Empty shells — Geeti

Empty Shells
Cassius, 3 ans

Par un froid après-midi d'hiver, Cassius longeait la plage. Large tâche noire qui se découpait sur un sable couleur crème, et que seules les épaisses ombres mauves de l'hiver parvenaient à peu près à camoufler, il allait sans but réel : il n'avait pas spécialement faim, pas spécialement soif, pas spécialement envie de... quoi que ce soit.
A part peut-être de sentir l'embrun marin s'engouffrer dans son épais pelage pour le rendre plus dru encore, le recouvrant d'une bonne couche de sel et lui piquant le nez par la même occasion. Ca avait un côté vivifiant.

Cassius avait toujours aimé la mer, ou en tout cas, il l'avait aimée dès le premier jour où ses yeux s'étaient posés dessus, alors qu'il était âgé d'un an et avait commencé à quitter la Passe. Peut-être par animosité vis-à-vis de son père, qui n'appréciait franchement pas de se mouiller les pattes, ce n'était pas impossible. Peut-être juste parce qu'il avait toujours eu en lui une part de sensibilité qui savait s'émouvoir face à la beauté de la nature mise à nu, surtout dans ce qu'elle avait de plus grandiose : le roulis des vagues, leur puissance inexorable, qui pouvait aller d'une infinie douceur à la plus absolue sauvagerie pour peu que l'envie lui prenne. Le cri des goélands et des mouettes qui partaient à la pêche. Les mystérieuses créatures qui peuplaient ses abysses insondables.
Certes, la mer n'était pas le seul Grand Accomplissement de Dame Nature qui était capable de remuer en lui ce sentiment ineffable qui pouvait aller jusqu'à lui filer les larmes aux yeux quand il y était disposé : il savait s'extasier des montagnes, des vallées verdoyantes, et même, soyons honnêtes, des grandes falaises rouges du canyon où il avait grandi, et qu'il évitait désormais soigneusement. Il passait le plus clair de son temps dans les forêts, sous le couvert des arbres, au milieu de ce que la végétation avait de plus luxuriant. Mais il revenait souvent à la mer, sans doute parce qu'elle savait apaiser son coeur, mais aussi parce que, sans qu'il ne sache dire exactement pourquoi, elle tendait à faire naître en lui une sorte espoir. Un espoir que tout irait bien.
Il n'avait jamais eu de Dieu comme cela était le cas pour nombre de loups de ces terres, mais la mer était peut-être, pour lui, ce qui se rapprochait le plus d'une divinité. Il se sentait plus solennel face à elle. Elle avait quelque chose d'absolu et d'indomptable. Et elle pourrait l'écraser d'un revers d'écume si elle le souhaitait.
Elle le faisait se sentir plus petit et plus humble. Il avait beau être désormais un solide gaillard, il ne pouvait rien face à la mer, et il était bon d'y revenir de temps en temps pour gagner les pattes sur terre, enfin, il supposait.

Il faisait bien trop froid pour aller y mettre les pattes : il longeait la berge de près, allant parfois jusqu'à laisser ses coussinets fouler le sable humide qu'une vague plus haute que les autres venait de lécher, mais il évitait soigneusement de se mouiller ne serait-ce que les griffes. Son poil était déjà assez dense comme ça, s'il en venait à tomber à l'eau, il risquait de doubler de volume avec tout le sel, et ça aurait été terrifiant. En plus d'être un peu gênant pour lui, sans doute.
On touchait à la fin de l'après-midi et les nuages ne tarderaient pas à se farder de rouge. Les couchers de soleil sur la plage, en hiver, faisaient partie, selon lui, des choses les plus belles à regarder. Et des rares qualités de l'hiver : il avait grandi dans un endroit chaud, ce n'était donc clairement pas sa saison préférée. La brise n'était pas trop froide, pas trop intense. Il appréciait le calme, même si, selon lui, ce dernier était un peu trop présent dans sa vie actuelle.

Encore quelques mètres et Cassius finit par s'assoir à quelques mètres de l'eau, le museau tourné vers le large. Autour de lui, les coquillages scintillaient sous le soleil mourant.

