Ta douleur [Libre]

Invité

Défi:

"Qu'est-ce qu'elle veut cette conasse
Le beurre ou l'argent du beurre
Que tu vives ou que tu meurs ?"
Camille

Ce n'était pas la première fois que Katherine foulait ce sable chaud. En effet, la femelle avait déjà visité ce désert à l'époque où elle n'était qu'une louvette. Toutefois, aujourd'hui, les choses étaient bien différentes : la Blonde n'avait pas l'envie de s'amuser. Peut-être était-ce parce-qu'elle n'avait plus son âme d'enfant. Ou bien parce-qu'elle était en pleine insolation. Étrangement, la Tatouée aurait bien penché pour la seconde option.

Elle ignorait complétement comment et pourquoi elle était venue ici. Mais qu'elle que fut l'idée qui ait pu la mener jusque-là, elle s'apercevait maintenant à quelle point elle était idiote. L'idée, mais sa propre personne également. A bout de force, la frêle rosée s'étala en haut d'une dune, le museau en avant.

Elle n'avait pas le courage. Elle ne ferait qu'une toute petite pause, et ensuite, elle repartirait. Oui, c'est ce qu'elle se disait, alors que les vautours commençaient à planer au-dessus d'elle. La Solitaire avait envie de leur hurler qu'elle n'était pas blessée, qu'elle allait vite repartir. Si seulement elle l'avait pu. A la place, elle leva un regard blasé vers le groupe de volatiles, et lâcha un soupir qui fit voleter quelques grains de sable.
Doucement, ses paupières commencèrent à glisser. Elle avait chaud, beaucoup trop chaud. Et pourtant, ça semblait l'apaiser, la fatiguer.

La dernière fois, bien qu'elle fut bien plus en forme, elle avait failli frôler la mort. Les araignées, elle s'en souviendrait toute sa vie ! Et du chevalier qui l'avait sauvée, également.
Tarik. Ah, il était brave. Si seulement il pouvait débarquer, là, maintenant, tout de suite.
Il lui avait pourtant dit qu'elle devrait un jour savoir se débrouiller seul. D'ailleurs, ne lui avait-il pas donné un conseil, au cas où, par folie, elle serait perdue dans le désert ?
Mais si. Bien sûr. Ce mâle était prévoyant. A croire qu'il la connaissait bien alors que leur chemin ne s'était croisé qu'une fois. Une petit rire s'échappa de la gueule de la louvarde. A croire que, lui, l'avait déjà observé. Peut-être qu'il avait déjà suivi cette jeune inconsciente, qu'il l'espionnait. Et qu'il s'était senti obligé d'intervenir ce jour-là, alors qu'il n'y avait personne d'autre aux alentours.
Peut-être était-il là, aujourd'hui encore, en train de l'observer.

Kat ouvrit prestement les paupières. La première chose qu'elle vit fut un de ces foutus charognards qui s'était posé à ses côtés. Il vit qu'elle n'était pas morte et bien réveillée, mais n'eut pas le temps de s'envoler. La Solitaire abattit lourdement une de ces pattes sur son cou nu. Apeuré, celui-ci lâcha un cri, qui sonna comme un défi aux yeux de la Tatouée. Pourtant, il ne pouvait pas s'échapper. Encore un individu à l'égo sur-dimensionné, qui défiait encore la Mort alors que celle-ci s'apprêtait à effectuer sa funeste action.

Mais il semblait à la femelle qu'elle avait retrouvé son âme d'enfant. Levant le museau, elle vit que les congénères de son prisonnier était encore là, formant un cercle qui noircissait le ciel. "Hé, les mecs ! Vous voyez votre copain ? Bah ce n'est pas la peine de l'attendre ! Et prenez-en de la graine !"

