Reo ▬ Call it Fate, Call it Karma [Litchi]

Le regard un peu blasé, Reo sort de l'Arbre au Serpent après avoir déposé une petite offrande après du dieu Kiro. Pas vraiment gratuitement...il sait que sa soeur y a raté son épreuve, et depuis il y va parfois sans le dire à Nyu, à moitié pour s'excuser auprès du dieu, à moitié pour essayer de lui porter chance si elle y revenait. Il est de la vieille école, où réussir dans la vie, c'est notamment décrocher le seul équivalent de diplôme dans leur meute, soit le Glowstick. Il espère qu'avec un peu plus de temps, elle réussira haut-la-patte, en partie pour la gloire de leur famille, mais aussi car il espère que la foi auprès d'un dieu pourra la garder...un peu plus près d'eux.

Il la voit, disparaître çà et là chercher des monstres, et parfois il se demande si sur un coup de tête, elle pourrait décider que les terres Etelkru pourraient ne plus être assez monstrueuses pour elle.

Le grand mâle brun traîne un peu sur le chemin revenant au Castel, le regard errant, se demandant quoi faire de sa journée désormais.

Plongé dans ses pensées, son oreille tique cependant au son d'un autre canin fonçant vers lui au trot. Il redresse la tête et voit rapidement briller de loin un glowstick jaune, le faisant aussitôt rabaisser sa garde, et arborer un sourire poli en sachant un membre de la meute venir à sa rencontre. Il ne s'attend cependant pas à...

« _ Bonjour Monsieur le Chaaaaaaaaat !! »

...monsieur le Chat. Chat ? Il pourrait s'offusquer mais il est surtout profondément perplexe. Lion, on lui avait déjà dit, mais chat ? C'était certes un gros chat mais...
Ses pensées s'interrompent en détaillant son vis-à-vis. Une charmante demoiselle, déjà vue de loin mais dont il n'avait jamais proprement fait la connaissance. Peut-être l'avait-il déjà...disons...repérée, après tout elle était tout à fait son type. Entraînée comme tout Etelkru, elle était cependant loin d'un certain standard de camionneuse que semblait prendre la meute, à son désarroi. Il n'en faut pas plus pour faire naître son plus bel air charmeur sur son imposante face, le regard baissé vers la louve claire.

« Bien le bonjour, Demoiselle Rosée, » répond-t-il en souriant. « Vous rentrez aussi au Castel ? »

Peut-être pouvait-il la raccompagner en ce cas, il n'avait plus rien de spécial à faire ici.

Ah, elle allait voir Kiro. Heureusement pour lui, elle ne semblait pas plus pressée que ça, et bien plus prompte à taper la discut.

« _ Tu peux me tutoyer tu sais ! Rafraîchit ma mémoire ; c'est quoi ton petit nom ? »

Il est rassuré, au moins n'est-il pas le seul à manquer de quelques noms au sein de la meute. Même si une part de son ego est froissée, il aurait aimé que sa réputation le précède ; c'est qu'il doit encore faire des efforts pour devenir un héros Etelkru reconnu de toutes tous.

« Très bien, tutoyons-nous alors. Je m'appelle Reo, » dit-il en se redressant noblement, « Et malheureusement ton nom m'échappe aussi, petit Hérisson, » ajoute-t-il avec un sourire taquin à l'intention de ses accessoires hérissés de piques.

Lui aussi pouvait jouer aux sobriquets. Le marais n'est peut-être pas le lieu le plus aisé pour rester discuter, mais la fraîcheur procurée par la végétation dense autour d'eux est malgré tout la bienvenue pendant l'été. Son épaisse fourrure s'affine durant la saison chaude, mais il ne crache jamais sur un peu d'ombre.

« Allais-tu voir Kiro pour une raison particulière ? » demande-t-il gentiment, plus dans l'optique de faire la discussion que par curiosité intrusive.

« _ Petit Hérisson tu dis...?
Fais attention, il pourrait bien te piquer.»

Un sourire amusé se dessine sur les babines du grand mâle, intrigué par cette discussion inattendue. Elle se rapproche de lui, le “menaçant” de ses épines mais il y avait peu de chances qu’elle lui fasse réellement mal avec ça. Jouant lui aussi, il se rapproche aussi de manière à effleurer le dos de la louve avec sa longue queue féline.

