Go your own way - Physalis

Le petit panseur beige marchait sur le sentier de la Crypte de Dairo. Il était bien parti pour aller prier sa déesse. Récemment -encore plus avec les annonces d'Anita- il s'était dit que peut être que prier de temps en temps dans sa tanière n'était pas suffisant. En vérité, il ne désirait pas que la déesse se sente laissée de côté.

Il n'était pas pour autant opposé à l'idée qu'elle s'ouvre aux Solitaires, il était simplement ... triste. C'était leur seule déesse - et celle dont il portait la couleur depuis son enfance. L'idée qu'il n'avait pas su lui montrer l'intérêt qu'elle méritait le rendait ... triste. Ses pattes claires avaient donc essayé de trouver le chemin de la Crypte de plus en plus souvent. Aujourd'hui, c'était avec une plante qu'il venait. Il avait commencé à replanter de la menthe de montagne autour de la tanière des panseurs pour en avoir en stock - il imaginait bien essayer de construire un petit potager d'herboriste, éventuellement, un jour - et elle se propageait comme une folle. Alors il en avait pris une, et l'avait mise dans un pot de pierre. L'attachant autour de ses flancs avec une sangle, il faisait le chemin avec elle. Ce n'était pas les agrumes habituels préférés par la déesse, mais il désirait lui parler de ce projet de potager durant sa prière.

Alors autant lui en apporter un petit bout.
Depuis que Nirvana n'était plus, les coquillages prenaient la poussière. Heureusement, Samaël était très religieux, et prenait beaucoup de temps pour embaumer et prendre soin de l'espace de la déesse. C'était son tour d'y apporter une petite contribution.

Pendant qu'il prenait la route au dessus du vide, il réalisa qu'il entendait des pas derrière lui. Ah. Quelqu'un le suivait. Il tourna les oreilles, rejoignit la crypte, puis se tourna entièrement.

C'était une de ses grandes (par les dieux tous ses collègues et proches étaient super grands !) nièces. La rose et dorée, Physalis. Il n'avait pas eu de contact prolongé avec elles, soignant de temps en temps un bobo, il les avait vu grandir et s'élancer très rapidement dans leur vie - et dans leur taille impressionnante.
Cependant, il voyait -et entendait de la part de Pomelo- qu'elles étaient un peu compliquée, les deux nièces. Alors il était préparé à une conversation compliquée.

"Physalis ! Comment ça va ?" demanda-il poliment en faisant un pas de côté pour la laisser passer (elle aurait pu marcher au dessus de lui, ahh).

"Tu rends visite à Dairo aussi ?"

Il la regarda s'avancer avec un léger amusement. Elle avait la démarche d'une biche - fluide, élégante. Mais seulement si les biches étaient roses et jaunes, et un peu hautaines. Elle commença par les politesses - et Melon se rassura que à défaut d'être humble, elle était au moins bien éduquée.

"Ca va !"
C'était la réponse formelle, classique : celle qu'on donnait par réflexe. En vérité Melon était troublé. Le détachement de sa déesse, la mort de leur Alpha, la mort d'Etna - le futur lui paraissait dur à appréhender, compliqué à imaginer sereinement. Pourtant, jusqu'à il y avait quelques jours, il le voyait tout tracé. Sa vie paisible du jour au jour était tout à fait satisfaisante pour lui, mais maintenant il se posait beaucoup de questions. Comment aider les jeunes Etelkrus à prendre en patte leur futur ? il avait beau remuer son imagination - la qualité qui l'avait rapproché de sa déesse en premier lieu - il n'y voyait pas grand chose, encore, à cette future meute Etelkrus.

Il écouta ensuite la tirade de la grande fille, et fit un pas sur le côté avant de lever une patte pour prendre une des fioles entre ses pattes. Elle lui apportait de bien étranges choses - de la Rougelande, disait-elle ? Il tourna les fioles entre ses pattes, curieux. Le papillon, il le reconnaissait. C'était un brun des pélargoniums, il leva donc la fiole devant la truffe de sa nièce.

"Lui, c'est un brun des pélargoniums. Il n'a pas beaucoup d'utilité pour des potions ou soins. Et les fleurs sont ..."
Il hésitait. Des lauriers roses ? Non, il était pas certain. Sans les feuilles, c'était compliqué d'identifier la fleur toute seule.

"... Je suis pas sur. Est ce que tu aurais des feuilles qui proviennent de la même plante ? Ou pourrais-tu me les décrire ?"
Il ouvre légèrement la fiole pour renifler. Le parfum aidait parfois à l'orienter.

Il referma le flacon et le tendit de nouveau à sa nièce en réfléchissant - avant de se poser d'autres questions. Pourquoi lui apportait-elle des matériaux ? Désirait-elle apprendre à faire des médicaments?

"Tu veux apprendre à faire des remèdes, c'est ça ?"
il pensa un instant aux crocs et sang de dragon qu'il n'avait toujours pas utilisé. Il serait peut être temps qu'il les mette à bon usage, si Physalis était préparée à l'aider.

Il prend la deuxième fiole de fleurs roses et hoche la tête. La description des fleurs l'aidait à s'aiguiller.

"Alors, celle-ci est du laurier-rose ! Elle est très, très toxique. En fait, elle fait battre le cœur beaucoup trop vite. J'ai jamais vu une vraie intoxication cependant - les feuilles sont apparemment amères, et les jeunes louveteaux ont tendance à le recracher !" dit-il savamment, avant de reprendre la première fiole avec un regard plus circonspect. Il n'était pas certain de ce qu'elle était, cette fleur là. Pourtant il savait qu'il l'avait déjà vue plein de fois . Ahhh.
Un trou de mémoire.

"Et celle là ... j'ai un trou de mémoire, c'est terrible. Je pense que c'est ... un œillet ? J'irais chercher. Est ce que je peux la garder pour mes recherches ? demanda-il joyeusement avec un sourire à sa nièce.

Puis elle s'exclama joyeusement qu'elle serait ravie d'apprendre avec lui. Et bien qu'il avait envie de s'accrocher à cette démonstration d'affection, le ton lui fit froncer le front. On était pas panseur sans apprendre à différencier le timbre de voix des loups lorsqu'ils veulent vous faire avaler des sottises. Il balaya ses inquiétudes d'une patte, mais son expression avait surement trahi qu'il n'était pas dupe à cette expression d'affection étrange et inattendue.

"Que voudrais-tu savoir sur elles ? Je ne peux parler en connaissance de cause que de ma Déesse, Dairo. Je lui apporte ceci - arrives-tu à identifier cette plante ?"
Il se tourna et sortit le plant de menthe poivrée pour le montrer à sa nièce.

"En connais-tu des attributs médicinaux ?"