I've seen Hell rise [Libre]

Aconit

Aconit n'allait jamais bien loin de la Sylve, gravitant dans les zones qui n'étaient pas encore infectées et les territoires alentours. Où pouvait-elle aller d'autres après tout ? Son frère, par leurs existences partagées, l'enchaînait aux lieux de leur enfance, au royaume que leur mère leur avait offert, sans qu'elle ne puisse véritablement y échapper. Petit à petit, Aconit s'effaçait en faveur d'Asaravos, simple présence retraçant leurs frontières en attente de son retour. Elle aurait aimé, parfois, ne plus avoir à changer, de lui laisser la place complète pour ne plus avoir à graviter dans son ombre.
Depuis la mort de leur mère, Aconit avait presque cessé de vivre, son esprit embrumé dans une sorte de flou, ceci accentué avec sa vue qui avait baissé à cause de quelque que chose que Asaravos avait fait sans qu'elle ne sache quoi. Elle n'avait jamais vraiment fait attention aux progrès de Neisseria. Et pourtant...

Sa réalisation se fit peut-être lorsque la louve blanche pensa à Sadja. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu, depuis qu'il était parti avec sa soeur à l'instant même où ils avaient du apprendre la mort de leur mère, sans doute à raison. Par conséquent, ils avaient perdu leur place au domaine des démons, jamais il ne fallait qu'ils reviennent.
Nour ne ferait sans doute pas cette erreur, même si c'était le cas, tristement, Aconit n'accordait pas tant d'importance à son sort, leur cousine ayant laissé une certaine antipathie à son égard au sein de sa fratrie. Sadja cependant avait grandi ici, il pourrait vouloir revenir, au moins une fois. Ils le tueraient. C'est ce que lui hurlait son instinct lui hurlait. Ils le tueraient, parce qu'ils le connaissaient justement et qu'il était parti. Ils le tueraient, juste pour voir l'effet que ça ferait. Ils le tueraient parce qu'il avait eu l'attention et la protection de leur mère sans qu'ils n'aient pu protester. Ils le tueraient parce qu'ils en auraient la capacité tout simplement.
Sadja avait parlé de l'atoll.

Aconit ne connaissait rien des territoires côtiers, encore moins des territoires du Sud et son temps extrêmement limité ne lui permettait pas d'y aller ainsi à l'aveugle. Là où elle irait, la blanche emportait son frère avec elle, partout où elle se rendrait serait un risque qu'Asaravos le découvre et s'y intéresse, ce serait comme emmené les démons directement au cœur des loups. Elle pouvait encore moins prendre le risque de leur faire découvrir l'Atoll si Sadja s'y trouvait. Il fallait... qu'elle soit méthodique et maligne. Il fallait aussi qu'elle soit rapide.
Alors Aconit court, droit vers le sud. Elle doit couvrir un maximum de distance, se renseigner un maximum et essayer d'éloigner son frère, par extension sa sœur et le reste de sa famille de ce qu'elle apprenait. Elle ne sait même pas pourquoi elle veut sauver Sadja, le prévenir. Peut-être serait-il plus en sécurité si elle ne faisait rien, sans doute. Il n'était pas bête, il saurait très vite comprendre qu'une situation était dangereuse mais...
Peut-être qu'au fond, c'était elle-même qu'Aconit tentait de sauver.

Onyx aime se perdre sur un chemin qu’elle connait par coeur.
Disons plutôt qu’elle erre, qu’elle disgresse d’une seule mission qu’est celle de se rendre au temple d’Ao, laisser une offrande, et regagner le Refuge.
Elle reste un peu aventureuse, dans l’âme, et n’a pas peur d’une nuit passée à la belle étoile dans un endroit qui n’est pas vraiment fait pour ça. La licorne prend le temps de vivre, tout simplement. Il n’y a pas de routine qu’elle doit suivre scrupuleusement.

Elle profite et s’offre l’occasion d’être encore surprise : Ca fait un moment qu’elle n’a pas fait de nouvelles rencontres et c’est quelque chose qu’Onyx regrette.
Il y a quelque chose de rafraichissant, dans le fait de partager quelques banalités avec un parfait inconnu… et peut-être s’en faire un ami ?
Comme ça avait été le cas avec Séléné, en fait. Ce qui est drole, c’est qu’elle l’a rencontrée à cet endroit même, alors qu’elle se recueillait sur la tombe d’Isrâ.

