Une rencontre pleine d'H2O | Elaine

Le jeune loup pirate était censé rester tout le temps en compagne de son camarade pirate et canonnier, Chulhei. Mais étrangement, celui ci avait disparu aux abords du territoire des Brethens. Fawn était légèrement fatigué des manigances de celui qui était censé le protéger, mais se décida tout de même à l’attendre sous un arbre, au bord du territoire Brethen, fraichement marqué.
Il fallait dire que Fawn avait tout sauf l’air d’un pirate. En effet, avec ses longues couettes de types japonaise un peu coquette, et les piercings en forme de fleur, il avait ni l’air d’un loup pirate viril et dangereux, ni l’air d’une pirate féroce et déterminée. En fait, il ressemblait à une peluche. De même, les petits cristaux phosphorescents qui ornaient ses épaules et ses pattes arrières n’arrangeaient rien, puisque, brillant dans la nuit comme dans l'ombre des branches de l'arbre, on dirait presque des bijoux.
Ainsi, éclairé dans l’ombre, allongé sous son arbres, ses longs cheveux pâles enroulées, glissant de son visage comme des cascades d’argent, Fawn était le moins crédible de tous les jeunes loups des environs, et était le dernier à ressembler à un pirate. De même il lui avait fallu se recouvrir de boue, et il n’aimait pas ça. C’est pas que la saleté le dégoûtait, mais c’était plutôt le fait qu’on ne le laisse pas être lui même. Qu’il fallait qu’il se cache des yeux du monde, qu’il fuie à tout temps un danger ... De ce fait, ses ‘longues cascades de cheveux d’argent’ était plus brunes de blanches, et devenaient lourdes à porter, puisque la boue séchait dans ses mèches. Il souffla, et se leva pour marcher en peu, balançant les longues couettes sur son dos, frustré.
Il aurait bien aimé que sa mère soit là, mais depuis qu’ils avaient quitté les criques, la seule compagnie qu’il avait eu c’était son ‘cousin’ Chulhei (qui n’était en fait pas son cousin, mais sa mère avait trouvé ça trop compliqué à leur expliquer, alors Fawn s’était habitué à le voir comme un cousin). Et Chulhei était des gens complètement opposés à Fawn.
Déjà, il était un mâle, alors que Fawn, lui, ne pouvait se définir comme tel sans avoir des doutes. Il fallait avouer que physiquement, il n’était pas du tout masculine, avec ses longs cheveux, ses yeux bleu-lavande à longs cils délicats, et ses oreilles douces qui bougeaient gracieusement, ainsi que le balancement de sa queue, tout à fait emprunté à une jeune fille.
Mais tout de même, il y avait quelque chose d’étrangement masculin chez lui. Son visage aux formes droites et angulaires, qui portait d’étranges ressemblances avec le visage de son grand-oncle Roy, sa carrure, bien que gracieuse, musclée, et ses pattes où se dessinaient des muscles, qu’il avait fini par se forger, après les longues journées de marche. Mais tout s’expliquait facilement, car en fait, Fawn était Hermaphrodite de naissance. Ainsi, bien que de nombreux loups le considéraient à présent comme un mâle un peu soumis, intérieurement, il se livrait toujours la bataille de mâle ou femelle ?. Et cette bataille était souvent dure à supporter, de telle manière qu’il en devenait parfois lunatique, entre agacement féminin et froideur masculine.
Soudain, le loup brun à la longue chevelure vit un point d’eau, et releva ses oreilles, avant de les baisser.

Ah.
C’était en territoire Brethen.

Il soupira, puis avança. Après tout, si son intuition était bonne, Chulhei était devenu un touriste régulier ici, et ils portaient la même odeur de boue et d’herbe, alors on ne l’agresserait probablement pas. Il rentra dans les plaines au Sud du Dolmen des Perdus, et avisa le tout petit lac, entouré de roseaux, où l’on pouvait entendre plusieurs canards s’égosiller, ainsi que la voix fluette de canetons.
Fawn s’approcha de l’eau, et s’y regarda quelques instants, incroyable réflexe féminin, avant de baisser le museau pour y boire quelques gorgées. Il n’avait pas souvent le droit de s’arrêter quelque part, car il fallait toujours rester un mouvement, brouiller les traces, détruire les abris...
Il plongea sa tête dans l’eau, effrayant un canard qui hurla son indignement, puis releva la tête, éclaboussant les environs, avec un petit sourire amusé. La boue s’amollissait, alors il détacha ses cheveux et les plongea dans l’eau, dans le but de bien les rincer. Une fois qu’ils furent propres, les brun aux marquages de faon les drapa par dessus ses épaules, car leur incroyable longueur les aurait fait trainer par terre sinon, et s’allongea sur un banc du lac en fermant les yeux, les soleil qui brillait entre les rares nuages dans le ciel bleu saphir réchauffant lentement sa chevelure.
Il soupira, qu’est ce que ça faisait du bien d’être tranquille, au calme, pour une fois.

