La voix perdue. | Libre

Tu le savais, tu n’étais pas à ta place ici. Des bribes de souvenirs te revenaient peu à peu et, avec eux, de douloureuses émotions. Tu te souvenais la disparition de ta fille Lexa. De la colère face à ta faiblesse de ta fille Azura. Tu ne parvenais pas à sentir leurs présences. En fait, tu ne savais même pas à quelle époque tu te trouvais, puisque tu trouvas les terres changées. Comme assaillies par le temps et des conséquences climatiques.

Tu te retrouvas en ce que tu te souvenais être les terres des Lazulis. Une familière sensation te fis frissonner le poil tandis que tu progressais, seul, dans cette forêt froide qui te ressemblait. Ton masque était tombé avec ta mort. Il n’était pas réapparu avec la vie. Tu ne savais pas vraiment quoi faire, mais au bout d’un certain temps, tu découvris une autre de ces stèles que tu avais contourné alors. Tu t’approchas et tu vis les noms qui étaient gravés dans la pierre. Trois noms. Trois vies. Trois sommeils. Tu vis les silhouettes non loin les unes des autres et tu restas ainsi, immobile et stoïque, de longues minutes durant.

Tu ne ressentais pas le froid ni le temps qui passe, puisque tu étais mort et que tu n’étais qu’une demi présence en ces sombres lieux. Tu les fixais longuement sans pensée aucune, sans geste aucun. Tu finis alors par sortir de ta torpeur, puisqu’il fallait bien le faire. Il devait y avoir une raison à ta présence en ces lieux, tes pattes t’avaient guidé ici. Tu ne savais même plus pourquoi tu avais été attiré par cette stèle et pas une autre.

Tu te dirigeas alors vers ces corps frêles et tu en fixa un de ta hauteur, tes longues oreilles pointées vers l’avant. Tu ne frémis point. Tu n’avais plus beaucoup de réactions à l’égard de toute chose régissant de la vie sur terre. Tu tentas tout de même quelque chose en posant une patte sur l’épaule du loup gisant sur le sol. Elle resta suspendue dans le vide.

Tu voulais alors hurler, mais tu n’en étais pas capable. C’est comme si avec la mort, tu avais laissé ta voix à la faucheuse. Or, c’était juste que tu n’avais plus rien à dire, ni à faire en ces lieux. C’était ton humble avis. Tu ignorais comment tu étais supposé aider le monde à se réveiller. Ils s’étaient complètement gourés de loup.

[justify]Cela faisait un moment que nul n’avait croisé le chemin de Lord. Qu’il s’agisse d’un « vivant » endormi ou d’un revenant. En fin de compte, le Brethen se demandait si cette nouvelle ne devait pas être réjouissante. Ouais… Pas vraiment en fait si les revenant avaient la mission de réveiller les endormis. Un soupir s’échappa de la gueule du mâle, pas possible de reposer en paix visiblement. Les feuilles se soulevèrent sous la brise du vent. Lord aurait aimait ressentir cette sensation à son tour, mais c’était visiblement impossible. Dommage. Enfin, ce n’était qu’un détail et pas celui qui lui manquait le plus.

Non, ce qui manquait réellement à Lord c’était Hylda, ainsi que leur fils. L’ancien disciple de Dairo aurait tout donné pour croiser le chemin des deux loups, mais visiblement la malchance semblait s’acharner sur sa personne, dommage. S’enfonçant dans les bois de l’oubli - dont-il en conservait peu de souvenir pour tout dire -, le loup eut la surprise de voir un autre revenant. Une silhouette qui ne lui était pas étrangère, mais dont-il ne parvenait à se rappeler quelle fut sa relation avec lui antérieurement. Ils furent dans le même clan, ça au moins c’est sûr.

« —Hum… c’est toi Uriah ? C’est Lord, nous étions dans la même meute.

Il préférait le préciser au cas où Uriah ne se souviendrait même pas de l’avoir vu un jour. Lord hésita à avancer, la présence des trois corps endormis sembla calmer son enthousiaste d’avoir croisé quelqu’un d’autre. Ses prunelles bleuâtres se posèrent dans l’herbe, un éclat blanc capta son attention. Étais-ce un simple reflet ou… ? En se penchant un peu plus, le Brethen constate qu'il n'y avait rien de particulier. Avait-il encore l'esprit ailleurs après son réveil ? C'était fort possible...