A la lueur d'une bougie - Susie

Dans son esprit de mari attentionné, une idée avait germé.
Pour cela, il lui fallait réunir quelques petites choses, comme de jolies bougies. Aucune de celle qu’il put trouver, au Castel, n’avait l’usage qu’il prévoyait d’en faire : Les Etelkrus n’étaient pas réputés pour être des êtres romantiques alors il doutait fort qu’ils aient l’attention, pour ceux qu’ils aimaient, si cela arrivait parfois, d’un dîner aux chandelles.
Le coeur battant et le coeur bien fier de cette idée, il prit ce dont il avait besoin : Les longues bougies de cires blanches, mais aussi des peaux de bêtes confortables qui avaient été gardées pour servir de couvertures ou de couchage.
Ainsi, son épouse et lui seraient à leur aise, ce soir.

Ses préparatifs rassemblées dans un petit sac jeté sur son dos, il se mit en chemin après s’être assuré, pour changer, que personne n’aurait l’idée bien agaçante de le suivre.
C’était une route qu’il connaissait par coeur, à force, celle qui le conduirait auprès de sa belle.

Iberis ne savait pas encore où il souhaitait organiser son dîner aux chandelles mais, dans tous les cas, il devrait bien aller chercher Miraj, chez elle. Souhaitant lui faire cette surprise, il n’avait pas jugé bon de la prévenir et espérait, de tout coeur, ne pas avoir à la trouver aux quatre coins des terres, si elle avait décidé d’aller se promener ailleurs qu’à l’Atoll.
Ca faisait partie des risques de son entreprise et il l’acceptait sans trop de craintes.
Dans le pire des cas, il n’aurait qu’à tout ranger, et rentrer au Castel pour mieux la retrouver, plus tard.

Il sourit à cette pensée et hâta le pas.

La Lagune du crépuscule sera l’endroit, il l’avait décidé, là, en y posant les pattes. Sans doute pourraient ils profiter du ciel dégagé étoilé, ce soir.
Et tout sera parfait.

Ou pas.
Vint, à son museau, une odeur iodée, une odeur de Raeder. Il n’avait, honnêtement, rien contre ce peuple. Les motifs de la rancoeur de sa mère envers eux remontaient à bien longtemps, déjà, peut-être même d’avant la naissance de sa génitrice, et il ne se sentait nullement concerné.
Plus que cela, il s’était fait une amie, de leurs rangs, au noble sang.
Si les Raeders pouvaient, aux yeux de quelqu’un, seulement être doté d’un sang noble, du moins.

Il y avait au moins eu quelqu’un avec un esprit assez puissant, un jour, pour rassembler et une autre personne choisie pour succéder. C’était suffisant, pour le jeune loup qu’il était.

Il sentit une odeur iodée, différente, cependant, de celle que possédait Astrid.
Mais avant même qu'il ne puisse s'en préoccuper, voilà qu'un surnom grossier ainsi qu'un bruit d'eau retentirent. Iberis s'en approcha, les sourcils froncés et les yeux plissés en une expression sceptique.
Qui donc osait se jouer de lui ?

Il aperçut quelque chose, fendre la surface.

- N'as-tu rien d'autre à faire ?

Cela l'obligerait, cependant, à trouver un autre endroit pour son diner romantique. Il ne souhaitait être importuné, ce soir là.

Tout ceci était parfaitement ridicule.
Iberis tourna les talons pour repartir : Il n'aurait qu'à trouver un autre coin pour retrouver Miraj et ne souhaitait, en attendant, point s'éterniser auprès d'une créature aussi puérile.

Sa mère le lui avait dit maintes fois, de ne pas tourner le dos à un adversaire.
Mais Iberis ne s'était que bien peu intéressé à l'art du combat, comme elle le nommait, le laissant volontiers aux rustres rouges et à ceux qui aimaient les joutes amicales.
Ca avait été une erreur, peut-être. Sûrement.

Lorsqu'il aperçut cette louve musclée, physiquement effrayante, Iberis sentit, pour la première fois, la peur lui tordre l'estomac.
Il était actuellement seul, loin de ses terres : Perdre n'était pas une option envisageable.
Le jeune mâle fit un bond sur le côté. Malgré la peur, il bomba le force.
Bluffa, fier.

