Le bourgeon d'une fleur sombre [PV Iberis]

Iberis serra les crocs, excédé.
Une fois de plus, il avait manqué une proie et à force, ces échecs successifs en venaient à le démoraliser. Ce ne sera pas aujourd'hui, non plus, qu'il pourra déguster un peu de gibier avec son épouse... Mais, encore, probablement, du crabe.
Merveilleux.

Le jeune mâle revenait des terres Nakhus pour redescendre vers le Sud. Il espérait pouvoir rentrer rapidement. Il lui fallait retrouver son épouse, qui lui manquait déjà tant et, également, Iris.
Ses recherches à la bibliothèque avaient été plutôt fructueuse et il ne pouvait que bénir l'individu qui avait laissé, en évidence, une recette qui pourrait être utile à son adelphe... Si il l'acceptait.
Peut-être qu'il était heureux, ainsi, et que de lui en parler ne ferait que créer des failles et des complexes qui n'existaient pas, ou plus, du moins.
Ou peut-être pas.
Dans tous les cas, ce n'était qu'une proposition.

Lorsque l'on parlait du loup, d'ailleurs, l'on en voyait la queue.
La sienne battit dans son dos, joyeusement.

- Bonjour, Iris.

Il lui offrir une accolade affectueuse, ravi de le revoir.

Ah ?
Iberis lui lança un regard curieux et s'empara de la cape.
Il ignorait à quel point l'hiver pourra être froid, sur l'Atoll. Normalement, cela devrait aller puisqu'ils y jouissaient d'un climat tropical, mais ce vêtement pourra toujours être utile, lors d'autres voyages.
Notamment si il devait se rendre à nouveau en terres Nakhus.

- Je te remercie. Je t'écoute.

Il était étrange de voir Iris, qui savait tout faire et était si talentueux, avoir quelque chose à lui demander, à lui qui peinait simplement à se nourrir.
Ceci dit, cela attisait sa curiosité.

Oh.
Iberis hocha la tête, sans hésitation.

- Je comprend. A vrai dire, je reviens de la bibliothèque et, au fil de mes lectures, j'ai fait la découverte de cette recette laissée par un individu, ma foi, bien sympathique.
Je voulais te proposer mon aide mais j'ignorais comment. La question ne se pose plus.

Il était finalement rassurant d'entendre son adelphe évoquer cette envie et, il devait bien l'avouer, de ne pas juste se trouver devant le fait accompli.
Avec le temps, il acceptait qu'Iris soit son frère, mais, ça, c'était encore un pas de plus vers la rupture envers ce qu'il avait été autrefois.
Sa petite soeur.

- A une condition.

Il y eut un brin de malice, dans son regard.

- Il te faudra m'aider à attraper une proie pour le dîner. Je suis fort lassé des crabes et des palourdes !

Il accueilli les remerciements d’Iris par un sourire plus marqué, et la promesse de trouver une proie également.
Puisque leur objectif était désormais bien établi, les deux frères n’avaient plus aucune raison pour ne pas se mettre en chemin dès maintenant. Par chance, ils ne se trouvaient pas très loin de la Sylve et le trajet fut assez rapide.
Cela faisait un moment, qu’Iberis n’était pas venu ici. La dernière fois c’était d’ailleurs avec Iris et… Nirvana.
Il soupira, en pensant à sa soeur.

- Nirvana, est-elle au courant de tes projets ?

Penser à sa sœur avait également amené la question.
Ce ne semblait pas être le cas, avant son départ. Peut-être que les choses avaient changé depuis…

Après Nirvana ce fut au tour de leur mère d’être mentionnée.
Cette fois ci, Iberis serra les crocs. Si il était attristé par la réaction de sa grande sœur, celle de sa mère l’avait rendu franchement amer : il lui en voulait.
La jalousie piqua son cœur, déforma son visage.

- Je suis certain qu’elles comprendront.

Iris pourrait tout faire et maman continuerait de le trouver fantastique.
Oh ! Pas que la démarche de son frère ne soit pas légitime : mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir lésé, entre le soutien et l’amour sans faille qui était réservé à Iris et le rejet qu’il subissait.
Sa mère ne l’aimait pas. Il ne trouvait pas d’autres explications à tous ceci.

Il attrapa délicatement un petit bourgeon.

- Cadeau.

- Je suis plutôt doué, lorsqu’il s’agit de trouver des trésors.

