J'vais t'faire la peau (PV Médélisse)

L'odeur immonde du champignon le pris aux tripes et il toussa arrêté net dans sa progression hasardeuse. Et l'autre pintade au dessus qui s'mettait à lui faire la moral. P'tain. Elle avait pas vraiment tort en plus. C'est qu'il avait la caboche qui commençait à bien tourner lui. L'estomac complèt'ment r'tourné, plus d'froce dans les pattes. Y sentait qu'il était pas loin d'tourner d'l'oeil. Alors cette fois i s'immobilise vraiment, arrêtant de lutter. Il n'en avait plus la force.
Et pourquoi l'autre s'revoltait tellement tout à coup ? Il sentait l'émotions dans sa voix et il leva tant bien que mal ses yeux vairons vers elle pour l'observer. À croire qu'elle, elle savait s'que ça f'zait. Il mormone entre ses dents:

-S'pas une question d'égo...

S'faire casser la gueule par d'autre loups ça lui été déjà arrivé pleins d'fois et même si ça l'soulait, y se don'rait pas tant d'mal pour une simple vengeance. Non l'problème était pas là. L'problème c'est qu'ce connard avait volé l'seul objet qu'il possédé encore et qui lui rap'lait sa frangine. Le seul souv'nir d'elle. En plus s'lâche lui avait pris alors qu'il était inconscient, comme un fourbe sans honneur. Un déchet auquel il apprécierait bien d'cracher à la gueule tient. Il serra les dents. Mais il était impuissant, il pouvait rien faire.
Il repose sa tête sur le sol, essoufflé par tant d'efforts. Et il répond bien plus mollement que plus tôt:

-Pourquoi ça t'préocupe tellement t'façon ? Si j'ténerve à s'point pourquoi tu m'abandonnes pas ici ?

Pourquoi le laissait-elle pas crever tout seul comme un con, comme le frère indigne qu'il était ? Il le savait de toute manière malgré ses efforts il avait su protéger personne et Mimo f'zait pas exception.

Question d'bon sens. Ça restait tout d'même gentil de sa part et Chardon tout énervé qu'il était n'l'oublierait pas. T'façon fallait s'rendre à l'évidence sans aide il irait pas bien loin dans s't'état. Y risquait juste de s'vider d'son sang ici comme un débile et d'jamais r'voir Mimo. Alors il ravala sa frustration et sa rage. Son poil s'fit un peu moins hirsute et le grondement dans sa gorge se tari alors qu'la dinde approchait d'lui. Il souffla soul'vant un petit nuage de poussière les crocs serré. C'est qu'il avait sacrément mal en faite p'tain. Il essayait d'respirer à grande bouffé pour atténuer la douleur. Il y était plus ou moins habitué mais s'tait toujours aussi désagréable.
Pour s'qui était d'la mordre, même s'il n'en avait pas envie, ça restait un risque, il est des geste qu'il ne parvenait pas à contrôler dans certaine situation et cette situation approchait. Y d'vais la prévenir si non y risquait qu'elle le laisse là sans rien faire. Alors les crocs toujours serré il articule avec difficulté dans un grognement de douleur:

-At...attend... J'suis ... j'ai... j'ai du mal à supporter qu'on m'touche. Ça réveille des réflexes à la con qui j'peux pas contrôler. J'risque d'te modre sans l'vouloir...


Elle d'vait certainement trouver sa débile, voir penser qu'c'était un prétexte pour la bouffer. Aucun chance qu'elle comprenne. Personne pouvait comprendre ça. Que son corps avait développé de tel réflexe après avoir été roué d'coup par son connard d'père pendant des années. C't'une chose qu'il trainerait toujours avec lui. Un truc qu'le daron avait brisé et qu'il port'rait toute sa vie.
Il ajouta, marmonnant entre ses babines:

-Tu vas sans doute d'voir m'attacher...

L'idée ne l'enchantait absolument pas. Si il s'laisser entraver comme ça y pourrait plus rien faire y s'rait à sa merci et ça lui f'sait peur. Mais c'tait ça ou crever ici la gueule ouverte. Son esprit s'embrouillait et d'venait flou. Il sentait les effets d'avoir perdu autant d'sang. Il avait pas l'choix.

C'est qu'cette idée avait l'air d'lui faire plaisir à cette grognasse p'tain. Dans quoi il c'était fourré lui. La sourire qu'elle afficha à l'idée d'devoir l'attacher ça lui déplaisait beaucoup à Chardon. D'vait-il vraiment lui faire confiance ? t'façon il avait pas l'choix, il sentait qu'il pouvait perdre connaissance d'une minute à l'autre. Il lui aurait bien gueulé d'ssus pour qu'elle ravale son sourire débile cette p'tain cagolle mais il en avait plus la force.

