Horizons · Physalis

La grande louve cherchait à chasser seule aujourd'hui. Pas de mamans, pas de mamie, pas de copain, personne. Toute seule comme une grande afin de pouvoir porter cet fierté d'indépendance absolue, de force. Ne restait qu'à porter l'honneur d'être enfant d'un des dieux Etelkru, et elle pourrait encore plus avancer.

Toujours plus, aller plus loin encore.
Une réflexion qu'elle portait de plus en plus, si la crise d'adolescence la poussait à aller toujours contre la volonté de ses parents et d'avoir ce besoin irascible d'avoir le contrôle sur ses propres décisions d'adulte en devenir, son esprit ne voulait pas d'Aka. Il symbolisait le manque de tact, la brutalité et l'inélégance des actes et des gestes.
Kiro ? Il lui inspirait l'instabilité, la moquerie, la gêne, quelque chose qui ne semblait pas vouloir s'arrêter pour être saisi. Il restait une éventualité, se jouer de ne pas être pris au piège avait ce côté ennivrant tout de même.
Restait Dairo, l'imagination, la force morale, le calme qui cache la tempête de son esprit. Et puis, le côté féminin donnait ce côté doux et calme.

...
Mh.
Elle irait voir tonton au sujet de Dairo, alors. Il saurait sans doute mieux en parler, et ça lui retirerait une belle écharde du pied, à Physalis. Et elle pourrait enfin se concentrer sur sa fichue indépendance tant recherchée.

Meep !

Un sursaut qui écarquille ses yeux, avant de reposer un regard plus désinvolte, jugeant, observant sur le machin qui volait et descendait doucement. Comme pour pénétrer l'esprit de la dernière du quatuor qu'elle n'avait pas encore croisé en personne.

- Oh, toi.

Ses sourcils se haussent, décidément, cette fratrie était bien disparate selon les individus. C'était peut être une force, lui semble-t-il que tous étaient très soudés, aussi bien entre eux qu'avec leurs géniteurs. Pour le coup, Meep était très singulière.

- Tu ne sais dire que ça, meep ?

Une curiosité un peu envahissante, se jouait-elle de tous ou avait-elle réellement un problème d'élocution, comme son frère ? Elle fait un pas pour s'approcher, tête basse pour se mettre un peu plus à son niveau.

Une attitude qui montre de l'intérêt. Ah, une autre curieuse ! C'était bon à savoir. Bon, Meep lui répond en un ronronnement sourd, pas un grondement car ça ne venait pas de son cou, plus de son ventre. Phy', étonnée, remonte la tête en un regard surpris.

- On croirait un félin, un lynx.

Et elle s'amuse de cette comparaison. C'était encore différent de Basilic. La grande louve tourne autour de Valé', l'inspectant, la reniflant, surveillant toutes ses réactions. Et puis se pose devant elle. Des grandes ailes trouées, un nez rebiqué vers le ciel, des oreilles pointues, des sons non-lupins ...

- Ah, ce doit être ça ! Tu n'es pas vraiment un loup.

Tu es différente, pense-t-elle sans le formuler ainsi.
Un sourire un peu moqueur. A quoi était destiné une créature qui ne savait pas parler, qui avait des ailes lourdes et trop trouées pour voler. Et puis, cette truffe ... Fifi ose, approche une patte vers ce petit pic vert pomme au bout du museau de l'autre de son âge. Il fallait qu'elle sache, qu'elle comprenne.

La réaction ne manque pas d'amuser Physalis. L'ailée préfère s'éloigner, boudeuse, se posant à un endroit où personne ne pourrait l'atteindre. Avoir touché son nez l'aurait vexée ? Phy' sourit toujours, s'assied sagement, sa queue féline enroulée autour de ses pattes sans jamais lâcher du regard l'autre jeune.

- Voyons, ne sois pas vexée. Tu es un peu unique.

Minus le "un peu", car il était peu probable qu'il y en ait deux identiques. En tout cas, elle savait voler, à la grande surprise de la descendante Dire. C'est qu'elle devait avoir énormément de force dans le dos.