« Qui s’y frotte s’y pique, dit-on, mais cette douleur ne me semble déplaisante. »

Litchi est son prénom, et finalement cela tombe comme une évidence. Ses parents auraient difficilement pu mieux choisir, il lui sied parfaitement.
La Demoiselle cherchait un challenge, challenge physique peut-être, pour le demander à leur dieu Agile ? Énergique et sportive, donc. Elle s’entendrait certainement bien avec Nyu, tiens.

« _ Et toi ?
Est-ce que le Dieu Anaconda attire ta curiosité ? »

Il tilte légèrement la tête sur le côté, pensif.

« Je le respecte comme chaque dieu, mais ses valeurs ne m’ont jamais attiré à titre personnel. »

Reo soulève une épaisse patte, observant ses propres coussinets.

« Disons que sans me considérer empoté, je ne suis pas non plus exactement taillé pour les cabrioles, » rit-il en haussant un sourcil.

Enfin du moins, pas celles-ci. Oups ?

Elle enchaîne sur ses blagues sans mal y prendre, et cela met en confiance le grand blond. Tant qu'il ne l'accable pas de sa présence, il sera très satisfait de pouvoir lui tenir compagnie. La demoiselle lui rend le geste, qu'il accepte sobrement, avec la simple satisfaction d'une attention physique. Lui aussi est tactile, après tout c'est un gros chat. Mais à la suite de ses mots, il hausse un sourcil.

« _ Ah oui ?
Quel dommage, moi qui pensait que je pourrais te montrer mes cabrioles les plus excellentes.
Me voila bien déçue.»

Et bien voilà qu'il la décevait déjà, il faut se reprendre, Reo. Sans lubricité apparente, il s'assoit sur le chemin, enroulant sagement sa queue autour de ses pattes, et lui lance un petit sourire.

« Mais très chère, ce n'est point parce que je n'en suis le maître que je ne sais apprécier une prestation, » répond-t-il, son ton posé trahi par son regard joueur.

Qui serait-il, pour oser refuser voir une demoiselle mettre à l'œuvre son corps pour montrer ses prouesses physiques.

Jamais Reo n’aurait pu imaginer la tournure de cette entrevue, et il ne sait quoi en penser. Peut-être joue-t-elle simplement, ce ne serait pas non plus bien étonnant, il sait les Dames friandes de petits jeux de chat et souris, sans que forcément n’y soit une arrière-pensée ; il en a déjà fait les frais. Mais il n’est pas dérangé de jouer aussi, quand bien même se moquerait-elle seulement de lui. Ainsi il hausse un sourcil lorsqu’elle vient lui tourner autour, de près. Vraiment tactile, donc. Il se concentre pour réfréner un petit ronronnement, et se contente de la suivre du coin de l'œil, son museau fendu d’un sourire mutin, patient de voir jusqu’où elle semble vouloir aller.

Il sent son souffle près du sien, et sa propre respiration profonde est la seule chose trompant l’immobilité de son corps.

« _ Il me semble qu'une Dame, ne peut danser sans son Cavalier, n'est-ce pas ? »

Et à nouveau, la voilà repartie. Sa poitrine s’agite d’un petit rire, et il secoue légèrement la tête, amusé. Alors il se lève, redressant son imposante carrure avant de faire quelques pas vers Litchi.

« Je t’avoue manquer d’adresse, et voilà que tu me demandes de t’emmener danser, » plaisante-t-il.

Malgré ça, il la rejoint en quelques élégants pas-chassés, et lui tend la patte avec une légère courbette.

« Sa Dame voudra-t-elle malgré tout faire quelques pas en ma compagnie ? »

Il n’est évidemment pas un grand danseur, mais ayant essayé à peu près toutes les disciplines galantes dont il a pu entendre parler, il sait étonnamment se débrouiller sur quelques bases.

Se faire appeler gentleman lui fait extrêmement plaisir, et l’entrain de Litchi lui donne confiance dans le fait qu’il aura peut-être le droit cette fois d’être un peu plus entreprenant. Il lui sourit avec charme quand elle pose sa fine patte dans la sienne, avant de baisser l’encolure et y poser chastement sa truffe dans un baise-main délicat. Il la suit alors vers le temple, et il doit avouer trouver amusant d’aller danser devant Kiro. Il n’aurait jamais osé devant Aka, qui les aurait certainement chassés en les traitant de saltimbanques, mais il sait Kiro plus...joueur, disons. Et n’était-ce pas une belle preuve d’adresse, que de partager une danse à deux ?