Sa mine se f'sait plus renfrognée, s'retrouver dans cette situation alors même qu'il savait pas faire confiance au autre c'tait la pire des torture pour lui. Il ne pouvait s'empêcher d'imaginer tout s'qu'elle pourrait lui faire si elle voulait et il en était encore plus tendu. Elle s'éloigne alors qu'lesprit du mâle et d'plus en plus embrumé et quand elle revient en lui tendant un bout d'bois, il ne rechigne pas à l'prendre entre ses crocs. Le serrant d'toute ses forces à s'en créer des douleurs dans la mâchoire. Lui non plus n'avait pas envie d'la bouffer. Enfin si mais pas alors qu'elle l'aidait. Pi t'façon il était du genre à avoir envi d'bouffer tout l'monde, c'est pas pour autant qui le f'sait.
Il posa ses yeux vairon sur elle, légèrement dilaté de peur et brillant à cause de la douleur. Son sort était entièrement entre ses pattes maintenant. Il se tendit, fermant les yeux et serra plus fort le bout de bois entre ses crocs au point de le faire craquer. Il était prêt. Du moins aussi prêt qu'il pouvait l'être.

Le contact se fit et malgré toute la préparation, Chardon ne pu s'empêcher de sursauter violemment, le corps tendu, tremblant. Une réaction instinctive, encré en lui sans qu'il ne puisse rien y faire. Ne pas paniquer ? Il en était incapable, mais il tenta d'le dissimuler au mieux, sera plus fort les crocs, bandant ses muscles pour s'éviter des gestes brusques qui au d'là d'risquer d'blesser son infirmière ne manquerait pas d'éveiller de vives douleurs. Il pu se détendre légèrement lorsque les liens furent mis en place. C'était désagréable, être ainsi réduit, impuissant devant une inconnue. Mais il savait aussi qu'c'était nécéssaire.
Les gestes d'la louve était précis, doux, méticuleux, et bien plus agréable qu'ce à quoi on l'avait habitué. Enfin agréable c't'ait un bien grand mot, disons plutôt tolérable. Il sentait qu'elle f'sait un effort, et ça l'touchait un peu quand même le bougre.

L'esprit embrouillé il tâcha d'se tenir tranquille alors qu'elle soignait s'qu'elle pouvait. Il eux beau tenter d'les ret'nir du mieux qu'il pouvait y il ne pu éviter quelques grondement d'douleur alors qu'elle s'att'lait à ses plaies les plus grandes. Il sentait qu'il s'éloignait d'là réalité et la sombre silhouette au fond d'la tanière familliale commença à s'dessiner dans son esprit fiévreux, c'te silhouette terrifiante et douloureuse. Son coeur battait plus vite et sa respiration se f'sait saccadé. Il n'était plus tout à fait là, et ses membres liés commençaient à battre la poussière comme s'il voulait prendre la fuite mais il pouvait pas. Ses yeux se dilatère de peur devant cette silhouette que lui seul voyait alors qu'il se recroquevillait soudainement sur lui-même comme pour tenter de s'protéger d'une rafale de coups à venir. Cette fois ce n'était pas des grond'ment d'douleur mais des couinement d'peur qui lui échappait. Médélisse avait disparus, la forêt aussi. Il n'y avait plus qu'cette obscurité qui l'engloutissait tout entier et le pas lourd d'son père qui s'approchait inlassablement d'lui, grondant, gueulant des choses qu'il comprenait pas. Et l'obscurité fini par le noyer totalement dans un dernier pique de douleur qui lui fit perdre connaissance pour de bon.

Il lui fallu bien du temps pour s'reconnecter à la réalité. L'esprit embrouillé entre réalité et rêve fiévreux. P't'être qu'ça c'était infecté, p't'être qu'il avait un peu d'fièvre aussi. Il l'avait vraiment pas raté s'connard d'croco. Mais les soins semblait agir et les spasmes et l'agitation qui animait son corps fini par s'apaiser pour laisser place au sommeil.

Il émergea quelques heure plus tard, pâteux, ouvrant difficilement ses yeux vairon agressé par le soleil de fin d'journée. Il grogna en remuant un peu sans trop forcé par s'que la douleur le rappela bien vite à lui. Il regarda son corps, désorienté constant que chacune de ses plaies étaient soigneusement bandé et nettoyées. Il avait moins mal. Il soupira avant de pousser un soupire et de poser à nouveau sa tête sur le sol poussiéreux. Pt'être qu'il allait dormir encore un peu. Mais en releva son regard quel ne fût pas sa surprise d'voir la louve toujours là, installé confortablement à quelque mètres. D'une fois pâteuse il d'mande étonné:

-T'es toujours là ?

Il pensait qu'elle s'rais partie après tout ça, y s'attendait pas à s'quelle veille sur lui si longtemps. Elle n'avait rien à y gagner après tout.
Il posa son regard sur elle pour la jaugé, réalisant qu'elle l'avait déplacé à l'ombre d'un arbre en plus. Mais qu'elle infirmière attentive. Ça l'ferait presque rire mais à la place y s'contente d'un sourire amusé.