Serpenter · Solo

Elle vient d'avoir 8 mois.
Un peu plus grande, elle commence à s'affirmer et mieux comprendre le monde. Ses goûts se définissent et elle voit en face d'elle les paysages. Ça la fascine les creux et les bosses, les monts et les vallées, les hauts et les bas. Elle aime la terre et la boue, et toutes les espèces de plantes et de flore. Les animaux, c'est bien aussi, mais elle y trouve moins d'attrait que la terre et la façon dont les plantes s'imbriquent dedans.
Sauf peut-être les serpents et les grenouilles, qu'elle aime.
Et les crocodiles, qu'elle déteste.
Et le foin, qui la fait éternuer.
Ce n'est pas le sujet !

Il y a dans la moere un endroit qui la fascine, qu'elle a vu de loin pour l'instant.
C'est ce grand arbre. Maman a déjà dit que c'était là où était le dieu serpent, le dieu jaune auquel elle est liée. Prêtresse, elle croit que c'était le mot. C'est surtout que c'est un arbre gigantesque, il n'y en a pas de plus grand. Bien sûr, ses yeux verts sont alors attirés. Évidemment, ses pattes veulent y aller.
Papa, il danse pour lui.
Maman aussi, elle croit.
Elle, ne sait pas danser.
Son vol s'améliore cependant, pourrait-elle lui montrer en guise de cadeau comme papa et maman font ? Ou elle pourrait lui amener... Son nez pointu se colle au sol avant qu'elle ne se rende vers cet immense arbre et elle cherche, quoi lui amener.

Il y a un caïman, par là.
Crocodile.
Elle claque de la langue, déploie ses ailes, et fait bien vite route vers autre part. Elle n'aime pas les caïmans non plus, ça ressemble trop aux crocodiles. Ils sont des ennemis dont papa l'a prévenu. Et si papa a dit qu'elle ne serait jamais en danger avec eux, tant qu'il serait là... Et bien il n'est pas là, là tout de suite.

Donc elle file plus loin.

Tout ça pour en voir un autre ceci dit. Elle grogne sans élégance.

"Mrrrrrrrrrrrrrrh."

Vers lui, qui n'a rien fait de particulier à part exister, mais rien que pour ça elle ne l'aime pas. Elle tape l'eau pour le distraire et se désengage à nouveau très vite pour poursuivre sa route. Tout ça ne va pas l'avancer pour savoir quoi amener au grand serpent que maman aime bien.

Encore un ?!
Combien sont-ils ?
Ça provoque un rehaut d'énergie dans sa colonne vertébrale, elle dresse la queue haute et déploie de façon permanente ses ailes pour se faire passer pour plus grande qu'elle n'est maintenant. Ils auront peut-être moins d'intérêt pour elle ainsi. Et elle réfléchit à peut-être rester aux aguets pour s'envoler et appeler Papa, ou Maman, si jamais.

Ou quiconque ne serait pas trop loin.
Elle ne veut pas finir entre les crocs des ennemis.
Cette défaite serait inacceptable, elle le sent.

Sa route continue, au trot.
Plus de bestiole qui nage cette fois, c'est sur une bande de terre que son passage déclenche le départ d'un jeune animal. Il est gris, foncé, un peu marron, et un peu plein de boue comme elle. Tout large et pas très beau avec sa tête toute plate de ce qu'elle voit.

Son goût se prononce assez vite pour un fait ; elle n'aime pas trop sa tête.
Donc elle n'aime pas trop cette créature.
Un petit froncement de sourcil dédaigneux plus tard, et elle décolle à nouveau. Elle veut un présent pour le grand serpent, pas voir plein de créatures. Elle préfère les plantes.

Des bruits, autour d'elle.
Les feuilles qui bougent avec le vent, le cri de la créature croisée juste avant... Des chants d'oiseaux. Puis d'un babouin. Elle ne les aime pas non plus, ceux-là : ils descendent des arbres et narguent en tirant sur la queue. Ils sont vilains. Mais un jour, elle volera assez haut pour les narguer à son tour.

Elle préfère vraiment les plantes, oui.
Est-ce qu'il voudrait une plante, le grand serpent ? Il doit en avoir plein, déjà. Néanmoins, elle peut essayer de grimper et voir ce qu'elle trouve. Alors elle grimpe un peu plus en hauteur, voir ce qu'il y a sous ses yeux.

Pas grand chose de plus est la réponse.
Elle scrute, arrêtée un instant, prenant le temps de mieux observer encore.

Il y aura bien quelque chose.
La jungle regorge toujours de quelque chose, d'une bosse à explorer, d'un sous-terrain à découvrir, d'une flaque de boue à investiguer...