Oh, elle pourrait p’tet en profiter pour en retirer les mauvaises herbes. C’est quelque chose qu’elle passe faire, de temps en temps.
Elle ne l’oublie pas, malgré les années.

Alors qu’elle se dirige d’un bon pas vers la petite stèle blanche, elle repère une silhouette toute aussi éclatante.
Une louve se presse, l’air perdue dans ses pensées.

- Hey ! ‘Besoin d’aide ?

Aconit

On l'interpelle et on l'arrête.
C'est sur une petite louve brune à la carrure quand même un peu large que les yeux rubis cachés derrière des verres noirs s'arrêtent. Elle n'est pas jeune, plusieurs indications physique indiquent qu'elle serait même probablement assez âgée malgré l'énergie que l'inconnue semble dégagée. Plus que ça, il y a comme une odeur qui interpelle Aconit, ou plutôt une sensation. C'était comme si la louve portait avec elle un petit morceaux de la Sylve, de celle encore vivante, de celle qui n'as pas encore été gangrenée par sa famille. La corne lui rappelle quand à elle presque les Kirins et Aconit comprend que plus que cette impression de Sylve, c'était le type de magie qui y était lié que cette louve devait porter et par conséquent, l'inconnue était ce genre d'individu auquel toute sa famille, par nature, se retrouvait opposée.
Aconit recula d'un pas, les oreilles en arrière.
Merde.
Ni Asaravos ni Neisseria devait prendre conscience de l'existence de ce genre d'individu. Et c'était pour cela qu'elle devait encore moins perdre de temps.

« Bonjour. L'Atoll, vous seriez où ça se trouve ? Et s'il y a des loups qui s'y sont installés récemment? »

Sa queue s'agite, Aconit devient nerveuse. Aller, vite, vite, vite, moins elle restait en contact avec cette louve, moins il y aurait de chance qu'elle change avec son frère en sa présence et plus elle en aurait de s'éloigner.

L’inconnue est agitée et pressée.
Onyx ne comprend pas vraiment ce geste de recul, qu’elle a, face à elle. Mais soit, si elle ne va pas bien, c’est pas vraiment surprenant que toutes ses réactions ne s’expliquent pas.
Elle parle de l’Atoll et son coeur se serre : C’est là que vivait sa p’tite Mimi, avec son mari et leur fille. Pourtant, lorsque la licorne a voulu y retourner, elle n’a rien trouvé d’autre que la paillotte vide, des affaires abandonnées ça et là…
C’est comme si ils étaient partis dans la précipitation.

- Oui, bien sûr ! Ca fait un moment, que je n’suis pas allée là bas… La dernière fois, j’espérais trouver une amie, Miraj. Mais elle a juste disparu, avec son mari et leur fille… Je n’sais pas si quelqu’un d’autre est revenu depuis.
Enfin, je peux toujours t’y emmener.

Il se passe quand même des trucs bizarres, sur cette putain d’île.

- Tu cherches quelqu’un en particulier ?

Au fond, elle a l’espoir que la jeune louve connaisse un membre de la famille de Miraj.

Aconit

« Non surtout pas ! »

Elle ne doit l'accompagner nul part ! Le pas reculé, elle l'a avancé à nouveau dans cette crainte soudaine alors que ses mandibules ont claqué dans un avertissement. Aconit laisse quelques secondes en suspens, le cœur battant avant de réussir à reprendre un peu plus de calme.

« Ça va peut-être vous paraître étrange mais nous devons nous côtoyer le moins longtemps possible, vous seriez en danger. »

Ce n'était que sa parole et Aconit savait à quel point la sincérité n'était pas vraiment le fort des démons, bien que sa mère disait ne jamais mentir. La louve blanche ignorait l'image qu'elle renvoyait, si elle paraissait véritablement convaincante mais cette vérité... il était important qu'elle soit accepté.