Fawn cheveux détachés (pour l'idée):

28.05.2017

Élaine

Le soleil ne s'était jamais autant montré depuis qu'Élaine était venue au Monde. Il brillait si fort que la louve aux cheveux noirs devait garder les yeux baissés sur le sol pour éviter l'aveuglement. Elle trottinait sans but, changeant de direction par hasard, et s'entraînait à courir en sprintant d'un coup sans raison apparente. Il faisait excessivement chaud ce jour-là, le printemps donnait un avant-goût d'été. Quelques nuages égarés se baladaient dans l'étendue bleue azur, voguant au gré du vent qui devait souffler tout là-haut. Élaine était sortie du Squat des Brethens d'un pas plutôt rapide, elle étouffait dans la tanière familiale, et sa sœur et son frère aussi. La petite louve progressait, son pas, autrefois pataud et hasardeux, s'était affiné en de longues foulées gracieuses, bien qu'elle était encore bien jeune. Elle s'assit un moment, et elle entendit quelques canards cancaner avec indignation. Élaine sourit d'une façon douce, elle avait souvent observé les canards qui étaient revenus sur le petit lac près du Dolmen, et elle les savait imbus d'eux-même et très fiers. Elle se releva et s'élança au trot vers le lac, voulant connaître les détails du dernier scandale sur la mare aux canards.

Elle arriva près de l'étendue d'eau et vit que des canetons barbotaient gaiement sous le regard attentif de leur mère. Elle s'approcha, discrètement, et elle se coucha dans les hautes herbes, elle observait sans être vue. Elle huma avec délectation l'air si délicatement parfumé d'une fragrance printanière et douceâtre, il faisait bon et doux. Les rayons du soleil caressaient son échine, et Élaine ressentit vite l'effet de la chaleur, elle ouvrit sa délicate gueule et haleta, les yeux mi-clos. Soudain, elle remarqua une forme peu commune, qu'elle ne connaissait pas. Elle referma sa gueule, et rampa avec discrétion pour mieux apercevoir la drôle de bête qui gisait près du lac. Elle se figea, elle devait aller prévenir ses parents qu'un loup était mort dans leur territoire, mais la curiosité lui murmura qu'elle devait elle-même éclairer la situation. Elle s'approcha encore un peu et vit que la forme avait de longs blancs autour d'elle, elle songea, le cœur battant plus rapidement, que c'était peut-être sa mère, elle aussi avait de longs cheveux blancs comme neige. Mais non, impossible. L'odeur n'était pas la sienne. Elle s'approcha, une patte après l'autre et vit que son pelage était d'une beauté incommensurable. Ébahie, elle s'assit juste au bord du lac et contempla la silhouette étendue. Elle remarqua alors que ses côtes se soulevaient et se rabaissaient au rythme d'une respiration lente et profonde. Elle en déduit donc que l'intrus dormait. Elle pencha la tête d'un côté, et amusée de voir un inconnu piquer une sieste si près de chez eux, elle en déduit qu'il n'était pas dangereux. Sa beauté était telle qu'il était impossible qu'il soit un de ces vilains Precursors dont ses parents lui avaient décrit une attitude monstrueuse allant de paire avec leur apparence. Elle resta ainsi figée dans l'admiration, elle plongea sa queue dans l'eau pour se rafraîchir et finit par s'allonger, à une cinquantaine de centimètres du bel endormi. Bel ou belle, d'ailleurs ? Élaine essaya de découvrir un indice quant au sexe de l'animal, mais elle en fut incapable. Toutefois, cela importait peu à ses yeux, qu'il soit ou qu'elle soit, sa beauté était indiscutable. Elle espéra simplement être aussi belle quand elle sera grande. La chaleur l'engourdissait peu à peu, l'eau refroidissant sa queue lui donnait la température idéale, elle posa sa tête sur ses pattes et elle s'endormit à son tour, ne se méfiant absolument pas que cela pouvait lui coûter la vie si jamais elle s'endormait auprès d'un inconnu.

