La tête haute - Nirvana

C’est la brume qui domine aujourd’hui. Pas assez pour causer les migraines, suffisamment pour ensevelir les sentiments.
Plus de tristesse.
Plus de colère.
Simplement la dévotion pour Dairo.
Les coquillages sont bougés de place, groupés par formes. Nirvana réfléchit, établit des plans… parfois pour éliminer les ennemis de sa déesse, tout en prenant en compte les tiers, là comme aujourd’hui, comment unir leurs forces pour un projet commun. À eux les oranges. Une fête ? Une voix qui l’interrompt, manque de faire surgir un tourbillon d’émotions.
Recouverts par la brume.

« — Iberis. »

Les yeux sont vides.
Un sourire qui étire ses babines, habituel.

« — Te voilà bien loin de ton île et de celle de ta déesse. »

Te voilà sur le territoire de la Renarde.

Oh, les visites sur la plage se multipliaient ces derniers jours. D’abord Nael, ensuite Iberis. À croire, que tous voulaient lui rendre visite. Qu’espéraient-ils sauver ?
Quand les ombres avaient laissé place à la lumière.

« — Tu peux, mais Dairo peut ne pas apprécier. »

C’est important de ne pas la contrarier.
À la question, Nirvana continue de bouger quelques coquillages.

« — Je vais bien. C’est si calme, maintenant.
J’ai même réussi à parler calmement avec Iris. C’est une bonne chose, dans l’intérêt du clan.
Je crois. »

Nirvana semble pensive, sans l’être véritablement.

« — Et toi ? »

Lui semble heureux, l’était-il réellement ? Comme avec Iris, Nirvana ne cherche pas la sincérité dans les mots, bien qu’avec Iberis, elle aurait pu s’en abstenir. Après tout, jamais il ne lui avait menti.

« — Non. »

Absolument rien, pour vous qui ne portez le orange.

« — Il n’y a plus rien pour tout ce qui ne concerne pas Dairo.
Ni colère.
Ni regret.
Ni tristesse.
Ni même amour. »

Le regard se tourne vers l’océan.

« — C’est mieux ainsi. »

Un sourire sur ses babines. Parfois, l’emprise sur la brume n’était pas assez fort, les sentiments refusaient surface. Tourbillons d’émotions, compliqué à gérer. Nael était le seul à être parvenu à déranger la brume, les autres…
La Brume ne les voyait pas comme des obstacles.

Essayait-il sera réveiller les sentiments ? Nirvana le fixa un long moment, avant de reprendre la parole. La brume n’avait pas fléchi.

« — Oh petit frère, tu n’as pas raison de l’être. »

En tout cas, sa peine n’atteignait pas Nirvana. Son expression se fait pensive un instant.

« — Iris a dit la même chose, du moins ça y ressemblait.
Pourtant c’est en partie lui qui m’a poussé à ça.
C’est de ta faute aussi, mais ce pas grave Puceron.
Plus rien ne m’atteint. »

Vous avez fait vos choix, j’ai fini par faire le mien.
Ce n’est pas grave.
La prêtresse vint tapoter le poitrail de son frère.

« — Souris, Iberis. »

Je suis toujours là.
Juste plus forte.