The beginning of the end — Pepper (VIOLENCE)

L’orage grondait.

Les griffes d’Oxomo crissaient sur la pierre qui recouvrait les Monts Céleste, le vent venait soulever son pelage sombre, tandis qu’un grognement s’échappa de sa gueule. Les blessures avaient mis leur temps à guérir, le Serpent n’y était pas allé de main morte en combattant. Progressivement, les blessures s’étaient refermées, les os brisés s’étaient ressoudés, les entraînements avaient repris. L’obstination de la louve lui avait porté chance, lui ayant permis de se relever, toujours plus forte, toujours plus déterminé à conserver le pouvoir, à trouver enfin cet adversaire digne de ce nom, qui trouverait grâce à ses yeux. La disparition de la Tempête avait particulièrement agacé la louve-aztèque, qui n’avait pu se rendre à sa recherche à cause des nouvelles mesures prises par ces stupides Etelkrus. La présence d’Amaniliztli manquait quelque peu à la solitaire, qui aurait voulu s’occuper plus longuement de sa formation. L’enfant apprenait vite. L’enfant était une bonne élève qui avait rapidement compris les attendus et les principes d’Oxomo. Un sourire vint étirer les babines de la louve, dont l’échine frémit, en sentant une odeur si attendue…

Cette odeur.

Impossible à oublier, de ne point se remémorer de la défaite que leur rencontre avait occasionné. La queue féline de la solitaire remua, tandis qu’elle gravissait les derniers pas, terminant son ascension sur une large plate-forme, là, cadeau des montagnes. La petite reine était là. Silencieuse comme une ombre, se fondant dans ce décor chaotique. Oxomo se redressa, sa coiffe de plumes l’agrandissait toujours un peu plus. Le tonnerre gronda au loin, tandis qu’un éclair dans le ciel vint éliminer les prunelles rubis de l’assassin, qui dévoilait ses crocs à son adversaire.

« — Petite reine, ô combien cela fait-il de temps que nos chemins ne se sont croisés ? »

Bien trop longtemps maintenant. Depuis que la petite princesse de pacotille avait réclamé son aide. Quelle stupide créature, stupide de se croire supérieur alors que jamais le goût du sang n’avait caressé ses sens. Oxomo fit quelques pas, toisant de haut la petite bleue qui ne parviendrait surement pas à percevoir quoique ce soit.

« — J’ai cru comprendre, que tu me cherchais avec ferveur. » La louve se pourlécha les babines. « T’ai-je obsédé, cuetlachtli, au point de t’empêcher de trouver le sommeil ? As-tu pensé dans tes pires au moment, à tes crocs déchiquetant ma gorge ? »

Les rumeurs allaient de bon train, avec les Lazulis enfermés sous un dôme, cela mettait moins de chemin à couvrir. Un rire monta dans la gorge de la solitaire qui mit un temps à se calmer, jubilant à l’idée d’obséder les idées de son adversaire. La seule réellement digne d’intérêt. La seule qui méritait un véritable combat. Aucun autre ne serait à la hauteur.

« — Pour ma part, je n’ai cessé de rêver de goûter la saveur de ton yollotl, sentir tes os craquer sous la pression de mes crocs, la saveur de ton sang envahir mes papilles. »

Oh oui, ressentir tout ceci au sein d’une le combat, obsédait les pensées d’Oxomo. Un éclair frappa non loin, rendant le terrain dangereux en cas d’éboulement. Cela en valait bien la peine non ? Un dernier combat, dans des circonstances parfaites.

« — Laisse-moi te prévenir. Aucune de nous ne sortira indemne de ce combat, cela nous changera à jamais. Ici, nous ne faisons qu’un avec les éléments, ressens donc l’harmonie de l’ehecatl, l’atl, le tletl et la tlalli. Ici, l’une de nous trépassera, l’autre vivra, différente, voyant les choses autrement. »

Les muscles d’Oxomo étaient tendus, prêt à attaquer en cas de mouvement de la bleue, sa patte droite prête à se saisir de sa dague, récupéré des entrailles du Serpent.

« — C’est le commencement de la fin. »

Là où une vit se terminera, pour permettre la continuité d’une autre. La fin d’une existence, sacrifiée pour permettre au vainqueur de vivre plus longtemps. Ainsi, allait les choses, ainsi, la victoire serait pleinement acquise à quiconque l’obtiendrait.

La Petite reine est devenue menaçante.

