Ne pas savoir que l'on se dit au revoir - Iberis.

La dernière fois qu'elle avait vu Iberis, il était venu en terres Etelkrus pour être au chevet de sa sœur blessée.
Elle savait savait qu'il avait aussi pu y croiser sa mère - puisqu'elle l'avait autorisé à venir, de toute façon - mais que tout ne s'était pas passé en douceur. Au moins avaient-ils pu parler... Même s'il ne se doutait sûrement pas qu'il s'agissait là des dernières fois qu'il la voyait.
Tout comme Anita, la veille de sa mort, ne réalisait pas qu'elle souhaitait à son amie son dernier bonne nuit.

Les jours étaient passés et la peine commençait à s'estomper, mais c'était quand même le cœur lourd que l'Alpha marchait. Elle avait dépassé les frontières pour aller en direction de l'océan, profitant de quitter les terres pour changer un peu d'air. Elle n'avait pu prendre ce temps depuis les derniers événements, mais l'ambiance pesante qui régnait chez les siens n'aidait pas son esprit à se libérer. La bataille qui se préparait non plus, et elle ajoutait son lot d'angoisse dans toutes les têtes.
Affronter le deuil en même temps que la guerre. Voilà quelque chose qu'ils n'avaient plus connu depuis de nombreuses années.

Lorsqu'elle fut enfin arrivée sur la plage, elle y resta quelques minutes, hésitante - assaillie par les souvenirs, également. Elle ne se rendait plus ici si souvent désormais.
Elle avait l'option d'attendre le mâle bleu en espérant le voir passer ce jour, comme il se rendait parfois sur le continent - ou de traverser pour retrouver sa trace à l'Atoll. Mais aurait-il envie de sortir de chez lui en ce moment ? Anita était quasiment certaine qu'il était déjà au courant de la mort de sa mère : leur fratrie était faite d'une dynamique étrange, mais ils demeuraient soudés néanmoins. Iris et Nirvana l'auront prévenu.
Après quelques minutes à profiter du paysage, la Prêtresse se décida finalement : elle étendit ses ailes, se propulsa dans les airs et gagna l'île paradisiaque - et son orage toujours aussi étrange, mais qui avait quasiment cessé d'inquiéter quiconque après ce temps passé sans évolution.

Une fois posée sur la berge, la louve ne fit que quelques pas avant de décider de s'asseoir et de lever la tête vers le ciel.

—   Iberis ?

Sa voix porta fort, sans être un cri pour autant. Elle ne voulait pas s'imposer et s'introduire de force sur son espace : s'il était présent, il entendrait son appel. S'il désirait la rejoindre, il viendrait de lui-même.
Sinon, Anita repartirait et réessaierait un autre jour.

Finalement, la réponse ne tarda pas à venir et Anita tourna le regard vers la silhouette du grand mâle bleu qui s'avançait dans sa direction.
Ce fut d'un sourire qui éclaira naturellement son visage qu'elle l'accueillit : il avait l'air d'aller bien. Il ne tarda pas à poser la question en premier, cependant, et Anita laissa s'échapper d'entre ses crocs un petit soupir.


—   J'ai connu mieux, mais ça ira.

Ce n'était pas pour le rassurer, qu'elle lui disait cela : mais parce que c'était vrai. Elle avait acquis de la vie une triste mais certaine expérience des deuils, quant à la bataille qui approchait... Les inquiétudes et les doutes étaient présents, bien-sûr, mais Anita demeurait d'un naturel optimiste et confiant.
Alors oui, ça ira. Ils se tireraient de ça comme ils s'étaient tirés du reste.

L'Alpha s'assit dans le sable et enroula autour de ses pattes rassemblées sa longue queue serpentine.

—   J'imagine que tu as appris pour... Ta mère. Tu tiens le coup ?

Même si les liens avec Hollyhock avaient été sévèrement abimés... Ça devait forcément lui faire quelque chose, de la perdre. Surtout quand tout cela s'additionnait au reste.
Sa voix s'était faite douce et Anita inclina la tête, son sourire léger mais toujours présent, comme une ombre encourageante toujours présente sur le visage. S'il avait besoin de décharger toute chose pesant sur son esprit, elle l'écouterait - le conseillerait, si elle le pouvait.

Puisqu'elle n'était même plus son Alpha, il ne restait qu'elle, Anita. Sa tante.