Ces choses qui peuvent durer | ft. Basilic

Les dents de Roc étaient un territoire qui le fascinait.
Avoir grandit entre le marais et le castel l'en avait longtemps tenu éloigné, jusqu'à ce que son entrainement avec Sakura n'avance suffisamment pour qu'elle commence à l'y emmener. Car à chaque territoire, il avait son adulte. Mamanita au marais, Papa Dez au castel, Sakura aux dents de roc...
C'était cependant pas avec elle, qu'il était aujourd'hui.
Il était seul. Seul, mais pas dénué d'objectifs.

C'qui le fascinait, donc, parmi les dents de roc, c'était cet ensemble de roches, gravitantes, à gravir. Il les avait maintes et maintes fois escaladées, en profitant pour se rendre ensuite jusqu'au temple de ce dieu qui l'attirait, mais qu'il n'avait pas été voir. Pas encore, pas tant qu'il serait pas plus fort.
Aka ne voudrait pas d'un lézard nul parmi ses rangs : il devait lui venir en lézard puissant et valeureux, capable d'obtenir son glowstick du premier coup.
C'qu'il aimait aussi, ici, c'était la forêt de pins et d'épines, sèches, sans ces lianes et les flaques boueuses qui faisait du marais, bah, un marais.

A cet instant précis, c'est d'ailleurs dans celle-ci qu'il se trouvait.

Il était aux aguets, chassant parmi les fourrés du petit gibier à rapporter au castel. Il avait déjà attrapé un lièvre, après l'avoir prit de vitesse lors d'une longue course poursuite. Et c'est avec tous ses muscles échauffés, qu'il était alors monté le long de l'écorce d'un arbre. Il s'était caché parmi les branches, lui, petit, discret et aux teintes naturelles se fondant dans le feuillage, bien qu'il eut été un peu trop clair pour s'y camoufler parfaitement.
Son calme et son immobilité, seulement perturbé par ses flancs qui se levaient au grès de sa respiration, lui permit de voir de plus prêt une proie.

Un grand rapace, un aigle, posé un peu en dessous de lui.

Il avait pas fait gaffe, à la louve qui se trouvait en contrebas, et qui fixait la même proie que lui. Et même s'il l'avait remarqué, ça n'aurait rien empêché.

Car, rompant sa fixité, il s'élança le long du tronc pour attraper l'oiseau.

Bien décidé à le surprendre et à être plus rapide que lui.
Il l'aurait avant qu'il ne s'envole.
...
Et il l'eut.

Clac !

Sa gueule se referma sur le cou de l'aigle avant même qu'il ne puisse faire un mouvement, l'oiseau focalisé sur autre chose que lui. Autre chose, ou plutôt quelqu'un d'autre, que lui perçut enfin.

Le corps pendant du volatile entre ses crocs, complètement décédé, Basilic croisa le regard topaze de la louve.
Une louve qui aurait été spectatrice de son exploit !
S'il fut une seconde surpris par une autre présence lupine, il était évident qu'un peu d'orgueil lui fit bomber le torse.

Eh ouais.
Il était fort comme ça, lui.

Y a quelques secondes qui s'écoulent.
Quelque seconde où la louve doit être surprise, de voir un si p'tit gars être si fort, hein ! C'est ce qu'il se dit, Basilic. Il trouve son action impressionnante. Il l'espère avoir été à ses yeux, impressionnant.
Et c'est bien le cas.
La louve lui sourit et s'approche, et lui descend de son arbre, les pattes collées au tronc jusqu'à parvenir à terre. Elle est vraiment plus grande que lui, il est obligé de tendre le cou pour continuer d'afficher la proie tenue en gueule.
Et là
Là, tomba le compliment.

Quel chasseur talentueux !

Y avait que Mamanita, pour le complimenter. Et Sakura, de temps en temps. Alors, qu'une jeune de son âge lui dise ça, c'était, waw !
Putain de trop cool.
Il y a de la chaleur qui se répand dans sa poitrine, et cela suffit à ce qu'il trouve cette louve géniale. Tellement géniale que, galvanisé par ces quelques mots, il déposa la proie à ses pattes.
Tant pour lui répondre, que pour la lui offrir.

« Mersssi, prend 'a sssi tu feux. Ch'm'en chasssserais un aut'. »

Parce qu'il était doué comme ça, eh ouais, prêt à dégommer tous les aigles de la pinède~