Dans la peur du beau temps [Libre]

Dans la peur du beau temps

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Le beau temps.
C'était ainsi que l'on nommait ce mélange d'air frais, d'ambiance frivole et de soleil exubérant, chauffant poils et rivières. Le vent murmurait sa douce mélodie au travers des feuilles, laissant les grands chênes danser avec lui au rythme de la vie. Cette vie douce et agréable qu'était l'été.
Et pourtant, lui, continuait de craindre le beau temps. Du haut de ses trois ans, le louveteau que je m'étais acharnée à décrire dans des situations plus débiles les unes que les autres, était devenu un adulte. Grand. Maigre. Son unique œil et sa solitude ne lui permettant que de rares réussites en chasse, il s'était plongé dans un mutisme, sa voix dévorée par la peur. La peur du beau temps. Et il contemplait de sa pupille roy le paysage sous ses pattes. Lui, perché sur son rocher, prince d'une montagne qui ne lui appartenait pas, guettant proies et prédateurs.
Il avait apprit, bien malgré lui, la colère des éléments. La vigueur de la faune. Mais surtout, il avait apprit de ses erreurs ; de ses échecs. Le vent ennemi était devenu messager de l'odeur des autres. La boue malicieuse était devenue son alliée dans les virages abruptes. Et il parcourait les terres étrangères en quête de nourriture, d'abris. La vie, pour lui, n'était plus qu'un jeu de survie.

Oh, idiot qu'il était. Les meutes s'étaient ouvertes à lui. Famille et amis. Protection et abondance. Mais dans sa terreur, dans sa fragilité, il avait fui.

Il avait fui pour retrouver le beau temps. Le si joli temps.

Passant sa patte sur son orbite vide, il finit par descendre de son perchoir, ne reniflant que l'épaisse âcre des fleurs. Si la nourriture ne venait à lui, alors il viendrait à elle. N'était-ce pas ce que l'on disait ? Si probablement. Mais où chercher, dans cette immensité. Dans ce vide qu'était ce monde, sa vie. Depuis bien longtemps il avait perdu son chemin. Depuis bien longtemps il n'avait parlé, ni pour lui-même, ni pour les autres. Ni pour les morts. Il en avait finit par oublier sa voix. Sa propre voie.

Le dernier nécromant était mort.
Il n'en était que la réplique vide, sans âme, tel un pantin, un bibelot, que l'on s'attache à donner une vertus là où il n'y à plus rien à espérer. Trois ans. Trois malheureuses années. Et le monde semblait, à son regard mélancolique, lui avoir tout prit. Sa famille. Sa lignée. Son enfance. Son œil. Son temps. Condamné à suivre cette voix impétueuse, le menant inévitablement vers l'abattoir. Et pourtant, l'odeur de la curé l'attirait, comme un papillon voletant vers sa propre radieuse mort.

D'un bond, il fit grimper sa carcasse sur un tronc, passant la rivière, dont la chaleur semblait avoir eu raison de sa grandeur d'antan. Probablement n'y aurait-il que peu de poissons ici. Les moustiques eux même semblaient avoir délaissé l'endroit ; les rares survivants n'osant pas approcher son corps affamé.
La tête basse, les épaules roulant sous sa peau, il franchit les dernières frontières que lui offrait la nature, pour pénétrer un territoire interdit. Son allure malandrine, malade, allait probablement attirer rapidement l'attention si un quelconque garde était dans les environs. Il devait faire vite. Une proie. Ou un pillage. La faim avait eu raison de cette dernière. Timide, prostré, l'enfant était devenu un implacable chien rongé de puces et de famine, guettant la moindre opportunité comme la dernière. Plongeant dans les ombres comme un serpent, se servant de son pelage comme d'un camouflage inné, il longea les terres gorgées de soleil, l'eau clapotante, jaugeant chaque brin d'herbe, chaque mouvement. Et puis, il se stoppa net. Là. Une silhouette. Petite. Grasse. Aux aguets.
Était-ce un lièvre ou un louveteau ?  Il osa la première option. Se ramassant sur lui-même, il contourna la lumière, doucement, lentement. Son endurance d'une maigre valeur ne lui permettrait pas une course poursuite comme ceux de son espèce savent si bien faire. Il devait surprendre. Trahir. Voler. Pour ne sauter dessus que lorsque la tête se releva.

Le sang gicla sur les feuilles perlées de rosée. Et le festin fut emporté dans des fourrées, au loin de la lumière et du si joli temps.

TERU NO UTA

Tu vois autour de toi ton clan s’écrouler, tu vois autour de toi les lumières quitter les feuillages, tu vois autour de toi l’épervier voler bien haut et bien solitaire dans ce ciel qui s’assombrit, sans quitter son azur. Tu vois autour de toi le monde changer, se mentir, pleurer, tu vois autour de toi la laideur de la justice. Tu vois autour de toi l’absence d’un père. Mais aussi la liberté d’un être. Il est mort, il n’est plus, il ne reste que toi. Toi et tes pensées, toi et tes moeurs, toi et tes idées. Il n’est plus là pour être ta source de lumière, toi, fragile ombre qui suivait ses pas.

