Changement.

Elle ne voyait pas grand chose de plus de la scène qui se déroulait dans les ruines de l'Eglise à travers le vitrail ; en revanche, s'étant un pu éloignée, elle était complètement spectatrice de ce qui se passait à l'épicentre de l'événement. Beaucoup d'émotions jaillissaient, les voix étaient tantôt effacées ou étranglées, tantôt criantes et agressives. La scène remuait les Nakhus bien plus qu'elle-même, et le voir ainsi lui donnait l'impression de n'avoir rien à faire ici. Comme si elle venait de débarquer au milieu d'une fête de famille ou d'une scène de ménage - un peu des deux à la fois finalement. Un loup s'en alla après avoir vociféré qu'il ne reconnaissait plus la déesse Nakhu. Un second le suivit. Il y eut comme un moment de flottement suite à leur départ.

Puis les loups se remirent à converger vers la chose, proposant de la transporter. La solitaire eut une seconde d'hésitation, puis se rapprocha de nouveau pour leur prêter main forte. L'apparente inconsistance de la créature rendait son déplacement difficile à imaginer - n(allait-elle pas se déliter s'ils tentaient de la porter comme un loup ? Avait-elle seulement une consistance, état-elle palpable ? Un mâle sombre à la crinière rayée sortit de quoi tenter de recoudre ses plaies - ils allaient donc vite être fixés. Une louve grise le rejoignit... et le coeur de Dell manqua un battement.
Une silhouette claire se trouvait dans son sillage.
Une silhouette qui lui ressemblait.

Ses yeux s'étrécirent, le temps s'arrêta, les Nakhus et leur problème de divinité disparurent autour d'elle pour que ne demeurent qu'elle et cette jeune louve. La dernière fois qu'elle l'avait vue, elle était minuscule, mais il était impossible de s'y tromper. Elle avait même gardé l'espèce de parure de cristal que la louve avait laissé à Wymond avec elle. Elle la portait dans ses cheveux.
C'était sa fille.
Le choc passé, sa raison prit le dessus ; il n'y avait aucune raison qu'elle la reconnaisse, et Dell n'avait jamais croisé la louve grise qui l'accompagnait. A part son frère, personne n'était au courant qu'elle avait eu un enfant. Si elle faisait comme si de rien n'était, la situation resterait ainsi - mais que diable faisait-elle chez les Nakhus ? N'avait-il pas parlé de l'emmener au Refuge des Solitaires, lieu que l'ailée avait soigneusement évité depuis des lunes ? Le temps de la compréhension viendrait sans doute plus tard. Elle peignit sur son visage un masque impassible et chercha une manière d'aider à résoudre la situation - tout en évitant le moindre contact avec les nouvelles venues.

"Pouvons-nous seulement la transporter sans lui faire plus de mal ?" Lança-t-elle prudemment en désignant du museau les trous - la vision lui faisait décidément tort au possible - qui parsemaient son être. "Peut-être devrions-nous... l'envelopper dans toutes vos capes en même temps ? Pour qu'elle reste une seule chose ?"

En priant pour que les tissus et es pattes ne passent pas au travers de cet être si étrange. Maintenant qu'elle était plus proche, la louve pouvait distinguer plus de détails, plus de subtilités de la chose qui était peut-être, ou peut-être pas, la déesse Nakhu.

[Dé ING - Dell profite de sa proximité pour voir si elle remarquerait d'autres détails]

Echos

Echos a le cœur en peine au milieu de tout ces bouleversements. Elle essaye d'être forte, comme à chaque fois, se réfugie dans l'aide à apporter pour ne pas avoir à pleurer alors que Priam est parti en la laissant toute seule sans même se retourner une seule fois. Alors lorsque Lucian vient pour simplement être méchant, Echos a juste envie de lui casser la figure. Elle n'était pas proche de Stendhal pourtant, n'aurait même pas su si elle l'appréciait ou non mais ce n'était vraiment pas le moment de se montrer gratuitement mauvais. Elle ne dit rien pourtant, gonfle simplement son pelage, le regard noir dans ses yeux gris clairs mais les choses s'arrangent d'elles même en s'enchaînant sans l'attendre, sans la prendre en compte dans ce grand bazar tout comme Priam qui ne lui avait accordé aucun regard.
Chacun s'exprime sur son point de vu, sur ce qu'il pense devoir faire pour Yurai. Cheza est particulièrement effrayant à ce sujet, imposant les décisions à prendre comme une évidence et cela rassure presque Echos de constater qu'ils sont plusieurs à ne pas partager cet avis.

Elle aurait voulu donner le siens d'avis, Echos, s'exprimer, dire ce qu'elle pensait, ce qu'elle avait compris mais... Elle n'est pas sûre d'être quelqu'un qu'on souhaite écouter, il n'y avait après tout, plus personne pour se soucier d'elle ou de son opinion. Ses oreilles se baissèrent et si elle avait toujours autant envie de taper Lucian, son pelage perdit pourtant en volume alors que son regard gris quitta la foule.
Tout le monde se sentait si spécial dans le cœur de Yurai, tout le monde se sentait si unique à ses yeux et c'est peut-être pour ça que tout le monde pensait que son avis était avant tout une évidence. Ils étaient pourtant, chacun d'entre eux si petits dans cette foule et Echos avait l'impression de l'être bien plus encore, minuscule et seule surtout.

La voix de Dysis à proximité l'éloigne un peu de tout ça et Echos s'accroche à ça, à cette tâche qu'elle avait commencé à réaliser.

« Je t'aide. »