Cette journée avait été très intéressante. Plus tu grandissais, plus l'envie de découvrir le continent augmentait. Tu avais soif d'aventure, soif d'exploration et aujourd'hui, tu étais allée plus loin que les Côtes de Nacre. Tu les connaissais par coeur à force de déambuler dessus alors, tu t'étais égarée un peu plus haut, découvrant la chaleur des Plaines Savanes. Tu n'y avais vu aucune âme lupine, juste des proies et quelques prédateurs. Tu avais pris le soin de les éviter. Tu n'étais pas prête à les affronter ou les chasser mais tu t'étais déjà faite la promesse d'un jour ramener un lion mort sur Morne-Oeil pour montrer à quel point tu étais devenue forte et incroyable. Tu avais fini par quitter cet endroit étranger quand le soleil avait commencé à décliner. Il te fallait rentrer sans quoi, ta M'ma ne manquerait pas de te passer un savon. Tu avais donc pris le chemin de retour et avait retrouvé les Côtes.

Désormais tu remarches en terrain connu, sautant sur les quelques crabes ayant l'audace de prendre la fuite devant toi quand tu t'en approches. Tu t'amuses bien, te demandant si tu n'en prendrais pas plusieurs pour les offrir en amuse-gueule à ta Famille pirate. Tu hésites encore quand tu aperçois une silhouette au loin. Tu t'arrêtes, fronçant les sourcils.

C'est qui lui ?

Sa stature et sa couleur ne te disent rien. Tu t'approches à pas feutrer, veillant à rester derrière lui. Le vent venant de l'Océan, il ne peut te sentir quand toi si. Il sent bon et différemment des Raeders. Pas d'odeur prononcé de sel ou d'lagues. Juste une odeur d'une vie sans doute riche d'aventures.
Tu continues de t'approcher et avant qu'il ne capte vraiment ta présence, tu esquive un sourire. Tu as une idée qui ne risque pas de lui plaire mais toi, ça va te faire rire ! Tu prends un coquillage, tu calcules vite fait tes chances ... Et puis non, tu balances le mollusque en plein derrière la tête du mâle.

Le vent lui faisait face, mais l'odorat n'était pas le seul sens dont Cassius disposait pour surveiller son entourage à tout moment. Le crissement de pattes dans le sable était discret, mais pas impossible à repérer pour autant. Surtout quand on avait grandi en tant que solitaire, et qu'on avait par conséquent été éduqué dans la perspective d'une méfiance continue vis-à-vis d'à peu près tout.
Les grandes oreilles du mâle lui permirent donc de déceler l'approche de quelqu'un. Une approche qui se voulait discrète. Imperceptiblement, son corps se tendit : une approche amicale, généralement, ne misait pas sur la discrétion. A moins qu'il ne se soit agit d'une connaissance à lui désireuse de lui faire une plaisanterie — peut-être Nyu ? –, il envisageait donc la possibilité d'une attaque. Par derrière.
Lorsque les pas se stoppèrent à une distance alarmante, ses muscles se bandèrent et il fut prêt à bondir. Et lorsqu'il se retourna vers son possible opposant, un petit projectile lui effleura la joue avant d'aller s'échouer dans le sable un peu plus loin.

Les yeux de Cassius dardèrent un regard sévère sur... une louve d'un jaune éclatant qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, mais qui n'avait pas l'air agressive pour autant. Surpris, il eut un léger mouvement de recul, avant de regarder derrière lui. Pas de trace de pierre, mais un coquillage plein de sable. Il arqua un sourcil circonspect avant de se retourner de nouveau vers la femelle.

— Charmant.