Aujourd’hui, il faisait beau. Aujourd’hui seulement, le chagrin se fait moins violent, s’accroche moins à son coeur. Est-ce ça ? La fin du deuil ? Quand le sang devient moins sombre et que la mâchoire se décrispe ? Sûrement.

Le fleuve, Avalon à l’habitude de s’y rendre, d’y trainer. La cascade et le temple de sa déesse se repose un peu plus loin et il ne voit plus aucun intérêt à rester au coeur même des Lazulis. Il aime cette distance entre lui et les siens, il sait très bien que si une âme perdue désire conseils, elle sait où le trouver. Loin de tout ça, il apprend à écouter l’eau, les murmures des plantes et les chants des saumons. Loin des guerres et de la colère, il écoute les poèmes de la nature sans rien ajouter. Sans rien critiquer, remettre en question, juger ; la nature ne donne pas de mots à dire, elle se contente simplement de prouver aux coeurs que la raison l’emportera toujours.

Lebanne, loin des Lazulis tu peux murmurer ton prénom.

Après s’être reposé quelques temps dans un coin d’herbe à l’ombre, un bruit sourd le réveilla. Lentement, le prêtre dressa ses oreilles mais l’odeur vint plus vite. Une odeur qu’il connaît, celle d’une proie qui vient de mourir, mais une autre qu’il ignore. L’épervier se leva, couché, ventre à terre, il traque. Traque ? Non, il cherche. Il n’est pas comme eux, il ne désire pas décès et hurlements, il veut comprendre avant de juger.

C’est ainsi qu’il tomba sur un bien triste spectacle. Un loup, un peu plus âgé que lui, si maigre, si mal en point, dévorait avec désespoir une proie. Cette image ne plaisait pas à Avalon, pas qu’un étranger soit sur ses terres, mais qu’un étranger dans le besoin soit potentiellement chassé de ses terres. Car soyons honnêtes, un autre que lui aurait plongé tête baissée pour achever.

— Bonjour. N’ai crainte, je ne te veux aucun mal.

Pourquoi ce loup au pelage si sombre semble autant se cacher du soleil et de la chaleur ? Quelle est son histoire, son passé… sa voix ? Et Pourquoi, Avalon, es-tu aussi curieux.

— Je me nomme Avalon.

Étrangers

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

La viande était fraîche, grasse. Coulant dans sa gorge comme le sang encore chaud qui l'abreuvait, il se délectait de se maigre repas. Combien de temps n'avait il pût ainsi manger. Condamné aux mites et aux escargots, aux quelques grenouilles et musaraignes, les proies, les vraies proies que les ancêtres loups chassaient, n'avaient été sa cible. Trop rapides. Trop malignes. Et lui, trop faible. Et pourtant, sur ses terres pullulant de loups, les proies semblaient plus faciles. Comme si les dieux avaient bénis cet endroit pour que chacun puisse se repaitre. Nonobstant les autres vies, comme ils avaient toujours fait.

Un léger bruit le fit sursauter, et, d'un bond, il se releva, faisant face à l'étranger. Quand bien même c'était lui, l'étranger. Les crocs luisant, le pelage et la queue dressés, il contempla l'animal qui, bien portant, ne semblait pourtant ne montrer aucun signe d'agressivité. Méfiance. Confusion. Il garda sa posture menaçante.

— Bonjour. N’ai crainte, je ne te veux aucun mal.

Même discours. Même parole. Aucune vérité dans cette bouche. Le monstre tapis dans les fleurs était présent, quelque part. Et peut-être en était il un, lui aussi. Comme simple réponse, il grogna, esquissant un mouvement pour reculer, prêt à fuir. Le combat n'était pas sa compétence la plus affutée. Son corps lui même le transpirait. Longues pattes portant un corps décharné, au poil, quoique étrangement scintillant, ébouriffé, plus par la peur que la colère. Cage thoracique frêle et peu développée aux courses et aux contacts. Crocs luisants, mais mâchoires devenues moins puissantes, à ne dévorer que chitine et non os et chairs.
Il faisait pâle figure. Un chien fou, grand et pourtant aussi efflanqué et musclé qu'un louveteau élevé encore au lait.

— Je me nomme Avalon.

