Nuances de sel · Susie

Susie
5 ans
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La nouvelle lune, hein ?
Ce serait une nuit sombre. Le genre de nuits qu'elle appréciait, à vrai dire, parce qu'elle était capable de cacher dans l'obscurité sa grande stature, de s'y fondre et s'y dissimuler, se faisant allégrement oublier.
Ce soir, pour une fois, elle avait plutôt envie de briller et d'être le centre de l'attention de Séléné.
La Pirate avait encore du mal à comprendre comment ou pourquoi, mais les moments d'intimité avec la Nakhu lui permettaient de se sentir confortable : comme si l'autre louve était une amie de longue date, comme s'il était tout naturel de se laisser aller en sa présence.
Même si l'une des promesses de ce rendez-vous l'inquiétait quelque peu…

En tous cas, la Raeder avait suivi les conseil d'Edessa et honoré ses engagements : elle avait été plus attentive qu'habituellement à son hygiène, amené avec elle tout un filet empli de fruits de mer, ainsi que son sac à dos en cuir, qui contenait encore d'autres surprises.

Son entrée avait aussi été convenue, mise en scène, et c'est malgré tout anxieuse que la louve aux allures de requin fendit les flots. La brune avait plutôt tendance à user de cette apparence pour effrayer : et si Séléné prenait finalement conscience de la laideur de son amante, que même l'Océan n'était parvenu à enjoliver ?
Pour autant, la femelle musculeuse joue le jeu : son manque d'agilité l'empêche de sauter à la façon des dauphins, cela ne veut pas dire qu'elle ne peut pas se donner en spectacle à sa façon.
Pour une fois, elle ne jouera pas de son aileron, ne se dissimulera pas parmi les vagues pour mieux surprendre après qu'ait été vu cet appendice de mauvais augure. Non, pour une fois c'est forte et fière, un grand sourire sur les babines, qu'elle arrivera avec plus de vitesse que ne lui permet sa forme terrestre, pour venir se pavaner sur la plage, bien campée sur ses quatre pattes, à bonne distance de celle qui l'attend.
- Bien le bonjour, ma dame.
Le moment promettait d'être agréable.

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Susie
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Séléné est toute aussi ravissante qu'à on habitude, et l'attention qu'elle adresse à la Raeder suffit à faire frémir ses muscles sous la peau lisse, en même temps que le menton ne se lève et que le poitrail se gonfle. Le sourire affiché ne se fane pas, se fait peut-être même plus sincère qu'à son habitude : quand la Pirate se sent être le centre du monde de la louve étoilée, elle n'a pas à feindre son plaisir, si leur jeu l'oblige à d'autres façades.
Finalement, celle qui use habituellement d'artifices pour usurper se voit cette fois flouée, comme elle ne peut voir derrière le masque qu'affiche son interlocutrice. Et, pour une fois, peut-être est-ce elle qui se laisse manipulée - sciemment ou non.

Quand le regard bleu la dévore, ses pommettes rougissent. Mais la Pirate sait que son pelage sombre, heureusement inchangé sous cette forme, lui offre le luxe de la discrétion, et elle ne se prive donc pas d'observer - de nouveau - les formes de Séléné. Pourtant, ces échanges ont cette fois une saveur différente, au regard des enjeux : si la femelle musculeuse se plaît à regarder, on ne l'a encore jamais invitée à acter la chose. Seuls ses rêves ont su aborder de tels sujets, et les fantasmes ont toujours été accompagnés d'un puissant sentiment de honte.
Jamais elle n'oserait le confesser, mais la louve sombre s'était peut-être enfoncé dans des rayonnages moins conventionnels de la Bibliothèques, dernièrement. Du genre de ceux où l'on n'entre qu'après s'être assuré qu'aucun regard ne peut se poser sur sa personne, du genre où les livres ne sont que rarement dérangés, du genre où les ouvrages comportent bien plus d'images que de texte. En y pénétrant, la Pirate avait eu la sensation de s'informer sur une forme de magie : de celle que le grand public ne considérait que comme trop disgracieuse pour être assumée au grand jour.
Décidemment, on y trouvait de tout, dans ce grand bâtiment. Yurai et Mido semblaient, eux aussi, avoir des voies impénétrables.

C'est sans un mot que la grande femelle s'approche de celle qui semble déjà conquise. La lueur dans ses yeux sans pupilles trahit une satisfaction sauvage, comme elle se remémore ce qu'elle a pu apprendre - non sans difficulté - dans cet étrange périple initiaque, qui ne faisait sans doute là que commencer. La Nakhu, elle, était forte d'expérience : elle ne pouvait en douter, tout autant qu'elle ne pouvait s'accorder à la décevoir.
- Admire donc tant que tu le veux.
De toutes façons, ce corps n'est que tiens, pour le moment du moins.
Mais la question du partage n'est pas à évoquée, pas ce soir du moins, et ce, même pas en pensée.