Elle avait l'air très jeune et portait une odeur qu'il ne connaissait pas : ce n'était pas celle des Nakhus, ni celle des Etelkrus. Mais elle n'était pas pour autant solitaire.
Et elle sentait la mer, aussi.
Une part de lui eut envie d'avoir un mouvement de recul, tant on lui avait dit de se méfier des Raeders. Le gosse qui sommeillait au fond de lui, probablement. Il n'y céda pas et resta statique, détaillant avec curiosité la femelle. Vêtue d'habits probablement destinés à la protéger de l'embrun, avec un harpon et une dague à sa ceinture. Et avec une queue particulièrement touffue dont il se demandait comment elle faisait pour l'entretenir, si elle passait son temps sur une île où l'air était chargé de sel au quotidien.

— Est-ce comme cela qu'on salue les inconnus chez les pirates ?

Il pencha la tête sur le côté, attentif.

Sotte que tu es, tu n'as pas remarquée qu'il avait capté ta présence. Il esquive sans grand mal le coquillage, te faisant face, comme prêt à découdre de ne tu sais quoi. Tu le regardes quand lui te fixe en faisant un regard sévère. Il te fait penser à M'ma quand tu lui ramènes des algues pour les glisser dans ses cheveux quand elle dort. Tu pouffes un peu de rire, nullement impressionnée, te disant simplement qu'il va peut être te passer un savon. Tu en as l'habitude et tu es née avec la capacité d'ignorer les remontrances.
Il finit par rompre le silence et cela t'arrache un plus grand sourire. Tu te décides à approcher quand il continue de discuter.

- Oui et nous tenons à nos coutumes. Navrée de t'avoir effrayé.

Bobard servi avec provocation, rien dans ton attitude ne trahit ce mensonge. Tu es confiante, droite et sûre de toi.

- Tu peux me lancer un coquillage en retour ou me dire bonjour comme un Continental. Ce que tu es.

Nulle provocation, juste un constat.

- Moi c'est Geeti.

Tu ne retournes pas la question, lui laissant le choix d'en faire de même ou pas. Tu finis par t'arrêter à deux mètres de lui. Il est un peu plus grand que toi. Tu le détailles et tu dois avouer que pour un Continental, il a son petit charme, même si un peu trop sévère à ton goût. Tu possèdes de nombreux objets qui te font de l'oeil ... Peut-être arriveras-tu à en dérober un au cours de la conversation ?

La nature sérieuse de Cassius et son éducation sous Joaquín ne l'avaient pas doté d'un formidable sens du second degré. Ne côtoyer quasiment que Justice et Apparence — mais ça, il était loin de s'en douter, n'ayant pas connaissance de la véritable nature de cette presque-soeur qu'il chérissait tant – n'avait en rien servi à pallier le problème. Aussi fronça-t-il les sourcils avec perplexité lorsque la louve lui affirma que c'était effectivement de cette manière que les pirates se saluaient entre eux.
Il l'observa pensivement pendant plusieurs secondes, totalement immobile, à l'exception de sa mâchoire inférieure qui bougea lentement tandis qu'il réfléchissait.
Il n'était pas très familier des mœurs des clans de loups. Peut-être qu'elle disait vrai. Même s'il trouvait cette manière de saluer les autres... assez dégradante.
Mais peut-être qu'elle mentait, sans qu'il ne sache trop pourquoi. Comme dit précédemment, il ne connaissait pas vraiment les meutards. Il savait juste qu'il fallait se méfier des Raeders.
Le doute planait principalement en raison d'un point précis : si elle disait vrai, comment faisaient-ils pour se saluer lorsqu'il étaient sur des terres où on ne trouvait pas de coquillages ?
Ses yeux se plissèrent légèrement et un sourire fini par apparaître au coin de ses babines.

— Alors bonjour... fit-il en se penchant lentement vers le sol, esquissant une vague révérence — peut-être, il n'en savait trop rien, il n'était pas expert en la matière. L'important étant de se rapprocher poliment du sol.

Au dernier moment, il attrapa dans sa gueule l'un des coquillages qui attendait sur le sable à ses pattes, avant de se redresser d'un geste vif pour le lui jeter dessus.

— Je suis Cassius.

Et je ne suis pas totalement idiot.

— Que viens-tu faire chez les Continentaux ?

Terme à ses yeux un peu réducteur tant les paysages et les cultures du continent étaient diverses, mais il supposait que c'était une question de perspective.

