Désordre | ft. Valens

Valens

Ce n'était pas une belle journée ensoleillée mais sur ces terres, il ne fallait pas systématiquement les attendre si on ne voulait pas rester l'estomac vide. Valens avait cru pouvoir y échapper, que les nuages tiendraient un peu plus longtemps, mais l'atmosphère s'était chargée de cette odeur de pluie avant que celle-ci ne finisse par lui tomber sur la tête. Rien de bien dramatique mais Valens se frigorifiait rapidement de ce genre de météo alors le mâle ocre chercha rapidement un endroit où s'abriter. Au moins, s'il pleuvait, les vers et les escargots seraient de sortie, le déjeuner était assuré.

Le solitaire se faufila en vitesse vers le premier bosquet, se préparant déjà à s'ébrouer lorsqu'il serait à l'abri avant de sursauter d'un sacré bond en arrière lorsqu'il se retrouva truffe à truffe avec un autre loup.
Ses oreilles pivotèrent vers l'arrière, sa queue rentra entre ses pattes et il se fit plus petit que ce qu'il n'était déjà, la mine embêtée d'ainsi déranger.

« Excusez-moi, je... »

Il se stoppa dans sa phrase, son pelage se hérissa d'un seul coup, son cœur se mit à battre plus fort dans un instinct éveillé alors que la peur vint se retranscrire dans son regard écarquillé. Cette odeur... celle que portait la louve de manière si forte qu'elle était forcément liée, c'était la même qu'ils portaient, la même que ces terres ont ils l'avaient emmené et maintenu captif. Valens l'aurait reconnu parmi toutes.

« V... vous êtes comme eux ! Vous êtes un des leurs. »

Il recule, de pas lents, peu assuré. Il montre les crocs aussi mais manque clairement de confiance, n'agit que pousser par une peur vive et profonde qui transit tout son être.

« J'vous préviens, si vous tentez quoi que ce soit, cette fois-ci j'suis pas tout seul ! »

Sa voix tremble lorsqu'il parle mais il est persuadé d'être dans le vrai. Cette fois-ci, Mimosa, Holzer ou Séléné viendrait l'aider, Valens en est certain, ils lui ont promis.

Valens

Elle plisse son museau, sa queue s'agite. Ce n'est pas grand chose mais pour Valens, c'est suffisant pour que ses pattes se paralysent. C'était comme si soudainement, elles pesaient le poids des montagnes, comme si elles s'étaient plantées dans le sol et se rigidifiait. Il entrouvre la gueule, l'hyperstress lui donne chaud et devant ses yeux, il sent papillonner. Pourtant, pourtant, il doit rester concentrer, sinon qu'est-ce qui allait encore lui arriver ? Qu'est-ce que cette louve avec cette odeur ferait de lui.
C'est évident que fasse aux questions de la rouge et noire, Valens lui, demeure sur la défensive. C'était bien la seule chose qu'il pouvait faire dans cette situation. Le refuge était plus loin et il pleuvait des cordes, personne d'autre ne viendrait.

« Un loup bleu qui brille rouge et un énorme avec des cornes, vous avez exactement la même odeur, vous êtes avec eux ! »

Comment sinon ?
Valens commençait doucement à flancher, il voit le monde devenir, sa tête lui tourner à force d'entendre les battements trop rapide de son cœur dans les oreilles. Il tombe un peu en avant, ses pattes le tiennent moins bien et il doit se recroqueviller un peu plus. Il ne quitte pourtant pas des yeux la louve, il essaye de montrer un peu la pointe de ses crocs.

« Cette fois... cette fois... »

Cette fois quoi ? Il n'arriverait pas à fuir en étant paralysé par la peur, il sentait son esprit partir. Cette fois... il était encore plus vulnérable. Cette fois, elle, elle n'aurait même pas à s'embêter de l'immobiliser. Il n'y a rien qui empêcherait à tout de recommencer et cette idée lui tordait les entrailles.

Valens

A chaque pas fait vers lui, Valens s'écrase un peu plus au sol jusqu'à finir complètement couché. Il a beau dire qu'il était prêt à se défendre cette fois-ci, son instinct se préparait bien plus à devoir encaisser un coup. C'était comme s'il se préparait à ce que la scène se rejoue, qu'on vienne l'écraser, qu'on vienne le plonger dans l'inconscience en lui frappant à nouveau la tête.

« C'était pas chez eux non plus, ça les a pas empêcher de venir me chercher quand même. »

Il aurait voulu le hurler, exprimer de la colère parce que ça avait été injuste, parce qu'ils lui avaient gâché toute sa vie, parce qu'à cause d'eux, tout était devenu effrayant. Mais il n'y arrive pas, parce que la peur est trop présente, trop prenante, c'était presque comme s'il ne pouvait que marmonner.
Cette louve, l'odeur qu'elle portait surtout, la faisait ressortir plus forte que jamais, cette peur, celle qui était ancré à présent en lui et qu'il peinant tant à faire disparaître. Valens sent sa tension à elle aussi mais peut-être parce qu'elle garde une voix calme, il arrive peut-être à ouvrir un peu plus facile la gueule, à faire sortir quelques mots.

« Ils sont venus, parce qu'ils savaient que j'étais là, il le savait le grand cornu. Y'avait pas de raison, le bleu l'a dit, ils avaient juste besoin d'un cobaye. » Ses yeux se ferment, les images viennent le hanter, le goût affreux des concoctions lui reviennent en gueule et il a un soubresaut de haut-le-cœur alors que sa respiration se transforme peu à peu en halètement. « J'étais attaché, ils m'ont forcé à manger des choses affreuses. »
L'exprimer lui avait fait atteindre ses limites, le coupant du monde alors que ses pattes avant vinrent lui écraser la tête dans une protection trop brutale pour être efficace, dans cette tentative vaine de contenir cette peur trop grande, totalement ingérable.

« Ne recommencez pas ! Je ne veux pas que ça recommence. S'il vous plaît. »

Telle était sa condition actuelle, un suppliant appel à l'aide bien plus réel que ses tentatives de menaces.