Le vent portait une odeur d'automne [PV Échos]

Echos

Elle n'était jamais revenu en ces lieux depuis la destruction des champs par le dragon. Ce marais, elle n'avait jamais pris le temps de le connaître lorsqu'il était un lieu hostile, n'avait pas assisté à la bataille, n'avait gardé en mémoire que le souvenir d'une immense prairie fleurissant au fil des saisons, recouverte d'une brume épaisse s’atténuant à peine dans l'après midi. Il y avait eu ici le seul héritage qu'elle aurait pu posséder mais aurait été bien incapable à présent de retrouver dans ce paysage inconnu l’emplacement exact. Echos doutait également, que la petite pierre gravé ait pu tenir face aux événements.

Ici devait cependant se construire les jours nouveaux des Nakhus, alors il fallait le courage d'affronter ses souvenirs pour explorer une futur nouveau. Malgré tout, Echos avait parfois cette curiosité grande qui la poussait là où sont cœur se serrait pourtant. Face aux os s'élevant vers le ciel de cette créature géante qui avait été abattu, elle se pose encore quelques questions. Est-ce qu'elle ressentait de la peine pour cette bête? La réponse qui hantait son esprit à cette question lui faisait grincer des dents. Peut-être... peut-être que Priam avait eu raison de la laisser en arrière, de la laisser tomber, parce qu'ils auraient forcément fini par se disputer. Aucune peine, il fallait assumer les conséquences de ses actes. Et elle même, il lui faudrait un jour arracher le cœur à une bête pour mener à bien son projet. Était-elle une mauvaise personne ?

Ses pattes colorées et blanches étaient entièrement souillées par la boue, la poisse du marais remontant jusqu'à son ventre et un peu plus encore sur le poitrail et les flancs, sa queue aussi est sale. Il fallait bien avouer que ça l'avait un peu amusé de patauger dans la boue. S'étant éloigné de la carcasse, arpentant la pleine presque mise à nue de ce marais tourbière, elle reconnaît au loin une silhouette familière. Ça lui fait plaisir, elle doit bien avouer, de voir Dysis au loin. Alors qu'elle trottine à sa rencontre, manque de trébucher par un trou de pas à sa proximité et ne remarque par le mollusque qui s'est accroché à sa queue qu'elle remue tout de même un peu lorsqu'elle est devant l'autre louve.

« Salut Dysis ! »

Elle lui offre un sourire, une façade amicale pour enfouir et cacher plus profondément toutes les peines qui habitaient son cœur en ce moment.

« Qu'est-ce que tu viens faire par là? »

Histoire de discuter un peu, de trouver une occasion de traîner un peu avec elle.

Echos

Dysis explorait.
Cool, peut-être que ça la dérangerait pas que Echos la suive un peu.

Évidemment la question est renvoyé, un fait évident qui décontenança tout de même la louve claire qui se mit à bafouiller, prise par surprise. C'est qu'elle n'avait pas d'objectif réel elle, Echos ne cherchait qu'à se vider un peu l'esprit, encaisser le stress que le quotidien actuel apportait, essayait de trouver des solutions, de s'apaiser surtout. Elle n'aurait pas voulu partagé tout les doutes de son cœur avec Dysis, quand bien même elle l'appréciait et la connaissait depuis longtemps, l'avait fréquenté en parallèle de son frère Priam. C'est aussi parce qu'elle était la sœur de ce premier et que le cornu était un de ses plus gros soucis que Echos n'avait pas tellement envie de se confier.

« Ah euh humpf, la même chose je suppose. »

Une oreille en arrière, elle laissa Dysis passé devant, la suivant d'un pas plus lent. La bouclée tricolore s’intéresse alors à un peu de matériel qu'avait à offrir ces terres ravagées autant pas l'arrivée du dragon que par la mort de celui-ci. Elle ramasse un peu d'argile et Echos distraite, s'intéresse un peu plus à l'environnement aussi. Elle remarque alors la bestiole coincée dans sa queue dont elle se débarrasse avant de remarquer quelques fruits passés, hésites à en récupérer les graines avant d'estimer que c'était trop dégueu.

« C'est pas la première fois que tu viens ici depuis la bataille contre le dragon, toi non ? »

C'était histoire de briser le silence.