Oh, comme il s'en contre fichait. Noble loup. Beau loup. Toi qui parle à un paria. Qu'as-tu donc en tête. Le convertir ? l'apaiser ? Ou tout simplement faire ce que ta corneille fit de mon nécromant. Une danse macabre. De sang et d'os. Jusqu’à ce que les cendres s’élèvent de leurs deux carcasses.
L'enfant sauvage recula, dardant son unique œil dans les moindres recoins, paranoïa d'une embuscade. L'oreille agile, il chercha, scruta chaque parcelles qui l'entourait. Mais rien. Les oiseaux avaient cessés de chanter. L'eau elle-même semblait muette face aux deux animaux. Port altier et monstre de survie. La belle et la bête. La belle et le Clochard. Disney en aurait fait une scène de rencontres et d'amitié improbable.

Mais les films, ici bas, n'existent pas. Il recula, encore, jusqu’à ce que ses fesses buttent dans un tronc. Et désormais piégé, il ne lui restait plus qu'a se gonfler d’orgueil et de colère. Mais comment combattre un tel individu. Élancé, éflanqué, comme s'il avait été sculpté, dessiné par un talentueux artiste ; un glowstick brillant sur son corps attirant son œil. Nouvelle menace. Bordel, mais qu'ont donc les loups de ce monde avec leurs pouvoirs ? Crachait il des flammes ? Pouvait il déclencher une guerre nucléaire ? Respirait il sous l'eau ?

Yersine fit claquer sa mâchoire, menace de ne pas approcher, ni de lui, ni de son maigre repas.

TERU NO UTA

La réaction fut primaire, comme s’il venait de rencontrer un loup d’un autre monde, d’un autre temps. La faim dévorait son corps, les parasites aussi. Cette peur dans son unique oeil valide fit frissonner Avalon, mais aussi cette hargne. Le prêtre ne cherchait pas le conflit, loin de là, sinon il n’aurait pas donné son prénom ainsi, il aurait sauté directement sur le brun sans demander son reste.
Et le voilà en face de l’inconnu, une immense barrière entre eux, un mur, fait de violence et de crainte.

Tu ne sais comment procéder, lui parler, aussi bas que possible, ne fonctionnait pas. De toute façon ce n’était pas un louveteau apeuré, la douceur et la candeur d’une voix ne fait pas grand effet. Tu es en face d’un animal fétiche et si féroce, c’est fragile. Cet être est fragile, tu ne veux pas le briser et pourtant il possède la capacité de te blesser toi. Tu ne sais comment procéder.

Lentement, Avalon attrapa son glowstick qui pendait autour de son cou dans sa gueule et l’enlève, le jetant sur le sol.

— Nous sommes égaux maintenant.

Puis il baisse légèrement la gueule, la tête, comme un salut. Il ne sait pas dans quoi il s’engage, mais au fond de lui, une flamme le brûle. Énorme, douloureuse. Comme si quelque chose dans son sang lui hurlait qu’il n’avait pas le droit de poser une griffe sur ce loup, ou bien était-ce l’inverse ? Etait-il le seul à lui déchirer la peau, et c’était une jalousie qui l’envahissait ? Tu le ne connais pas, il ne te connaît pas, tu ne veux simplement pas affronter sans discuter.

C’est comme danser sans la musique. C’est brutal, et ça ne lui convient pas. Il est plus raffiné que le père, il a besoin de plus de sentiments.

— Je t’en prie, calmes-toi.

Répit

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Le grand mâle hésita sur la réaction de Yersine. Eh bien, agneau, tu ne danses pas comme la corneille ? Tu restes de marbre face à tant de violence, de haine ? Moi qui croyait que c'était ce qui faisait pulser ton odieux sang noir. Mais il ne fit rien. Un regard sur sa carcasse. Un jugement, pourtant doucereux sur ce visage fermé. Et d'un geste lent, il décrocha son glowstick, qu'il jeta à terre, laissant l’œil roy paniqué le suivre, le souffle court.

— Nous sommes égaux maintenant, fit il en ployant la tête. Je t’en prie, calmes-toi.

Ces paroles, ce geste, eut l'effet escompté. Lentement, le maladif animal cacha ses crocs, relevant son port pour mieux darder l'agneau de toute sa confusion. Il ne lui voulait aucun mal. Aucun mal. Ce n'était pas le monstre de fleurs. Ce n'était pas l'ombre qui le surveillait au loin. Ce n'était pas le Faiseur de Cauchemars. Non. C'était. Lui.
L'agneau. Alors, d'un pas hésitant, il avança. D'abord de quelques centimètres, la moitié de son corps continuant de vouloir provoquer la fuite. Puis d'un mètre. De deux. Jusqu'à reprendre sa place auprès de la proie déchiquetée. Jusqu'à la dépasser.

Il entrouvrit sa bouche tremblante, la referma, déglutissant, ne sachant que dire. Pareils hein. Non, mon bel agneau. Toi tu es gras. Toi tu es fringuant. La santé pulse en tes veines. Ton poil est soyeux. Tes yeux vifs. Tes yeux. Double. Et non unique, comme le cyclope, géant à l’œil unique, qui te faisait face. Non malades, comme le simulacre de Nécromants te faisant face. Non affamés, comme la triste carcasse te dardant, te jaugeant, t’idolâtrant presque d'une ferveur nécrosée. Toi. Le bel agneau qui venait de poser ton regard d'amour et de lumière sur lui. Le bel oiseau qui venait d'étendre ses ailes pour le cacher du soleil furieux.

