Âmes victorieuses - Meute Etelkrus.

[ Ce topic est situé en retour immédiat du dragon pour les Etelkrus regagnant les terres à la fin de l'affrontement.
Il est pensé pour s'étaler librement sur plusieurs heures, le temps d'une après-midi / soirée de célébration : vous pouvez rejoindre et quitter librement le topic en considérant que tout ne se passe en quelques minutes. ]

Après une longue route, le clan était de retour sur des terres où régnait un temps qui paraissait idyllique en comparaison avec l'orage violent qu'ils avaient dû affronter.
De rares Etelkrus étaient sans doute restés un peu derrière pour un certain nombre de raisons : mais la grande majorité de ceux partis au combat suivait la procession qui approchait désormais du Castel. Il régnait dans les rangs une ambiance mitigée, si particulière à de tels événements à la fois mémorables et lourds de conséquence : tous ne vivaient pas de la même manière ce qu'il venait de se passer, entre choc et fierté, mais tous pouvaient au moins être soulagés d'être vivants.
Au vu de l'adversaire contre lequel ils s'étaient battus, c'était un miracle.

Anita, elle, n'avait qu'une hâte : prendre le temps d'enfin se nettoyer de ce sang qui avait maintenant séché en se mêlant à la poussière et reposer son corps qui la faisait souffrir. Même si elle aimait penser le contraire, l'Alpha n'avait plus quatre ou même sept ans - et ses muscles trop sollicités s'appliquaient à le lui rappeler.
Elle n'oubliait pas le traumatisme subi, d'une patte qui fut tranchée au début du combat : même si le talent de Dez l'avait sauvée et lui avait permis de tenir pendant l'affrontement, l'adrénaline dissipée et la fatigue accumulée avaient réveillé la douleur dans le membre, et la cicatrice de la chair encore à vif avait besoin d'un peu de soin.
Bientôt, elle pourrait s'occuper de tout ça et d'autres choses encore - même une fois ce dragon vaincu, la vie de clan reprendrait bien vite son cours, et tout ce qu'il y avait à gérer avec.

Avant cela...
Quand elle foula de ses pattes les premières pierres annonçant qu'ils étaient bel et bien arrivés au Castel, Anita se retourna vers ses camarades de meute, sourire aux lèvres et regard pétillant.

— Nous pouvons être fiers de nous pour cette victoire. Le combat a été difficile, mais chacun d'entre vous a tenu bon - et grâce aux stratégies établies et à la coopération nous avons encore une fois vaincu un ennemi trop orgueilleux qui pensait pouvoir nous exterminer.  

Son sourire se fit plus affirmé et elle se redressa un peu plus, port de tête fier et poitrail en avant.

— Il me tarde de remercier nos Dieux pour la force qu'ils nous ont accordé. Profitez de ce moment pour vous retrouver et fêter cette réussite ! La viande que nous avons récolté n'en sera que meilleure consommée fraîche. Prenez le temps de vous reposer avant si vous le souhaitez, le rassemblement durera un moment.  

Elle-même s'éclipserait assez vite pour d'abord se nettoyer et s'allonger un peu - avant de revenir profiter de son clan regroupé, enfin autorisé à souffler, l'esprit libéré de pensées obscures d'un futur sanglant et incertain. Pour le moment.
Avant de laisser chacun décider de la suite immédiate de sa journée et que ne s'opère une dispersion, Anita se rappela qu'elle avait failli oublier un point.

— Une dernière chose ! Ne jugez pas trop sévèrement ceux ayant appelé à épargner le dragon. Nous avons tous des valeurs différentes, même ici, entre nous. Ceux qui respectent toute vie ont écouté leur cœur pour tenter de le sauver : ils en avaient le droit. Tout comme nous avions le droit de vouloir le contraire après avoir pris part à ce combat.

La louve balaya les loups présents du regard et marqua une pause, avant de conclure.

— Bien ! Retrouvons nous auprès du feu et d'un festin, désormais.

Avec un dernier sourire, elle cessa de maintenir l'attention des siens - peut-être quelqu'un d'autre prendrait-il la parole.
Pour sa part, elle déposa viande et cuir ramenés du dragon et resterait sur place quelques minutes au cas où quelqu'un désirait lui parler - puis elle partirait se remettre d'aplomb pour revenir ensuite profiter de la soirée.

