Alchimie [Solo]

La pluie s’était faite torrent, surprenant les voyageurs. Elle n’avait fait que enfler de la vasque jusqu’aux terres nakhus et plus encore lorsque l’on s’approchait de l’île anciennement brumeuse.

Le corbeau releva le museau vers le ciel couvert. Le rayonnement solaire peinait à traversé les épaisses nappes de gris qui venait recouvrir l’ensemble du ciel. S’il n’était si rationnel, Lucian aurait pu attribuer cette averse surprenante au mécontentement du dieu qu’il voulait faire sien, mais il n’était pas de ce type de superstitieux qui croyaient juste de tout attribuer aux Dieux, lui s’appuyait sur le savoir et il savait que ce n’était par la pluie et l’orage que le Dieu vert venait punir ses disciples, non, Le Dieu vert préférait les voir marqués plutôt que trempés.

Un craquement fit s’ouvrir la lourde porte vermoulue de la bibliothèque. L’oiseau de nuit venant de la vasque entra et s’égoutta pour le parquet. Lorsqu’il relâcha les lourdes portes, un grincement s’éleva, les battants s’étaient refermé derrière lui coupant toute retraite. Il était l’heure, l’heure de se mettre au travail. Peu importait la fourrure et les plumes détrempées, l’eau qui tombait petit à petit sur le sol, il devait œuvrer pour Mido, autant que pour lui-même. Il s’avança droit devant lui, ignorant tout individu qui se serait trouvé sur son passage, c’est vers l’ancienne officine abandonnée qu’il se rendit. Malgré la volonté qui semblait mouvoir son corps en ligne droite, il fut bien obligé de marquer un temps d’arrêt devant l’ancienne enclave. L’entrée avait été obstruée afin d’en conserver les trésors. Roulant sa faible musculature sous sa fourrure détrempée, il fit bouger quelques planches, jusqu’à créer un espace tout juste suffisant pour lui permettre de s’y faufiler sans difficulté. Lorsqu’il fut extirpé du passage qu’il s’était créer, il s’immobilisa, contemplant l’ancien laboratoire délaissé depuis tant d’année. Il soupira, tombant presque à genoux dans la poussière.


Depuis combien de temps il n’avait mis le nez dans les affaires de Père, Sans les oublier, tout ce bric à brac n’avait été qu’évocation dans les conversations entre les deux frères, et il était le premier à retourner sur place depuis son départ de toute évidence. Il avait conscience de certainement prendre de vitesse son propre adelphe, mais savait aussi qu’il ne lui en voudrait pas d’utiliser un peu de matériel pour ses recherches. Le regard du corbeau se tourna vers la verrerie qui à l’image des autres bibelots était-elle aussi couverte des aspérités du temps. Précautionneusement, Lucian fit sa sélection, choisissant avec attention ce qui lui semblait indispensable à son étude.

Un brûleur à huile, une cornue, des fioles et récipients de toute forme et de toute taille qui avaient été abandonné ici depuis tant d’année. La verrerie, il l’épousseta avec précaution, frottant avec le coin d’un chiffon qu’il trouva là aussi, jusqu’à ce que chaque pièce eut retrouvé son éclat passé. Puis, il nettoya un bureau où il installa l’ensemble du matériel, par taille et par usage. Il était méticuleux lorsqu’il le désirait. Pouvait se montrer concentré et peu ombragé par ses sautes d’humeur et autres joyeusetés.

Il lui fallait faire un choix désormais, décider quelle orientation serait celle empruntée par son propre esprits, ses propres recherches. Les idées fusaient en son esprit, il n’était pas vide d’opportunité, c’était même plutôt le contraire. Les options se faisaient nombreuses, cette liste, il se l’était répétée tout au long du chemin, comme un rappel à l’ordre, loin d’une mélodie sans intérêt, c’est un devoir, son devoir qu’il se devait de s’imposer, une discipline.

De sa poche, il ressorti la sève de Spriggan, celle qui fut offerte par Blizzard lors de leur visite à la sylve.

De cette substance scintillante, il ne connaissait rien, tout ce qu’il avait pu déduire de cette-ci était sa provenance supposée et qu’elle n’était pas tout à fait naturelle. Son éclat, son aspect, le lieu où elle avait été trouvée, tout présumait qu’elle aurait comme tout ce que l’on pouvait trouver parmi ces bois -hormis les feuilles et les champignons - quelques propriétés magiques. S’il n’avait été difficile pour lui de tirer ces conclusions, il restait néanmoins autant de questions qui demeuraient sans réponse. Car il ne savait pas exactement ce que pouvait être cette étrange substance.

Qu’est-donc ?

Des Sucs, de la sève, une moisissure cela n’aurait guère été étonnant compte tenu de la flore des lieux,pourtant, rien n’avait semble laisser penser à un espèce de champignon ou de fleurs qui aurait pu laisser ce genre de résidu sur l’écorce des arbres. Il fit la moue, déposant un peu de sa trouvaille dans quelques récipients transparents. Il l’observa encore et encore, exposant sa trouvaille à la lumière, à la chaleur et à l’humidité. Il observa encore et encore, les précipités, les transformations et même l’absence de changement, jusqu’à ce que toute ses images s’imprègnent en son esprit et que la lassitude ne le gagne, alors il quitta le laboratoire à demi-éclairé pour rendre parmi les rayonnages.

Il lui fallait trouver un livre, quelques choses.