancer dans quelque chose de grande envergure.

« Tu as beaucoup d'expérience, tu as vécus beaucoup de chose ! Tu en as de la chance. »

Cimerii battit des pattes, l'une de ses postérieurs légèrement plus en retrait pour guider le sens de sa nage comme un gouvernail, il surnagea un moment sur place, observant son père. Hormis les couleurs qu'li ne possédait pas, et la queue coupée, l'albinos était physiquement la copie de son père. Deux loups abyssaux qui se faisait face. Si Abysse était devenu ce qu'il était, alors l'hybride aux yeux rouges le pourrait aussi ! La détermination grimpa un peu en lui.

« Et si tu m'entraînais ? »

Cimerii offrit un grand et large sourire au vieux loup de mer. Il avait hâte de devenir meilleur et de trouver sa place dans cette grande fratrie composé de ses frères et soeurs.

CIMERII
▒ Cannonier Raeder ; 5 ans ▒
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Il réalisa que sa façon de parler étonnait son père. Il était vrai qu'Abysse était d'un naturel tranquille et laissant les choses venir à lui. Il était probable qu'il n'ai pas chercher à devenir plus fort qu'il ne l'était déjà mais que seule son expérience de vit, la nécéssicité de se défendre notamment, et celle de chasser, avait fait de lui le puissant et endurant loup abyssal qu'il était aujourd'hui. À bien y réfléchir, mis à part les quelques mois chez les Nakhus à cause de la menace planante de Céto, les pirates ne sa génération n'avaient pas eu affaire à des catastrophes demandant d'eux plus d'efforts de survie. C'était sans doute pour ça qu'il était aussi nonchalant. Mais Cimerii avait vu ses sœurs s'améliorer volontairement, son frère partir en voyage, l'autre frangin engloutir des connaissances... Lui aussi voulait devenir meilleur. Et offrir plus de ses services à la tribu. Il devait devenir un membre indispensable pour protéger les siens, et pour ça, il devait être capable de les défendre, de se battre ou de chasser du gros, ou encore de porter du lourd pour des canons ou ériger des forts... La proposition d'Abysse le ravit au plus haut point. Oui, connaître les capacités de son corps contre des éléments plus extrêmes étaient une excellente idée ! Surtout pour aller pêcher des gros prédateurs ou s'en défendre sous l'Océan. Mimant des petits bonds dans l'eau en nageant frénétquement autour du mâle vert, Cimerii répondit avec enthousiasme :

< Oh oui ! Montre moi ce dont nous sommes faits ! Apprends-moi à gérer nos capacités de loups abyssaux ! S'il te plaît ! <

Il se sentait ainsi, pour une fois, un peu privilégier de ce temps promis avec son père. De plus il était celui qui semblaient avoir le plus de gènes abyssaux par rapports à Astrid, Nael, Susie ou Makara. peut être qu'ainsi il pourrait les surpasser un peu dans un domaine et leur montrer qu'il était bien à sa place au milieu d'eux !

CIMERII
▒ Cannonier Raeder ; 5 ans ▒
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Abysse semblait content. Il n'était pas aussi expressif que son fils albinos mais le blanc ressentit aux travers de ses vibrisses qu'il n'y avait pas d'émotions négatives chez le Second. D'ailleurs, il s'acquitta immédiatement de la demande en menant Cimerii vers le fond de la mer. Ce dernier suivi aussi vite que possible. Il imitta en partie le positionnement du loup abyssal en repliant ses antérieures, mais à défaut de queue-nageoire, c'était ses pattes postérieures qui battaient la cadence régulièrement. Sa crête dorsale se redressa également tandis que ses narines et oreilles se rendaient étanches. Abysse marqua une pause et donna une indication claire. Cimerii obéit en aboyant son aval. Il prit donc le chemin du fond, nageant par pallier pour que la pression n'abîme pas ses tympans. Quand la force contre son poitrail lui comprima un peu trop les poumons, il marqua l'arrêt et leva le museau vers son père, attendant patiemment que son corps s'adapte, à l'écoute si d'autres conseils lui étaient donnés. Il revint même de quelques brassées en arrière car une barre de fer semblait encercler son crâne et écraser ses tempes : il était donc descendu un peu trop vite.

