Culture | Ft. Wasabi

Cela faisait une éternité qu’elle n’avait posé les pattes en ces lieux. Il faut dire qu’elle n’avait pas beaucoup voyagé au cours de sa précédente existence, peut-être qu’elle était passé à côté de beaucoup de chose, s’étant contenté de plaisirs simples qui lui semblaient plus à portée de patte. Que ce soit par couardise ou bien par facilité, elle n’aurait jamais imaginé parcourir autant de chemin et apprendre à survivre par ses propres moyens. Elle s’était en quelque sorte adaptée à cette recluse dans l’attente de changement futur. Mais même si elle goûtait aux joies de la liberté, elle gardait tout de fois à l’esprit qu’elle avait une dette envers le capitaine des Raeders et que peu importe sa décision à son égard, elle lui devait deux bonnes bouteilles de rhum. C’était dans ce but qu’elle avait poussé les lourdes portes de la bibliothèque, en apprendre plus sur la production de Rhum afin d’apporter un cadeau à son capitaine.


De plus, elle voulait en profiter pour perfectionner ses connaissances en remèdes et soins. Pour ce faire, elle avait parcouru le rayonnage, avait sélection les ouvrages qui lui semblaient les plus pertinents de par leur couverture aguicheuse et leurs couleurs affriolantes. Ainsi s’était-elle chargée d’une multitude d’ouvrage, qu’elle portait à bout de gueule. Mais alors qu’elle s’apprêtait à trouver un coin où se poser sans trop attirer l’attention des autres visiteurs. Un fracas se fit entendre. Bruit de papier froissé, de pages qui s’envole et surtout d’un corps qui s’écrase contre le parquet.


Wasabi tenta de l’esquiver au dernier moment, mais la louve vint à percuter une échelle, faisant tomber à son tour sa pile de bouquin qui lui bouchait la vue et qu’elle maintenait jusqu’alors en équilibre précaire. Elle ne put alors en plus du désordre occasionner que constater la présence d’un loup dont le pelage floral la frappa.

« Quelle magnifique fourrure. Il ne me semble en avoir vu de si ravissante. »

Elle qui aimait tant les compositions florales dans sa jeunesse., il ne pouvait que les aimer aussi pour en porter en si grand nombre.

« J’espère que vous ne vous êtes pas fait mal au moins ? »

Elle l’examina brièvement, en fit le tour et en profita pour observer les motifs sur ses pattes avant qu’elle tint entre ses pattes. Il avait l’air d’aller assez bien, tout au plus quelques contusions viendraient marquer sa peau sans abîmer sa fourrure.

Puisqu’il semblait aller pour le mieux et qu’il disait ne pas ressentir la moindre gène pour se mouvoir alors, la louve pouvait se détendre. Elle n’aurait pas à intervenir pour l’aider que ce soit à immobiliser une patte ou à calmer une inflammation. La louve commença alors

Tu es solitaire, je me trompe ?

« On peut dire ça, je me suis installée près de la côte de nacre au sud, c’est une belle plage, couverte de coquillage, un parfait lieu de villégiature pour ceux qui veulent prendre du repos. »

Ce n’était pas tout à fait exact puisque la louve était dans l’attente d’une réponse des raeders, ou plus précisément, elle attendait des nouvelles quant à la requête qu’elle avait confié à Chimaera. Une requête à laquelle il ne semblait pressé de répondre, la laissant dans l’attente et dans le brouillard quant à sa situation. Mais cela ne semblait pas vraiment déranger la louve qui savait faire preuve d’énormément de patience à l’égard de ses semblables.

« Je fais des recherches diverses, je veux distiller de l’alcool, je dois quelques bouteilles au capitaine des Raeders, mais je désires en produire plus pour ma consommation personnelle. »

La louve aimait abuser des bonnes choses et ne voyait aucun inconvénient à faire ce qu’elle avait envie de faire, quand elle en avait envie– même en connaissant les risques associés à de telles pratiques.

« Je dois aussi parfaire mes compétences en médecine, elles sont encore bien trop légères pour me permettre de les exercer comme il se doit. Mon domaine c’était plutôt les jardins floraux, les plantes médicinales, un savoir limité. »

Peut-être qu’elle regrettait aujourd’hui de n’avoir suivi la voie des panseurs, de s’être entêté dans celle d’un guerrier alors même qu’elle n’en avait jamais eu l’étoffe, tout ses savoirs n’avaient été que des savoirs d’emprunt, des discussions volées au détour d’un couloir du castel, des murmures échangés, des oreilles traînantes qui avaient capturé quelques leçons. Elle avait toujours été qu’une bonne à tout faire, celle à laquelle on donnait les tâches les plus médiocres, celles qui les autres n’avaient guère le temps de compléter.

« Et vous que recherchez-vous ?  Vous êtes Nakhu & porteur de Rose ?»