Oh non, la louvarde n'allait pas se contenter d'abattre sa proie. Elle allait jouer un peu. Elle allait le torturer. Et sous les yeux de ses petits amis.
La rosée se redressa, prenant soin de garder son antérieur sur le cou du pauvre volatile. Comme elle prenait appui, celui-ci commença à se sentir étouffé, et ses cris se transformèrent en un souffle étrange. Mais une fois sur ses quatre appuis, la Blonde prit garde de ne pas mettre fin à ses jours de la sorte.

Il commença à se débattre. Enfin, ce pauvre fou réalisait la situation dans laquelle il se trouvait. Enfin, il commençait à ressentir la peur.

Doucement, l'être lupin approcha son museau du corps emplumé, veillant à ne pas recevoir un coup de bec ou de griffe. Puis, elle prit une de ses plumes entre les crocs et la tira d'un cou sec.

Les cris redoublèrent d'intensité. Aucun autre oiseau ne semblait vouloir venir en aide à celui-ci. Mais pourtant, ils tournaient toujours...

La femelle se fit une joie d'arracher le plumage de l'animal. L'ivresse la gagna, et son geste devant de plus en plus vif, de moins en moins précis. Le travail fut vite terminé, et l'oiseau se retrouva complétement nu.

Mais Katherine n'était pas encore satisfaite. Elle ne connaissait pas grand chose aux oiseaux, mais savait que c'était ses ailes qui leur permettait de voler. Certes, maintenant qu'il était déplumé, il y avait peu de chances que celui-là regagne les cieux. Mais savait-on jamais. D'un coup de croc, elle brisa les os qui constituait l'aile droite puis la gauche. Enfin, elle relâcha la bête. Maladroitement, celle-ci se redressa, chuta, puis se releva de nouveau pour se mettre à courir d'un air balourd. La louvarde s'était assuré la victoire, mais elle pourrait tout de même faire mine de chasser la pauvre créature. Elle trottina à sa suite. Ne se lassant pas de son petit jeu, celui-ci dura un moment. Le soleil, qui était à son zénith alors que la Tatouée s'était affalée dans le sable, commençait à décliner.

Mais au bout de plusieurs heures de courses à hurler, la proie finit par décéder. Toutefois, la Blonde ne s'en était même pas aperçu. Son regard, s'élevant sur l'horizon, avait rencontré une image qui lui paraissait bien plus satisfaisante que celle de la viande du charognard.

De l'eau. Il ne s'agissait pas d'une immense étendue, mais c'était déjà ça. A son abord, il y avait plus de sable mouillé que de végétation. Mais la rosée saurait s'en contenter. D'un geste vif, elle balança le cadavre sur son dos, avant de courir, la langue au vent, vers son nouvel objectif. Là, elle ne se contenta pas de laper gentiment. Elle plongea sa gueule dans l'eau. C'était juste assez profond pour qu'elle puisse y mettre sa tête en entier. Ouvrant la gueule, elle laissa des bulles d'air s'échapper vers la surface. Mourir noyée paraissait être une belle mort dans cet endroit. Mais la femelle se reprit bien vite, et une fois que son front avait repris une température convenable, la Solitaire se mit à boire à grandes gorgées.

Il lui semblait avoir retrouvé toute sa tête. Maintenant, elle regrettait même d'avoir fait enduré un telle souffrance à l'animal qu'elle transportait. Mais bon, au moins, elle aurait de quoi reprendre des forces avant de se mettre en chemin.

C'est donc au bord de l'eau que Katherine savoura son repas. Enfin, elle but de nouveau, pris soin de se tremper les cheveux afin de conserver un peu de fraicheur.

Qu'avait dit Tarik ? Ah oui : l'après-midi, le soleil doit être à ta gauche. La femelle se positionna donc de la sorte. Mais il lui semblait qu'elle allait devoir se dépêcher : la nuit n'allait pas tarder, et elle n'aurait d'autre choix que de passer la nuit dans ce désert.