Yersine baissa la tête, imitant cet étrange énergumène qui lui faisait face. Était-ce probablement la façon dont on se saluait dans cette meute. Le museau bas, probablement trop, à presque lécher le sol de ses pattes. Et puis il se releva, son œil brillant, de larmes de joie ou d'une flamme de passion, lui même ne le savait. D'un bond, il fit demi tour avec une vivacité et une agilité que son corps ne semblait pouvoir permettre, attrapant sa proie, avant de la secouer comme un chiot quémandant le jeu à son nouvel ami.

Danse agneau.
Danse.

Une lueur verte.
Deux yeux, brillants bien plus qu'avant, reflétant l'acquisition fraîche du glowstick de Mido. Peut-être plus pour longtemps, cependant. Le temps des changements grondant, Sobieski s'agitait et n'aimait pas tout cela. Nocera le savait, qu'elle le suivrait. Ils s'organiseraient, bientôt, elle le sentait. Mais la venue de cet éventuel départ n'était pas encore là, alors que ses yeux couronnés du succès de son épreuve s'étaient posés sur deux silhouettes.

Un solitaire, famélique dans sa silhouette autant que dans son comportement, s'accrochant avec férocité à la proie qu'il venait agripper dans ses griffes. Et le prêtre d'Ao, qui s'était fait aussi inoffensif que possible, pour faire comprendre un message de non-agression à celui qui se défendait. Elle avait observé, de loin, avec indifférence, à contre-vent, et sans bruit. Leur manège étrange lui était d'abord apparu comme une pièce de théâtre correcte, au vu de son exigence inhérente, mais cela jusqu'à ce qu'Avalon semble jeter son glowstick.  Un geste relativement surprenant, qui avait amené un côté l'étant tout autant de la part du solitaire affamé.

Du tout au tout, la situation avait viré, passant d'une défense certaine d'une proie, à une scénette où un membre de clan s'était montré suffisamment gentil pour apaiser une âme blessée. Voilà que l'inconnu au pelage gris-sombre et bleuté s'était suffisamment détendu pour manger sa proie, à la façon d'un enfant.
Innocence.
C'est le sentiment que lui inspira la scène, et qui l'attira elle, comme un papillon de nuit vers la lumière. Ces deux êtres dégageaient un aura qui lui rappelait ce qui lui était si viscéral chez son frère. L'innocence.

Alors, doucement, tâchant de ne faire de bruit, elle se révéla aux deux êtres déjà présents. Silencieusement.

TERU NO UTA

Tu t’attendais à du sang et des crocs, de la sueur dans le pelage, des larmes pleins les yeux, mais non. Ce ne fut que l’innocence d’une danse bien trop douce qui te salua. Tu sens tes lèvres se fendre en un sourire. Tu as envie de le rejoindre, de perdre toute humanité pour simplement redevenir le jeu, la survie, la maladie .
Lentement, tu le rejoins. Ton expression est calme et sans trop que tu t’en rendes compte, ta queue s’agite comme un louveteau, courbant le devant de ton corps en étendant tes pattes avant, tu joues avec un inconnu. Ton regard se plante dans celui du loup fait de nuit et d’or et pendant un instant tu t’inquiètes un peu plus, chassant la légèreté de cet instant. Il est trop maigre, si grand et pourtant si mince. La réaction des loups de base serait de l’attirer chez les Lazulis, mais tu ne veux pas qu’il entre en contact avec cette meute. C’est étrange, tu ne connais rien de lui, mais tu ne veux pas que l’infection des odieuses meutes prennent le contrôle d’une âme perdue.

Puis un bruit. Avalon redresse la tête pour braquer son attention sur le nouvel arrivant. Il n’avait pas senti son odeur et ça l'énerve un léger instant, il avait complètement baissé sa garde. Une louve, jeune, à peu près de son âge. Il l’a déjà vu, de loin, avec ses deux frères, mais jamais il n’avait donné trop d’intérêt à cette famille. Et pourtant, les objets qui gravitent autour d’elle, sa jolie chevelure, c’est bien difficile de ne pas se retourner sur son chemin.
Quel est son prénom déjà…?

— Nocera.

Le prêtre adresse un regard à ce loup nocturne et affiche un léger sourire. Il veut lui indiquer que tout va bien, qu’il n’a rien à craindre.

— Que fais-tu ici ? Ne préviens personne. Je ne veux pas que les Lazulis le … trouvent. Il ne fait rien de mal.

Avalon penche un peu la tête de côté. De ce qu’il sait - et c’est très peu - Nocera ne semble pas être un parfait petit soldat de clan qui suit aveuglément les ordres, peut-être comprendra t-elle la situation.