Susie s'installe, prend ses aise, n'ayant pas sous cette forme à trouver position pour apaiser ses douleurs. Elle sait maintenant que l'Océan lui a offert le luxe de ne plus en souffrir tant qu'elle se voit en être pleinement la fille. C'est surtout la proximité de l'autre louve, qui importe, et la puissante louve s'offre le plaisir d'humer la chevelure de sa belle. Aussi curieusement que cela puisse paraître, dans cette posture elle semble embrasser la masculinité de sa stature, se surprend même parfois à se sentir mâle face à cette petite amie, et à s'imaginer dans les rôles inhérents : la Pirate se voit comme protectrice, pour ne pas dire possessive.
En jouant de ses charmes, la Nakhu s'est attirée là une bien bonne alliée. Toutefois, ne joue-t-elle pas avec le feu, à s'acoquiner avec un être aussi instable ?

Même allongées, Susie surplombe la louve étoilée, et a tout le loisir d'observer cette cicatrice qui lui pare le dos, éclair zébrant le ciel constellé. La Raeder ne peut s'empêcher de frémir de nouveau, étrangement attirée par ce détail disgracieux, quand elle cherche habituellement en la compagnie de femelles le charme et l'élégance.

Peu importe que la courtisane occupe l'espace de la parole : Susie, elle, se complaît dans la contemplation et l'appréciation du moment. Comme un puissant anxiolytique, la seule présence de son amante - tant anticipée, tant attendue - la libère de ses ruminations.

La brute se relève alors, sans avoir à s'étirer ni à faire craquer sa carcasse. Elle présente le filet à sa douce, reprenant son rôle de pirate grandiloquente, se trouvant un langage plus soutenu qu'elle n'en a l'habitude.
- Pour certains de ses mets, il ne sera même pas question de cuisson ! Je me suis employée à trouver de quoi nous faire un plateau de fruits de mer digne de ce nom : homard, crabe, crevettes, gambas, langoustines, palourdes et bulots !
Pas d'huître ni de bigorneaux, malheureusement, la saison ne le permettant pas. De fait, difficile de dénicher les perles initialement envisagées comme présent, et Susie n'avait pas voulu s'abaisser à négocier avec ses pairs.

De façon moins maniérée cette fois, la louve malhabile sorti un petit pochon de cuir.
- Pour toi. J'espère que ça te plaira : je l'ai réalisée moi-même.
À vrai dire, il avait fallu plusieurs essais. Manier les cauris n'avait pas été chose aisée : la louve en avait brisé plusieurs, parfois même de rage face à ses difficultés à réaliser un ouvrage méticuleux. Mais elle avait finalement réussi à réaliser une parure qu'elle estimait suffisamment convenable pour être présentée à son rencard. Les coquillages avaient été montés sur des chaînes et pendants en or fin.

Une nouvelle fois, les muscles se contractèrent, cette fois sous l'effet de l'appréhension que son ouvrage n'ait été abimé durant le transport.

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Susie
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Erh, la Pirate n'aurait peut-être pas dû tant s'avancer sur la façon de consommer les aliments, quand son repas favoris consistait en de la pierre calcaire. Elle conserva sa prestance toutefois, déterminée à ne pas gâcher le moment.
- J'ai bien précisé : pour certains de ces mets !
Une façon de ne pas se démentir, sans pour autant s'avancer davantage, et donc laisser le luxe à Séléné de cuire ce qui bon lui semblera !
La Raeder sourit encore, satisfaite de cette pirouette.

Voir le visage de la Nakhu s'illuminer à la vue des présents éveille des sentiments partagés dans la poitrine de la Pirate.
D'un côté, elle est ravie que ses efforts paient.
De l'autre, elle se fait la remarque qu'elle aimerait que sa présence suscite autant d'émerveillement chez son amante, et non les trésors qu'elle peut lui apporter.
La prochaine fois, peut-être Susie devrait-elle se laisser couvrir de cadeaux ? Peut-être, ainsi, aura-t-elle moins l'impression de solliciter les services d'une prostituée.
Mais leur relation ne pouvait pas se résumer à cela, n'est-ce pas ? La louve mature avait beau être facile, sans doute trouvait-elle un intérêt autre que matériel à leurs rencontres, n'est-ce pas ?
Peut-être Susie devrait-elle se laisser désirer un peu plus…
Pourtant, l'envie d'enfin serrer sa concubine contre elle est pressante, quoi que ses pensées puissent lui souffler, et elle ne se prive donc pas de rendre le contact, doux, de la Nakhu, avec plus de force toutefois. De même, elle ne rechigne pas à s'exécuter pour parer sa belle, bien qu'elle ne craigne de briser les bijoux si durement confectionnés. Pourtant, tout se passe pour le mieux, et c'est avec une facilité déconcertante qu'elle décore le pelage de Séléné de nouveaux éclats. Prenant le temps de l'observer, la louve sombre déclare enfin :
- Tu es magnifique.
Plus qu'être sincère, elle est ébahie. En cet instant, elle réalise à quel point la femelle aux tâches blanches incarne à la perfection tout ce dont elle estime cruellement manquer, à commencer par la féminité, la grâce et l'élégance.
La Pirate ose, pourtant, une question.
- Ton manque de dextérité… Ça a quelque-chose à voir avec la cicatrice sur ton dos ?
Quelque part, l'estropiée comprend la curiosité de certains au regard de son membre en moins et de ses cicatrices quand elle perçoit celle, moins criarde, de Séléné.

