Home Is In Your Heart (ft. Liam)

-Liam-

Le vent dans les cheveux chante une mélodie que Liam cherche à comprendre. Yeux fermés, pose immobile sur son rocher, il écoute. Non ! Il n'écoute pas. Il écoute. Depuis quelques minutes déjà, cela faisait une heure. Chaque virgule du vent était un coup dans ses oreilles, comme si la nature, ou l'océan, cherchait à lui parler. Maman le disait souvent : L'Océan vivait. Alors pourquoi pas le vent ?
Depuis quelques minutes déjà, cela faisait une heure et pour Liam, cela ne représentait qu'une toute, toute petite minute.

« Hé, Liam, mon grand ! Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ? »

Les vibrisses encore courtes de l'enfant s'agitent avant que l'air remué par son papa n'arrive à lui. Ses deux billes de feu s'ouvrent sur un monde bien trop blanc - sable, reflets du soleil sur la mer, nacre tout autour- et il papillonne, abasourdi et soul de toute cette lumière avant que les contours ne daignent s'offrir à lui. Une inspiration titanesque (du moins, ce qu'il pense l'être du haut de ses sept mois) emplit sa cage thoracique entière, comme s'il voulait aspirer tout le vent pour le dévorer et enfin, le déchiffrer.


Les billes rondes roulent pour se poser dans celle du père, pleines d'affections et d'entrain. Toujours ! Toujours. Mais Liam avait une question. Une question brulante. Il se rapproche, saute avec élégance (pas tant que ça) de son rocher et s'approche de son cher papa à la lumière jaune. La contemple, puis l'évite. Ne soit pas égoiste, jaune ! Aujourd'hui était jour de vent. Demain ? Peu importe.
Il joint ses pattes devant lui.


Peu importe pourquoi, il le sentait, le savait ! Les secrets du monde se cachaient encore à ses yeux junéviles.

-Liam-

Son père, s'il savait parfois moins que maman -et cette réflexion ne voulait pas dire que Liam l'aimait moins pour autant- était celui qui savait toujours répondre à ses questions. Liam suivait son coeur, et papa aussi ; Pourtant à cette question, papa sèche. Ha ! Liam avait-il donc déjà trouvé les limites de la connaissance parentale ! Mais Désiré (pour l'appeler par son prénom) trouve une parade, promptement, immédiatement, une parade si nette, si propre, si parfaite qu'elle laisse Liam dans une étoffe de confusions doucereuse, entouré par la génie qu'était son père.

Demander.
Demander !
Chef-d'oeuvre de communication inter-espèce, que disait-il ! Inter-système. Son papa grimpe sur le roche, leste et enflammé, emportant avec lui le fils envahit d'une détermination parfaite et flamboyante. La question est jetée, attrapée par le vent et soudain, Liam fait silence.
Ecoute les virgules formant une réponse.

Le temps s'étire comme une musique dont on ne voulait pas entendre la fin. A l'instar des cantines et berceuses marines de maman, l'enfant se laisse porter par le rythme des vaguelettes invisibles, écoutant et ouvrant son coeur chaud à la parole du vent. Et finalement ...


Ses pattes tremblent un peu, sa gueule s'entr'ouvre sous ses billes enflammées. Il veut essayer à présent, lui aussi, comme papa lui avait proposé. Que dire, comment choisir en si peu de temps ? Son coeur s'ouvre et se déverse dans sa voix qui tonne de tout son jeune age :


Et il écoute.
Croit entendre.
Silence.
Suivit d'un rire ravi.


Il se tourne vers son père, absolument satisfait de leur entreprise.

-Liam-

Liam saute du promontoire, le corps parcouru d'un spasme enflammé. Devant son père, le corps se tend, tout d'offense prise sans pour autant que son visage ne déforme le sourire éclatant qui y avait élu résidence. Que voulait-il donc, son père !
Un vent se nommait comme il le voulait. N'était-ce pas assez spectaculaire qu'il puisse l'articuler dans leur langue ? Oh, lui qui se nommait Désiré, s'attendait-il à ce que tous ! Loups, louves, entité mystiques courant les bois et forêts ! Portent un nom aussi explicite et beau que le sien ?!