Illusion

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Le bicolore se prit au jeu, au plus grand plaisir de Yersine. Ce temps, ce si joli temps, devenait plus brillant, plus étincelant, comme une étoile dans la nuit qui guide et rassure. Ce temps, si court, le rendait moins seul, moins monstrueux. C'était comme s'isoler, aussi ironique soit la situation, du reste du monde pour ne faire qu'un avec un autre. Seuls, dans une bulle de naïveté. A jouer comme deux enfants le feraient d'une carcasse de lapin, la secouant, l'attrapant, la tirant pour mieux la rendre ensuite. Se plaire à la mort dans la vie barbare et pourtant si naturelle.

Et puis il y eut un bruit. Léger, fin, comme un murmure de l'au-delà. Comme une menace. Une odeur. Sucrée et pourtant si amère en bouche. Comme une pomme fruitée, rougeoyante sous les feuilles d'un arbre, et qui se révèle aussi véreuse que le cadavre sur lequel elle a poussé. Les deux mâles se levèrent, l'un fier, l'autre apeuré, les oreilles couchées, sa carcasse en bouche, prêt à fuir.

— Nocera.

Elle lui apparut dans l'ombre, comme si la lumière s'était tût pour laisser place à cette lueur angélique. Elle était là, grande, puissante dans son regard, gracieuse dans ses gestes. Aux couleurs de l'aube scintillante. Des étoiles perlant sur son pelage comme la rosée au petit matin. Ses cheveux voletant, sans la moindre brise, derrière elle, comme portée par une eau mystique. De ci de là, des perles de satin accompagnaient son pelage virevoltant avec lenteur , comme si tout son être était plongé dans un autre monde. Oui, c'était probablement. Cette créature radieuse venait d'un autre monde.
Yersine ouvrit la bouche comme le font tout ceux en face d'une surprise, d'un spectacle aussi époustouflant que la sérénité qui envahissait l’atmosphère. La carcasse tomba. Et il n'en eut que faire.

— Que fais-tu ici ? Ne préviens personne. Je ne veux pas que les Lazulis le … trouvent. Il ne fait rien de mal.

Il n'arriva pas à détacher son regard cyclopéen de la femelle, si belle, si grandiose. Si féérique. Elle était comme un soudain rêve qui venait briser la bulle de réalité qu'il venait de construire avec le prêtre. Un rêve doucereux. Fanatique. Qui lui murmurait de venir, de la suivre. Comme une sirène guidant les marins vers leurs propres fins.
Il se reprit malgré lui, refermant sa bouche, déglutissant, clignant de l’œil comme s'il venait de percer le Soleil au grand jour. Puis, il chercha à se faire noble, grand, beau. Il bomba légèrement le torse, se tint droit, comme un paon juvénile. Voila des années qu'il n'avait utilisé sa voix. Des années qu'il n'avait entendu que son propre souffle. Et quand il ouvrit cette bouche sèche, hésitante, se fut une voix calme, presque monocorde, tout aussi confuse qu'était sa position, qui en sortit.

- Je. Je... suis Yersine.

Il tremblait. Non seulement parce qu'il avait parlé, mais aussi parce qu'il avait ce soudain frisson qu'il n'aurait pas dû.

- Enfin, euh, je veux dire. Si c'est à moi de me présenter. Je veux pas t'offusquer- VOUS Offusquer pardon, je. Euh. Je suis désolé. C'est pas ce que je voulais dire. Pardon pardon pardon pardon.

Il rentra sa tête dans ses épaules et fit un pas en arrière. Quel idiot.

Tant de... douceur.
L'attention qu'adressa Avalon au solitaire, rassurant dans sa façon de parler calme, accompagnant cela d'un sourire léger, et la regardant avec la tête penchée. L'ouverture de la gueule de celui s'étant présenté comme Yersine, torse bombé maladroitement, et pourtant adorablement. Beaucoup de choses émanaient d'eux, dans leur comportement, dans leurs paroles ; l'attrait et la défense automatique d'Avalon sur le solitaire, et le manque de confiance en soi de Yersine. Nocera comprenait, honnêtement, pourquoi le premier avait l'instinct de protéger le second. Elle se demanda si elle serait aussi facile à lire ; elle ressentait beaucoup de choses face à eux deux, aussi.

Nocera abaissa son cou, moins observatrice et bien plus interlocutrice qu'avant. Sa voix semblait exempte d'émotions aux premières notes, et pourtant, son volume sembla contrôlé. Une tentative volontaire de la moduler, de la faire plus... chaude, plus accueillante.

"Avalon." Après une pause, "Sa présence sera notre secret." Elle posa son regard dans celui d'Avalon en retour, comme essayant de porter un message silencieux supplémentaire avec ces mots. Elle n'était idiote ; découvrait ce côté bien plus tendre du prêtre ; retrouvait une similarité dans leurs attitudes habituellement plus froide.  