Danser en duo à quatre pattes sous-entend une coordination plutôt subtile, à base de pas coordonnant membres antérieurs et postérieurs, mouvements flanc contre flanc, à se tourner autour sans pour autant pouvoir enlacer l’autre, afin de garder l’équilibre des quatres membres au sol. Cela n’empêche pas une promiscuité, dont Reo essaie de ne pas abuser durant l’échange, en expliquant un des rares enchaînements dont il a le souvenir.

« Tout est une question d’avoir un rythme, et de s’y tenir. Je le chantonnerai pour nous, tu n’auras qu’à suivre ce que je fais, » sourit-il.

Se positionnant à côté de la demoiselle, Reo lui montre les premiers mouvements, de simples pas suivant un rythme qu’il murmure. Il ne connaît que les bases, mais il se souvient du démarrage ainsi que d’une transition où il échange de place avec sa cavalière. Cela dit, si l’activité plaît à Litchi, peut-être s’y intéressera-t-il à nouveau...

Malgré quelques ratés de son propre côté, sa carrure le déséquilibrant parfois, Reo est content de ce qu’il se passe. La situation est amusante, inédite aussi, et parfaitement inattendue. Comment aurait-il pu imaginer qu’il danserait avec Litchi au temple de Kiro en se levant ce matin ? Elle est bien plus douée que lui par ailleurs, reproduisant avec lui le petit bout dont il se souvient, une véritable fille du Serpent. Les yeux bleus du grand mâle n’ignorent pas sa gracilité et traits physiques charmants. Elle lui propose alors de chanter ; il hausse les sourcils, souriant.

« Je ne connais pas les paroles de cette chanson. Mais je serais ravi de t’écouter, si tu souhaites tenter quelque chose, » répond-t-il, amusé.

Audacieuse, mais pas désagréable pour autant. Chaque détail qu’il découvre à son propos l’intéresse, après tout elle semblait être une demoiselle aux nombreuses qualités.

Artistiquement parlant, Reo n’est pas réellement un atout en termes de créativité. Il connaît la gestion, l’art de la lutte et la stratégie. Il aime parler, jouer et boire, en bonne compagnie. Ne souhaitant être benêt, il s’est intéressé à des sujets tels que la danse et la musique, lisant quelques ouvrages sur le sujet, mais il ne peut pas s’estimer une étoile en la matière...il espère intérieurement qu’il ne passera pas pour un écervelé auprès de la Rosée.

Il attend qu’elle trouve l’inspiration, amusé de voir son expression s’illuminer à la perspective de chanter pour eux. Alors qu’elle inspire, Reo se tient prêt à mener le rythme pour l’emmener avec lui, et lui permettre de simplement le suivre pour se concentrer sur sa mélodie. Et tandis qu’elle se lance...

Le grand mâle se retrouve loin d’être déçu. Son chant est élégant et juste, et si les premières paroles le font sourire, de nombreuses mélodies sont romantiques après tout, ses joues rosissent sous son poil au fur et à mesure de la chanson. Au milieu d’un rêve...il s’y sent tout comme, en effet. Le grand blond a presque peine à y croire, mais la caresse du soleil au travers de la canopée est incontestable, l’effleurement de leurs pelages aussi, mais c’est surtout la beauté de sa cavalière qui le saisit dans le réel.

Il la guide jusqu’à ce qu’elle se mette à simplement chantonner, et il l’invite à se relever tous les deux sur leurs pattes arrière, pour la faire tourner sur elle-même. Redescendant au sol, il se met à murmurer l’air avec elle, l’expression solaire.

« Ma foi gente Demoiselle, je n’aurais osé rêver de cette danse moi-même, » sourit-il, le ton chaleureux. « Votre compagnie est d’un grand plaisir, je ne saurais dire si je suis outré de n’avoir pu passer de temps ensemble auparavant, ou si je suis justement ravi d’avoir pu le découvrir en ces conditions, » ajoute-t-il, charmeur.

Sa joie le touche, il trouve ça adorable. Elle reprend son espièglerie initiale, le moment inattendu de magie touchant à sa fin. Son regard ne lâche celui de la rosée, la suivant au fil de ses pas.

« Me permettras-tu de te réinviter pour une sortie, en ce cas ? » demande-t-il, le ton poli mais le visage fendu d’un grand sourire. « Les rondes m’ont permis de découvrir quelques charmantes balades. »

Il se remet sur le chemin les dirigeant au camp, l’invitant à la suivre. Reo ne sait quand il aura un jour entièrement libre de responsabilités pour le lui consacrer, mais à défaut d’une date précise, il désire au moins lui offrir de la raccompagner.

« Je reviendrai te voir aussitôt que le temps me l'accordera... »

C’est une promesse.