Si votre ramage se rapporte à votre plumage | Gilhort

C'était une claire et belle matinée de printemps. Le ciel était d'un bleu vif, et le soleil dessinait un disque blanc dans le ciel, illuminant d'une jolie lumière les pierres délavées du Castel. Armada s'était levé de bonne humeur, et cela avait été en s'améliorant avec son entraînement matinal désormais quotidien ; une longue course dans le territoire pour donner de la force à son coeur et à ses pattes ; des montées, des descentes, des sprints. Il tenait à être physiquement aussi capable que les autres Etelrkus, conscient d'avoir un peu de retard à rattraper.

En parallèle, il continuait à prêter une oreille attentive à tout ce qui se faisait et se disait dans la meute. Il avait appris l'existence d'une famille et d'un individu en particulier qui avait attiré son attention. La famille Knight, dont le dernier représentant en date était un mâle aux cheveux couleur vin du nom de Gilhort. On leur prêtait un parler plutôt intéressant, mais surtout apparemment ils étaient Chevaliers. Or, le mâle à la chevelure de feu n'avait jamais entendu parler de leur nom par son paternel ou par ceux qui lui avaient parlé de sa lignée ; se pouvaient-ils qu'ils soient de lointains cousins ? Il avait décidé de tirer cette affaire au clair de la plus simple des façons : en trouvant un moyen de passer du temps avec le dénommé Gilhort. S'ils étaient affiliés, ce dernier reconnaîtrait sans doute sans peine la croix suspendue sur le poitrail de son congénère.

Ce matin-là, il guetta donc la sortie du mâle de sa tanière et s'en fut à sa rencontre dans hésitation, la queue haute et le regard déterminé - comme à son habitude.

"Messire !" Le héla-t-il en s'approchant. "Puis-je avoir un instant ?"

Une part de lui était fière ; ses efforts pour être courtois payaient de plus en plus, c'était de plus en plus naturel. Oh bien-sûr, par moment c'était très compliqué, surtout quand il sentait le feu en lui brûler et lui picoter la langue. Mais il essayait de prendre sur lui - et par un beau matin pareil, ce n'était pas très compliqué.

A l'anjorner, il s'en était allé hors du Grand Castel. Il avait convoié avec Père, se rendant dans la Rougelande pour guerroyer. Rude combat d'entraînement, il s'était soldé par un échec de l'Escuyer. Enguerrand lui reprocha d'être trop lent mais surtout, trop impatient. Son fillot montrait sa stratégie dans son regard, ne trompant guère l'ennemi. Remontrances avaient été de mise puis ils étaient rentrés avant que le reste du Clan ne s'agite.

Quelques blessure furent guéris par la Douce Hermance qui sermonna son Epoux d'être trop agressif envers leur fils mais Gilhort prenait la défense de Père. Il appuyait cet entraînement parfois douloureux car il se devait de connaître ses limites et surtout la douleur. Plus il la ressentirait, plus il serait en mesure d'y faire face durant un véritable combat.

Quand il fut soigné, l'Escuyer sortit de leur tanière et se fit alpaguer par un loup à la chevelure flamboyante. Son regard se fit plus froid, comprenant qu'il faisait face à un gueux. Une géniture abjecte osait lui parler. Un ennemi qu'il devrait occire sur le champ. Violentement, il garda son calme malgré qu'une de ses babines se relevait, montrant un croc.

- Sir Armada, je vous écoute.

Son regard ne cessait de glisser vers la Croix que le bâtard portait. Elle semblait le narguer et il commençait à perdre patience. Il se mandait encore pourquoi l'Alpha Anita avait accepté d'accueillir pareille merdaille ici. Les Knights s'étaient enfin débarrassés des baronnets qu'ils devaient de nouveau bastailler pour leur honneur.

Langage médiéval:

Le jeune loup ne put manquer le rictus qui agita la babine de son congénère tandis qu'il notait sa présence ; il n'avait pas l'air franchement heureux de le voir. Peut-être était-il simplement peu accueillant ou sa journée était-elle mauvaise. En tout cas, son physique collait parfaitement avec ce qu'il avait entendu de ce loup et sa famille : il avait en effet l'allure d'un chevalier telle que son père lui avait décrite. Certaines parties de son corps étaient protégées par une armure, de cuir, de mailles ou de métal, et il portait au côté une arme rutilante qu'il entretenait sans nul doute avec soin. Le regard glace d'Armada s'attarda sur l'arme, habité d'une lueur admirative, avant de revenir au regard de son congénère.

"J'ai eu ouïe dire que votre famille et vous étiez Chevaliers." Répondit-il tout de go, un peu surpris tout de même que le mâle connaisse son nom. Son arrivée était encore récente et il était loin d'avoir accompli des exploits dignes d'être notable dans le groupe. "Et votre allure semble me le confirmer."

Ce n'était pas vraiment une question, puisqu'il était de son point de vue évident que ce loup était bien celui qu'il cherchait. Il remarqua même que lui aussi portait au cou un médaillon orné d'une croix - certes différente de la sienne, mais le point commun était tout de même notable.

"Je suis moi aussi descendant d'une lignée de Chevaliers, puissante autrefois mais qui n'a laissé d'héritage ici que la dénomination des rangs, et plus vraiment de sang."
Jusqu'à mon retour en tout cas.

"Je me demandais si nous pouvions être... affiliés, d'une manière ou d'une autre ?" Acheva-t-il en plantant son regard dans celui de Gilhort.
Sire Gilhort. Il allait falloir travailler encore quelques automatismes pour être digne de l'héritage de ses aïeuls.

Le gueux ne cessait de le dévisager. Il avait de quoi admirer une vraie lignée de Chevalerie quand cette merdaille n'arborait plus rien de Noble qu'une croix désuète. La suite de cette discussion lui arracha un grognement. Gilhort peinait à rester de marbre face à de pareilles paroles. Le baronnet osait s'évertuer d'appartenir à une lignée de Chevalier ! Ha ! Que cela était navrant ! Il n'avait de noble que son égal d'être un maroufle ! Ses griffes marquèrent le sol. Son ire se devait d'être refoulée quand cet Armada osa agiter devant son nez les actes qu'avaient perpétué ses ancêtres. Un sourire étira un court instant ses babines quand le manquement de sang de cette famille n'avait plus été présent chez les Etelkrus. Cette absence avait été bénite ! Les Dieux se jouaient de lui, rappelant à leurs côtés pareille engeance ! Le coup de poignard survint à la fin. Traître attaque, elle laissa transparaître un voile sombre dans son regard.

- Non.

Sa voix était remplie de haine.

Langage médiéval: