Face à la mer(e) [PV Iberis]

Ca ne faisait que quelques jours qu’Iberis résidait sur l’Atoll, mais, déjà, il était las des crabes et des bulots pour le déjeuner.
Le jeune mâle s’était alors mis en tête de s’éloigner afin de regagner la Lagune : Il lui semblait avoir aperçu quelques terriers de lapins, près de la plage et souhaitait voir l’un d’eux devenir leur déjeuner, à son épouse et lui.
Ce sera une contribution bien plus utile que les fleurs.
Quel ennui, de chasser, cependant !

Lorsqu’il aperçut un petit animal, affairé à faire sa toilette, le loup sombre s’approcha silencieusement… Pensait-il.
Le lapin redressa la tête et disparut dans un terrier proche, sans même qu’Iberis ne puisse seulement faire semblant de l’attraper.

Par Moiro ! Comment les bons chasseurs s’y prenaient-ils ?
Était-il condamné à manger, encore, de ces horribles bulots caoutchouteux ?

Une odeur familière le tira de sa morose réflexion, et il ne tarda pas à découvrir Iris, visiblement contrarié.
Lui, s’appliqua à employer le prenom adapté. Si il était encore difficile d’accepter que son adelphe se considère mâle (des zones d’ombre persistaient) il pouvait au moins respecter sa demande d’être genré au masculin.

- Bonjour, mon cher frère. Es-tu en recherche de ma charmante compagnie ?

Il eut sur les babines, un sourire un brin amusé.
Ce n’était pas facile, pourtant, d’avoir été fâché de son propre clan : Le confort de sa tanière au Castel lui manquaient, la sécurité aussi, ses habitudes aussi et il n’aimait guère le sable trop présent à l’Atoll qui venait se glisser dans son poil et ses cheveux.
Seule la compagnie de son épouse venait, pour le moment, apporter un peu de douceur à cette punition.
Cependant, il se refusait à laisser paraître son affliction.

Au moins, Iris semblait heureux de le voir et cela lui fit penser que c'était, effectivement, pour sa personne, qu'il avait fait le trajet depuis le Castel.
Il était agréable de constater qu'une personne se souciait de lui, lorsque, parmi les deux autres, l'une l'avait chassé et l'autre considérait leur famille comme étant maudite.
Son coeur se serra un peu, mais il prit soin de dissimuler cette émotion parasite, ne souhaitant inquiéter davantage Iris.
Il rendit son accolade au loup gris.

- Eh bien, ça va. Si ce ne sont ces fichus lapins qui ne veulent point se laisser attraper ! Sans doute se trouvent-ils trop proches de leurs terriers, lorsque je tente de les saisir. Il me faudrait trouver quelque chose pour les en éloigner... Un appât, peut-être...

Il pourrait également installer quelques pièges, ici.
Mère en avait fait, pour les loups. Quel dommage qu'ils ne soient plus en bons termes et qu'il ne puisse, par conséquent, point la questionner sur la façon dont elle avait procédé.
Ce sera une raison de plus pour aller vers le Nord, en quête de connaissances.

- Et toi, donc ?

- J'imagine que tu es le seul à le penser. Ne t'en fais pas. Si nous ne nous voyons plus au clan, rien ne viendra nous empêcher de nous cotoyer au dehors.

Il ne voulait pas qu'Iris s'afflige de son renvoi comme lui pouvait bien le faire.
Entendre parler du clan, et de ce qui s'y préparait, eut pourtant l'effet d'un pieu que l'on enfonçait dans sa poitrine, quand bien même, effectivement, Iberis n'aurait jamais pris part à ces barbares (et salissantes) activités.

- J'aurais plus que détesté.

Un petit sourire amusé vint étirer les commissures des babines du loup sombre.
Il imaginait sans peine, cependant, à quel point Mère devait être fière de cet enfant là pour toutes les initiatives que prenait Iris, et, aussi, pour son glowstick rouge flamboyant.

- Je ne sais pas encore. Cela viendra, je tente de le découvrir, à mes heures perdues.

Qui n'étaient pas si nombreuses que cela.

- Enfin, je dois avouer ne pas avoir pris assez de temps pour le faire. Il y a tout un quotidien à réadapter, lorsque l'on devient Solitaire.

- Je te remercie, c'est très apprécié.