Un quelque chose, elle trouve.
Ça ressemble comme à une liane, mais c'est un peu violacé.
Elle pointe ses oreilles évidées et saute de l'endroit où elle était pour planer jusqu'à cette liane étrange. Elle prend une approche prudente (à son échelle), et en se reculant un peu ce qui étire son corps, lève une patte... Et tape dessus un coup sec.
La liane vole, elle aussi, les deux se déplacent.

Ses quelques coups d'ailes la mènent un peu plus au sud de l'objet qui roule mais finit par se stopper.
Elle cligne des yeux et fixe.
Ça ne bouge pas.
C'est sans doutes à peu près safe alors, elle croit ? Elle le ramasse dans sa gueule. C'est un peu caoutchouteux, mais ça ne cède pas sous ses dents. Ce n'est donc pas pourri, elle pense. Ce n'est pas très bon non plus cependant. Pas un très bon cadeau pour le grand serpent, mais elle le passe sur son cou, pour le garder avec elle.

Et poursuit sa route.

À trotter, cependant...
Elle marche sur une liane.
Non.
Un serpent.

La surprise la prend, avec le sifflement qui entre dans ses oreilles.
Un bond de fait, ses ailes s'agitent à nouveau et elle prend son envol pour finir loin de cette rencontre surprise et surtout... douloureuse ! Son poil est devenu tout hirsute.

Elle a écrasé un serpent... !
Un ami...
Penaude avec les oreilles en avion, elle regarde sa patte avec les deux points dessus. Elle ne sent pas plus de mal que ça cependant, ça ne fait pas mal. Avec ce que Papa lui a dit des serpents, elle sait qu'il a mordu à vide. Ou alors il n'est pas venimeux. Mais elle est un peu triste.

Elle avance un peu plus lentement, alors.

Il y a des poissons dans un des points d'eau suivant.
Mais si le poisson a bon goût, et qu'elle aime bien, elle n'a pas envie de prendre ceux-là.
Alors elle continue sa recherche.

Il y aura bien quelque chose !
Elle est un peu entêtée, Valé.

Assez entêtée, pour refaire la même erreur.
Elle a trop regardé ses pattes après le premier, pour ne point à nouveau en écraser... Mais cela veut dire qu'elle n'a pas vu celui dans des feuillages cette fois. Elle doit encore bondir parce que le sifflement qu'elle entend lui rappelle douloureusement le premier cas.

Mais trop tard quand même.
Il a fondu plus vite qu'elle et c'est un bout de son épaule qui se retrouve percé.
Elle regarde tristement le serpent qui trône encore sur ses feuilles, presque outrée, trahie.

Ils sont censés être amis !
Elle grogne.

"Mmmmmmmmmmmmmrrrrrr...."

Peut-être qu'elle aime moins les serpents que les grenouilles maintenant. Elle claque un peu de la langue et repart, agacée et humiliée.

Elle traîne un peu des pattes, désormais.
Mais comme pour la consoler, sur son passage elle tombe sur une plante qu'elle n'a encore jamais vu.
Enfin presque. C'est qu'elle en a vu, avec la mousse, sur les écorces des arbres autour du terrier de sa famille ! Mais elle n'en avait encore jamais vu d'aussi grand et proéminent, qui ressorte autant de la surface de l'écorce. Ni avec d'aussi jolies couleurs... ! Tout valait la peine rien que pour cette plante, dont elle s'approche pour admirer toute les bordures et tournures et torsions et teintes.
Que c'est beau.
Et drôle, comment ça s'étend sur cet arbre !
Il ne sent rien, au contraire de certaines plantes.

Elle la veut.
Alors elle sort ses longues griffes et avec une patience toute trouvée, la passe sous les replis du champignon et gratte. Elle fait ça tout autour et prend les minutes qu'il faut pour accomplir sa tâche. Elle n'arrête que lorsque la chose tombe toute seule.

"Meep !"

Toute enjouée, elle ramasse alors le gros morceau et claque des dents toute contente. Elle le met sur elle avec l'étrange liane chose et reprend sa route.

Un poisson, encore.
Qui tape dans la vase et en asperge tout autour d'elle, notamment vers elle.
Elle ferme les yeux et la bouche par réflexe, puis fronce les sourcils vers la carpe. Elle lève une patte, et tape dessus.
Plusieurs fois.

"MMrrrrh !"

Elle préfère vraiment les plantes aux animaux.
Petit pet de bouche et elle est repartie, même pas perturbée par la boue, plus que par la surprise que ça lui a causé.