C’est ce qu’Oxomo constata sans grande difficulté, quand bien même les émotions canines n’étaient guère sont point fort. Voilà qu’elle réclame de la créativité, elle ne serait pas déçue ! La solitaire n’avait vu que brièvement combattre la bleue aux côtés de ses comparses, mais ici, elle pourrait librement exprimer sa violence, ne point se contenir pour ses sujets. L’Etelkrus n’avait pas vu  l’assassin combattre, probablement ne sera-t-elle pas déçue de ce combat, quand bien même l’issue s’annonce fâcheuse. Un sourire vint étirer les babines de la noire, se faisant entendre dans le timbre de sa voix, lorsqu’elle prend la parole.

« — La Petite Reine a acéré sa langue on dirait, dis-moi qu’est-ce qui t’a rendu aussi amère ? »

C’est fou ce que tu aimes parler Oxomo, narguer à tout va, te montrer incroyablement provocatrice. Cela s’était remarqué lors de ta prise de pouvoir chez les tiens, lorsque tes crocs avaient déchiqueté la gorge de ton père, avant que tu ne te nourrisses de sa chair, pour gagner en force. Aussi, lorsque tes frères, stupides qu’ils étaient, avaient osé te provoquer en public, pensant que tu ne leur résisterais pas. Ton aura empestait la prétention. Jusqu’au bout, ta haute-estime de toi, ne t’aura quitté, pas même lorsque tu fut chassée.

Le temps de la petite manipulation était révolu. Le corbeau, le prince bleu, la catin de roses… Tout cela n’étaient que du menu fretin, qu’un simple divertissement dans ce monde de charognes. Aucun d’eaux n’avait été à la hauteur de ses attentes, de simples déceptions. En revanche, la petite reine… Elle, elle était intéressane. Déterminée à la détruire, farouche… Dangereuse. Cela lui rappelait son lien avec Cipac, menaçant. Cet idiot manquait à la vie de l’aztèque qui se devait d’avoir un ennemi digne de ce nom à ses côtés. Peut-être que la Petite reine viendrait lui ravir ce titre après tout ?

La Petite reine attaqua, vous commenciez à valser, enfin ! Voilà même que son attaque porte ! Les yeux rougeoyants de l’aztèque brillent de plaisir, la douleur venant aiguiser ses sens, l’excitant plus que la déstabilisant. C’était cela qui était dangereux avec Oxomo, elle qui, trouvait le plaisir dans le douleur, la joie dans le mal, l’extase dans la mort. L’effrayer était chose difficile, la faire reculer, impossible. La solitaire irait au bout de ce combat, car mourir en mêlant son sang à celui de ses adversaires, constituait le plus honneur, le plus beau sacrifice à offrir aux dieux. Le sang dégouline de la blessure infligée au niveau du cou, venant teinter la pierre de rouge.

(Dé attaque)

La longue queue féline d’Oxomo remua, tandis que ses crocs se dévoilent, alors que la foudre frappe non loin. Voilà que ce sont ses griffes, qui viennent s’enfoncer dans le visage de la Petite Reine partant de son côté gauche pour descendre au niveau de son cou. L’assassin porte ses griffes recouvertes de sang à sa gueule, y faisant tomber quelques gouttes sur sa langue, laissant un goût de… étrange - de poivron ? -. Voilà maintenant que toutes deux s’étaient infligées des blessures équivalentes.

C’est fou à quel point Oxomo se revoyait dans cette petite reine. Forte, déterminée. Oui, quand bien même toutes deux le nieraient, elles se ressemblaient étrangement. Aucune des deux ne retenait ses coups, l’aztèque uniquement dans un but d’amusement personnel, alors que la Bleue, elle, désirait vraiment l’anéantir. C’est ainsi que tout cela se conclurait de toute façon, n’est-ce pas ? Par la mort de l’une ou l’autre, voir des deux au vu des blessures qu’elles s’infligeaient. Tout autre spectateur aurait probablement été heurté par une telle violence. La Petite reine répond, de sa voix sèche, n’appréciant guère de répondre à son adversaire. Quelle dommage ! Peut-être toutes deux auraient-elles pu avoir une véritable discussion, une discussion sans barrières, sans limite de peur de heurter la sensibilité de l’autre.