C’était l’un de ses rares talents, avec celui d’être beau (était un talent, que d’être beau ?) et avoir de bonnes manières… Avec ceux qu’il appréciait.
Grâce à cette chance, il avait pu présenter un cadeau convenable à sa Déesse, lors de son épreuve de glowstick et aurait d’ailleurs aimé profiter de l’endroit pour ramener quelque chose à sa Douce.
Cependant, il y avait d’autres priorités.

Truffe vers le sol, Iberis sollicita son peu d’instinct. Il lui fallait, comme il l’avait fait jusqu’à maintenant, prendre en compte les odeurs qui flottaient dans les environs et séparer, du reste, celle d’une proie, pour suivre sa piste.
Ce n’était pas quelque chose pour lequel il était mauvais.

Lorsqu’il s’agissait d’attraper sa proie, cependant, l’histoire était toute autre.

- Par ici.

Iberis avait, en vérité, bien peu de souvenirs sur la façon dont il fallait procéder pour chasser, comme en témoignaient ses forts nombreux échecs.
Il tenta cependant, en apparence, du moins, de se montrer confiant : Ils allaient bien l’attraper, ce lapin… Puisque Iris était avec lui.
Quelle honte, en vérité, d’avoir à demander de l’aide pour chasser un si petit mammifère.

Le loup sombre hocha la tête et suivit le plan établi par son frère, se plaçant à son tour pour mieux surgir, lorsque le lapin vint vers lui.
Ce ne fut pas avec aisance, qu’il referma sa mâchoire sur le petit corps de l’animal mais.. Mais soit, au moins, c’était fait, et, déjà, Iberis en avait l’eau à la gueule.
Il lui faudrait, cependant, attendre d’être rentré à l’Atoll afin de partager ce festin, bien trop rare, avec son épouse.

Son expression trahit une joie bien trop grande, pour ce qui était commun pour la plupart des chasseurs.
Un bon repas en perspective.

- Je te remercie pour ton aide.

Il hésita puis poursuivit.

- Accepterais-tu que nous explorions encore un peu ? J’aimerais ramener quelque chose à mon épouse.

Il prit la pomme.

- Merci.

La question posée par son adelphe le surprit un peu, cependant : Depuis toujours, Iris se montrait quelque peu hostile à l’évocation de sa femme, ou, du moins, bien peu enthousiaste.
Cette curiosité ne lui ressemblait pas.
Iberis se prêta pourtant au jeu et plongea dans ses souvenirs.
Celui d’un louveteau de cinq mois.

- Le tout jeune Iberis te répondrait qu’elle était la plus jolie jeune louvette qu’il lui eut été donné de croiser, et que ce fut la principale motivation de ce mariage.

Mais il n’y avait pas que cela, qui faisait qu’il était encore marié à cette louve.

- Nous avons ensuite partagé d’autres merveilleux moments qui m’ont comblé, et, pour cela, ce mariage perdure.
Elle me manque, lorsqu’elle n’est pas là et nos séparations sont marquées de pensées qui vont vers elle : Comme ce que je pourrais lui ramener, pour lui faire plaisir, entre autre.

Il eut un sourire tendre, en évoquant sa douce et en songeant à leurs retrouvailles à venir.
Dans sa vie de Solitaire, il y avait au moins quelque chose de merveilleux : C’était la possibilité de s’éveiller chaque nouveau matin à ses cotés.

- Y’a t-il quelqu’un qui te plait ?

Alors qu’il parlait, il remarqua un œuf étrange, et s’en empara.
Si il ne plaisait pas à son épouse, il fera, au moins, une bonne omelette.

Iberis fronça légèrement les sourcils, pensif.

- Je sais que vous n’êtes pas d’accord avec cela : Mais je ne me suis jamais senti en danger, à ses côtés. J’admets que son histoire n’est pas commune, et son lien avec une entité également, mais elle est une louve formidable, sincère et a toujours fait preuve de soutient à mon encontre. Je serais bien ingrat, de ne pas l’aimer seulement par ce qu’elle est différente.
J’en serais incapable, surtout.

Les choses auraient été plus simple si il s’était épris d’une classique Etelkru : Mais ce n’était pas le cas et, il n’éprouvait pas le moindre regret à cette pensée.
Il lança un regard curieux à Iris.

- Qui donc possède ce pouvoir de semer, en toi, ce trouble ?

Que ce ne soit point ce benêt de Désiré !

Il prit une épée magnifique.
Digne d’un prince.