Alors qu'elle reprenait sa route, elle entendit des oiseaux se poser à sa suite. Il semblait que nettoyer les ossements de leur congénère ne gênait pas les vautours.

Sujet: Re: Ta douleur [Libre] Mar 15 Sep 2015, 14:27

C’était bien le dernier endroit où Tarik pensait retrouver une vieille connaissance. Pas si vieille que ça mais c’était tout comme, le passé restait un lointain souvenir à chaque fois pour le mâle gris.

Il se baladait de nouveau le long de ces dunes où le sable brûlait ses coussinets, et où le soleil tapait sur le système. Vu son âge avancé, le lupin décida de ne pas s’aventurer en pleine journée dans ces terres arides et s’arrêta donc à ses abords le temps que l’astre du jour décline un peu. Une journée qui lui paraissait bien longue après cet hiver sans fin. Les crissements familiers des bestioles à huit pattes retentissaient de temps à autres puis les vautours. Des cris plutôt ténus mais le silence et la chaleur les faisaient vibrer loin. Pour un peu il entendait des jappements mais se disant que ce n’était qu’une hallucination auditive, le solitaire passa le sujet.

Observant à l’ombre d’un grand arbre, Tar’ se décida enfin à s’aventurer dans l’hostilité de l’erg. Profitant ainsi des dernières lueurs du jour. Sa silhouette déambulait comme un squelette décharné sur la cime des montagnes sablonneuses. Il n’avait pas de but précis et vagabondait comme s’il s’attendait à quelque chose.
Rien.
Le vide absolu.
Restait les bruits vagues de battements d’ailes. Intérieurement, le vieux se disait qu’un pauvre animal avait trouvé la mort. Sûrement de déshydratation. Assurément. Mais les teintes rosées, qu’il percevait de ses yeux fatigués, le firent s’arrêter un moment. La louve n’était pas assez proche mais il reconnaîtrait cette tignasse blonde si peu commune. Tarik ne retint pas un sourire puis se laissa aller vers le bas de la pente. Cette fois-ci, il ne devrait pas la sauver ni même la porter. En était-il seulement encore capable ? Une fois à bonne hauteur, il lança avec son visage presque inexpressif :

« Salut petite ! Je vais finir par croire qu’on en se rencontre que dans ce désert. »

Son corps avait tant changé, fin et élancé. Malgré le nombre de jeunes qu’il avait pu voir, le mâle s’étonnait encore des transformations de ces derniers. L’imaginer n’était pas franchement aisé, en fait pour le loup anthracite, c’était totalement abstrait. Mais il regrettait toujours leur innocence, comme il regrettait la sienne.
S’avançant comme il le pouvait, il observait de ses yeux d’émeraude le chenille qui avait mué en papillon, une pointe de paternalisme ponctuant son regard.

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Alors que le mâle gris avait glissé vers elle, Katherine avait laissé échapper un sourire. A croire que tout cela était orchestré. Sans déconner, quelle était la probabilité pour que les deux seules fois où elle croise ce mec, ce soit dans ce désert ? La blonde commençait à se demander si son aîné ne s'y était pas établi. Après tout, peut-être que ça lui plaisait de sauver les louvettes inconscientes qui s'aventuraient dans le coin.

Mais, au vu de sa salutation, le solitaire à la tignasse brune avait remarqué la singularité de la situation. Donc, lui non plus ne devait pas être habitué à fréquenter ces lieux.

Pourtant, la femelle trouvait que ce décors lui correspondait bien. Il avait quelque-chose qui le faisait ressembler à une âme errante, perdue. Et quoi de mieux que cet endroit délaissé pour se perdre, et perdre le peu de raison qu'il vous reste ?

Enfin, le percé semblait encore avoir toute sa tête.

La louvarde fut à la fois étonnée et impressionnée en se rendant compte que, maintenant, elle arrivait à l'échine de Tarik. Toutefois, il restait bien plus grand qu'elle. La femelle se demanda si sa croissance était terminée : elle paraissait encore petite comparée aux autres de son âge.