CIMERII
▒ Cannonier Raeder ; 5 ans ▒
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Ils s'entraînèrent comme ça plusieurs jours de suite, jusqu'à ce que Cimerii parvienne à gérer la vitesse de descente, qu'il prenne les bons réflexes pour la pression, pour sa respiration. Il avait fallu apprendre à réguler son souffle, à ralentir son rythme cardiaque pour rester calme, pour se fondre dans la mer comme un habitant du lieu et pas comme un simple visiteur. Il descendait vers les fonds marins désormais beaucoup plus sereinement avec son père, bien que Abysse ai évidemment une nage bien plus fluide et naturelle, après tout il avait fait ça toute sa vie, lui. A un certain stade de la descente, l'albinos marqua une pause. C'était un peu la frontière entre le monde d'en haut et celui des profondeurs : les couleurs changeaient, la luminosité, les vibrations sonores aussi, c'était comme si toute vie à partir de là était... Autre. Il souffla des naseaux, vidant définitivement ses poumons pour n'utiliser plus que ses branchies avant de plonger plus encore. La voix de son père vibra à ses tympans, lui rappelant qu'ici sa vue ne serait pas utile et qu'il fallait se concentrer sur les autres sens. Cimerii sourit car c'était agréable ça ! Il n'avait même pas besoin de fermer les paupières pour soulager ses rétines photosensibles. Et le fait de moins se concentrer sa vie lui ouvrait directement plus de place pour les autres sens. Ses oreilles déjà, entendaient bien plus de sons lointains. Ses vibrisses ressentaient les mouvements lents mais proches du mâle abyssal qui nageait en stationnaire. Sur la peau pâle de son flanc et contre sa crête dorsale, il sentait les mouvements d'eau qui confirmaient la proximité d'Abysse. Cimerii ferma tout de même les yeux pour supprimer complètement sa vision réelle et écouter l'océan avec ses autres sens. Dans son esprit se dessina comme à à la craie sur l'ardoise la silhouette quasi immobile de son père. Plus loin, en réponse à des vibrations soudaines, se traça un banc de poissons qui disparu presque tout de suite dans la périphérie. A côté de ça, il y avait le vide. Un immense et apaisant vide.

< Il y avait des sardines par là bas. Elles nageaient calmement alors il n'y a pas de prédateur. Pas proche d'elles en tout cas. Pour l'instant, je ne voit rien d'autres... Je cherche ! >

Dressant ses grandes écoutilles comme des sonars, il écouta, intercepta quelque chose et baissa la truffe pour diriger les vibrisses de ses joues -les plus précises- vers le son : quelque chose de petit mais long ondulait à quelques longueurs de queue sous leurs pattes. Il essaya d'en deviner plus, de comprendre ce qui se promenait au dessus des rochers mais quand même en longeant le sol... Inconsciemment il s'en était approché un peu et il réalisa son erreur : ce qu'il avait prit pour un serpent, une grosse anguille ou même une espèce de murène était en fait une longue tentacule qui s'enroula soudainement autour de sa patte et le tira vers le bas. Il fût relâché très vite, parce que la pieuvre ne lui en voulait pas : elle le prévenait juste de ne pas venir plus prêt. Il délgutit et nagea rapidement vers son père, penaud. C'était un cuisant échec et un brutal rappel à l'ordre de faire plus attention.

CIMERII
▒ Cannonier Raeder ; 5 ans ▒
F A E I

Il avait été négligeant et Abysse le rappela à l'ordre gentiment. Ici, tout pouvait être dangereux. C'était ce qui rendait leurs existences plus existantes : l'océan regorgeant d'inconnus, de profondeur sinsondables, de monstres plus gros les uns que les autres. Là où les continentaux pouvait connaître leurs territoires par coeur, les pirates redécouvraient chaque fois le monde d'en bas avec plaisir et surprise. Les courants marins pouvaient remodeler le sable du fond indéfiniment, les coraux étaient fragiles et pouvaient être détruits d'un revers de queue, les failles s'élargissait ou se fermaient dans les tréfonds, provocant vagues et raz-de-marée en surface. Ici rien n'était jamais définitif, tout bougeait tout le temps. Jusqu'au prédateur qui suivait les migrations de leurs nourritures... Le danger était partout, imminent. D'où l'importance de ne jamais se laisser aller. Cimerii avait bien retenu cette leçon, brutalement certes, mais au moins elle serait bien ancrée... Si la pieuvre avait été de moins bonne humeur, il aurait pu être brisé en quelques minutes. L'encouragement de son père le remis d'aplomb et il reprirent la route vers le bas. La température chuta, la pression augmenta encore un peu. Jusque là, rien de difficile à supporter à l'instant même. Ce soir il serait de voir si ces conditions plus extrêmes allaient petit à petit le gêner ou s'il s'en accomoderait assez bien pour rester vigilant à son environnement malgré les contraintes.