« — Mais pas suffisante pour nous apprendre à l’utiliser. »

La naissance. Quelle vaste plaisanterie ! Ce moment où nous dépendions d’un tiers pour survivre. Oxomo haussa les épaules à cette pensée, étirant sa blessure au cou. La garce ne l’avait pas manqué quand même ! Un instant, la solitaire observa la blessure qu’elle venait d’infliger à son tour, imposante, disgracieuse pour une princesse. Mais c’était une Petite reine, pas une catin à l’odeur de roses, pas une courge qui n’avait jamais usé de ses griffes. Cette cicatrices serait son héritage, un trophée de son combat. Aucun ne pouvait se prétendre être un bon combattant en l’absence de la moindre cicatrice, cela aurait été vulgaire et présomptueux.

Voilà que l’Etelkrus repart à l’assaut, cette fois c’est le goût de son propre sang qui envahit la gueule d’Oxomo alors que sa bouche l’élance. Grognant de mécontentement, la solitaire tire vers l’arrière, aggravant probablement sa blessure, mais elle était bourrin sur les bords et pour elle l’urgence lui disait de se dégager de l’emprise de son assaillante. La pluie vient se joindre à leur assaut, pouvant potentiellement rendre leurs prises glissantes. C’est ce qui permet d’ailleurs à la louve noire de se dégager de la prise de l’alpha, la toisant de ses yeux rouges. La douleur élançait sa gueule, alors qu’elle tentait de l’ouvrir et de la fermer, histoire de voir si tout fonctionnait encore. Un rire résonne du fond de sa gorge, alors qu’elle penche sa tête en arrière. Ce geste élance toutes ses blessures, jusque-là infligées.

« — Tu aurais été parfaitement à ta place dans ma tribu, Petite Reine. Loin de ces loups qui viennent entraver tes désirs. »

Mais assez parler maintenant, car déjà cela venait brûler la gueule d’Oxomo qui passa sa langue sur ses crocs, tentant d’en nettoyer le sang. Le museau est bien atteint, la petite ne l’avait pas raté.

(Dé attaque -5pvs Oxomo attrape Pepper et la balance au sol)

Cette fois, c’est à l’assassin de mener la danse, alors qu’elle prend de l’élan sur ses pattes arrières pour bondir au-dessus de la bleue, avec l’agilité d’un félin. L’atterrissage est maladroit, mais Oxomo se rattrape vite, ses crocs se refermant sur le cou de la Petite reine, dont-elle soulève le corps léger le plus haut possible… avant de venir frapper le corps contre le sol avec brutalité.

Le tonnerre gronde un peu plus fort, serais-ce Tlaloc en personne qui viendrait porter appuie à la solitaire ?

Le combat est bien avancé, l'issue pourrait advenir lors de la dernière attaque. Reste à savoir qui vaincra sur l'autre ?

C’est la fin.

Le pressentiment avait saisit tes entrailles avant même que le combat ne commence, maintenant cela était une certitude, alors que la Petite Reine se défendait avec ferveur. Bien. Au moins, avait-elle la volonté de vivre, de combattre pour se maintenir en vie.

« — Tu parles… comme une reine. »

En évitant l’attaque, la Petite reine infliges de nouvelles blessures à Oxomo qui chancèle. Le sang dégouline le long de ses membres, vient se mélanger à la pluie qui ruisselle sur la terre. Les secondes s’écoulent, alors que la solitaire demeure immobile, ses yeux rouges observant le frêle silhouette de son adversaire.

« — N’oublies pas… Ce n’est que le commencement. »

(-3 pvs sur Pepper)

Cette fois, c’est ta dague que tu lances, qui vient entailler la chair de ton adversaire avant de se figer dans la roche derrière elle. Les plumes accrochées au manche viennent apporter un peu de couleur à la pierre terne. Un instant, Oxomo ferme les paupières, avant de reculer doucement, approchant dangereusement du bord.

« — Ce fut un combat digne des dieux eux-mêmes. N’ignore pas tes pulsions, Reine. »

Car tu ne la considérais plus comme petite, hein Oxomo ? Toutefois, tu ne la laisserais s’octroyer pleinement la victoire, puisant dans tes dernières forces, pour prendre de l’élan avant de laisser ton corps basculer de le vide. Le vide te happe, serrant son étreinte autour de toi. C’est lors d’une nuit sans étoile, que tu laisses la mort te bercer dans tes bras, qu’après un combat que tu acceptes le départ, le sourire aux babines. Ton corps continuait de chuter, c’est que tu étais tombé de bien haut, probablement ne resterait-il rien de toi après cela. Tu as mené une vie bien palpitante, riche en conquêtes, en aventures, en combat… Le moment est venu pour toi de laisser la vie s’éteindre, le dernier soupir t’échappe au moment même où ton coeur heurte avec violence les contre-bas de la falaise.