Il semble douter mais tu n'es pas sûre. Tu te contentes de rester immobile, attendant de voir ce qu'il va faire. Tu ne perds pas une miette de sa réflexion qui se lit dans ses yeux et il finit par prendre un coquillage. Il te le lance et tu n'esquives pas. La coquille tombe sur ta casquette avant de glisser au sol. Ton sourire devient que plus grand. Il te semble bien naïf mais tu es contente de voir que ton mensonge marche alors tu te décides de continuer dans cette voie.

- Enchanté Cassius. Je suis contente que tu me saluts avec un coquillage ! Rare sont les Continentaux a accepté nos coutumes ...

Tu prends une mine tristoune et lâche un soupir avant de retrouver ton sourire à la question de Cassius.

- Je suis curieuse vis à vis de vous. Je connais très peu de Continentaux et certains pirates n'en dressent pas un beau portrait. Alors quand l'un de vous vient sur les Côtes, je l'accoste pour découvrir vos coutumes.

Tu finis par t'assoir.

- Acceptes-tu de me parler de ta vie ? En échange, je te parlerais de la notre ... Du moins si elle t'intéresse.

Cette histoire de coquillage semblait sérieuse, ou en tout cas, Geeti la prenait à coeur. Mais il y avait encore dans toute cette histoire quelque chose qui laissait planer le doute chez Cassius : le sentiment qu'on se foutait un peu de sa gueule, couplé à sa certitude de ne pas avoir assez d'informations pour savoir s'il était justifié ou non. Son instinct d'animal social lui faisait flairer l'entourloupe. Sa vie de solitaire et le manque d'interactions sociales, plus globalement son manque d'expérience avec les autres, rendaient difficile toute comparaison.
Chaque nouvelle expérience était importante.
Mais Cassius était quelqu'un d'assez introverti et sensible, facilement gêné. La perspective qu'on se moque de lui tendait à le tétaniser. Sa méfiance ne fit que redoubler, mais il n'en montra rien.

Après quelques secondes de silence — Cassius était également quelqu'un que le silence ne gênait pas, tant il lui était coutumier –, il finit par acquiescer.

— J'ai probablement beaucoup moins de choses à raconter que toi. J'ai toujours été solitaire et il ne se passe pas grand chose de bien excitant dans ma vie.

Mais cette histoire de coquillage continuait de lui trotter dans la tête. Peut-être qu'en creusant un peu...

— Pourquoi le coquillage en guise de salutation ?

Tu penches la tête sur le côté et hausse un sourcil. Il ne se passe pas grand chose dans sa vie de solitaire ? Cela t'étonne et te rend bien sceptique. Remarque lui aussi à l'air de l'être avec ton coquillage. Tu souris.

- Je ne sais pas à quand remonte cette coutume. Peut-être à notre première Capitaine ? Mais ma M'ma, la plus belle louve au monde, me l'a enseignée quand j'étais petite ! On veille à ne pas prendre des coquillages qui font mal comme ...

Tu cherches au sol et tu te relèves en montrant un coquillage avec des picots. Tu le montres à Cassius.

- Comme celui-là ! Ils font mal et ils peuvent blesser. On se salut généralement avec les conques lisses. Si on en trouve un beau, et bah on le prend mais pour l'offrir. C'est d'ailleurs pour ça qu'on a tous une grande collection de coquillages ! Certains en portent en accessoires et ça, c'est quand ils ont une grande importance comme le présent d'un défunt.

Tu regardes de nouveau Cassius. Tu viens de faire un magnifique exposé sur la valeur imaginaire des coquillages sur Morne-Oeil.

- Oh ! Si tu n'aimes pas quelqu'un ou tu es en colère, là tu peux saluer avec un coquillage qui fait mal ! Une fois, j'ai volé un bijou à notre Capitaine, et bah quand il l'a su, il m'a balancée à la figure un gros coquillage avec pleins de piques !

Tu mimes un frisson pour illustrer ce faux mauvais souvenir.