Echos

Dysis surveillait ?
Echos eut un peu de mal au début à comprendre de quoi la louve frisée parlait, ne comprenant pas très bien ce qu'il y avait encore à surveiller sur cette tourbière déstructurée. Peut-être faire attention que rien de dangereux ne se tapisse dans l'ombre pour leur surgir encore une fois à la figure... mais finalement Dysis expliqua par la démonstration de quoi elle parlait, lui montrant des champignons et autres plantes repousser aux abords d'une zone humide.
Oh... OH ! Echos était stupide, elle aurait du faire le lien avant. Ils étaient au final sans doute un peu tous pareil, à espérer voir renaître un jour la vie là où elle avait été dérobée. Elle sous estime peut-être un peu moins cependant à quel point il y avait encore beaucoup de chemin à faire.

« Attention ! »

Trop tard, Dysis s'enfonce dans une partie plus instable du sol, dans une boue traître à peine recouverte de quelques centimètres d'eau mais si caractéristique de l'effet sable mouvant des endroits marécageux. C'était sans doute pour ce genre d'incident qu'il était préférable de ne pas explorer ce genre d'environnement seul.
Echos attrapa une des lanières de l'armure de Dysis avant de se servir de son propre poids pour lutter contre l'effet d'aspiration de la boue sans y finir dedans non plus. Ses pattes glissèrent, peut-être qu'elle arracha un peu de ce mélange de mousse et d'algue qui essayait de s'établir en ces lieux mais finalement la pression cessa de s'exercer et la louve claire – du moins qui était censé l'être sous toute cette boue – finir par sentir la bouclée se dégager du piège. Elle la lâcha à ce moment là, reculant pour laisser la place à Dysis sur le sol plus stable.

Echos s'intéressa alors aux plantes que les deux louves avaient retourné avec tout ça.

« Tiens ! Y'a pas des bêtes qui mangent ça ? »

Des élans peut-être, ça traînant dans les marécages ça non ?

Echos

En un mot, en une expression, c'est l'alerte qui est donné et Echos se tend en parallèle de Dysis avant de savoir pourquoi. Elle le découvre cependant bien vite, à plusieurs mètres d'elles se tenait une créature écailleuse, de la même couleur que le sol de la tourbière et d'apparence semblable à l'image de ce qu'on aurait pu appeler dragon. Echos resta figée derrière Dysis qui s'était placée devant elle, les pattes enfoncées dans la boue, son poil se gonflant de nervosité face au danger.

« Qu'est-ce qu'on fait ? »

Etait-ce un des derniers vestiges de l'infection qui avait saccagé les champs mystiques et rendus les lieux hostiles ? Si c'était le cas, est-ce que cette créature était affaiblie ? Ou enragée par la faim ? Est-ce qu'elles devaient l'aider ? L'attaquer ? Echos n'était pas vraiment confiante en ses capacités pour affronter une telle créature.

Echos

Observer.
Ok, si c'était la solution qu'envisageait Dysis à la résolution de leur problème. En soit ce n'était pas une mauvaise idée, pour le moment, et Echos avait bien plus confiance en l'expérience de la chasseuse qu'à la sienne qui ne gérait qu'exclusivement des créatures plutôt perdues, à cause de ses anomalies.
Alors elle se tapit un peu dans la boue, Echos, n'est pas certaine d'être moins visible à cause de son pelage clair cependant. Et elle observe, espère surtout de ne pas être vu ou qu'il n'y ait aucun mouvement hostile dans leur direction, c'est ce qu'elle guette surtout parmi toutes les choses. Elle n'a pas de volonté à être particulièrement hostiles envers les êtres non loups, Echos, mais elle reste méfiante. Sur un malentendu, les deux louves étaient des proies potentielles.

« J'sais pas. Mais ça a pas l'air d'être un jeune non plus, 'fin pas un petit comme un louveteau. J'suis pas sûre qu'il grandira plus. »

Elle prend quelques instants de réflexion supplémentaire.

« Sauf si les dragons ça marche genre, comme les homards et qu'ils grandissent à chaque fois qu'ils muent. »

Elle ne s'y connaissait pas trop en dragon... et pas plus que ça en homard malgré la comparaison, il fallait bien l'avouer.
L'attention d'Echos est attiré un instant sur ce que traficote Dysis à ses côté, son regard dérive quelques secondes avant de vite revenir sur le dragon.