Le brun aux longs cheveux, qui avait enroulé les rubans bleu-lavande qu'il utilisait d'habitude pour enserrer sa chevelure autour de ses pattes, dormait profondément, et ne remarqua absolument pas la présence de la jeune louve. Puisque, en général, la nuit, il ne dormait plus, avec le stress de voir un Precursor bondir hors de l'ombre pour leur arracher la tête … En fait, il dormait très mal, et donc maintenant, alors qu'il faisait chaud, avec la fraîcheur de l'eau qui s'évaporait du petit lac, et le bruit de la brise rafraîchissante dans les roseaux, il ne put s'empêcher de s'endormir tout doucement, coulant dans des rêves plus doux, où il jouait dans les vagues avec ses frères et sa sœur.

Il entendit un léger bruit, et se réveilla doucement, les bruits du monde autour de lui lui parvenant lentement calmement, doux et rassurants. Il voulut ouvrir les yeux, mais lumière était un peu trop grande, alors il les garda fermés un instant, ses autres sens s'habituant à son environnement. Il y avait le doux bruit de vent dans les roseaux, ainsi que le léger clapotis de l'eau, remuée par les allés-retours des canards, l'odeur de l'herbe,et le bruit du glissement de leurs tiges les unes contre les autres, et à travers ses paupières, il ressentait la douce chaleur du soleil, et percevait la clarté qu'elle induisait.
Soudain, il entendit quelque chose.
Il tourna ses oreilles dans la direction de la chose avant de se rendre compte de ce qu'il entendait. Un léger ronron, comme la respiration de quelqu'un.

Ses oreilles se figèrent, et il renifla.
Mais l'odeur n'était pas celle des Percursors, mais celle, tenue, des Brethens.
Immobile, il ouvrit leeeentement un œil bleu-lavande pour regarder celui ou celle qui était proche de lui.

C'était une petite louve, qui devait avoir plusieurs mois d’existence, brune et blanche, avec des mèches sombres, regroupés en un artistique chignon qui avait de tout évidence été fait par sa maman. Parce qu'il n'y avait que les mères pour réussir à faire un chignon aussi bien, lui même savait qu'il risquait des nœuds indémêlables si il tentait sa patte dans cet art de la coiffure.

Il la regard un instant, se demandant ce qu'elle faisait, parce que, de toute évidence, elle s'était endormie, alors qu'ils ne se connaissaient pas. Il pointa ses oreilles vers elle, tout à fait curieux. Qui était-elle donc, cette petite ?

Elle était vraiment mignonne … Loin de lui les sombres idées de certains loups mal éduqués, le fait était qu'il n'avait jamais vu d'enfant jusque là, puisque lui et ses frangins avaient été les enfants de la mini-meute de Raeders, les plus jeunes. Il s'était habitué à être, en plus, le plus petit des plus petits, non pas par la taille, mais parce qu'il se démarquait pas vraiment, avec une telle personnalité.

Il hésita un instant, ayant un peu relevé la tête, voulant lui dire qu''elle devrait pas être ici, et lui demander où étaient ses parents … Avant de la reposer avec un petit sourire. Non, il serait là pour la défendre de son mieux si le besoin était, mais il ne voulait pas troubler son sommeil.

Il attendit donc, les yeux mis-clos, pendant quelques instants, avant de relever la tête, et de regarder autour de lui.Il y avait soudain comme un … silence, qui s'était abattu sur les plaines. Un silence pesant.
C'était le genre de silence qu'on entend quand tout le monde se rend compte qu'ils sont en danger, et qu'ils se taisent tous simultanément. La fourrure du loup hermaphrodite se hérissa lentement, alors qu'il baissait le museau. Il regarda la petite louve, et la toucha doucement du bout de la patte.

« Miss ? Miss ?? » demanda-il, à voix basse.

Élaine

Élaine rêvait paisiblement quand elle sentit qu'on la touchait en murmurant quelque chose qu'elle ne comprenait pas trop. Elle murmura :

"Oh non, Maman, encore cinq minutes."