Puis elle observa Yersine, et s'approcha suffisamment pour son but ; pas assez pour briser son espace vital. Elle tendit le museau pour capter son odeur, renifler, enregistrer.

"Ne t'en fais pas. Enchantée, Yersine. " lui adressa t-elle ensuite. Elle avait envie de le voir manger, de le revoir jouer. Comment faire, cependant ? Avec ses frères, tout était évident, elle les connaissait. Mais si le loup n'ayant qu'un oeil semblait avoir les mêmes réflexe de bonté et de pureté, elle ne connaissait encore.

Nocera chercha le regard doré de l'autre membre de sa meute automatiquement. Si leurs intentions étaient semblables, peut-être saurait-il mieux qu'elle.

TERU NO UTA

A ton plus grand soulagement, elle était sur la même longueur que toi. Vous pensez la même chose, vous ressentez la même chose. Tu allais répliquer, engager une discussion avec la belle Nocera, mais une voix te fit frémir. Lentement, tu te tournes vers vers le nommé Yersine. Comme un immense océan, ta fourrure bouillonne. Ce timbre de voix, tu ne t’y attendais pas et c’est comme un coup de massue sur ta nuque. Ce timbre, il est léger, il est brisé, il demande de l’attention et il reste silencieux, tu veux te battre pour qu’à jamais il résonne. Et tu souris, sans même t’en rendre compte, tu souris.

— Yersine …

Avalon se retourna vers Nocera, détaillant que quelques instants son physique car il ne craint de s’y perdre, de tomber dans ce nuage pleins de constellations, ce ciel rougissant de rose, ses yeux dévastateurs.

— Entendu.

Un secret, c’est un secret. Le sang du lapin qui coule sur le sol écrivant le pacte, le vent qui murmure racontant les rumeurs, les coeurs qui bats une chanson. C’est un lamento, une valse, c’est leur secret.

Tout aussi doucement que ses gestes précédents, le prêtre s’allongea sur le sol, flanc contre l’herbe et buste redressé, il glisse ses pattes sous son torse. L’or de ses iris semble être habité par une nouvelle chaleur, ce n’est plus cette pierre brillante, froide et distante, c’est du miel. Du miel brûlant qui vogue silencieusement dans le fond de son regard.

— D’où viens-tu Yersine ?

Tu veux savoir tout de lui, pourquoi il semble si affamé, pourquoi il semble si effrayé. Tu veux lui ôter tout cela, ce poids, tu veux qu’il puisse respirer sans craindre le coup des crocs dans la peau. Tu veux qu’il s’épanouisse et tu ignores pourquoi. Pour l’instant tu ne te poses pas trop la question, tu observes simplement.

Dépit

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

"Avalon."

La voix de la femelle était maitrisée. Douce. Sucrée. Pourtant, il reconnaissait en elle ce timbre, cette dominance de l'être, qu'avait aussi la Ronce. Juste avant qu'elle ne cède. Qu'elle ne l'écorche. Un frisson parcourut son poil, le faisant se relever en épis désordonnés, hantés de puces et de fourches. Ses oreilles basses, bien qu’obnubilé par ce pelage changeant, rêve, idylle, il lui vint comme une ombre, une tâche, un trou noir qui absorbait cette grandeur, cette lueur. Qui la dévorait. Elle semblait. Si fragile. Si pathétique. Et pourtant quelque chose qui se dégageait d'elle la rendait puissante. Terrifiante.
Et pour une raison ou une autre, il aimait ça.
Il aimait cette force, cette splendeur qui émanait de la louve. Comme une tour géante qui le dardait de son unique oeil son corps brisé, pour le protéger ; pour l'écraser.

"Sa présence sera notre secret."

Oui. Notre secret. Notre petit secret.
Le mâle bicolore à la couronne d'os s'allongea, comme bien heureux de ces paroles. C'était comme une invitation pour que le sombre face de même, mais il n'osa pas immédiatement, trop tendu, trop crispé par les environs. Et par cette femelle infernale, bacchanale, qui éveillait en lui une faim que sa carcasse, qu'il s'était remis à dévoré, n'apaisait pas.

— D’où viens-tu Yersine ?

Il dressa ses oreilles, avalant sa dernière bouchée goulument.

-... De nulle part...

Il reprit une bouchée, mais, voyant que cette réponse n'était que peu claire, il reprit, doucement, hésitant.

- Je. Euh... J'ai toujours été solitaire. Je ne sais donc pas d'où je viens...

Il baissa la tête, contemplant sa carcasse. La mort. Il venait d'une lignée de Nécromants. Voila ce qu'il savait. Il connaissait quelques noms. Quelques loups. Mais sans jamais s'être intéressé plus que cela à son sang. Ni à cette absence de don dans le sien. Etait il réellement de cette lignée ? Ou bien était-ce le silence de ses connaissances qui répondait à celui des défunts ? Il avait passé tant de temps à survivre, à s'accrocher à la vie, qu'il en avait finit par oublier la Mort.