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Susie
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Tout un tas d'adjectifs traversent les pensées de Susie tandis qu'elle observe sa belle parée de ses nouveaux bijoux. Elle relève, surtout, à quel point elle la trouve mignonne et attendrissante - des qualificatifs que la majorité accorderait pourtant davantage à des louveteaux qu'à une femelle en âge de procréer.
C'est pourtant ce que, elle, ressent. Une forme de tendresse qu'il lui semble n'avoir encore jamais expérimenté.
Et à la salve de compliment, Susie rougit sous son pelage sombre, détourne le regard un instant sous l'effet du trouble. Son effet tique toutefois, entendant la réponse de la Nakhu.
Une bagarre ?
C'est amusant, quelque-part : la Raeder n'aurait jamais imaginer Séléné se battre. Peut-être est-ce justement cette blessure qui l'a amenée à donner davantage dans la flatterie et la séduction que dans les crocs et les griffes. Un sourire passe sur les babines de la tripatte à cette pensée, puisque de son côté, le combat ayant amené à la perte d'un membre l'a menée à être d'autant plus combative qu'auparavant : l'adolescente rebelle était devenue une adulte tapageuse.
La grande femelle s'assoie, opine doucement. Elle se sent d'autant proche de l'autre louve, maintenant qu'elle sait que celle-ci a aussi connu une lourde période de soin.
La femelle musculeuse hésite un instant, observant le ciel, avant d'enfin reposer son regard laiteux sur la Nakhu, osant sa question.
- Ça t'arrive encore d'avoir mal ?
Susie s'est toujours sentie comme sortant de l'ordinaire, et elle se saisit très facilement du peu de ressemblance qu'elle peut trouver entre elle et autrui. Elle est bien consciente que ce n'est - généralement - pas le genre de sujet qu'on aborde lors d'un rencard amoureux, surtout aux vues des promesses faites quand le rendez-vous a été pris. Pourtant, elle ressent ce besoin intense de savoir jusqu'où vont les correspondances : la louve étoilée ressent-elle aussi cette douleur chronique et lancinante, qui ne peut qu'être adoucie mais ne s'éteint que sous l'effet de la magie ?

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Susie
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En plus d'être jolie, Séléné parle bien. La Pirate l'observe tout autant qu'elle l'écoute, admirative. Ile st étrange de se l'avouer, mais elle pense se sentir en confiance avec son amante. L'idée de leur rendez-vous se fait alors moins violente : elles ne sont pas que deux louves se retrouvant par intérêt, elles ont vraiment des choses à partager, à échanger. A-t-elle jamais entretenu telle relation, Susie ? Uniquement avec son père, se dit-elle.
C'est bizarre, comme comparaison, non ?
Peut-être… Ou peut-être pas. Jusque-là, le loup abyssal avait été le seul à savoir sût réellement la dompter : Astrid avait bien tenté mais en avait souvent payé le prix. Edessa était… Autre chose. Une rivale, en quelques sortes, de celles qui acceptent qu'une relation puisse se former dans le combat, laissant l'animosité glisser sur le pelage pour que n'en reste qu'une plaisante inimitié.
Mais, cette tendresse là ? Cette envie de rester auprès de l'autre et de réellement s'ouvrir à elle ?
Là, c'était même encore plus fort. La Nakhu savait tirer les bonnes cordes chez Susie, savait la manipuler.
Si l'idée était effrayante, elle était aussi étrangement plaisante. Parce qu'effectivement, les deux femelles avaient bien des choses en commun.
Bien au-delà de ces douleurs chroniques.
Maladroitement, la Raeder s'approcha un peu plus de celle qu'elle courtisait, cherchant à concrétiser l'intimité qu'elle pouvait ressentir entre elles.
- J'ai toujours mal. Sous ma forme terrestre, du moins. Comme ça, ça va.
Elle reste pensive un instant, s'aperçoit que ses propos peuvent porter à confusion. Les autres voient souvent le membre en moins, ce n'est pas le plus douloureux, pourtant.
- C'est pas la patte. Nan, ça je suis juste gênée, un peu : la prothèse est pas vraiment à ma taille. Enfin, ça c'est une autre histoire.
Elle se perd, un peu, la grande louve. Elle se rend compte, aussi, que c'est la première fois qu'elle en parle hors contexte médical. C'est peut-être pour ça, qu'elle peine à trouver ses mots, contrastant encore plus avec le beau langage de la Nakhu.
- C'est dans la poitrine.
Parlant, elle vient montrer son poitrail d'un antérieur.
- Vos Sortceliers m'ont donné des plantes à mâcher puis à cracher. Ça fait du bien, mais c'est pas top. Enfin, de ce qu'en ont dit les médecins après la bataille, c'est une histoire de côtes cassées, ça ne peut pas être guéri.