Mais l'odeur qui vint chatouiller ses narines n'était pas celle de sa mère et d'un coup, son esprit se réveilla en lui renvoyant la dernière image enregistrée : l'intrus endormi près du lac. Elle ouvrit ses deux yeux d'un coup et vit alors que le bel endormi était réveillé et l'observait. Élaine, surprise, ne fut cependant pas effrayée. Il avait des yeux magnifiques, et un regard si doux. Elle bailla aux corneilles et s'assit sur ses fesses. Un silence étrange régnait autour d'eux. Même les canards avaient cessé de cancaner, et il semblait que les oiseaux étaient muets. Elle regarda alors le loup aux longs cheveux blancs, curieuse et inquiète et s'enquit d'une voix douce :

"Qui êtes-vous ?"

Mais elle n'eut pas le temps d'entendre la réponse. Une force extrêmement violente l'entraîna vers l'arrière et elle se retrouva dans l'eau. Elle voulut hurler de terreur mais de l'eau s'engouffra dans sa gorge, elle cracha, toussa et battit des pattes pour se maintenir près de la surface. Elle se retourna, et vit un énorme oiseau blanc qui avait l'air visiblement irrité. Le cygne attrapa la louvette par la patte arrière et d'un coup de bec, il lui pinça la peau. Élaine pleurait, ses larmes se mêlant à l'eau, son chignon, si soigneusement fait par sa maman, était à présent complètement défait et de petites mèches noires flottaient dans l'eau. Elle ne savait pas nager, elle ne savait que boire l'eau, pas survivre dedans. Elle fut submergée alors que le cygne appuya sur sa tête avec sa patte, comme si l'oiseau désirait la noyer volontairement. Son esprit était en ébullition, elle pensait si vite qu'une terrible nausée l'assaillit. Qu'avait-elle fait pour provoquer le courroux de ce cygne ? Était-elle trop près de l'eau à son goût ? Ou alors était-ce la présence de deux lupins qui avait enclenché son instinct de défense ? Élaine ne voyait presque rien, et n'entendait que des cris courroucés. Elle but une autre gorgée d'eau et d'un coup, une douleur fulgurante la transperça. L'eau avait investie ses narines. Trop jeune pour lutter aussi longtemps, la force l'abandonnait peu à peu. Elle voulait hurler mais le seul son qui sortait de sa gueule de louveteau était un cri étouffé, noyé. Élaine savait qu'elle allait mourir. Inconsciemment, elle revit le doux visage de sa maman. Elle regrettait amèrement d'avoir quitté la tanière familiale pour découvrir le Monde. Elle regrettait de s'être posée si près du lac. Elle sombra dans l'abîme du lac, le cygne ne la lâchant pas un seul instant. De nombreux poils flottaient à la surface, et Élaine eut le temps de voir le bel endormi plonger pour la rattraper avant de perdre conscience, à bout de souffle et de force.

Il n'avait pas vu le cygne venir et son regard s’agrandit d'horreur et de surprise alors que la bête blanche fondit sur elle, évidement fortement agacée. Fawn bondit en avant, voulant s'interposer, mais l'oiseau fut plus rapide, avec ses crics furieux, et fondit sur la petite loupiotte en battant des ailes. La bête avait attrapé la toute petite louve blanche et brune par une patte a la traînait vers l'eau, comme dans l'espoir de la noyer.
Il y eut un moment où Fawn, debout, eut comme un vertige en se rendant compte que ça ne le concernait absolument pas, et que l'approche pirate aurait été de se casser gentiment, avec une petite bouteille de Rhum. Mais il réagit tout de même, comme par réflexe, bondissant à la suite de la petite louve à la tignasse de jais, ses propres longues mèches blanches rebondissant autour de lui en un mouvement fluide.

Il plongea ses pattes dans l'eau, fraîche, qui le réveilla encore plus, d'un coup sec, son poil brun clair s'assombrissant au contact avec l'eau, alors qu'il plongeait ses pattes dedans, bondissant après le cygne vengeur. Son regard lavande se fit fâché alors qu'il voyait l'oiseau enfoncer délibérément la petite sous les flots. Il se jeta sur l'oiseau avec un grognement et tenta de lui donner un coup de patte pour qu'il s'éloigne. Sale bête. Laisse la donc tranquille !