Alors il s'allongea enfin, dépité, poussant du museau ce qu'il restait de sa proie, repus de sa propre inconsistance. Probablement les dénommés Avalon et Nocera n'en auraient besoin. Mais il n'avait plus goût à la mort.

[la qualité est un peu naze, mais je voulais pas trop retarder le RP-]

Un nouveau contraste, deux météos que l'on n'aurait pu faire plus éloignées.
Le Roi à la couronne d'os posait sur le monde maintenant que l'accord était trouvé deux yeux comme des soleils, radieux, chaleureux, détendus. Le Sauvageon lui avait un œil unique ombragé, remplis d'eau d'une pluie tourmentée. Un manque de repère, par chance cependant, il pourrait toujours se repérer grâce aux étoiles.

"On ne sait pas toujours d'où l'on viens, même pas moi." déclara t-elle, solennellement.  "Mais si tu sais ce qui importe, tu sauras où tu vas."

Une évidence pour elle, qui l'avait comprit avant même que ses yeux ne s'ouvrent. Sans doutes une exagération, mais avoir vu d'autres orphelins au poil clairsemé et aux yeux bouffis lui avait suffit à comprendre leur fortune d'avoir été ramassés, avec son frère. Par-dessus tout elle était reconnaissante que son frère ai pu recevoir cet amour hérité, dispensé par une louve aux lambeaux de cœur pourtant. Qui avait su escalader la tristesse pour les aimer.
Tant qu'elle se concentrait sur eux, toutes les réponses étaient simples.

Elle espéra que cette réponse balaye les nuages du regard de Yersine, et garde le temps de celui d'Avalon. De ce souhait naquit une petite orbe de lumière, alors qu'elle s'allongea tout comme eux pour devenir le troisième point d'une ronde improvisée. La lumière servirait presque de feu pour ce bivouac secret.

TERU NO UTA

Ton regard se perd dans la lumière, tu vois des oiseaux et des silhouettes se dessiner lentement, plonger dans ton esprit et le calmer. Où bien ce n’est qu’une immense excuse, odieuse, honteuse. Tu ne veux pas l’avouer mais la simple présence de ces deux êtres, c’est ça qui te calme, pas l'envoûtante lueur qui danse au centre du petit groupe. Tu ne veux pas l’avouer mais tu as bien envie de planter tes crocs dans le temps pour l’arrêter à tout jamais, pour juste rester là, à soupirer une nostalgie naissante d’un souvenir encore vif.

Avalon tu t’y égares, et tu aimes ça. Pour une fois que tu ne penses pas au décès de ton père, à la chute de ta meute, à la mort des dieux. Pour une fois que tu ne souhaites pas le sang des divins sur ton pelage, portant dans ta bouche l’épée d’une justice sanguinaire.
Ne t’en fais pas Nocera, la réponse fonctionne et le miel est toujours aussi chaud que tout à l’heure.

"Mais si tu sais ce qui importe, tu sauras où tu vas." Ca résonne dans ton coeur, ça accompagne ses battements. Tu sais ce qui importes. Tu sais où tu vas. Mais tu ne savais pas pour qui. Ton regard se pose lentement sur les deux lupins à ses côtés.

Pour eux.

— Avec nous tu n’es pas un solitaire tout comme je ne suis pas un Lazulis. Je suis simplement Avalon, et je suis content que tu nous ai trouvé.

Un sourire doux et sincère s’étire sur son visage. Un visage qui semble bien plus heureux qu’en ces derniers temps.

— Tu sembles bien mal en point, je peux t’aider si tu veux.

C’est un léger rire qui s’échappe de sa gorge, fin, presque plus un souffle qu’autre chose, car il se rend compte qu’il est bien trop niais ? D’où lui vient cette chaleur, lui qui est réputé pour son froid et calme presque inquiétant, qui sait toujours trancher, qui ne connaît pas la crainte du choix Cornélien.

Lumière

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

"On ne sait pas toujours d'où l'on viens, même pas moi."

Il baissa le regard sur ses propres pattes. Oui. La vie n'était pas un long fleuve tranquille. Ni une rivière sinueuse. C'était un brouillard. Un épais manteau grisonnant, sans teintes ni silhouettes. De la vapeur, de la fumée, intouchable, imperceptible. Comme un fantôme. Un spectre de possibilités et de choix qu'il ne savait faire. Apeuré par l'incertitude. Par la confusion de ce monde sans lumière.

"Mais si tu sais ce qui importe, tu sauras où tu vas."