Il n'était pas impossible qu'Iberis ai besoin d'aide, effectivement : Par exemple, si il continuait d'être un aussi piètre chasseur. Pour le moment, et par ce qu'il parvenait à se nourrir par d'autres moyens, il n'osait faire l'étalage de ses faiblesses devant son adelphe qui le surpassait, de loin, sur ce genre de compétences.
La mention de leur soeur effaça son sourire, instantanément.

- Non. Nous nous sommes disputés, à vrai dire.
Elle a vu dans mon glowstick rose l'espoir d'être plus forts contre l'entité. Mais c'est grâce à cette engeance, que ma femme vit et je ne souhaite point la voir disparaitre, et Miraj souffrir de sa perte.
Je sais qu'elle n'abandonnera pas, et moi, je ne peux pas perdre mon épouse.

Il n'avait plus qu'elle, et Iris, désormais.

Alors Iris aussi, souhaitait la destruction de l'entité ?
Iberis ne put empêcher la déception de l'envahir. C'était avec sa soeur sirène, qu'il avait parlé de cette créature pour la première fois, et depuis, l'idée l'avait quitté, d'autant plus lorsqu'il avait su la vérité.
Ce qui n'avait pas empêché sa fratrie de comploter, loin de lui.
Le loup sombre serra les dents, blessé.

- Elle n'a rien fait. Ses dernières actions contestables remontent à tant d'années et, depuis, tout ce qu'elle a fait, c'est donner une chance de vivre à une enfant née morte.
Ne serions nous pas barbares, en la neutralisant alors qu'elle ne nous a jamais rien fait subir de mauvais ?

Il inspira et son regard chercha celui d'Iris.

- Je ne ferai rien à l'entité. Plus encore, je me ferai obstacle, si l'on décidait de s'en prendre à elle, d'une manière ou d'une autre.
Mais de cela, Nirvana est déjà au courant.

Il lui revient en mémoire des souvenirs d'une enfance pas si lointaine : Une journée sur la plage et la première rencontre avec celle devenue sa femme.
Iberis l'avait alors menée jusqu'au temple de Dairo et là-bas, n'avait pu qu'assister au mépris qu'elle suscitait. Alors qu'elle non plus, n'avait rien fait de mal.
Le jeune mâle fronça les sourcils.

- Il est amusant de vouloir détruire quelque chose dont l'on ne sait rien. Ils sont peut-être simplement vexés de sentir que leur omniscience est affectée par une autre engeance surnaturelle.
Moiro ne m'en a point parlé, cependant. Et pourtant, elle connait également la relation que j'entretiens avec Miraj et, peut-être également, qui est son Oncle.

Ne serions nous point stupides de souhaiter nuire à une entité dont nous ne savons rien, seulement par ce que nous ne savons rien. Êtes vous, à ce point, les pions de vos Dieux pour ne pas pousser le raisonnement au delà de ce qu'ils désirent ? Pourquoi ne pas tenter de prendre contact avec l'entité pour connaitre sa propre version des faits, auparavant ?

- J'agirai seul.
Je ne désire point que l'Entité se sente importunée, ou menacée et je n'ai clairement pas d'intentions hostiles à son égard. De plus, ma femme y étant lié, je parviendrais peut-être plus aisément à dialoguer avec lui, si elle m'y aide.
Elle n'aime d'ailleurs pas vraiment que l'on s'intéresse trop à son Oncle, à raison.

Il n'avait d'ailleurs jamais été le centre de ses propres préoccupations, cet Oncle, avant que Nirvana n'évoque son projet de lui porter atteinte : Plus que lui, c'était son épouse, qu'il désirait préserver, évidemment et il avait l'espoir qu'elle comprendra sa démarche.
Qu'elle aura suffisamment confiance en lui pour savoir qu'il était de son côté.

- Tout ceci est bien ennuyeux et j'espère ne point me placer trop en porte-à-faux vis à vis de ma propre Déesse.

Quel ennui, pour lui qui ne désirait rien d'autre que de pouvoir aimer son épouse pour la louve qu'elle était, en faisant fi de tout ce qui l'entourait.
Peu lui importait, qu'elle soit le résultat d'un rituel, que son Oncle inquiète les Dieux...

N'avait-il pas le droit à un peu de bonheur, et de tranquillité ?
Iberis soupira, fatigué.