- Brrr ! Mais passons ! Je suis sûre que tu as des trucs intéressants à raconter ! Comme ... As-tu déjà affronté une grosse bestiole ? Ou t'es-tu déjà battu contre un Etelkrus ?! Ta vie est difficile ? Tu manges quoi ? Des poissons ? Des crabes ?

Plus le discours de Geeti avançait, et plus Cassius se demandait jusqu'où cette histoire de coquillage pourrait aller. L'affaire semblait sérieuse, au point qu'il se demanda, plus d'une fois au cours des longues explications de la pirate, si ce n'était pas au final la vérité. Peut-être était-il préférable de changer tout simplement de sujet, pour ne pas risquer de tomber le panneau. Si elle continuait ainsi, elle risquait de le convaincre.

— Ca a dû faire mal, suggéra-t-il à sa dernière anecdote.

Cassius ne connaissait bien entendu pas le chef des pirates, mais il savait une chose : son père l'avait semble-t-il croisé par le passé, et ne le portait clairement pas dans son coeur. Une information dont il ne savait trop quoi faire tant les circonstances ayant mené à cette rencontre était nébuleuses — Joaquín ne s'était jamais étendu sur le sujet – mais qui tendait à le rendre méfiant au sujet du leader des Raeders.
Un frisson d'effroi parcourut son échine lorsqu'il fut mention d'un combat contre une créature géante. Ses griffes allèrent instinctivement fouiller le sol tandis que sa mâchoire se serra.

Une chaleur suffocante, une soif intense.
La fraîcheur d'un boyau taillé dans la falaise. Trop lisse.
Le bruissement des écailles qui caressent la roche.
La peur, les cris, le sang.
Deux yeux jaunes qui le regardent fixement avant de se faire happer par un nuage de poussière.
Le Canyon, désormais bien trop calme.

Sans qu'il ne s'en rende compte sa respiration s'était accélérée et ses pupilles, réduites à deux infimes fentes, s'étaient perdues quelque part, au dessus de l'épaule de la louve. Un souffle brûlant s'échappait de sa gueule, entrouverte. En l'espace d'un instant les images d'un désert baigné de sang s'éclipsèrent comme elles étaient venues, sans crier gare, la brise froide de la mer s'engouffra dans son pelage et il papillonna des yeux avant de retrouver le regard de Geeti.

— Je... n'ai jamais affronté d'Etelkru, à part amicalement. Sa voix était rauque et il ferma un instant les yeux, se forçant à rester dans le présent. Les souvenirs de sa jouxte avec Nyu, peu de temps avant l'incident, manquant de le faire de nouveau lentement glisser vers quelque chose qu'il tentait de fuir. Et je ne mange ni poissons ni crabes, non. Juste du gibier, surtout de forêt. La vie est... assez calme. Un peu monotone.

Un peu trop solitaire.

— Tu as déjà mangé du gibier ?

Lui n'avait jamais tenté d'attraper de poisson. Et n'avait certainement jamais envisagé de manger du crabe jusqu'à aujourd'hui.

Il ne semble pas entièrement convaincu de ton histoire mais tu hoches la tête à sa dernière conclusion. Il veut changer de sujet et tu acceptes sans sourciller. Si tu reviens trop dessus, le mensonge risque de sa faire voir comme une truffe au milieu d'un visage. Tu retrouves un peu de ta splendeur, te redressant et chassant ce "faux souvenir" de coquillages pour te concentrer sur les réponses du mâle. Il a donc déjà combattu un Etelkrus. Certes amicalement mais c'est déjà plus que toi -tu ne le sais pas mais ta rivale Ophrys appartient à cette meute tu ne lui as jamais demandé et tu ne brilles pas par ta déduction-. Tes oreilles s'agitent concernant son alimentation. Comment peut-il ne jamais avoir mangé de crabes et de poissons ? La vie continentale a l'air passionnante !

- Tu es ami avec les Etelkrus ? Je croyais qu'ils étaient pas gentils avec les autres ? Et tu as gagné ton combat ?