Continuant son chemin, la Solitaire se trouva bien vite au côté du Chevalier qui était venu à son aide, il n'y avait pas si longtemps de cela.

"En même temps, tu connais beaucoup de loups assez fous pour traîner dans le coin ?"
Évidemment, sa voix avait changée. Elle était plus grave, presque caverneuse, et éraillée. A l'entendre, on aurait pu imaginer avoir à faire à quelqu'un de plus mûr.

Sujet: Re: Ta douleur [Libre] Jeu 17 Sep 2015, 21:18

Le changement physique se dessinait bien plus clairement lorsque les deux lupins se trouvèrent nez à nez. Enfin parlons plutôt de museau vu la circonstance. La voix changée perça le silence pesant des vagues sableuses. Tarik ne réprima pas un petit rire avant d’enchaîner :

« A part les solitaires à peine plus grand qu’une araignée ou bien les vieux croûton usés par la vie, personne. »

Non, il n’y avait pas grand monde qui adorait se fourrer dans le pétrin comme ça. La répartie de la jeune louve plaisait énormément au solitaire, loin de tous les soucis du monde autour d’eux. Le mâle continua sur un ton léger :

« Sauf que cette fois-ci je ne pourrais pas te porter avec autant de facilité que la fois précédente. »

Il admettait que son dos vieillissait mais il ne serait plus assez grand pour porter la frêle femelle, si gracile soit-elle. Tar’ posa un regard ‘affectueux’ sur les courbes nouvelles de sa protégée du désert. Ne sachant pas trop comment il devait agir avec cette dernière. Amical, mentor ou bien père ? C’était un mystère mais il aurait donné sa carcasse pour l’aider. Même s’ils ne se connaissaient pas tant que ça.

« Tu as bien changé Kat’. Même si je te préférais en tant que petite louvette impressionnable, maintenant je ressemble plus à un grand père à tes côtés. »

Entre la nostalgie et la dérision, tout paraissait différent jusqu’aux grains de sable qui jadis l’horripilait. Il lui restait toujours sa taille pour en jeter même si ça ne suffisait certainement pas.
Le temps qu’il passait à se concentrer sur sa vue, il en oubliait presque de sentir. Une sorte de fragrance sanglante émanait de la petite rose. Instantanément Tarik craignait qu’elle ne soit blessé ou pire, une meurtrière comme lui l’avait été. Une triste constatation qui lui prit la gorge et stoppa cette demi-hilarité du moment. Même si un louveteau était le plus pur possible, un jour venait le temps où le sang faisait parti du quotidien. Au vu de ses pensées, le solitaire s’arrêta pour demander :

« Que fais-tu par ici sinon ? »

Il se doutait que ce n’était pas que pour le fun de se pommer et de se faire attaquer par des monstres.

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La réponse de Tarik chiffonna un peu Katherine. Elle avait bien compris qu'il faisait référence à leur deux personnes, mais elle ne pouvait pas le considérer comme un "vieux croûton". A ses yeux, il était toujours le mâle qu'elle avait admiré le temps d'une journée, celui qui lui avait sauvé la vie. D'accord, il n'était pas le seul, il faut dire que la blondinette avait le don pour se mettre dans le pétrin. Mais tout de même, elle nourrissait un grand respect et une grande admiration à l'égard de ce mâle là. Et la promesse de l'aider en retour un jour tenait toujours.
Comme le gris enchaîna, elle ne se permit pas de lui signifier qu'il était loin d'être celui qu'il décrivait. Elle fit juste un geste de désapprobation de la tête, puis continua à l'écouter poliment.

La réplique suivante la fit rire. Le rire cristallin d'autrefois avait disparu, mais il n'en restait pas moins élégant. Elle n'avait pas hérité d'un rire d'otarie ou tout autre animal marin, c'était déjà ça. Le pire aurait été celui d'un adolescent en pleine mue.