Ils atteignaient le sol sablonneux, les coquillages et les habitants de fonds. Ici le froid était intense et s'insinuait dans son corps comme un ennemi vicieux. Des frissons parcouraient son dos et faisait claquer ses dents. Il eut même l'impression que ses os se cispaient alors que c'était totalement impossible. Ses muscles tétanisaient... Aussi se mit-il à nager en rond autour de son père, aussi lentement que possible pour rester silencieux et alerte, mais suffisamment pour garder une température corporelle suffisante à ce qu'il ne sombre pas en hypotermie. Il lui fallu un long moment avant de s'habituer au froid et de pouvoir retrouver un peu plus de calme. De là, l'exercice de survie, tout au long de la nuit,pourrait commencer.

CIMERII
▒ Cannonier Raeder ; 5 ans ▒
F A E I

Abysse s'éloigna après quelques encouragements. L'albinos se savait non seul, et pourtant, très vite, il sentit s'immiscer en lui l’inquiétude. Il avait compris l'exercice, mais c'était tout de même autre chose de se sentir complètement seul et un peu perdu dans les profondeurs que d'être chaperonné par la présence rassurante de son père. Rapidement, le froid mordant de son environnement fit frissonner son corps. Il avait apprit qu'il devait conserver sa température interne stable pour éviter l'hypothermie. Il connaissait la théorie, qu'un loup avait une résistance faible dans l'eau car l'échange thermique était considérable entre l'eau qui était un milieu très conducteur et le corps par rapport à celui entre l'air et le corps lupin. Survivre en eaux froide était bien plus compliqué qu'en terre gelée par exemple. Et puis il y avait la perte de chaleur par production de l'organisme à chaque mouvement. Il devait donc s'immobiliser au maximum et se laisser flotter, sans toutefois être la proie des courants. Ainsi la couche d'eau en contact direct avec le corps éviterait de trop se renouveler et cela amoindrirait la convection de chaleur. Il avait une couche de graisse sous-cutanée un poil plus épaisse que nécessaire à force de ne pas faire grand chose sur l'île et se gaver de poissons. Mais ici, c'était un luxe, il était ainsi pourvu d'une première isolation naturelle. Pas sûre que ce soit suffisant mais au moins, c'était déjà ça. Pour limiter plus encore la perte, il ramena sous lui ses pattes au maximum pour se faire plus petit. Pas trop non plus car il s'agissait de pouvoir réagir rapidement tout de même !
Il sentit son organisme commencer à lutter pour sa survie : son rythme cardiaque s'accéléra, signe que ses artères se comprimaient pour préserver le sang chaud autour des organes, et donc qu'il fallait plus pomper pour la même quantité de sang. Enfin c'tait un truc qu'avait expliqué sa tante doc pour lui apprendre comment fonctionnait son corps sous l'eau et comment aider à s'adapter plus vite. Les frissons s'accentuèrent et avec ça, une sensation de confort commença à la rassurer. Son corps était fait pour ça, il s'était entraîner avec son père... Tout était question de calme, de maîtrise de soi. Et de vigilance, car si ses muscles s'endormaient et que son cœur ralentissait, c'était la mort assurée. Il devait donc vérifier que ses pattes et ses oreilles ne s'engourdissaient pas, sans toutefois trop bouger pour maintenir au mieux sa température interne. Et tout ça bien sûr, en restant également attentif à toutes vibrations dans l'eau qui indiquerait l'approche d'une menace. Il fallait avoir l'esprit partout en même temps ! C'était stimulant, mais aussi, effrayant ! Il ne devait pas faillir cette nuit.