Tu as tant de questions à lui poser. Il semble savoir beaucoup de choses !

- Tu t'ennuies pas trop ? Une vie monotone ce n'est pas pour moi !

Peut-être qu'il serait partant pour vous rejoindre ? Il découvrirait le plaisir d'être Raeder et de faire pleiiiins de choses merveilleuses. Tu ne t'ennuies jamais. Tu as toujours quelqu'un à aller embêter ou une exploration ou un combat pour te fortifier. Bref une vie de pirate sans monotonie.

- Jamais mangé de gibier ! Je ne sais même pas ce que c'est !

Tu rigoles un peu.

- Oh j'ai une idée ! Tu me fais goûter du gibier et moi du crabe ou du poisson. Partant ?

Il hocha la tête, avant de clarifier :

— C'est ce qu'on m'avait dit, oui, mais Nyu n'a pas de problème avec les solitaires. Ca m'a aussi surpris au début. Après, je ne connais pas d'autres Etelkrus qu'elle. Ils sont peut-être différents.

Quant à l'issue de leur joute amicale... eh bien le RP n'étant pas fini, je n'en ai pas la moindre idée, mais vu que j'ai pour spécialité les dés foireux :

— Non, répondit-il à sa question suivante avec un léger haussement d'épaules et discret sourire.

Epaules qui s'affaissèrent lorsque la louve continua de l'interroger.

— Je m'ennuie pas mal... mais j'ai l'habitude. J'ai grandi dans le Canyon, alors au moins je peux voir de nouveaux paysages, ça m'occupe.

Il n'était pas surpris qu'elle lui déclare ne pas apprécier une vie monotone. Il avait beau ne la connaître que depuis quelques minutes, elle ne lui donnait clairement pas l'impression d'être une louve qui aurait pu se satisfaire d'une vie paisible et sans remous. Ce qui n'était d'ailleurs pas sans lui rappeler Nyu.
A sa dernière question, il réfléchit quelques secondes avant d'acquiescer :

— D'accord. Tant que tu ne me donnes pas un poisson empoisonné.

Ses connaissances sur la mer et ses habitants étaient limitées, mais il savait que beaucoup des animaux qui la peuplaient pouvaient être aussi dangereux que certaines plantes de la jungle. Son éducation était rapidement passée là-dessus, au gré des quelques informations que Joaquín avait pu glaner pendant sa vie.

— Le gibier c'est... les animaux que tu chasses. Je pense que les poissons et les crabes sont du gibier de la mer, en fait.

Il ne s'était jamais posé la question jusqu'ici, mais à bien y réfléchir, ça faisait sens.

Nyu ... c'est mignon comme prénom ! Tu le répètes mentalement plusieurs fois. Nyu ... Nyu ... Tu aimes bien.

- Oh je vois ! Et t'en fais, c'est pas grave de perdre un combat ! Tu feras mieux la prochaine fois !

Tu te veux encourageante car toi aussi tu as déjà perdu. L'important c'est de ne jamais abandonné. Tu penches la tête quand il dit s'ennuyer. Tu ne comprends pas qu'on puisse en avoir l'habitude. Cette notion t'échappe alors d'un sourire, tu te veux sympathique :

- Et tu ne veux pas rejoindre une meute ?

Bien évidemment tu penses à la tienne. Si tu peux le recruter, ça sera bien vu et tu auras sans doute des félicitations ! Tu rigoles quand il te parle de poisson empoisonné.

- Pourquoi je ferais ça ? Tu as de drôles d'idée !

Si tu dois le tuer, tu le ferais avec ta force, pas avec un stratagème aussi nul que du poison. Tu t'agites un peu quand il t'explique ce qu'est du gibier.

- Oh ... OOOOH ! Je vois ! Alors gibier de ... forêt contre gibier de mer ! Marché conclu ?