- Tu ne sais pas qui je suis. Je te conseille d'arrêter tout de suite.

L'on ne s'en prenait pas à l'enfant d'Hollyhock sans en payer le prix.

Iberis n'eut guère le temps de s'offusquer, ni de réfléchir à la façon dont il annoncerait à mère que la vermine avait osé l'attaquer.
Car déjà, la rustre femelle revenait à la charge, en le narguant.

Le poil du jeune mâle se hérissa sur son dos : les crocs, particulièrement pointus, de la louve l'inquiétaient et il n'avait pas particulièrement envie de les sentir contre sa peau délicate. C'était prendre le risque de garder de bien vilaines cicatrices et, entre vous et moi, Iberis ne pouvait point se le permettre.

Fichtre ! Voilà que les longs crocs de la femelle venait entailler sa peau délicate, la marquant d'une bien vilaine blessure (En vérité, un petit bobo qui disparaîtrait rapidement), et d'un picotement désagréable.
Le jeune loup gronda.

Quelle situation humiliante !
Il était comme une proie face à un prédateur dangereux, un prédateur qui se jouait de lui, sans se soucier de qui il était et des répercussion que pourraient avoir son attaque.
Sauf si, évidemment, elle lui otait la vie et, ainsi, l'occasion de raconter ce qu'il s'était passé.

...
Iberis ne comptait pas du tout mourir.
Il était encore si jeune, et si beau, et se devait de faire de merveilleux enfants à sa toute aussi merveilleuse femme. Il se devait aussi d'accomplir de grandes choses et d'inscrire son nom sur bien des babines. Non, décidément, le bel Iberis ne pouvait accepter que sa vie, si courte, soit derrière lui.

Misère ! Si la situation s'était prêtée à cela, il aurait posé une patte sur son torse, l'air dramatique.
Mais avant cela, il se devait d'esquiver cette nouvelle offensive, pour ne pas tomber.

Cette fois ci, le jeune mâle, fier, bomba le torse.
Il ne pouvait se laisser insulter de la sorte.

- A ta différence, je ne suis point un sauvage.

Il n'était d'ailleurs plus question de se laisser abattre par cette situation, aussi périlleuse soit-elle. Le temps était désormais à préserver son honneur et à rester digne.
En bon Prince Etelkru.

Elle avait eu la chance, l'audace, de parvenir à le toucher une fois, c'était une fois de trop et elle n'en demeurait pas moins une bête lourde et disgrâcieuse.
Quand à lui...
Il sourit.

- Allons donc, la fière combattante ne parvient-elle pas à attraper sa proie ? Même les Panseurs Etelkrus ne combattent pas de façon si grossière.

Iberis n'était, clairement, point de ceux qui portaient les plus grands coups, de ceux qui faisaient courber l'échine.
Il n'aimait, d'ailleurs, pas se battre et c'était pour cela qu'il n'osait foncer contre elle, comme l'auraient fait d'autres, afin de la blesser.
Cependant, et c'était là sa chance, il semblerait que les leçons dispensées par Anita portaient leurs fruits :
D'eux deux, il était celui qui dansait le mieux.

Pour une fois, Iberis se sentit fier d'être Etelkru.
Ils ne tenaient, visiblement, pas leur réputation de guerriers de rien. Il les avait vu, s'entraîner, bien souvent, et sa mère parmi eux et, si ce n'était pas là une activité qui lui faisait particulièrement envie, il devait bien reconnaitre que les siens possédaient bien plus de panache que cette louve grossière.
Elle s'énervait.
Y avait-il plus grande preuve d'incompétence, ou de faiblesse, que de céder à des émotions primaires lors d'un combat ?

Pensait celui qui avait eu peur, quelques instants plus tôt, et avait toujours un peu peur, derrière son sourire de façade.
Il gagnait, cependant, aussi en assurance.

Cette fois ci, se sentant comme pousser des ailes, il la laissa venir vers lui pour mieux se déporter, au dernier moment, d'un bond souple alors qu'elle lui fonçait dessus.
Brutale.

- Oups ! Tu m'as encore manqué !

Il eut l'insolence de remettre en place l'une de ses mèches de cheveux.
Ca avait presque quelque chose de divertissant.