Samaël

De retour au Castel, Samaël n'attendit que la fin du discours d'Anita avant de s'éclipser vers le point d'eau le plus proche. S'il n'avait jamais été très amateurs de baignades et encore moins de la pluie, il fallait bien avouer que le mâle brun appréciait la sensation du pelage, de l'étoffe et des cheveux propres. A cet instant, le poil collé par le sang et la boue, empestant le marais et la charogne, Samaël n'avait pour seule envie actuelle que celle de se débarrasser de la souillure.
Cela prit sans doute un temps assez long, nécessaire également pour pouvoir démêler sa longue tignasse, y gratter tous les miasmes du marais et du combat, ceux coller à sa peau et ses accessoires également. Il laissa d'ailleurs étoffe et épaulière en cuir séchés tranquillement dans un coin en profitant des derniers rayons de la journée, le récupérerait plus tard dans la soirée ou le lendemain matin. Il n'attacha ses cheveux que par leur moitié, pour qu'ils perdent de leur humidité.

C'est avec cette apparence simplifié, plus décontractée de fin de journée que Samaël dû retraverser le Castel pour rejoindre la cavité contenant ses affaires et où il dormait encore quand Nirvana ne demandait pas à ce qu'il soit avec elle. Il chercha à éviter la petite fête de victoire, longeant les parois pour ne pas se mêler aux autres, les oreilles en arrière lorsqu'ils faisaient trop de bruit. Samaël n'avait pas besoin, pas l'envie de célébrer quoi que ce soit et encore moins dans cette atmosphère tout aussi rustre et barbare que l'avait été l’exécution finale. Le mâle brun avait assez donné et ne désirait qu'un peu de calme.
Il se fit chauffer de l'eau dans laquelle il jeta quelques feuilles de thé et de menthe, ajoutant une importante dose de miel à la préparation. Il s'installa devant sa cavité, profitant des derniers rayons du soleil déclinant, profitant d'être un peu excentré du reste.
Samaël était épuisé, à cet instant, il ne pensait pas à grand chose, se concentra sur ce qu'il y avait d'un peu plus simple. Les rayons qui réchauffait doucement son pelage encore humide, l'odeur mentholée qui remontait dans ta truffe alors qu'il portait sa tasse sous son museau, le brouhaha plus lointain des autres qui lui faisait tout de même orienter une oreille un peu vers l'arrière.

Le Castel s'était de nouveau éveillé.
Après être resté dans une sorte de torpeur, comme si on y avait arrêté le temps, le fief des Etelkrus avait retrouvé ses seigneurs. Les revenants étaient poussiéreux, sanglants, blessés pour certains. Et, étrangement, il n'y avait pas dans les regards que des lueurs victorieuses et fières. Bellamy fut surpris de croiser tant de fatigue, de doute ou de lassitude. Des regards un peu sombres, un peu ailleurs, alors que les loups se rassemblaient pour écouter le discours de leur Alpha. Le mâle noir et bleu resta un peu en retrait, se contentant d'observer avec le point de vue de ceux qui n'ont pas vraiment participé, qui n'ont pas la même chose à célébrer. Il était heureux de voir de nouveau de la vie au Castel, de voir tous ces camarades revenus. Mais la fin du discours et les expressions mitigées sur les museaux laissaient planer un doute sur le déroulé de la bataille : s'était-elle si bien passée que cela ? Pourquoi Anita avait-elle parlé de vouloir épargner le dragon ? Evoquait-elle des Etelkrus ?

Il resta dans les alentours un peu de temps, alors que s'écoulait la fin de la journée. Lorsqu'il s'éloigna du centre des festivités, il croisa tout d'abord une louve grise et bleue, puis un peu plus loin vers les tanières un mâle au pelage rouge. Aucun des deux ne semblait vouloir côtoyer ses semblables, aussi ne tenta-t-il même pas d'aller vers eux. Toutefois, il les remarqua, et nota dans un coin de son esprit qu'il faudrait avoir leur version de ce qui s'était passé pour réellement comprendre les tenants et aboutissants de cette bataille.

