Levenez · Ted, Madig, Louarn, Findias

-Ted-

Ils grandissaient vite, ses fils. C'était, il pense, un développement normal : Il avait lu tellement de livres maintenant sur l'évolution des enfants qu'il savait exactement quoi attendre, et quand. Il y avait eu, d'abord, la période néonatale, la plus compliquée. Ses trois enfants avaient gardé les yeux fermés, dormant la majorité du temps et lui avait pu se reposer auprès d'eux. Il avait évidemment surveillé les reflexes de chacun, mais rien n'avait été à signaler. Ils avaient été, alors, parfaits : à quatorze jours tout piles, leurs yeux s'étaient ouverts et ils avaient commencé doucement à explorer. Leurs explorations maladroites, alors que leurs pattes n'étaient pas encore tout à fait sous leur contrôle, avait été adorable mais aussi une source nouvelle de stress. Ted avait eu du mal, à les voir s'éloigner de plus en plus. Après tout, il lui semblait qu'il les avait si peu portés, qu'ils étaient encore si fragiles qu'il avait du lutter contre l'envie de les garder auprès de lui encore un peu.

Alors à la place, il avait surveillé. Un retard de développement pouvait indiquer une action nouvelle de la malédiction, et il se faisait un devoir de le détecter le plus tôt possible. Le plus difficile avait été aux alentours du 21ème jours, lorsque le réflexe de sursaut s'était laissé désiré. Ted avait immédiatement pris peur : étaient-ils nés sourds ? Malentendants ? Il avait à peine eu le temps de quémander des livres sur la langue des signes que quelques jours plus tard, ses trois fils répondaient à leur prénoms.
Ils grandissaient vite, leurs fils.

Les explorations avaient continuées, et Ted avait appris à lâcher prise petit à petit avec l'aide de son compagnon. Dans le calme du refuge, ils passaient leur temps à faire découvrir peu à peu les couleurs, odeurs, animaux et plantes aux petits louveteaux encore gauches sur leurs quatre pattes mais bien décidés à explorer tout autour d'eux. Leurs bagarres avaient été remarquablement calmes, pour le plus grand plaisir de Ted qui avaient participé à leur apprentissage premier d'inhibition de la morsure, et à présent qu'ils étaient plus grands, tout lui paraissait plus facile. Il avait hâte, que leurs premiers mots se transforment en phrases complètes, que ce qu'il voyait déjà transparaître de leur personnalité se change petit à petit en personnes entières, plutôt que simplement ses trois fils qu'il aimait à en mourir. Parfois, cette idée là le terrifiait, celle qu'il puisse les perdre maintenant, et il devait se relever dans la nuit pour remettre en place les insignes données par Ao et nouées autour du cou des trois enfants pour pouvoir se rendormir. A part cela, la vie était douce.

Ce jour là, Lùgh avait emmené les Théos en ballade non loin, permettant à Ted d'avancer un peu sur son projet de kioske. Ce dernier avait été mis en stand-bye, mais maintenant que ses enfants grandissaient et commençaient à comprendre les contes, il s'était fait un point d'honneur d'en consigner le plus possible dans des recueils. C'était d'ailleurs ce qu'il terminait de faire lorsque le soleil commençaient à décliner, et que sa famille revient de sa petite excursion. Il repousse avec soin le livre encore ouvert pour que l'encre sèche, avant de sourire à son compagnon et les trois petits loups :


Il ne peut pas s'arrêter de sourire, les regardant tous revenir dans le soleil couchant qui illuminait leur pelage d'un brin d'or. Parfois, Ted se demandait pourquoi les loups étaient avides de trésors alors que cet or là était le plus précieux du monde.

-Théophane Louarn-

Louarn aimait bien le soir. Le soir, le soleil était beau et tout était comme embrasé. Le soir, les oiseaux chantaient comme si ils voulaient rattraper la journée. Et puis, le soir voulait dire aller dormir et écouter une nouvelle histoire.
Il aimait bien les histoires, Louarn.

Alors, lorsque Tad les apelle pour aller dormir, Louarn se redresse un peu vite et retombe sur son popotin. Il se redresse, se secoue un peu pour être propose dans la tanière, et suit le mouvement, petite queue dressée en l'air.
Il avait hâte de l'histoire.


Oui.

-Ted-

Alors que Ted regarde sa petite famille s'installer autour de lui, son mari non loin et ses trois fils en rond, il mesure encore un peu la chance de ce chamboulement. Une chance qu'ils avaient volé, il lui semble : pourtant, alors que leur pelage brillait de ce bleu protecteur, Ted s'autorisait à un peu de répit. Demain, peut-être, il irait voir Onyx pour lui parler de son amulette. Mais ce soir, il tourne doucement les pages pour s'assurer que l'encre soit bien sèche avant de revenir à la première page de son histoire. Et dans le silence qui s'installe, ouaté, Ted prend doucement la place qu'il avait toujours voulu avoir sans pour autant se l'avouer : celle du conteur.

Diamants et crapauds

Le titre était annoncé, et pour appuyer l'histoire, le père soulève le livre pour le tourner vers les enfants. Sur la première page du conte, le titre orné de pierres brillantes et d'un crapaux côtoyait une sceynette représentant une louve aux côtés d'un puits d'où elle venait visiblement de tirer de l'eau, crachant avec une surprise immense des pierres précieuses. Devant elle, un petit être aux ailes luisante bien reconnaissable : une fées. Ted le montre longuement à ses trois enfants (et à Lùgh) avant de reprendre le livre et de commencer la lecture.