« Qu'est-ce que t'as trouvé ? »

Pour que ça la déconcentre ainsi. Nan mais parce qu'il y avait un dragon à quelques dizaines de mètres d'elles quand même.

Echos

Dysis lui met sa trouvaille sous le nez. Ça lui dit quelque chose, à Echos, elle en aurait presque oublié le dragon. Presque, si ça n'avait pas été quelque chose comme, un DRAGON par exemple. L'attention de la louve revint bien vite lorsque Dysis exposa une idée, Echos s'occuperait de l'objet plus tard. Cependant, elle ne comprend pas très bien ce qu'essaye de proposer sa comparse.

« Le marquer ? Genre on va aller lui faire un trou dans une aile ou un truc comme ça ? »

Ou lui couper un bout de queue, une griffe, quelque chose qui le démarquerait de tout les autres individus. Echos ne voyait pas trop comment le marquer autrement, la prochaine fois peut-être qu'elles devraient penser à venir avec des sortes de bandes de couleur à attacher aux ailes – si tant soit peu le suivi des dragons devenait chose récurrente.
Elle n'est pas convaincue, Echos, de l'idée. Ce serait dangereux de toute évidence mais surtout, elle trouvait ça potentiellement un peu cruel d'aller devoir blesser un animal juste pour l'identifier. Ceci dit, il y avait aussi la réflexion de s'il était dangereux ou non et de s'il fallait l'abattre dans ce cas, ce n'était pas vraiment quelque chose de très amical non plus.

Echos

Echos regarde le manège de Dysis un peu perplexe, abaisse ses oreilles en arrière quand il est proposé qu'elle aille elle même aller poser la lanière pleine d'urine sur le dragon.

« Tu sais que l'odeur durera pas dans le temps hein ? »

C'était pas comme si elles allaient attraper ce dragon tout les dix jours pour venir lui rafraîchir la marque. Cependant un dragon avec une lanière de cuire et un bout de tissu accroché, il n'y en aurait pas cinquante alors même sans odeur, fallait admettre que l'idée pouvait marcher. Echos se résigne, attrape la partie propre de la lanière malgré qu'elle ne soit pas complètement convaincue.

« Fais diversion alors, que je me fasse pas croquer avant même d'avoir pu tenter un truc. Tu veux qu'on l'accroche où ton repère ? »

Echos

Dysis s'éloigne sans dire plus de mots alors Echos considère qu'elle part faire sa diversion. Alors la cornue prend la direction opposée, fait un détour, essaye d'être au maximum à contresens du vent afin que l'espèce de dragon format plus réduit ne la repère pas. Elle ne sait même pas, Echos, où est-ce qu'elle va accroché la lanière de cuir. Devait-elle lui sauter sur le dos pour essayer d'atteindre la base des ailes, le cou ou une des membranes de la tête ? Elle allait juste énerver la bestiole. Aux pattes, elle allait être piétinée, sur la queue, balayée.
Vraiment Dysis, la prochaine fois tu seras pas obligée d'avoir ce genre d'idée.
Dans la poitrine de la louve claire, son cœur bat à la chamade, résonne jusque dans ses oreilles, sa gueule se fait sèche mais ses crocs se plantent de plus en plus fermement dans le cuir de la lanière. A chacun de ses pas, elle a l'impression que le sol gorgé d'eau va la dévorer tandis que le bruit inévitable la crispe. La créature reptilienne allait finir par la repérer, c'était sûr.

Elle se fait proche, lorsqu'elle sent la bête devenir alerte, commençant à pivoter vers elle. Son pelage se hérisse, le stress et l'adrénaline commencent commencent à la submerger un instant avant que Dysis ne se mette à hurler et diriger toute attention sur elle. Alors elle en profite Echos, elle ne sait pas trop où elle va mais elle en profite.
Elle bondit sur le dragon, le sol avale l'énergie qu'elle met dans ses pattes arrière, rend son saut moins efficace et elle atterrit au milieu de la queue. La bête s'agite, hurle, remue dans tout les sens et si pour le moment la louve blanche reste positionnée sur la queue, elle ne parvient pas encore à y accrocher la lanière.