Enfin, le Solitaire prit un ton plus sérieux. La femelle frissonna. Si Tarik posait un regard paternaliste sur elle, la Tatouée le voyait bien comme un mâle, un vrai. Encore heureux que les chaleurs n'étaient pas là, sinon la jeune femelle n'aurait pas su se contrôler, et se serait montrer plus amicale qu'il ne l'aurait fallu.
Et dans cette phrase qui se voulait bienveillante, la louvarde avait perçu comme un compliment. Comme s'il lui signifiait qu'elle n'était pas désagréable à regarder. Enfin, Monsieur recommençait à se prendre pour un papi, et ça ça commençait très sérieusement à l'agacer. Il avait encore de la testostérone à revendre nom des Dieux ! Alors qu'il arrête de s'apitoyer sur son sort, hein.

Enfin, la femelle eut à peine ouvert la gueule pour lui ronchonner dessus qu'il lui avait posé une question. D'ailleurs, le ton qu'il employait tranchait terriblement avec celui qu'il avait adopté précédemment. Le mâle n'avait pas l'air de se sentir dans son assiette, c'était assez étrange. Mais Katherine comptait bien remédier à cela. Une fois qu'elle aurait répondu, parce-que c'était plus poli quand même.

"Ce que je fais ici ? C'est une évidence : je te cherchais !"
Elle fit un clin d'œil au brun, puis reprit sur un air plus convaincant : "Sincèrement, je n'ai aucune idée de la façon dont je suis arrivée ici. Mais grâce à notre dernière rencontre, j'ai su retrouver le Nord !" La femelle esquissa un sourire. Elle se serait bien esclaffée, mais elle était toujours préoccupée par l'état de son aîné.

Avec toute l'empathie dont elle était possible, elle lui demanda : "Et toi ?" Elle ne savait pas bien quoi ajouter. Pourtant, elle aurait aimé ajouter que ça n'avait pas l'air d'aller bien fort, qu'elle se faisait du soucis pour lui, notamment parce-qu'il se prenait pour un petit vieux, et tout ça avec une pointe d'humeur si possible. Mais dans son regard, il n'y avait que l'inquiétude.

De plus, le soleil commençait vraiment à s'approcher dangereusement de l'horizon. Ils allaient devoir continuer leur conversation en marchant pour espérer quitter l'endroit avant la nuit, mais la Blonde n'osait pas trop intimer d'ordre à son aîné. Surtout pas à ce moment précis.

Sujet: Re: Ta douleur [Libre] Ven 18 Sep 2015, 11:22

L’agacement ne se lisait que trop bien sur le visage de la femelle. C’était amusant, le solitaire aurait parié l’entendre lui crier dessus mais elle se montra distinguée et ne le coupa pas. Ce devait bien être une des rares à lui vouer un respect quasi-mystique à son goût. Parfois le mâle aurait préféré la franchise, visiblement ce n’était pas près d’arriver. Contenant sagement ses idées en place, Tarik laissa un rire rauque et profond, bien que ténu, pour répondre à la blague de Kat’. Une sorte de pouffement si vous préférez.

« J’étais sûr que je te manquerai, alors je suis venu dans le seul endroit où je t’imaginais bien. »

Lança-t-il pour ajouter d’avantage à l’ironie du moment. Cependant, il appréciait le remerciement caché dans leurs nombreuses piques d’humour. Il hocha la tête tout en fermant ses yeux verts puis se replaça convenablement avant de reprendre. Le grand corps, mi-musclé mi-squelettique, posa son arrière train au sol puis d’une de ses grosses pattes, Tar’ fit mine de se gratter le menton.

« Venu admirer un couché de soleil dans un endroit tranquille ? »

En réalité, il n’avait pas plus de but que la dernière fois. Il errait bêtement entre deux zones, au hasard des rencontres bonnes ou mauvaises. Une vie de bohème qui lui convenait. Même si sa nature guerrière refaisait quelques fois surface.