Alors, qu'est-ce qui importait ? Qu'est-ce qui, pour lui, faisait battre son cœur ? Rien. Il chassait pour vivre. Il vadrouillait pour trouver un logis temporaire, loin des prédateurs et de ses comparses. Il vivait comme il survivait. Sans espoir de futur. Sans savoir s'il devait rouvrir l’œil le lendemain matin. S'il verrait la lune se lever, le soleil se mourir. Il n'avait rien. Et ne faisait rien pour changer cela. Il était perdu. Perdu dans sa propre ignorance.
Il réprima un sanglot, ne voulant démoraliser l'ambiance d'un calme si paisible qu'il en devenait presque lourd. Alors il se leva son visage fermé sur les deux Lazulis qui le fixait, tendrement. Un regard qu'il n'avait encore jamais perçut. Ce n'était pas la pitié de Lucie. Ni l'incompréhension de Boitaclou. C'était de la tendresse. Une paisible malice. Quelque chose qui liui réchauffa le cœur, ébouriffant sa nuque déjà bien emmêlées.

— Avec nous tu n’es pas un solitaire tout comme je ne suis pas un Lazulis. Je suis simplement Avalon, et je suis content que tu nous ai trouvé.

Sa poitrine se serra. Ils étaient eux. Sans clan. Sans dieux. Juste eux. Dans leur petit monde confortable, sans ombre ni monstre. Sans terrible lumière ou éclat de solitude. Ils étaient eux. Comme tout être devrait se présenter à son prochain. Sans remords ni reproches. Sans jugement ni appréhension. Ils le voyait comme un loup. Comme quelqu'un qui comptait.
Et cela le toucha au plus profond de son être.

— Tu sembles bien mal en point, je peux t’aider si tu veux.

Un plissement se fait sur ses yeux. L'aider. En quoi, Roi crâne ? Ni l'eau, ni la nourriture ne pourrait redonner vie à ce que tes paroles ont déjà ressuscité. Non. Il n'avait pas besoin d'aide. Ni de soutien, ni d'un quelconque pouvoir. Car il avait obtenu ce qu'il désirait.
La flamme.
L'étincelle en lui.
Cette braise qui montait en chaleur et en puissance.

Il avait l'espoir.
Et le brouillard s'éleva de sa vie.

- ... J'aurais besoin de ton aide après...

Il se leva, fermant les yeux un bref instant comme pour calmer l'ardeur qui pulsait en son cœur. Mais quand il les rouvrit, ce ne fut plus le louveteau sauvage et apeuré que l'on percevait en son regard bleu roy. C'était un loup. Un loup adulte. Qui savait ce qu'il devait faire. Quand bien même cela serait son ultime acte.

- Merci. Pour tout.

Et sans un mot de plus, il tourna les talons, s'enfonçant, la tête basse mais le regard carnassier, déterminé, dans les bois.

Juste eux.
L'idée grava un petit endroit auprès du coeur de la louve, qui se complaisait toujours dans ce bain de douceur. Un petit instant suspendu dans le fil du temps, flottant loin des tourments. Elle huma l'air et ferma ses paupières un instant. Elle se réchauffa physiquement auprès de la lueur ; émotionnellement auprès des deux loups. Quand ses yeux se rouvrirent, Yersine parla à son tour.

Son le monde bleu de sa prunelle, un cycle de vie s'était produit.
L'enfant était mort ; l'adulte était né.
L'innocence était partie ; la détermination venue.

De la surprise agita son être, elle se redressa à moitié sous l'impulsion. Le Sauvageon était un As de pic, pour ainsi piquer sa curiosité à chaque fois, avec son pelage aussi sombre que la couleur de sa carte. Il lança une promesse, qu'il tiendrait compte de l'offre du prêtre d'Ao. Et ultimement, adressa un remerciement. Nocera comprit dès lors qu'il avait trouvé son chemin, il avait trouvé ce qui comptait et saurait désormais où se diriger. Cette information l'inquiéta irrationnellement, mais lui intima, susurra dans son oreille de ne pas l'arrêter. Ni de le suivre.

Son regard resta bloqué, un instant encore, vers là où l'As était parti.
Avant que son regard ne se porte sur le Roi.
Roi des morts, du miel et de la sève. Qui avait aussi laissé en elle une trace en ce jour. L'instant suspendu était retombée, le temps reprenait sa course et ne les attendrait plus. Elle devait le laisser savoir, connaître la destinée qui s'écrivait déjà, alors.

"Mon chemin se trace également, Sobieski ne veut rester, je l'accompagnerait. " déclara t-elle sobrement. "Nous seront chez les Nakhus."

Elle laissa son ton plein de sous-entendu dire le reste pour elle.
Il saurait où la chercher, elle profiterait de leur neutralité pour les trouver en retour.
Ce n'était pas un adieu.

Elle se releva ensuite, adressa à Avalon une dernière luciole, et fit route à son tour. Elle irait retrouver Sobieski, pour partir.
Le futur s'écrivait déjà.