Liu finit par aller se poster non loin de l'entrée du Castel, assis, à un endroit où il était souvent venu ces dernières nuits pour surveiller les terres et le chateau vide.

Etna avait suivit avec fierté ses camarades jusqu'au retour à la maison, laissant son corps et celui de quelques amis se faire transporter par son skate.

L'énergie de son pouvoir était à plat cependant, et après quelques kilomètres, le cadeau de Kiro se désintégra petit à petit. Elle n'était pas surprise, après un tel combat, son glowstick aussi avait besoin de repos ! C'est en riant qu'elle continua le voyage sur ses quatre pattes, commençant parfois la conversation avec quelqu'un, question de passer le temps. Ce n'était pas désagréable tout ça, mais la louve avait très hâte de revenir sur ses terres, détestant sortir du territoire Etelkru.

Pendant le voyage, Etna regarda avec joie ses frères et sœurs de clan, les trouvant tous si beaux avec leurs nouvelles blessures. Pour elle, ce n'était pas une mauvaise chose, cela prouvait leur courage et, plus important encore, leur réussite ! Enfin, l'odeur familière du Castel chatouilla ses narines, et elle souri, contente de revoir sa jumelle et ses petits verts au loin. Courrant vers eux avec le peu d'énergie qui lui restait, elle leur dit avec fierté qu'ils avaient réussit.

Pour ce qui était du reste de la soirée, Etna se faisait pas trop remarquer, se contenta de manger et de sourire aux autres qui lui accordait un peu d'attention. Le sommeil n'allait pas tarder pour elle, la bouclier ayant grand besoin de récupérer.

C'est avec un énorme bâillement qu'Etna quitta les célébrations, décidant d'aller dormir dans la tanière de Pep's, auprès de ceux qu'elle aimait plus que tout.

Ce fut finalement Dez qui s'approcha d'elle, après avoir pris la parole devant l'assemblée pour que tous puissent trouver des soins.
Elle lui offrit un mouvement d'oreille en guise de salutation plus personnelle ainsi qu'un sourire sincère, porteur de tout ce qui l'animait alors que retombait la pression des derniers jours - le soulagement de le voir lui et les autres encore en vie, l'espoir de pouvoir avancer et que les plaies les plus graves puissent être réparées. Elle hocha la tête.

— Je viendrai te voir, oui. Il faudra aussi s'occuper de Nirvana très vite, elle... Elle n'entend plus.

L'inquiétude revint dans ses yeux - mais ne s'éteignait pas encore l'optimisme de penser à une affliction temporaire. Les panseurs sauraient. Pour le moment, elle laissa repartir son ami et prit elle-même une direction différente après un dernier regard vers ses semblables.

La louve irait se reposer, puis reviendrait sur les lieux avec un peu plus d'énergie.

• • •

[Retranscription d'un fast Anita / Samaël dans la même temporalité, un peu à l'écart du groupe. ]

Anita a écrit:

Ses yeux n'avaient pas manqué de reconnaître sa silhouette placée à l'écart, quand Anita était revenue en direction du rassemblement toujours en cours.
Visiblement peu ravi de l'agitation qui régnait, le mâle sable s'était isolé devant sa tanière sans pour autant totalement s'y cloîtrer : ce fut donc avec naturel que la Prêtresse de Kiro, léger sourire aux lèvres, se dirigea vers lui pour perturber sa semi solitude.

—  Pas très envie de goûter au dragon maintenant qu'il est cuit ?

Elle haussa un sourcil, taquine.

Samaël a écrit:

Une de ses oreilles pivota vers un bruit de pas se rapprochant et Samaël rouvrit les yeux sur l'Alpha Anita, sortant de sa courte évasion de l'esprit loin des Etelkrus, plus proche d'un désert connu où là bas aussi il avait accès à ces même thés au miel mentholés. Ce n'était pas quelque chose bien difficile à reproduire ici.
Et sur moment arrêté, Anita parle de manger du dragon. Les oreilles du mâle brun pivotèrent vers l'arrière alors qu'il leva un sourcil. Ceci dit, était-ce si étonnant que ça que les Etelkrus se mettent à manger la bête?

— Très peu pour moi, merci.