Question rhétorique car elle ne pouvait ni ignorer l’odeur ou la couleur qu’il portait. Elle ne pu cacher une légère grimace, elle n’aimait guère les Dieux du continent.

S’il l’avait interroger afin de clarifier ses origines, à contrario elle n’avait guère eu besoin de le questionner pour deviner ses origines nakhus. Après tout, il n’était pas surprenant de les croiser dans une bâtisse les appartenant, et il aurait été bien mal élevé de se montrer désagréable avec ses hôtes de passage. Elle lui échangea un sourire de plus.

Ses oreilles changèrent d’orientation en formant un arc de cercle vers l’avant, l’intérêt allait grandissant, elle n’avait jamais eu l’occasion d’entre parler d’une telle plante, car elle ne faisait pas partie des plantes que l’on utilisait au castel, à juste titre. Alors s’était-elle imaginer qu’il s’agissait là d’un remède utilisé par seul les nakhus. Peut-être aurait-elle pu s’interroger sur le terme dealer qu’il avait employé Alors, elle avoua en secouant légèrement la tête et faisant tomber ses mèches de cheveux devant ses yeux.

« Je n’ai jamais entendu parler de quelque chose de la sorte. Du cannabis ? C’est une plante médicinale ? »

Elle pencha le museau, l’avança doucement vers lui dans un air entre provocation et d’amusement.

« Nous pourrions faire échange de nos multiples talents, en effet ~ »

Mais pas aujourd’hui, mais demain qui sait.

Ce genre de tirade qui prêtait à confusion l’amusait beaucoup, elle tentait toujours d’éveiller quelques doutes dans l’esprit de ses interlocuteurs lorsqu’il semblait pouvoir y prendre goût. C’est ce qu’elle fit par cette invitation offert au porteur de rose, ainsi aurait-il tout le loisir de venir contempler la plage, du moins, c’est la conclusion à laquelle elle était arrivée. Naïvement peut-être. Du moins, c’est ce qu’il aurait pu sembler.

Aujourd’hui, elle devait de se mettre au travail, son temps devait se consacrer à l’étude. La louve se redressa, sans perdre son sourire qui lui montait jusqu’aux oreilles.

« Nous pourrions commencer par étudier ensemble. Je suis curieuse de connaître les pratiques mises en place par les nakhu en matière de soin, à moins que cela en relève du secret.»

Après tout la médecine ne lui était pas tout à fait étrangère et elle voulait elle-aussi consolider ses bases.

Et bien, je sais que certains y trouvent des propriétés médicinales oui, mais la plupart du temps on consomme plutôt ça pour le côté récréatif !

La louve fronça les sourcils d’un air sérieux, ne comprenant pas vraiment pourquoi des personnes s’empresseraient de prendre des médicaments pour s’amuser. Elle se rappelait aisément le goût amer de certains remèdes qu’elle avait du prendre pendant sa longue convalescence, et pour rien au moins, elle n’aurait eu envie de retenter cette expérience.

« Qu’est-ce que cela peut avoir de récréatif ? Quelles en sont les effets ? »

Mmh je ne sais pas si je saurais en parler aussi bien que certains de mes collègues mais pourquoi pas oui.

« Je serais ravie de passer un peu de temps en ta compagnie. »

Puis qu’il était nakhu, il ne serait sans doute pas très difficile à trouver.



Toi qui fréquente les Raeders, ça te parle peut-être un peu, non

La louve posa sur regard sur la couverture du livre qu’il lui indique. "Algues médicinales et soins de la mer".Un titre aguicheur qui eut le mérite d’attirer l’attention de la louve à la fourrure vert d’eau. Il avait l’air des plus intéressant et de correspondre parfaitement à ce qu’elle cherchait.

La louve secoua la tête de gauche à droite pour signifier la négation. Non. Elle n’y connaissait pas grand-chose en plante aquatique ou algue marine, ses connaissances se limitaient à quelques plantes médicinales du continent qu’elle avait eu le privilège de trouver sur le territoire des Etelkrus, rien qui n’appartienne au continent, rien qui ne soit originaire de la mer. Hélas. Et c’est bien pour cette raison là, qu’elle s’intéressait autant aux livres de la bibliothèque des nakhus.

« Non, je crains de ne pas y connaître grand-chose encore. On peut dire que je suis débutant dans mon domaine. Je ne sais reconnaître que quelques plantes du continent tout au plus. Mais je suis habile de mes pattes, je saurais parfaitement recoudre une plaie.» avoua-t-elle un peu honteuse tout en laissant échapper un ricanement. Elle feuilleta brièvement le livre qu’il lui tendait.

« Ce livre me paraît très intéressant, autant par son contenu que par sa couverture, j’aimerai bien te l’emprunter lorsque tu en auras fini avec celui-ci. »

Un fois de plus, un échange amical de regard, et un sourire qui ne lui coûtait pas grand chose.