Au moment où il pensait à tout cela, le regard dans le vague, le soleil atteignit le sol. L’astre flamboyant crachait des gerbes lumineuses de flamme, teintant le ciel de reflets dorés puis orangés pour finir par s’étendre face à une masse sombre. Les étoiles ne perçaient pas encore face à leur sœur si proche. Mais cette dernière s’enfonçait petite à petit, disparaissant délicatement dans une illusion d’optique.

Le lupin se demanda s’il était censé de rester en plein milieu de nulle part. Bien sûr, il ne se doutait pas que Kat’ trépignait de quitter le sable. Il proposa néanmoins :

« Tu veux qu’on parte d’ici ? »

[A la fin du premier paragraphe j'ai imaginé Tarik avec la voix de Jean Reno xD et en fait ça lui correspond tellement]

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Kat esquissa un sourire, assez heureuse que le Solitaire entre dans son jeu. Pour un peu, elle lui aurait donné un coup d'épaule, un air de dire "Tu es trop bête.", ou quelque-chose dans le genre. Et puis, elle avait réussi à le faire pouffer de rire, c'était déjà une bonne chose. Mais elle avait bien l'intention de revenir sur ce qui taraudait le mâle plus tard.

Lorsqu'il évoqua le coucher de soleil, elle ne sut pas très bien si c'était là une question qui lui était adressée, ou bien une réponse hésitante, une espèce de supposition. Visiblement, la louvarde n'était pas la seule à ignorer pourquoi elle était venu sur ces Terres.
Peut-être était-ce le Destin, ou bien les Dieux qui les avait réunis, qui sait ? Pour la seconde hypothèse, la femelle était plutôt sceptique : on ne pouvait pas dire qu'elle était une bonne pratiquante, et elle n'avait jamais rendu d'hommage d'aucune sorte aux Divinités. On pouvait même dire qu'elle était loin de les porter dans son cœur.
Alors, pourquoi mettre sur sa route une connaissance qui lui était si agréable ?

Enfin, Tarik eut la bonne idée de décamper. Faisant mine d'hésiter, la Tatouée minauda : "Je ne sais pas vraiment. Un jour, un grand mâle, courageux et fort, m'a dit qu'il ne valait mieux pas passer la nuit dans ce désert."

Tout en avançant vers le Nord, signifiant qu'elle comptait bien quitter l'endroit avant la nuit, elle se retourna vers son interlocuteur et marqua une pause. "Mais comment savoir s'il était de bon conseil ?"

La femelle adressa un clin d'œil à son aîné, avant de reprendre sa route en trottinant. Elle attendit qu'il se mette en route et soit à sa hauteur avant de revenir sur le sujet qui la taraudait.

"A part ça, tu vas bien ? Quand on commence à se considérer comme un papi, ce n'est pas vraiment bon signe."
Elle rit, histoire de faire passer un peu mieux la pilule. Comme si le gris n'allait pas comprendre qu'elle se faisait sérieusement du soucis pour lui.

Sujet: Re: Ta douleur [Libre] Jeu 15 Oct 2015, 15:55

Courageux et fort, c’était bien un rêve que de le prétendre. Mais Tarik ne laissa rien sortir, n’affichant que son sourire et sa voix rauque et posée rétorqua gentiment :

« Passer la nuit s’il n’y a pas d’autres solutions Kat’, mais pour le moment, nous avons les plaines à côté… »

Avant qu’il ne puisse finir, la jeune louve rosée passa plus en avant et continua sa route tout en lui adressant une remarque assez drôle.

« Va savoir, peut être ne l’était-il pas ? Mais tu dois être la seule à décider de la chose. »

Fit-il dans un pouffement tout en rattrapant la demoiselle. Il répondit à son clin d’œil par un sourire franc. Il adorait ce genre de personne mais le mâle se gardait bien de le clamer haut et fort. Ce n’était pas dans sa nature d’ailleurs.