Paroxysme de la déchéance dans la défaite, consommé par ses ennemis. L'errance avait presque quelque chose de plus noble en comparaison.

— Vous allez vraiment le manger? Il était tout de même capable de s'exprimer.

Il n'avait pas vraiment fait le lien avec le transport de la chaire, trop épuisé sans doute.

Anita a écrit:

L'hybride finit par s'asseoir assez vite et haussa les épaules.

—  Les autres animaux s'expriment aussi, et on les mange quand même.

Ils n'étaient pas si rares, après tout, les loups capables de comprendre les animaux ou de leur parler d'une manière ou d'une autre. Et la plupart n'avaient pas l'air plus bêtes que le dragon ou eux-mêmes.
Ceci dit, Anita non plus n'avait pas mangé de dragon, pour être tout à fait honnête - juste léché d'un discret bout de langue, pour goûter.
Mais ça ne la choquait pas que cette viande se retrouve consommée.

— Si nous utilisons sa peau et ses écailles pour renforcer nos armures, nous pouvons bien utiliser la chair aussi.

Autant ne pas gâcher.

Oh, et puis le dragon les aurait probablement mangés aussi s'il avait gagné.

Samaël a écrit:

— Hm

Ils utilisaient la peau et les écailles, Samaël ne s'était adonné au pillage du cadavre comme un vulgaire charognard, l'exécution par le massacre lui avait été suffisante sur le plan de la barbarie.
Le mâle brun ne considérait pas vraiment les autres animaux comme des égaux, savait que paradoxalement malgré la tendance à la violence des Etelkrus, ce n'était pas le cas de tous. Ce dragon, c'était différent, peut-être parce qu'il l'avait projeté vers une image de lui même quelque part, de ce qu'il était ou aurait pu être peut-être? Samaël était bien trop fatigué ce soir pour aller plus loin sur sa réflexion mais il n'avait pas vu le dragon totalement comme une simple bête à abattre, il avait été un ennemi plus qu'une proie à chasser.

Il s'apprêta à boire une gorgée de son thé, s'arrêta dans son geste à la vue des pattes vides d'Anita.

— Il doit me rester encore quelques feuilles, je peux refaire chauffer de l'eau.

Si elle voulait.

Anita a écrit:

À son ton, nul doute que Samaël ne partageait pas tout à fait sa réflexion. C'était un avis répandu, après tout, que de considérer seules les créatures douées de paroles comme des êtres sentients. Ça permettait sans doute de se donner bonne conscience quand il s'agissait de chasser pour manger, mais au final, Anita avait des existences de toute vie sur cette terre une considération bien plus égalitaire - et elle trouvait cela plus honnête. Ça impliquait d'admettre qu'elle prenait au quotidien des vies, et qu'elle aussi aurait pu être mangée un jour, sans que cela ne fasse de cet autre une créature plus bête qu'elle.
En échange, elle s'appliquait donc à ne jamais utiliser de plus de cruauté que nécessaire et à se montrer simplement efficace - pour le dragon, comme les autres bêtes.
Bon, ça ne voulait pas dire qu'elle mangerait n'importe quoi ou n'importe qui non plus, il était vrai.

À la proposition que fit finalement le mâle sur un autre sujet, Anita hocha la tête, enthousiaste.

—  Volontiers.

Et elle laissa glisser ses pattes pour s'allonger plutôt que de rester assise.

Samaël a écrit:

Un hochement de tête, Samaël laissa sa propre tasse là où si tenait précédemment, un peu contre la paroi pour qu’elle ne se fasse moins renverser puis retourna à l’intérieur de ce qui lui servait de logement. Il réactiva quelques braises, réutilisa l’eau d’une bouilloire en étain. Il rassembla quelques feuilles de thé et de menthe, termina sa réserve en réalité, avant de les ébouillanter d’eau chaude. Termina en cassant un rayon de miel qu’il incorpora, mécaniquement, sans demander à Anita si elle en voulait, lui apportant le tout une fois la préparation terminée.

