Le conseil des viocs [Séléné, Cheza, umaima]

Umaïma était là, silencieuse comme à son habitude.

Sa patte flatte sa chouette, tentant de calmer son anxiété. Depuis l'attribution des nouveaux rangs, elle n'avait jamais vraiment été à l'aise de faire quoi que ce soit. Elle n'avait pas une once de leadership dans son sang, préférant s'occuper de son cimetière comme elle l'avait toujours fait. Elle connaissait ses forces autant que ses faiblesses, et n'avait rien à prouver à personne.

Ses prunelles bicolores passèrent d'un loup à un autre, écoutant ce qu'ils avaient sur le cœur.

Violette, comme à son habitude, s'exprima sans grande classe, faisant une version moins charmante du discours de Lestat. C'est vrai qu'en le regardant, il avait piètre allure. La croque-mort se donna une note mentale de trouver un endroit où l'enterrer, question que le moment venu, tout ce fasse rapidement.

Cheza, tant qu'à lui, n'avait jamais pu passer au travers de la transformation de Yurai, et Uma ne savait que faire pour l'aider. Elle avait pourtant été sincère avec lui, lui indiquant qu'elle n'allait jamais pouvoir comprendre le lien qu'il détenait avec la corneille. La louve avait vu sa détérioration au fil des jours qui s'écoulaient, ne pouvant que lui offrir une épaule avec qui parler. Elle se sentait inutile, une amie indigne - s'il la considérait encore de la sorte. C'est avec une boule dans la gorge qu'elle le regarda partir dans le ciel.

Séléné était de ceux qui semblait fragile de l'extérieur, mais qui était aussi solide qu'un diamant. Ses dires faisaient du sens, et bien qu'elle aussi souhaitait quitter son rang, elle semblait avoir elle aussi réfléchit à des remplaçants. À la suggestion de Stendhal s'ajouta Blizzard et Echos.

Des noms, des visages qu'Uma savait bien entendu reconnaître, mais qu'en surface.

Car elle ne pouvait pas se dire proche des autres, malgré le temps écoulé. Elle n'avait rien fait pour améliorer ses relations dans le clan qui l'avait si gentiment ouvert les bras, vivant dans son petit monde, flirtant avec les pirates.

Elle chuchota à sa chouette, et cette dernière partagea son message à autrui.

« De ma position de croque-mort depuis plusieurs années, j'ai malheureusement négligé les vivants. »

La louve regarda le sol, n'osant pas défier du regard les deux autres loups. C'était la stricte vérité, mais l'assumer était autre chose. Elle soupira, avant de froncer les sourcils, fâchée contre elle-même.

« Il nous faut... une figure pouvant redonner espoir aux autres, qui saura aller de l'avant avec nous tous. »

Sauf que cette description ne lui fit penser à aucuns loups en particulier, et cela lui donna froid dans le dos.

On devient pas une figure d'espoir sans aide.

Umaïma hocha la tête, pour une rare fois impressionnée par les dires de Violette. Il avait l'air d'avoir de ces rares moments de clartés, peut-être que la sagesse l'avait soudainement prit. Vaut mieux tard que jamais, pensa t'elle.

Elle entendit plusieurs noms, et des images de loups qu'elle connaissait plus ou moins se promenait dans son esprit. Elle chuchota à sa chouette, ne pouvant pas se permettre de parler ouvertement avec sa malédiction, c'était une discussion trop importante pour laisser le doute planer.

« Stendhal semble avoir à cœur le clan, sans compter le fait qu'il ait été élevé par deux figures exemplaires. Cela semble le choix le plus logique... »

La croque-mort trouvait que son opinion n'avait pas vraiment sa place ici, mais de tout ceux nommés, Stendhal semblait le plus apte à diriger. Elle se souvenait encore de sa visite au cimetière, son allure composée malgré les évènements. Il avait la maturité émotionnelle, et des gens proches de lui.

Elle eut une petite pensée pour Nymeria aussi, l'adelphe de Cheza... mais de par la couleur qu'iel portait, Uma ne pu se convaincre de proposer son nom en tant que couturier-e. Heureusement que d'autres noms firent leur apparition - Holzër et Echos pouvaient être de bons candidats. Surtout cette dernière, qui semblait être bien proche d'Aiiro... cela pouvait être un bon, comme un mauvais signe.

Une migraine commençait à se pointer, sa nature indécisive lui donnant du fil à retordre.

Stendhal semblait douté, mais une étincelle d'intérêt pouvait se voir dans ses yeux.

Umaïma hoche la tête, appuyant les propos de Séléné. Depuis sa malédiction, elle avait dû recommencer à zéro, retournant à son langage d'origine et se contentant que de quelques mots par-ci par-là. Puis, l'arrivée de sa chouette avait été un outil inestimable, et la croque-mort ne comprenait pas encore comment elle avait été si chanceuse de l'avoir.

Elle s'approcha du loup sombre, posant une patte contre son épaule, lui indiquant qu'elle était confiante envers ses capacités à diriger le clan.

...Et si faire apprendre au clan entier la langue des signes était son destin, elle n'en serait que trop heureuse.

Une partie de sa famille d'origine qui se liait avec sa famille d'adoption.

Umaïma lâche un « oh » de surprise alors qu'elle voit le loup à crête signer.

Elle ne lui avait pas apprit, alors qui d'autres avait bien pu le faire ? Un de ses enfants ? Ou tout simplement ses propres recherches en bibliothèque ? Peu importait, car ce simple geste venait de la faire trancher définitivement : Stendhal avait la capacité d'être un meneur. De par sa sensibilité, et sa sagesse. Feu Kerguelen veillait sur lui, tout comme Lestat. Et le reste du clan allait être là pour le soutenir.

Uma écouta les paroles de Séléné, étant d'accord sur l'aspect du rôle de guide. Elle était cependant prête à être là afin d'épauler le jeune, surtout au niveau de la barrière de communication.

« Un conseil. », ajouta t-elle en hochant la tête.

Voilà qui semblait être le mieux pour le clan.