« Je ne suis pas sûre mais je crois que je recherche son fils à cette Miraj. » Mais sa mère ne l'appelait pas comme ça. Les éléments collaient pourtant, ses parents vivaient à l'Atoll, autrefois, Nour aussi.
Ses yeux rubis se relève vers la louve brune, une idée lui vient, peut-être un peu folle mais définitivement moins risqué pour tout le monde.
« Il disait vouloir retourner vivre là bas avec sa sœur. Si vous connaissez l'Atoll, accepteriez vous d'aller lui transmettre un message ? »

La vieille louve hausse les sourcils, surprise un moment, mais en fait, pas tant.
Ca fait longtemps, qu’elle vit, et ça fait longtemps qu’elle voit des bizarreries. Alors elle la croit, cette louve grise et aux mandibules menaçantes, quand elle lui dit qu’elle est en danger (Et qu’en est-il d’elle ?). Il y a quelques chose d’opaque qui plane sur elle.
Onyx les sent, ces choses là, maintenant.

Elle hoche la tête et ne pose pas plus de questions.

- Pas de problèmes. Je t’écoute.

Jusqu’à son dernier souffle, elle semble avoir pour mission de veiller sur cette famille.

Aconit

La louve accepte alors Aconit peut lui confier cette ultime mission qu'elle s'est accordée, ainsi elle n'aurait pas à risquer de ramener Asaravos là où il ne devait à aller, à faire entrer les démons au milieu du paradis.

« Il s'appelle Sadja, son pelage est bleu sombre et beige, il a les yeux très clairs en contraste. »

Ainsi l'inconnue le retrouverait plus facilement avec une description.

« Dites lui... de ne jamais revenir à Sylve, peu importe ses raisons. Ils le tueraient. »

C'était un instinct plus fort que tout qui pouvait le confirmer. Peut-être, sans qu'elle ne se rende compte, les pensées de sin frère atteignaient son esprit par leur lien partagé, suffisamment pour qu'elle ait conscience de ses intentions. Plus probablement, elle commençaient à comprendre celles générales de sa fratrie dans les yeux de Neisseria. Aconit se rendait compte peu à peu, qu'au final, c'était ce genre de dessein que leur mère les avait destiné. Les raisons de leur isolement, n'est-ce pas pour qu'ils ne s'attachent pas trop au monde?
Les yeux rubis et or de la louve blanche se relevèrent sur la brune. Ses oreilles se baissent, Aconit était terriblement désolée de ce qui était en train de se passer, de ce à quoi elle assistait, pour l'instant, encore qu'en tant que simple spectatrice.

« Vous nous plus, n'y allez pas. Vous subiriez le même sort. »

Comment ça, ils ?
Elle a pourtant l’intuition que le moment n’est pas aux questions. L’occasion d’en apprendre davantage se présentera sûrement, déjà par ce qu’il faudra bien qu’elle protège les siens, ceux qui vivent encore paisiblement au Refuge. Et pour ça, il faudra qu’elle ai connaissance de ce qu’ils risquent, précisément.
C’est sûrement moins pire qu’une entité Chaotique, ou qu’un Dragon bleu… Ou peut-être pas.

- Ok, c’est promis.

Onyx déglutit.
Il y a quelque chose, chez cette louve blanche, qui la touche aussi. Elle est empathique et ne peut pas fermer les yeux sur son air désolé.

- Tu sais, j’ai vu des choses folles, que tu peux pas imaginer dans ma longue vie. Si toi, t’as besoin d’aide : Viens au refuge, demande Onyx. Tu n’es pas seule.

Elle sait ce qui arrive à ceux qui ont cessé d’espérer.
Cette jeune fille doit avoir l’âge de ses enfants, à quelque chose près : Elle ne peut pas la laisser comme ça.

Aconit

« Je ne suis pas seule, non. » Mais pas de la façon dont se l'imaginait cette louve, Aconit en avait bien conscience. Son regard s'assombrit. « C'est pour cela qu'il est sans doute préférable que je n'aille pas non plus à ce « Refuge ». »

Que cette louve – Onyx donc ? - ne s'offusque pas de ne pas la voir arriver là où elle lui propose de l'inviter. Et puis... si Aconit avertissait les autres du danger qui les attendait à la Sylve, elle ne pouvait pas non plus envoyer sa fratrie en pâture, de risquer de leur amener plus fort qu'eux et qui ne s'incommoderait d'avoir si proche de chez soit ce petit bout de noirceur.

« Je ne devrais pas rester plus longtemps. »

La louve blanche commença à tourner les talons.

« Merci de prendre le relais pour ce message à transmettre. »