Anita a écrit:

Elle suivit de son regard curieux tous les gestes effectués par Samaël, puis le remercia d'un sourire quand le breuvage lui fut offert. Auparavant, c'était surtout auprès de Tawana qu'elle partageait le moment d'un thé.
D'une brise légère elle souffla sur la surface encore brûlante, avant d'y aventurer le bout de sa langue pour le goûter.
C'était bon.

— Quelque chose qui vient de chez toi, j'imagine ? 

Samaël a écrit:

Il confirma d’un hochement de tête avant de reprendre sa place initiale et sa tasse entre les pattes.

— Tout le monde en buvait, même les plus hauts dignitaires. On disait que ça apportait calme et sagesse.

Ce soir, Samaël avait surtout besoin de calme.

— Ce n’est pas bien compliqué à reproduire, visiblement on trouve de la menthe et des abeilles partout.

Mais cette odeur avait ce quelque chose de familier qui le projetait bien loin d’ici.

Anita a écrit:

Elle l'écouta avec curiosité, un sourire aux lèvres, toujours ravie d'écouter ces petits fragments d'une vie d'ailleurs.
Son sourire évolua en rictus amusé quand elle leva le nez et fit mine de se gratter le menton dans une posture nonchalante, plongée dans ses pensées.

— Je me demande ce qu'il m'apportera, à moi qui suis déjà si calme et si sage.

C'était incontestable, non ?

Samaël a écrit:

Aucun sourire de la part du mâle brun, comme si c’était quelque chose qu’il avait fini par oublier comment faire. Il ne montra cependant aucun signe d’agacement non plus face aux clownerie d’Anita, une certaine forme d’acceptation de sa part au final, se contentant de boire une gorgée de sa propre tasse.

— Dans tout les cas, ça ne peut pas faire de mal.

Anita a écrit:

Elle sourit de plus belle, quelque part amusée par le sempiternel air neutre de Samaël.

— Certainement. 

Ses pattes s'occupèrent à parcourir le contour de sa tasse du bout d'une griffe alors qu'elle garda les yeux sur le mâle brun.
Puisqu'il ne semblait pas vraiment emballé à l'idée de s'engager sur une discussion légère, Anita reprit le sujet qui était encore brûlant dans les esprits de tous.

— Vous n'aviez jamais à vous battre contre des créatures fantastiques, de là où tu viens ? 

Il lui semblait bien que non, mais des informations qu'elle avait fini par récolter sur son pays d'origine à force de temps, il y avait quand même quelques éléments surnaturels imprégnant aussi leur mode de vie.

Samaël a écrit:

— J’ignore ce qui peut être défini comme fantastique ou non. Il y avait bien des choses dans le désert cependant, dont les soldats du mur d’enceinte s’occupaient mais rien qui aurait demandé à mobiliser la cité entière.

Des errants et des vers de sable. Tout aurait été différent cependant si un des errants entraient dans la cité, cela aurait annoncé sa chute, comme dans chacun de ses cauchemars.

Anita a écrit:

Anita haussa les épaules. Savait-elle dire, elle-même, ce qui relevait du fantastique ou non dans un monde déjà empreint de magie ? Pas vraiment. Elle avait résumé ça dans son esprit à "tout ce qui avait l'air de sortir d'un livre de contes, en tout cas plus que d'habitude", mais elle n'avait jamais été louve de définition précises et étayées contrairement à d'autres. Elle naviguait plutôt sur les concepts au gré des vents et des sensations.

— Je vois. En même temps, votre cité ne faisait sans doute pas la taille de notre petite et humble meute. 

L'Alpha sourit encore, l’œil pétillant. Pour ce bout de continent, ils étaient un clan d'une certaine taille : mais il avait si souvent mentionné à quel point sa civilisation était plus développée, et Anita imaginait sans mal que ses effectifs devaient l'être aussi.

Samaël a écrit:

— Vous remplieriez à peine une aile du Palais Blanc.

Les Etelkrus étaient tout au plus une trentaine quand rien que les serviteurs étaient une bonne centaines, sans parler de l'entièreté de la cité dont l'immensité se perdait tout de même à l'horizon. Les Etelkrus et même les Nakhus ou les autres groupes plus ou moins déclarés de ces terres n'étaient que des petites tribus qui s'élevaient à peine de la boue.

— Ce n'est pas comparable.

Il reprit une gorgée de thé.