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Séléné ne déçoit pas, et se montre compatissante face aux confessions de la Pirate, là où, chez elle, on lui aurait ri à la truffe, l'invitant à se montrer plus forte. Et c'est cela, finalement, qui est plaisant ici. Son masque tombe, elle peut révéler ses faiblesses.
Le geste de la Nahu lui réchauffe la poitrine, autant que le ferait un feu de joie. Sa question, elle, est douloureuse.
- Oui. Mais ce n'est pas possible.
Elle doit se le rappeler, Susie. Pour ne pas espérer trop fort.
Elle sait qu'elle doit se contenter du répit que lui offre cette forme marine.

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La Pirate imite Séléné, dans un geste qui paraît pourtant moins naturel, plus haché et mécanique. Les yeux laiteux se plantent dans ceux bleu, dans un contact direct qui ne se veut, pour une fois, pas intimidant, mais plutôt intime. La femelle musculeuse écoute, attentive, es oreilles tournées vers son amante. Certains mots apparaissent complexes à Susie : le vocabulaire de la Nakhu est fourni. Elle pense, pourtant, saisir l'essentiel de son discours.
- En vrai… Ça ne m'étonne pas. Je veux dire… Toi, tu es jolie.
Décidément, elle se laisse porter de révélations en révélations, la louve sombre. Jamais, oh grand jamais n'a-t-elle eu l'occasion d'être aussi sincère - peut-être aussi n'a-t-elle jamais eu telle occasion de s'étendre autant sur son estime d'elle-même, ni sur le sujet de l'appréciation physique.
- Je n'ai jamais aimé mon corps. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été plus grande, plus large… Plus masculine. Petite, je me cachais sous une frange, sous un morceau de tissus...
C'était là, selon elle, la différence majeure entre elle deux. Si Séléné semblait être capable d'accepter son handicap, Susie, elle n'avait jamais même était capable de s'accepter elle-même.

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Susie
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Au compliment de Séléné, il y a une satisfaction intense, un feu de joie qui brûle du fond de ses entrailles jusqu'à venir irradier le bout de ses oreilles. Ce n'est pas la première fois qu'elle entend ces mots, mais c'est la première fois qu'elle a bien envie d'y croire. Venant de sa mère, ou d'Astrid, c'était trop facile, c'était complaisant… Mais là, là ? Qu'est-ce qui pourrait bien obliger la Nakhu à tenir telles paroles ?
Et son amante de se rapprocher encore, et de lui susurrer des mots que la Pirate peine à véritablement écouter - et qui, de toutes façons, ne parviendraient pas à la convaincre. Parce qu'un frisson court le long de sa colonne vertébrale pour agiter ses muscles de spasmes, parce-que - pour la première fois lui semble-t-il - un désir puissant vient véritablement tordre son bas-ventre. Elle n'a plus envie de paroles, Susie, elle est enfiévrée d'une envie bien plus animale que ça.
Et la griffe qui se promène, et le souffle de son rire sur sa peau ne font qu'accélérer les battements à ses tempes.
Pour qu'enfin la pirate ne se lance et vienne embrasser sa dame avec passion.

Lorsqu'enfin elle y met fin, lorsqu'enfin elle renonce aux lèvres chaudes et douces, son souffle est haché, saccadé, de toutes les pulsions qui la saisissent.
- Pour toi, je veux bien être moi.
Son regard sonde celui bleu comme un jour ensoleillé, comme l'eau pure des lacs et des rivières. Parce-que, quelque-part, elle a peur d'être rejetée, la forte combattante. Parce-que ce serait encore plus douloureux après s'être ouverte de la sorte.
Parce-que, quelque-part, elle a toujours revêtu une armure quand elle craignait le pire, mais a cette fois choisi de l'abandonner. Alors, si Séléné venait à se révéler traitresse, le coup porté n'en serait que plus douloureux, et viendrait à la toucher en plein cœur.

Codage par Libella