Il se tait, le temps d'une page qui se tourne et d'une nouvelle image, représentant la jeune Lunae et son seau, épuisée mais tirant l'eau à travers la forêt. Ted laisse également la place aux éventuelles questions, s'il devait y en avoir.

-Théophane Louarn-

Papa Ted commence, et immédiatement, Louarn avait des questions. D'abord, comment est-ce que les deux filles avaient une seule maman ? Est-ce que seulement les mamans donnaient des filles ? Et puis, il ne comprenait pas pourquoi seulement Lunae devait partir chercher de l'eau, et puis surtout, il la trouvait un peu bête, de pas râler. Lui, il aurait refusé que ses frères et bah il lui fasse tout faire.
C'était pas juste. Voilà ce que c'était !
Et lui, et bah il voulait le dire, à son papa.


Sa petite mine est froncée, autant par la réflexion que par l'indignation.

-Ted-

Les commentaires de ses enfants interrompent l'histoire, mais le père sait que les réponses à leurs questions viendront après. Calmement, il tourne une page du livre de conte avant de reprendre l'histoire, approchant son museau pour mieux pouvoir lire.

Un jour particulièrement difficile, où le soleil brillait fort dans le ciel, Lunae avait fait le trajet jusqu'au puits. Elle avait du s'arrêter quelques fois, à cause de la chaleur, mais y était enfin arrivée. Lorsqu'elle s'approcha, elle aperçut au bord du puits une très vieille louve qui avait l'air malade. Celle-ci lui dit :

"Ma chère enfant, je suis vieille et j'ai très soif mais je n'arrive plus à ttirer l'eau du puits. Peux-tu le faire à ma place ?"

Lunae, malgré sa fatigue et la chaleur qui l'accablait, accepta de bon coeur. Elle tira le seau et fit boire la vieille louve sans rechigner. Une fois que celle-ci eu terminé, elle se redressa et soudain, se transforma ! Elle était en réalité une fée, et lui dit ces mots :

"Mon enfant, tu as le coeur pur, et tu m'as aidée sans rien attendre en retour. Pour cela, je te donne ma bénédiction : à chaque fois que tu parleras, des diamants, des perles et des bijoux sortiront de ta gueule !"

Lunae voulut répondre, étonnée, mais alors que les premiers mots échappaient ses lèvres, un diamant roula sous sa langue. La bénédiction avait belle et bien fonctionnée.


Il termina la page de lecture, et souleva le manuscript pour montrer, une fois encore, l'imgae allant avec l'histoire. Sur celle-ci, la jeune louve se trouvait en face d'une figure éthérée baignée d'une lumière chaude, à côté du puits. La louve montrait un visage étonné, alors que sur sa langue, un cristal bleuté brillait.

-Théophane Louarn-

Oh !! Elle avait été gentille, alors la fées lui avait offert un super pouvoir, qui allait pouvoir la rendre beeeelle comme une princesse ! Et puis, et puis il aimait bien cette idée-là, que parler, et bah ça faisait des richesses. Il s'imaginait facilement le flot de diamants tomber de ses babines, et qu'elle serait belle, la louve, oui, il l'aimait bien, et peut-être qu'il en était un peu amoureux.

Mais Madig, il vient tout gâcher. Louarn retrouve ses babines :


Un peu comme quand il s'amusait à mettre sa langue entre ses crocs et souffler très fort, même que ça énervait beaucoup Findias mais ça faisait des tas d'étoiles projetées partout, ça, mais tout le temps !

-Ted-

Visiblement, cracher des diamants n'était pas forcément une bénédiction pour ses fils. Le grand loup interrompt son histoires, penchant une oreille pour écouter les remarques. Patient, il prend le temps de répondre aux questions :


Calmement, il tourne la page pour montrer un deuxième dessin. Sur celui-ci, Lunae se trouvait de nouveau chez elle, devant une mère et une soeur étonnées et émerveillées. Des diamants, perles, fleurs roulaient au sol devant une Lunae qui expliquait la situation à sa famille. Des diamants et pierres précieuses étaient ramassées par les deux louves, cupides. Ted continue l'histoire avec son ton calme de conteur :

Lorsque Lunae arrive de nouveau chez elle, elle du expliquer son retard à sa famille. Son histoire produisit une cascade de diamants, de fleurs et de joyaux devant sa mère et sa soeur émerveillées. La mère lui dit : "Que vois-je là ! Des merveilles, des trésors sortant de ta bouche ; Que t'es-t'il arrivé ?"

Lunae raconta toute l'histoire, et sa mère pensa immédiatement à Hélissa. Elle se tourne vers elle : "Ma fille, ne serait-ce pas merveilleux si tu avais toi aussi ce don ? Allons, va à la fontaine, et dès qu'une vieille femme te demande de l'eau, donne lui !
- Moi ? A la fontaine ? Et puis quoi encore ? Répondis l'aînée.
- Allez, va, sans discuter !"

Et la mère l'envoie à la suite de sa cadette chercher de l'eau.