Anita a écrit:

La louve l'écouta parler tout en essayant de s'imaginer ce fameux Palais Blanc et sa taille, inclinant la tête. Il y avait chez Samaël ce regard distant et caractéristique qui trahissait les années et les kilomètres remontées pour se plonger dans des souvenirs d'ailleurs, ce regard qui lui donnait chaque fois envie de pouvoir directement se brancher à un autre esprit que le sien afin de pouvoir partager ces images et ces ressentis qu'elle ne pouvait connaître - seulement tenter d'effleurer.

Elle laissa passer quelques secondes quand elle concentra de nouveau son regard sur l'instant présent, suivant des yeux les gestes du loup sable.

—  Tu ne t'es jamais fait à la perte de ce mode de vie, n'est-ce pas ?

Ce n'était pas une critique. Mais Anita avait pensé que les années apaiseraient son mal - il semblait au contraire s'être installé dans ce manque.

Samaël a écrit:

La question le tendit un instant avant que ses oreilles ne tombent vers l'arrière dans une attitude plus las et fatiguée.

— Ce n'est pas tant un mode de vie que j'ai perdu qu'un tout. Je n'ai pas toujours été prince se prélassant dans ses draps de soie. Lorsque je suis revenu, que j'ai essayé de reprendre ma place, nous dormions parfois à même la poussière, avons déjà passé plusieurs jours à monter nos stratégies enfermés dans un sous sol à la seule lueur d'une lampe à huile.

Son unique oeil voyant remonta sur la louve plongeant dans ses yeux à elle dans cet air presque trop solennel.

— On ne se rend pas vraiment compte à quel point nos origines sont importantes avant de devoir les abandonner.

Son regard dériva ensuite vers la place où se rassemblait les Etelkrus pour festoyer leur victoire.

— Il n'y a aucun visage ici qui ne ressemble un tant soit peu à l'individu le plus banal du Désert Blanc, il n'y a aucune couleur qui puisse les rappeler, aucune forme de museau. J'ai beau faire brûler des encens, infusé des plantes similaires, ce n'est que copie fade des odeurs de là bas, il n'y aura jamais ici ce mélange d'épice et de miel qui se mélange à la poussière. Il n'y a pas non plus, cette image d'une cité immense aux immense murs qui s'élèvent au dessus du désert, de ces champs verdoyant sous ce soleil intense dont l'horizon se découpe sur des couleurs plus ocres, de ces vergers de dattiers qui s'élèvent vers un ciel immense et dénué de tout nuage. Il n'y a pas ce fond de fourmillement constant, d'ustensile d'une cité qui vit, de ces milliers d'âmes qui s'agitent de jour en jour pour en arracher toujours un supplémentaire au désert.

Ce n'est pas qu'un mode de vie, c'est toute une culture, un peuple... un monde qui n'a aucune similitude avec celui-ci.

Un monde pour lequel il était né. Il sentait en permanence à quel point même physiquement, rien n'était optimal pour lui ici.
Il avait froid dés qu'il pleuvait ou brumait un peu, même en été, son pelage s'emmêlait plus vite, sa teinte était trop rougeoyante dans la végétation.

— Je ne peux regretter ce que j'ai perdu mais ce pays, chaque famille là bas le foule depuis des temps immémoriaux. Ces terres ci, elles ne m'ont pas manqué la première fois que je suis parti.

Il ne parvenait pas à s'y attacher, toujours son esprit revenait dans ces paysages désertiques qu'il avait quitté, comme si son âme continuait à y être liée.

Anita a écrit:

La question eut finalement plus d'effet qu'elle ne l'aurait cru. Il lui sembla que Samaël n'avait jamais autant parlé face à elle qu'en cet instant. Et toute la souffrance enfouie en profondeur s'exprima sans filtre.
Elle laissa tout son ressentiment déborder dans le flot de ses paroles, accueillant ses mots en silence, l'air plus grave qu'à l'accoutumée.
Cette histoire n'était pas là sienne, mais par empathie elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de tristesse se loger dans son cœur.
Certaines plantes déracinées puis remises dans une autre terre savaient s'y épanouir sans mal, d'autres finissaient par dépérir loin de leur origine.

