L'amie perdue - Libre

Kelcie

Elle cherchait toujours. Elle était partie jusqu'à la sylve, où elle avait rencontré le père de Sirius : un loup gris avec de la barbe et des plantes dans le pelage. Depuis, elle essayait de remonter la trace de Sirius. Le temps était déjà beaucoup passé : il y a quelques semaines, cela aurait été facile... mais maintenant ... c'était... Dur. Elle avait perdu la trace de Sirius dans les terres, alors maintenant, elle suivait tous les chemins battus par des pattes de loups. Elle se disait qu'elle devait bien avoir été sur l'un d'entre eux, non ?

Aujourd'hui, elle prit le chemin de la Lagune. Ses pattes foulèrent le sable, ses yeux cherchant le long du sable quelque chose qui pourrait lui indiquer la présence d'un loup. Elle contournait un talus lorsqu'elle sentit une odeur pourrie. Elle fronça son museau. Hmm, berk, quelque chose pourrissait par ici. Est ce que c'était les restes d'un repas ? Elle serait ravie de trouver la trace de quelqu'un grâce à son dernier repas. Elle en rond quelques minutes - elle ne trouve pas les restes ...? Mais enfin, après plusieurs minutes, son regard accroche l'entrée d'une ancienne demeure. Tiens, une grotte, ici ? Elle s'approche, puis se couvre le museau. Par Paquot qu'est ce qui habitait là dedans ? Ca empestait !

"Bonjour ?"

L’écho de sa voix est la seule chose qui lui réponds. Elle essaie de regarder à l'intérieur, découvrir ce qu'il y a dedans ... mais il n'y a pas de lumière. Elle grommelle, mais ce n'est pas le manque de lumière qui va l'empêcher de regarder à l'intérieur. Elle va récupérer des morceaux de bois flotté secs, et enveloppe le haut d'herbe sèche à laquelle le mets ensuite feu. Hop - avec sa lumière, elle y verrait plus clair.

Elle retourne donc à la grotte, et y rentre silencieusement, la lumière de sa torche éclairant les parois. Elle descends un peu, puis soudain, s'ouvre sur une grande pièce qu'on n'aurais pas imaginé vu de l'extérieur. Elle éclaire les murs avec la flamme, et regarde avec ses oreilles en arrière.

... Qu'est ce que c'était que tout ça ?
Des marquages étranges serpentaient sur les murs. Ce n'était rien qu'elle avait lu auparavant, et pourtant son poil se hérissait. Elle marche en regardant les parois un instant puis renifle l'air. Ca sentait toujours horrible : la charogne, la chair en décomposition. Elle se retourne et la lumière de la torche illumine quelque chose qui projette une ombre sur le mur de l'autre côté. Des bois de cerfs.

Kelcie s'arrête net, ses yeux sur l'ombre qui vacille au rythme de flamme. Des bois de cerfs.
Elle baisse les yeux pour regarder la carcasse - et la torche tombe de sa patte par terre, sur le sol rocheux à côté d'elle.

Elle se retourne et elle vomit violemment.
Une fois.
Deux fois.
Un regard en arrière déclenche un troisième vomissement.

Ça sent mauvais. C'est entrain de décomposer. C'est Sirius.
Elle pleure en même temps qu'elle s'essuie la gueule d'une patte, et elle se retourne vers le cadavre. Les petits bois tous fins, les cotes - mais surtout les champignons, qui ne brillent quasiment plus, lui disent tous ce qu'elle ne veut pas croire. Ce qui se trouve par terre au milieu de cette grotte, c'est les restes de son amie. Elle se roule sur elle même, incapable d'approcher à cause de la puanteur, et pleure dans ses pattes avant. C'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible. C'est pas elle, c'est pas elle, c'est pas elle. Et pourtant elle reconnaît le tout petit corps. Elle se balance d'un côté à l'autre sur ses pattes, assise, en pleurant jusqu'à hurler. Dehors, ses cris, ses gémissements doivent retentir, doivent forcément être entendus.

Son amie est morte.

Elle tourna son visage tâché de larmes vers la personne qui rentrait. Elle avait l'impression que tout était plus sombre autour d'elle, plus flou. La louve, elle la reconnut, c'était l'amie de Sirius qui avait parlé si facilement avec le loup à barbe, le père de Sirius. Elle veut se redresser, pour l'empêcher de venir voir ce qui se trouve ici, au fond de la grotte... mais elle n'as pas la force dans ses pattes.

Où est l'énergie qui lui permettait de marcher, il y a quelques instants ? Elle a l'impression que maintenant, ce serait un effort sur-lupin.

"Elle ... elle...." hoquète t'elle avec difficulté.

Elle n'avait pas la force d'en dire plus. Elle retourne son regard sur la carcasse, sur les champignons qui brillent dessus, qui identifient si facilement. Elle est là.
Elle est morte.