Son énergie est proche de l'implosion mais soudain ? Le loup semble dégonfler. Le regard, enflammé par la réussite, se darde dans celui de son père et ce n'est pas un cri ! Non ! Qui s'échappe de sa gueule. Mais bien un murmure-

Lorsque le vent parle, les loups écoutent.

La sagesse du vent était incommensurable, comparé à eux, surtout à lui, fort de ses six mois. Et ils souffle ! Encore ! Dans ses poils ras. Et il chuchote - encore - dans ses oreilles un peu rondes.
La queue en tire-bouchon s'agite, la concentration revient aux mots de son père. Les deux flammes qui perçent le visage de Liam s'apaisent, recouvertes par une expression d'intense concentration.
...
...
.......


Soudainement torturé, l'enfant pose deux pattes du coté de son visage, levant ses billes de feu vers le ciel. Il voulait hurler : "VENT ! Comment te rejoindre, comment t'apprécier te comprendre et t'aimer, lorsqu'on ne possédait que quatre pattes et une petite queue en tire-bouchon !"
Quel désespoir.
Quelle ignominie.
Quelle indignité.

-Liam-

Les yeux enflammés de Liam s’ouvrent en grand à l’affirmation de papa, billes de feu sous le poil de ses sourcils ondulés. Il avait raison, il avait raison ! Oui ! Bien sur !!

Son père était un génie.

Et alors que Liam pondère encore le simple POIDS des paroles de Désiré, ce dernier s’envole pour aller danser avec le vent. Le regard enflammé le suit, captivé ; La danse d’un papillon beige et brun, la lumière du soleil caressant son poil avec toute l’intensité d’un incendie de forêt et la douceur d’une caresse maternelle ; Les gestes assurés, parfaits, la coordination instantanée et infinie ; Le sable, qui se mêle à la danse et bien sur-

Le vent ! Lui aussi chante et vibre, secoue le poil de Liam, agite ses vibrisses pour l’inciter à aller jouer avec lui. Qui était-il, pour résister tel appel ? Personne. Lui n’était que pantin, non – Que braise rendue brasier du simple souffle de celui qu’on appelait Charlie . Alors, que faire ?

Pour une fois, la réponse est simple.

Sans plus réfléchir, l’enfant s’élance à la suite de son père. Yeux fermés, il se laisse porter par le vent, et danse, joue avec lui. Pattes et corps, tête et son, vibrations- Rien d’autre n’existe.

Peut-être aurait-il du ouvrir les yeux.
Car dans son enthousiasme, c’est vers une descente sableuse abrupte qu’il se dirige. Et, lors d’un saut arqué, dans dans le vide qu’il attérit.

Alors, il s’envole.

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'PC - Réussite' :

-Liam-

La patte qui devait trouver l’impulsion ne trouve que du vide.
La voix qui devait trouver un rire se mue en un cri.
Le loup qui devait trouver le vent … Tombe.

Un hurlement bref. Des crocs qui le saisissent au cou. Une odeur qu’il connait. N’a pas le temps de l’analyser ! Que déjà, Liam roule au sol, emporté par sa fougue, destabilisé par sa propre énergie. Ha ! Quelle douleur ! Quelle surprise, pour celui qui se pensait presque capable de voler !

Il se relève d’un bond, un instinct primaire de protection, sable plein les cheveux et le poil, pattes campées bien fermement dans le sol. Sa gueule s’ouvre sur un regard surpris, étonné, alors que ses quatres membres tremblent, saisit d’éffroi ou prêt à rattraper ce sol qui était venu si vite.


Cette aventure avait eu le mérite de lui couper la chique.

-Liam-

Le silence dure, juste un peu.
Un grand silence dans le coeur de l’enfant, lorsque son corps l’avait rappelé à lui avec stupeur. C’était peutêtre la première fois, que ce dernier rendait son esprit aussi silencieux, comme soufflé, comme on éteint la flamme d’une bougie avant d’aller dormir.

