Mascarade | Potiron

Cela faisait combien de temps qu’elle bénéficiait de leur hospitalité ? Elle ne savait pas, à vrai dire, elle n’avait jamais été très à l’aise avec les chiffres, alors, elle n’avait gardé le compte que des premières nuits parmi eux, après, un peu plus d’une semaine, les chiffres s’étaient mélangés et elle avait perdu le compte. Il faut dire qu’elle n’avait plus assez de doigts sur ses pattes avant pour tenir les comptes.

Chaque matin pourtant, elle continuait une même ronde, allant jusqu’à la plage, celle là même où elle s’était vue échouée quelques mois auparavant pour scruter l’horizon dans l’espoir d’y voir les voiles cramoisies d’un navire marchant. Mais chaque matin, aucun navire n’apparaissait à l’horizon et parfois même, la brume comblait sa vision. Alors elle se mettait en route, emportant avec elle quelques morceaux flottés amassé de ci et de là, elle se mettait en route, marchant tout le long de la plage en laissant derrière elle des lignes dans le sable, laissées par son lourd fardeau.


« BONJOUR. » Joyeusement. De sa voix criarde & suraiguë. Iel lui semblait immense face à elle, qui n’avait que très peu grandi depuis son arrivée. Faut dire que la nourriture ici était plus salée que sucrée, nul doute que cela avait largement contribué à sa petitesse, la louve bien loin de s’en sentir complexée gonfla sa poitrine et sa fourrure jusqu’à ressemble à une boule de poils hirsutes, aussi large que haute.

« Je suis Poti-ron & Tu eeeeeeeeeeees ? » Elle attendit une réponse avec impatience, maintenant la dernière syllabe comme ne pas laisser le silence s’installer alors que sa queue faisait comme un moulin à vent. Elle ne se souvenait pas de son nom, à vrai dire, elle ne l’avait que rarement croisé et il ne lui avait jamais adressé la parole.

La louve tangua de droite et de gauche dans l'attente de plus de mots, des précisions. Mais le loup comme maquillé de blanc, ne lui offrit que son nom comme seul trophée. La louve alors se pencha un peu plus vers lui, comme pour mieux entendre de futurs réponses, toute en faisant tanguer la lourde courge qui lui servait de tête.

"Enchantée !"

Peut-être qu'il n'aime pas parler.
Mais ce n'est pas grave.

"Qu'est-ce que tu fais ? J'peux venir avec toi ?"

Peut-être qu'il était très occupé, et la louve était curieuse de découvrir ce qu'il faisait de ses journées, sans savoir si ses activités avaient un quelconque intérêt et si elle n'allait être déçue plus tard par son inaction.

« T'sais nager ? »
Elle s'illumina d'un sourire.

« Peut-être. »

Il suffisait simplement d’essayer, elle s’approcha de la plage avec une certaine détermination dans le regard, brûlant de la conviction qu’il suffisait certainement de se jeter à l’eau pour savoir nager. Tout cela lui paraissait si simple, bien que de toute évidence, cela ne l’était pas du tout.Mais elle était bien décidée à ne pas le laisser filer comme ça, il était hors de question que son Ami lui fasse faux bond et pourtant c’était bien ce qui semblait être son intention.


Lorsque le corps du loup s’allonge et se déforme telle de la pâte à modeler, la louve ouvre de grand yeux.

« Whhhhhhooooaaa et moi, est-ce que j’peux faire ça aussi. »

Elle le rattrapa, entra son avant main dans l’eau, se glissant à sa hauteur et étira ses pattes une à une, sans grand succès. Elle avait beau s’étirer, son corps ne changeait pas. Elle restait une petite louve désormais boudeuse.

Ha bah non.

Alors, il ne lui restait plus qu’à mettre en pratique ses talents de nageuse improvisée.

[jet de dé : Réussite critique : ça nage. Réussite : ça flotte merci la citrouille. Echec : ça flotte pas, finalement on est plus trop sûre, c’est mieux de rester sur la plage. Échec critique : ça coule à pic. ]

La louve fit quelques brasses, ou plutôt des ronds dans l'eau.

La jeune louve tenta de rejoindre l’adulte qui nageait un peu plus loin, faisant montre de sa forme translucide par endroit bien plus adaptée pour la nage que pouvait l’être un corps de louveteau portant une grosse courge. Les pattes courtes s’agitèrent dans l’eau, mais après un instant d’inattention, il avait disparu de sa vue, s’était fondu dans les étendues bleues turquoises. Et la loupiote eut beau courber la tête d’un côté à l’autre, elle ne parvint pas à remettre ses yeux dessus, pourtant, elle ne paniqua pas se maintenant dans l’eau en équilibre comme elle le pouvait, maintenant sa tête hors de l’eau afin de ne pas manquer d’air.

« Mimë ?  T’es où ?»

Quand soudain, slpush. Elle fut tiré hors de l’eau par une force inconnue, volant sur plus d’un metre au dessus des vagues avant de retomber dans l’eau comme un vulgaire ballon de volley.

[ Réussite critique : ça maintient en équilibre rapidement Réussite : ça boit un peu la tasse un peu Echec : ça galère, ça coule. Echec : critique ça coule et ça perd la tête ]

Malgré une bouffée d’eau salée qui était venu lui brûler les papilles et les yeux, la jeune citrouille était parvenu à retrouver son équilibre sur l’eau et à rejoindre la surface, nageant de nouveau, ballottée par les vagues comme un petit flotteur. Crachant un peu d’eau, elle gardait son calme, se contentant d’agiter pattes arrières et avants les unes après les autres, tout en cherchant le grand loup blanc et vert du regard. Mais il avait disparu sous les eaux, s’étaient semble-t-il laissé aspiré par l’étendue saline. La loupiote resta hébétée un moment, tournant en rond dans l’eau tout en le cherchant du regard. Mais rien, rien de plus que des vagues à perte de vue et un rivage qui restait relativement à portée de pattes.

Lorsqu’il apparut de nouveau, un large sourire apparut jusqu’aux pommettes de la jeune louve. Ha, il était là, il ne l’avait pas abandonné dans les eaux et n’avait été dévoré par L’Océan lui-même. Cette fois, ce n’était pas elle qu’il lançait sur la rive, mais deux poissons argentes qui lui donnait comme offrande afin qu’elle le laissa tranquille bien sûr, elle ne comprit certainement pas toute la portée de ce geste, mais se contenta d’accepter ce cadeau inespéré.

« Merci Mimë et à Bientôt Mimê. »

Scanda-t-elle avec une joie non dissimulée. Elle agita une patte molle, avant de nager jusqu’au rivage, non sans quelques difficultés lié au manque d’expérience.