« Je vais comme un loup de bientôt 12 ans, enfin tu verras quand tu arriveras à mon âge. »

Le grand loup donna un léger coup de son épaule musculeuse à sa comparse solitaire. Il espérait sincèrement qu’elle y arriverait elle aussi. La vie était chienne et la mort prête à vous attraper et elle ne vous lâche plus. Tar’ se demandait s’il y avait des pouvoirs que ces dieux puissent donner aux loups, des dons leur permettant de tenir plus longtemps. En l’état actuel, il ne l’aurait jamais choisi. Continuer une vie pareil et vivre avec des croyances auxquels il n’adhérait pas, très peu pour lui. Un peu dans la lune, il rentra involontairement en contact avec Kat’.

« Oh désolé, j’ai eu une absence. »

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Il n'y avait pas à s'interroger à ce sujet. Katherine avait une confiance aveugle en Tarik, tout comme en Jo, d'ailleurs. Ces deux mâles là avaient pour point commun d'avoir contribuer à la survie de la louvarde, et elle leur en serait extrêmement reconnaissante, et ce, tout au long de sa vie.
Bien qu'elle connaissait moins bien le Solitaire qui l'accompagnait, et pour cause, il ne s'agissait que de leur deuxième rencontre, elle l'avait déjà adopté. Elle ne pouvait pas prétendre être son amie, mais elle aurait adoré pouvoir le faire. Et c'est donc en amie qu'elle essayait de se comporter aujourd'hui, alors que le mâle semblait subir le papi blues.

"L'âge, c'est dans la tête mon grand ! Si toutes ces vieilles carnes dépérissent, c'est parce-que sous prétexte des années passant, elles cessent de chasser, de faire de l'exercice, de se mouvoir et vivent au crochet des autres ! De fait, elles n'entretiennent pas leur corps ! Et ouais, c'est quand on se pense vieux qu'on vieillit !"
La Blonde ignorait si elle s'exprimait très clairement, et elle adressa un regard à son compagnon. Mais celui-ci ne semblait pas vraiment avec elle, comme s'il ne l'entendait pas. La femelle commençait vraiment à se faire du mouron pour ce Solitaire. Encore un peu, et elle le ramènerait dans sa Tanière, à la Savane, histoire qu'il prenne un peu de repos en bonne compagnie.

A ce moment, il perdit très légèrement l'équilibre, venant doucement se heurter à la femelle. Il resta ainsi un très court instant, mais revint à lui et se redressa. Se faisant, il s'excusa. Cela interpela la jeune : "Tu n'as pas à t'excuser." Elle rougit en pensant qu'en fait, elle aurait aimé que ce contact dure plus longtemps. Mais elle ne se permettrait pas de l'avouer maintenant. Pour la simple et bonne raison que l'instant n'était pas à la sensiblerie, et qu'il fallait marcher, avancer. Une fois qu'ils se seraient dépétrés de tout ce sable, qui sait ? Mais ce n'était pas le lieu.

Et finalement, peut-être pas l'instant. Après tout, elle n'avait qu'un an. Comment peut-on savoir ce qu'on veut réellement, à cet âge ? N'est-on pas trop fleur bleue ? Ne s'attache-t-on pas trop vite ?

Cette fois, c'est elle qui se perdit dans ses pensées. Mais elle continua à avancer, tranquillement, sans s'emmêler les pattes. Son regard noisette se perdit sur l'horizon.

Il lui semblait qu'elle était heureuse, en cet instant. Mais pas une joie expansive, comme c'était le cas habituellement. Plutôt le genre de gaieté qui fait tout chaud à l'intérieure, et que l'on a envie de garder en soi pendant le temps, en stoppant le temps, par exemple.

Mais elle ne le pouvait pas. Elle ne pouvait que profiter de l'instant.