Mais on éteignait jamais son feu très longtemps.
Liam cille, reprenant un peu de vie au contact de son père, le regardant d’un air d’abord hagard, puis pensif.


Il y avait le vent, il y avait le sable, il y avait la danse et puis ... Plus rien. Lentement, il effectue quelques mouvements pour essayer de se remémorer l’action, mais rien ne lui venait. Avait-il été victime d’un mauvais sort ? D’un saut dans le temps ? D’une infection, ou d’une possession par quelqu’un d’autre ?

Il regarde son père. Il ne pouvait pas se permettre de perdre la moindre miette de sa vie. Ou alors ... Son regard s’éclaire, et il fait un pas vers la butte, retraçant l’endroit où ils étaient avant. Oui, oui ! Tout prenait sens maintenant ! Victorieux, il tend une patte.


Il devait rééssayer !

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'PC - Pouvoir' :

-Liam-

La réponse tombe, entre les crocs du père, couperet sourd aux vœux déjà exaucés du fils. Il n'avait pas de super-pouvoirs, pas de ces capacités extraordinaires qui font les grands loups, ceux dont on veut entendre les histoires. Non, à la place simplement une défaillance, plutôt, car c'est son propre père qui avait du le rattraper. Le visage de Liam se déconfit à vue d'œil ; Il s'était déjà vu téléporté sur la lune ou dans le grand Nord, voyageant sans limite de temps, errant où son cœur l'en faisait envie. Il cille, oreilles tombant sur le côté de son crâne, avant de laisser son cœur s'abandonner à un peu de tristesse. Un peu ! Oui, rien qu'un peu.
Il méritait bien cela.


Ses (épais, quoi que juvéniles) sourcils s'aplatissent en une expression tragique, et il s'inspire de ces livres écoutés ou lus qui l'ont tant marqués sans qu'il ne puisse s'en souvenir du nom. Tragédie ! Sa patte vient trouver son cœur, s'y agripper comme un naufragés à une planche dans la même perdition que lui, et il déclâme son désamour de sa personne avec plus d'attrait pour le verbe que la réelle réflexion :


Le sourire revient sur son visage, trop sérieux, souvent. Il y avait là un diapason de sa vie : celui de l'observateur qui ne cherche à être héros. Du moins, c'tait ce qu'il aspirait à être. Rouvrant les yeux sur le monde, quittant sa réfléxion intérieure, sa peine envolée ! Le voilà qui aperçoit enfin la truffe de son cher père, qu'il touche ! Ravi.


Son front vient trouver l'épaule de Désiré, s'inspirant de son odeur et de son histoire. En voilà ! Un beau modèle.
Liam en mesurait la chance.

-Liam-

Les mot de père le surprennent, d'abord. L'enfant redresse ses oreilles, écoute, captivé (comme souvent lorsqu'on lui contait ainsi des histoires, mais bien peu souvent il en avait été le héros). Il est soudain couvert de compliments dont il ne sait que faire, à part se trémousser, inconfortable. Il ne les méritait pas ! Si ses yeux brûlaient, c'était d'une passion qui ne trouvait pas de but, et s'il usait bien des mots, ce n'était que grâce aux histoires écoutées, lues, bues dans sa jeunesse et maintenant. Il n'était pas un héros !
Mais pouvait il vraiment le targuer sans renier son ascendance ?

Voilà une belle énigme ! Voilà un beau défi. Le mâle penche la tête et finit par concéder -sur la défensive, presque- que peut-être acceptait-t'il de ne pas être simple paysans dans un monde de monstres et de sorciers.


Le voilà qui sourit, et se voit sourire d'un air attendri. Son père avait toujours les bon mots pour lui remonter le moral. Il observe son corps, qui montrait à peine signe de puberté; encore pataud et gras comme une taupe.


Il y a dans sa voix une affection mouillée pour ses parents et sa famille, qu'il aimait et estimait tant.