Il se prit un coup d'aile dans la figure, et allait riposter quand il se rendit compte que la petite avait complètement disparu. Légèrement paniqué, il regarda autour de lui, ses mèches blanches trempées qui tombaient dans l'eau fouettant son museau alors qu'il tournait la tête de gauche à droite, cherchant la forme de la petite. Il grogna un coup au cygne qui se rapprochait dangereusement, et soudain, il l'aperçut. Elle était sous l'eau, ses yeux se fermant lentement, des bulles s'échappant de sa petite gueule.
Il n'hésita pas un instant, et bondit après elle, plongeant sous l'eau à son tour, les yeux ouverts malgré le fait que ça le pique affreusement, et l'attrapa sans cérémonie par la peau du coup, avant de donner des vigoureux coups de patte pour remonter vers la surface. La cygne prit son envol alors qu'ils retrouvaient l'air. Fawn inspira un grand coup, ses rocs toujours fermés, gardant la tête de la petite louve au dessus de l'eau, alors qu'il pédalait avec ses pattes pour rejoindre le rivage. Il avait été élevé au bord de la mer, et comme tel, il nageait presque aussi bien qu'un poisson, et n'eut pas de mal à ramener la petite sur les berges, sans qu'elle ne replonge sous l'eau.

Ses pattes trouvèrent le sable et les cailloux du bord de l'eau et il hissa la petite sur le sol, son regard inquiet brillant entre ses mèches trempés, qui lui collaient au pelage. Il la posa sur le flanc et la regarda, espérant la voir respirer mais elle semblait inerte. Bordel.

Il posa délicatement une patte sur son ventre, sur ses côtes, et appuya plusieurs fois, dans l'espoir de faire sortir l'eau de ses poumons.
Puis il baissa ses oreilles, hésita, et se pencha sur elle, au cas où il y aurait la nécessite de faire du gueule à gueule. Sa truffe à quelques millimètres de la sienne, il se dit que la situation devait vraiment avoir l'air ambiguë de l’extérieur, espérant qu'elle allait ouvrir les yeux, hésitant.

Élaine

Emprisonnée dans un cocon insonorisé, Élaine entendait autour d'elle que des bruits sourds, l'agitation ne faisant qu'onduler son corps frêle sombrant dans l'onde clair. Pendant un instant, elle eut suffisamment de force pour penser, elle songea qu'elle était de retour dans le ventre maternel, blottie contre son frère et sa sœur et que l'agitation autour d'elle était causé par sa mère qui courait ou qui se battait. Élaine laissa échapper de sa gueule un long gémissement agonisant. Alors que le noir se faisait autour d'elle, elle vit au loin, paupières closes, le visage rassurant de son père qui l'encourageait à le rejoindre. Elle était trop jeune pour savoir ce qu'était la vie, mais la mort allait peut-être devenir son amie pour le reste de son existence...

D'un coup, l'obscurité se dissipa et une sensation glaciale et douloureuse assaillit le corps de la jeune louve. De l'air froid et sec se précipita dans sa gorge et dans ses narines, comme si la Nature voulait qu'elle revienne parmi les vivants. Sa place n'était pas parmi les Morts. Elle respira alors, petites inspirations pour de longues expirations. Elle sentit tout son corps lourd, et elle se mit à trembler, frigorifiée. Elle ouvra ses petits yeux et le visage rassurant paternel laissa sa place à un visage presque similaire à celui de sa mère. Sa conscience se bousculant, elle réussit à faire la connexion et une joie immense l'assaillit. Un minuscule rictus souriant se dessina sur son museau et elle murmura :

"Qu'est-ce que vous êtes beau, êtes-vous un de ces Dieux ?"

Elle toussota, et cracha un peu d'eau. Elle roula sur le côté, et sa tête lui tournait. Elle tremblait de tout son corps. Si elle était morte, le Monde autour d'elle était exactement similaire à celui des Vivants. Elle couina et de chaudes larmes réchauffèrent ses yeux. Elle avait eu si peur. Elle chouinait à la manière d'un louveteau, et son cœur ne cessait de pulser plus vite que d'habitude, comme pour rattraper son retard. Élaine leva ses yeux larmoyants vers le Bel Endormi qui lui avait sauvé la vie. Elle renifla péniblement et elle se blottit contre lui, comme s'il était de sa famille. Elle bredouilla alors :

"M...Merci"

» I tried but I keep falling | Ft. Elaine
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» † La fin d'une vie, le début d'une nouvelle ère [Elaine - Ezhekiel]
» POUR-QUOI ? - PV Elaine
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