- Oh, allez ! Montre-moi les autres secrets que tu caches !

Sa soif de découvrir était plus forte encore que son besoin de se sentir mieux que les autres. Cette louve, elle semblait avoir un caractère bien fort et affirmé, elle pouvait être une alliée de choix au quotidien !

Il y a beaucoup d'expressions qui se cumulent sur le visage de l'autre adolescente. Des moues plus ou moins agacées, vexées, Phy' jubile intérieurement. C'était un peu drôle en soi. Jusqu'à ce que l'autre revienne à son niveau en planant et ...

La grande louve ouvre grand les yeux en une mine brusquée. Quelque chose d'inattendu venait de se passer où suivent plusieurs secondes silencieuses. Est-ce qu'une langue venait de se coller sur son joli minois ? Il semblait, oui, ses yeux reviennent plus sévères, plus froids, sur la muette alors qu'elle secoue sa tête pour se retirer de ... ça.

- Ne me refais jamais ça.

Sa tête se baisse, plus à niveau de l'autre. Il y avait cette vexation qui faisait bouillir son sang, et sa raison qui contenait la porte des enfers par le fait que c'était elle-même qui avait demandé à voir d'autres trucs. Un souffle pour se détendre.

- Jamais.

Puis se redresse, regagne un sourire taquin et victorieux comme si rien ne s'était passé. Pourtant, cet affront resterait à tout jamais gravé dans sa mémoire.

- Bon, Meep ! Est-ce que tu sais chasser ? Avec tes ailes, tu dois savoir poursuivre des oiseaux, non ? Allez, montre ça aussi !

Jusque là, l'hybride n'avait fait que planer.

Au lieu de s'élever, voilà que l'ailée pose son derrière à-même le sol, la mine boudeuse. Serait-elle vexée ? Phy' hausse un sourcil, mi-agacée, mi-ennuyée, et ce regard ... Ce regard qui soutenu laissait palpable une certaine tension. Elle n'était pas d'humeur à la bagarre, Fifi, ce qui ne l'empêche pas de ne pas baisser la garde et continuer de la défier en retour également.

- Bien.

Un air plus dédaigneux la gagne sans pour autant se rabougrir. Si Meep voulait jouer à la plus idiote ...
Alors elle pouvait bien aller se rhabiller.

Phy' baisse la tête, les cornes en avant à hauteur de visage de la brune et ... lui chaparde son collier sans trop de délicatesse mais sans intention de blesser, l'intimant au fond de son être de ne pas riposter. Et puis, elle recule, son nouveau jouet arborant sa tête comme une couronne des plus simples, mais toujours l'air passif-agressif questionnant sur ce qui allait se passer après.

Elle avait des grandes jambes, elle court probablement bien plus vite que l'enfant muet. C'était même une certitude.

Elle observe silencieusement l'autre adolescente avec intensité. C'était quelque chose qu'elle avait découvert un peu par hasard avec sa soeur, alors qu'elles se crêpaient encore le chignon ensemble. Un contact, et comme une volonté menaçante, parfois, elle pouvait comme contrôler le loup en face le temps d'une action. Le faire taire, l'immobiliser, avoir ce qu'elle souhaite. C'était encore assez aléatoire, en fait. Et remarquer que cette même chose se passait avec Valériane, c'était jouissif.

Lorsque le contact est rompu, l'air de l'ailée change. Un agacement auquel répond un sourire narquois. Elle avait demandé à voir aussi, non ? Alors, pourquoi tant de rage d'un coup ?

L'enfant d'Anita se lève, vraisemblablement frustrée et désormais en colère. Par mimétisme, et par méfiance, c'est au tour de Physalis d'en faire de même et s'apprêter à encaisser une attaque, une insulte, quelque chose de pas cool et pas agréable. Mais rien. Valériane s'envole pour bouder. Comme un bébé.

Phy' soupire, jugeant fort cette réaction enfantine, et repart de son côté également avec son nouveau trophée.