Soit tu nais Roi, soit tu n'es rien | Ophrys

Elle releva la tête de son ouvrage et chercha des yeux celui qui lui avait adressé la parole. Partout, la voix agaçante lui disait déjà quelque chose. Elle planta son regard rouge agacé sur le museau brun et beige entourés de cheveux flamboyants. Ah. La vermine. Elle se souvenait de lui – le combat qu’ils avaient mené était … plus que décevant. Incapable de la toucher, il avait ragequit comme un adolescent, ha !

Elle était sortie de la Sylve suite à son assistance prêtée au projet de Neisseria avec l’hibounours. Cela faisait quelques jours qu’elle se soignait pour sa patte arrière blessée. Cette dernière restait enveloppée de bandages tâchés de sang séché et de boue sur toute sa longueur. Elle avait heureusement pu tirer profit d’un précédent cadeau de son oncle Ottar pour une précédente blessure, et sa patte se soignait donc bien. Elle pouvait de nouveau mettre son poids dessus, mais pas courir et bondir trop longtemps sans quoi elle la lançait.

Sur sa route à la recherche des terres qu’elle avait aperçu dans le train de l’infini, elle avait trouvé un chemin vers la bibliothèque des Nakhus. Apparemment, tout le monde avait le droit d’y aller – alors elle avait décidé d’y aller chercher une carte ou tout équivalent. Arrivée sur l’île après la traversée de la fine manche d’eau elle avait noté la présence d’(un cimetière et d’une étrange maison. Il serait intéressant de l’explorer, cette maison. Elle paraissait receler des choses qui pourraient l’intéresser.
Des choses occultes.
Trainant dans les allées de livres, les bougies illuminant son pelage bleuté lavé par la mer. Avec ses cornes noires qui avaient étrangement poussé depuis son allégeance avec les démons, et sa tendance a lire dans l’ombre, assise entre deux bougies très espacées dans une allée de la bibliothèque, elle commençait à prendre elle-même des airs de démone. Le regard rouge qui daignait parfois regarder ceux qui passaient à proximité de son espace d’ombre complétait le cliché sans difficulté.

Elle était donc surprise que cet Armada soit venu aussi proche de lui-même. Assise, elle enroula discrètement sa longue queue féline autour de ses pattes pour masquer sa patte blessée. Ce n’était pas le moment qu’il la provoque à un combat – elle n’était pas à son plein potentiel. Et encore, elle pourrait sûrement l’évader même blessée. Elle illumina donc son visage d’un faux sourire pour faire miroir au sien, redressant la tête et repoussant sa capuche noire de sa tête.

« Sire Armada, tiens. Quelle joie de vous voir ici – votre espèce pullule t’elle partout où on ne veut pas d’elle, ou me suivez-vous simplement ? » demanda-elle pendant que son sourire se tordait un peu.
Vermine.

Elle ferma son livre avec un claquement, et le reposa sur l’étagère avec soin de manière à ce qu’on ne puisse pas trop lire ce qu’il y avait d’écrit sur la couverture, tout en parlant pour le distraire de vérifier son sujet de lecture.
« Malheureusement votre attention est inutile – je ne côtoie que les louves intéressantes. » dit-elle d’un air las et se redressant, cachant le mieux possible sa patte arrière pleine de bandages dans l’ombre, la gardant du côté éloigné de la vermine.

Elle le regarda de haut en bas, puis décrocha un regard moqueur et hautain.
« Et vous êtes – malheureusement – incapable. »

Le livre sombre Pseudomonarchia daemonum était abandonné entre deux ouvrages sur les plantes sans qu'elle n'y fasse plus attention.