Lorsque Geeti lui demanda s'il avait jamais envisagé de rejoindre une meute, Cassius baissa pensivement les yeux sur ses pattes. La vérité était que c'était là une question qu'il s'était déjà posée.
Un peu honteusement, d'abord : lorsque, encore petit et attendant son père seul dans leur immense tanière vide pendant des jours, il s'était pris à s'imaginer un futur qui ne serait pas baigné de solitude. Idée qu'il s'était vite empressé de chasser. Joaquín n'aimait pas les meutes locales. Les Etelkrus étaient mauvais. Les Nakhus courraient à leur perte. Les Raeders... on n'en parlait même pas.
De manière un peu plus affirmée, ensuite. Adolescent en pleine émancipation, désireux de découvrir ce qu'on lui avait toujours interdit. Témoin silencieux de l'infinie tristesse de son paternel qui se privait de ce qu'il avait toujours désiré par simple péché d'orgueil. Ces meutes n'étaient peut-être pas aussi terribles que ce dernier le laissait supposer. Les années avaient passé, aussi : rien ne garantissait qu'elles n'avaient pas changé. Joaquín s'était coupé du monde depuis bien longtemps.
Mais, étonnamment, lorsqu'il avait fini par quitter le foyer familial, si tant est qu'on eut pu l'appeler ainsi, il n'avait pas spécialement cherché à se rapprocher des meutes. Trop abasourdi par l'immensité du monde et ce qu'il avait à lui offrir, trop occupé à courir à droite et à gauche et à profiter de sa nouvelle liberté pour songer à s'engager quelque part. Pour peu qu'on ait bien voulu de lui.
A présent... à présent, il ne savait pas. Il supposait qu'il était temps de se pencher sur la question : force était de constater qu'en trois ans d'existence autonome et solitaire, il n'avait pas bâti grand chose. Pas rencontré grand monde non plus.
Cassius ne voulait pas finir comme son père. Clairement, non.
Peut-être était-il temps de sortir de sa zone de confort et de tenter quelque chose de nouveau.

— J'y pense, des fois.

Son museau se fronça un peu, pensif, ses yeux détaillant toujours avec attention ses pattes qui grattaient le sable.

— Mais je ne les connais pas vraiment. Il faudrait que je les rencontre.

Et le problème c'est que Cassius n'était malheureusement pas le plus à l'aise en société. On ne l'avait jamais vraiment éduqué pour, et de toute manière, il ne semblait pas vraiment prédisposé à ça.
Il releva les yeux et eut un nouveau sourire discret lorsqu'elle s'offusqua de sa remarque sur le poisson empoisonné.

— Ca pourrait être une autre de vos coutumes bizarres.

Il finit par hocher la tête sur sa dernière phrase.

— Marché conclu. Il lui tendit sa patte en guisse d'amorce de poignée de main. Qui commence ?

Tu le laisses à sa réflexion. Tu es curieuse de sa réponse alors pour une fois, ça ne te dérange pas d'attendre ... Un peu ... Il ne faut pas non plus que sa réflexion s'éternise cinq longues et interminables minutes. Il gratte le sol puis répond "j'y pense". Tu souris. C'est déjà un bon début d'y penser. Un premier pas. Il semble s'amuser que tu te sois offusquée concernant le poisson et tu lâches un petit rire.

- C'est vrai mais cela on ne l'a pas ... Je la proposerai peut-être tiens !

Tu agites ta queue à sa question. Tu regardes l'Océan.

- Pour du poisson, il faudrait aller un peu plus loin, je connais un bon coin mais ... Tu poses un regard sur un bois qui surplombe les côtes. On dirait qu'on est plus proche du gibier de forêt.

Tu lui fais un sourire malicieux, indiquant que c'est lui commence. Tu te mets en marche vers le petit bois en sautillant

- Concernant les meutes, je suppose que les Raeders ne font pas partis de tes choix ? Tu clignes des yeux, gardant ton sourire. Tu peux dire la vérité, je ne vais pas me vexer ! Nous ne sommes pas apprécié et puis notre cadre de vie est différent des Continentaux donc je comprends que tu ne veuilles pas nous rejoindre. Ca dépend des défis que tu veux te donner dans la vie !

Tu lui tires la langue, pleine de malice. Il est drôle à embêter Cassius !