Kelcie sent la patte sur son épaule - elle qui avait habituellement si peur du contact ne s'enfuit pas pour une fois. Elle se retourne et mets sa tête contre l'épaule de la louve blanche et violette pour continuer à pleurer. C'était comme si l'océan était en elle, chaque vague qui coulait sur ses joues était salée Sa truffe commençait à couler aussi - elle était une véritable mare. Lentement elle se laisse guider, ses pattes trouvant une force qu'elles avaient momentanément perdue pour marcher à côté de la petite louve, sa tête basse.

Lentement, la louve brune et noire sent la chaleur de la lumière toucher son poils sans pourtant pénétrer dans son cœur. Elle a la tête basse, sa truffe frôle presque le sol, ses larmes se répandent par terre. Elle s'assoit de nouveau une fois dehors - la force temporaire l'ayant quittée, et elle écarte ses pattes avant un peu pour mieux se soutenir.

Elle fait ce bruit si inconfortable lorsqu'on pleure et on inspire de manière rauque entre les pleurs, en essayant de se calmer sans y mettre de volonté. Des minutes passent, et elle épuise ses larmes, l'océan recule petit à petit de ses yeux. Au bout d'instants qui lui paraissent hors du temps, elle redresse la tête.

"Je suis désolée ... tu étais ..snif. amie .... aussi ?"
Elle lui inspire une confiance naturelle, cette louve. Elle lui avait rien fait de mal. Elle était sûrement amie de Sirius elle aussi.

Elle la cherchait avec son père. Kelcie hoche la tête, elle se souvenait, oui, du loup avec la grande moustache. La pensée la poignarde d'une nouvelle vague de douleur. Il allait falloir lui annoncer, à son père. Kelcie ne pouvait imaginer annoncer à un parent la perte de leur enfant. Cela devait être une des pires douleurs du monde - celle de perdre celui ou celle qu'on avait vu naître et grandir. Elle serra les crocs, les larmes coulant encore sur ses joues. Incapable d'être forte. Incapable de s'arrêter de pleurer, d'arrêter sa truffe qui coulait.
De longues minutes de silence passent.

Un inspiration rauque la permit de reprendre un peu ses esprits.

"On peut pas lui... il peut pas la voir comme - comme ça" souffla-elle.
Il ne restait pas vraiment de "elle" à part des bois dans un tas informe couvert de champignons brillants.

Elle avala sa salive et se secoua un peu.

"Je vais chercher."
Pour recouvrir les os.

Elle se leva en chancelant, puis fit quelques pas, ses yeux terriblement secs à présent. Elle avait soif - elle avait l'impression d'avoir pleuré toute l'eau qu'elle avait en elle. Elle trouva quelques grosses touffes d'herbe sur une dune à quelques mètres, et arracha les longs bouts d'herbe pour les ramener à l'autre louve. Elle la regarda ensuite dans ses yeux -tiens, l'un d'entre eux partait vers son museau, c'était bizarre- et tenta un sourire sans conviction.
Kelcie avait l'habitude d'avoir super peur des étrangers, mais celle-ci ne comptait plus comme une étrangère. Elle avait connu Sirius, elle l'avait soutenue, elle avait l'air triste elle aussi. Elle la comprenait. Et puisqu'elle la comprenait, c'était plus une inconnue qui faisait peur.

Elle jeta un coup d’œil à l'entrée de la grotte. Elle voulait pas y aller seule - pourtant elle n'avait pas envie de demander à l'autre de se forcer à rentrer avec elle. Alors elle attendit un instant en la regardant, perdue, dans un vague sans émotions pour se contrôler.

"... je vais" articula-elle avant de commencer à rentrer. Ses pattes bougeaient plus facilement pour y aller plutôt que en sortir. Une fois dans la pièce de nouveau l'odeur lui redonna envie de vomir. Mais elle serra les crocs.

Elle avait pas été là à temps. Elle aurait pu arrêter ça - elle ne savait pas comment. Mais elle aurait pu. Du.
Elle n'avait pas eu le courage - maintenant, elle aurait du courage pour tous ses amis, toute sa famille.

Plus jamais elle perdrait quelqu'un.
Elle s'approcha, tremblante, et posa les herbes sur ce qui pouvait être reconnu, laissant les champignons à l'air, pour qu'ils puissent pousser. C'était beau, quelque part. Grace à ses champignons, Sirius pourrait continuer à vivre. Ca lui donnait envie d'en prendre un ... pour avoir une part de son amie avec elle pour toujours ... Elle tendit une patte pour en toucher un légèrement.
Elle ne pouvait pas en prendre un.

Elle continua à répandre l'herbe, avant de reconnaitre une touffe de cheveux bleus. Elle posa l'herbe sur ce qui ressemblait à un crâne et posa un instant une patte sur les cheveux en dégradation. Elle se souviendrait.

"J'ai fini." dit-elle à haute voix à l'intention de l'amie.