Et on ne pouvait leur en vouloir. Ces choses ne se commandaient pas.

Ses yeux dans les siens, elle plaça le bout d' une patte sur celle de Samaël, offrant ce qu'elle pouvait de compassion.

—   Je ne pourrai sans doute jamais ressentir ce que tu décris, mais... Je comprends. Et je suis désolée que tu ne te sois jamais senti chez toi ailleurs.

C'était peut être là le plus grand drame, que de n'avoir jamais retrouvé un endroit à appeler foyer.

Samaël a écrit:

Le mâle brun resta un moment silencieux, ne parvint pas non plus à soutenir le regard de la louve cendre dans cet instant de faiblesse enfin avouée après tant d'années. Il n'aurait su quoi répondre, quoi faire de ce soutient offert qui ne changeait rien ni aux faits, ni à la situation actuelle.
Samaël finit par briser et chasser l'instant d'un simple soupir.

— Cela fait sans doutes partis des maux à subir, ils ne font que rentrer dans une globalité.

Sa punition pour avoir défier cette couronne volée sans être parvenu à la récupérer. Sa condamnation au même titre que l'errance, comme un rappel qu'il avait beau fuir, il n'échapperait pas à son lien avec ses origines. Cela faisait de lui un loup froid malgré ses origines désertique, qui ne souriait pas, ne se mélangeait pas aux autres. Un simple soldat exécutant les ordres alors qu'il avait été prince un jour.
Samaël termina sa tasse.

— Ce n'est sans doute pas des plus amusant de rester là devant cette tanière. Tu devrais aller rejoindre les autres et manger votre dragon.

Leur alpha avait une personnalité bien plus vivante que la sienne qui n'était qu"un reflet fantomatique de lui-même.

Anita a écrit:

Elle ne rajouta rien de plus quand s'étira le silence, se contentant de garder sur le loup un regard attristé.
Il était... Vide, épuisé. Et rien ne semblait pouvoir l'aider à remonter cette pente après tant d'années à ne vivre que dans l'ombre de ce qu'il avait connu et perdu à tout jamais.

Pour une fois, Anita se sentait bel et bien impuissante.

Le mâle reposa sa tasse vide et de mots polis, amena l'échange sur sa fin. La louve resta quelques secondes immobile et muette, gardant les yeux sur lui, puis se leva après une dernière gorgée de son propre thé.

— Tu n'es pas encore mort et tu n'es pas obligé de finir cette vie à la subir, Samaël. Il y a du réconfort et du plaisir à trouver dans certaines choses simples, auprès des autres ou par toi même. 

Puisses-tu saisir l'opportunité de t'y ouvrir et de ne pas tout laisser passer.
Sur ces mots plus sérieux et un visage plus soucieux qu'à l'accoutumée, Anita lui accorda un dernier signe de tête en guise de salutation avant de tourner les talons pour lui rendre la tranquillité à laquelle il aspirait.

Samaël a écrit:

— Hm.

Du réconfort et du plaisir dans les choses simples, par les autres ou par soi même... Le prince déchu tuait bien la pénibilité du quotidien par cette routine qu'il avait forgé petit à petit autour de Dairo, autour de son rang de bouclier, pour Nirvana surtout dont l'autorité du rang formait une ligne directrice à suivre. Le mâle brun n'était pas certain que ce soit suffisant, il y avait tant de choses qui ramenait indéniablement à l'errance et à ces maux. Au moins les nuits, si elles étaient toujours aussi habitées de cauchemars, n'étaient pas toutes fraîches.

Il laissa partir Anita, lui rendit son signe de tête avant de ramasser sa tasse et retourner dans sa tanière. Demain, le soleil se lèverait à nouveau sur une autre journée.

• • •

L'Alpha n'eut pas beaucoup à marcher pour rejoindre les autres - mais le changement d'ambiance fut marquant. Elle tenta de laisser derrière elle le sentiment de lassitude qui était venue s'installer en elle lors de la discussion avec Samaël - par empathie ; sans doute.
En cet instant, elle ne pouvait rien de plus pour lui que de le laisser se reposer au calme.

Aux autres, elle fut prête à offrir sourires et discussions durant tout le temps du rassemblement.