Sujet: Re: Ta douleur [Libre] Lun 02 Nov 2015, 18:36

Ils continuaient comme un vieux duo et bizarrement les tentatives de remontage de moral marchaient assez bien. Tarik appréciait la démarche en tout cas et se laissa faire tout en souriant. Le grand loup anthracite lança tout en rigolant doucement :

« Tu as peut être raison. Que deviendrai-je sans toi pour me récupérer ? Même si mes articulations te contredisent un peu, je suis prêt à te croire. »

Et intérieurement, le solitaire tentait de se faire un portrait robot des vieux selon Kat’. L’image était assez réaliste et claire, la louve rosée était peut être bien plus en avance que les autres de son âge, du moins lui n’avait jamais réfléchi comme ça. Il fallait dire que la mort était bien plus présente à l’époque.

Sans s’en rendre compte, Tar’ était passé devant de quelques pas. Ses yeux verts se dirigèrent vers la femelle blonde qui semblait à son tour perdue dans un brouillard invisible. Il en profita pour l’observer silencieusement. Sa respiration lente se faisait à peine entendre et son regard restait fixé sur le sujet rêveur. Le mâle finit par se rendre compte que ce n’était peut être pas approprié de la fixer aussi longtemps et détourna le museau. Délicatement, il laissa sa courte queue frôler le flan de la demoiselle puis s’éclairci la voix :

« A quoi rêves-tu jeune fille ? A ton prétendant ? »

Fit-il un brin de taquinerie teintant les sombres fréquences qui composaient ses paroles. Un regard en coin et un sourire amusé apparaissaient à travers l’épaisse crinière. Il fallait bien qu’il en parle un peu.

Invité

[Je suis navrée du temps de réponse, mes études sont très chronophages >.<]

La réponse de Tarik mit quelques temps à sortir Katherine de ses pensées et, par la même occasion, faire apparaître un sourire franc sur ses babines, dévoilant ses crocs. Enfin le Solitaire qu'elle connaissait refaisait surface, et ce vieux pépé au moral bas partait la queue entre les pattes. Il n'avait pas intérêt à revenir, celui-là, sinon la louvarde lui ferait sa fête ! Après tout, elle devait un service à son aîné, et elle n'était pas là de l'oublier. Mais, lorsqu'elle était enfin revenu au moment présent et avait relevé son regard vers le mâle, qui était maintenant passé devant, elle s'aperçut qu'il l'observait. Bien étrangement, d'ailleurs. Il avait l'air de réfléchir. Mais non plus à son propre cas, plutôt à celui de la blonde qui la suivait.

Les yeux noisettes n'eurent pas le temps de croiser le regard vert que celui-ci s'était déjà détourné, pour se tourner vers leur destination, encore trop loin pour être clairement distinguée. Il lui faisait quoi, là, exactement ? Ca ne ressemblait pas à de la nostalgie, cette fois. C'était autre chose. Quelque-chose que la jeunette ne parvenait pas à identifier. Heureusement, le silence fut rompu par une boutade. Mais la femelle ne parvint pas à rire. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Toutefois, ne voulant pas faire la rabat-joie, elle tenta de répliquer : "Pfff, n'importe quoi. Comme si j'avais le temps de me préoccuper de ces choses là ! J'ai des petits vieux à sortir du désert, moi !" Elle fit un clin d'œil à son camarade, histoire de poursuivre sur le ton espiègle qui rythmait leur conversation, puis se mit à courir. Ainsi, elle espérait lancer un espèce de jeu.
En réalité, elle voulait simplement éviter que le regard du mâle se pose de nouveau sur son visage, en le devançant. Pas de beaucoup, elle laissait tout de même la possibilité au Solitaire de la rattraper.

De toutes façons, elle n'avait pas envie de le fuir. Ni la force. Il lui semblait commençait à ressentir la fatigue, à force de fouler le sable et de s'enfoncer dans les dunes.

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