Shrine

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Les lazulis ne les méritaient pas. Clairement pas. Il avait cru, sombre crétin qu'il était, qu'il ne s'agissait là que d'un manque de communication. Que Mido avait mal compris leurs intentions, et que la terreur avait inspiré l'effet inverse de celui escompté. Qu'au final, tout allait bien. Et, tel une série B de Noël, il suffisait d'ouvrir son cœur pour que tout rentre dans l'ordre, qu'un câlin général emplisse d'amour pendant que des cookies sortis de nulle part échauffent leurs esprits à la fête et aux jeux.

Mais les Lazulis s'en battaient bien la nouille des dieux.
Tout comme, désormais, Yersine se contre fichait de leur sort.

Mais pas du leur. Eux. Les dieux qui avaient accompagnés sa lignée tout du long, parfois en opposé, parfois en divisé. C'était bien la première fois que vert et bleu était allié dans une même meute. Les siens avaient attendus cela si longtemps, que leur famille ne soit plus divisée. Et désormais que la possibilité s'offrait à eux, les lazulis détruisaient tout.

Et Yersine allait leur faire regretter cet affront. Ce scandale. Cet oubli.
Eux qui agissaient comme si glowstick et pouvoir leur était dû, qu'il suffisait de faire une courbette et qu'ils pouvaient obtenir ce qu'ils voulaient d'un dieu, sans rien en retour. Ni prière, ni don, ni paroles. Ils ne venaient les voir que pour ça.
Que pour les utiliser.

- Ao !

Sa voix résonna dans le temps dont la cascade gelée avait en parti bloqué l'accès. La température semblait bien glaciale ici, et pourtant, ni son souffle, ni son poil, n'en souffrait. Il brûlait, au contraire, d'une ambition, d'une force, qu'il n'avait que rarement eu.

- Je ne ferais pas la même erreur deux fois. Les Lazulis vous ont oubliés. Ils ne voient en vous que des distributeurs de pouvoir, des entités soumis à leur volonté. Je me refuse à cela.

Il serra les crocs.

- J'ai. J'ai tenté de les raisonner, de leur faire comprendre que tout n'était pas perdu. Mais pas le dixième d'entre eux n'a daigné m'écouter. Quelle blague, fit il d'un petit rire. Je suis une vraie blague. Un idiot qui pensait pouvoir tout changer. J'avais tort. Et j'en paie le prix, comme ils en paieront le prix. Mais je refuse que vous, dieux, vous en subissiez les conséquences. Vous qui avez toujours été là, à attendre nos prières, nos dons, notre attention. Vous qui nous avez protégé, dans le jour comme dans la nuit, nous guidant. Non. Vous ne méritez pas ça.

Il posa alors sa statuette de saphir, loup grondant, pattes écartées, le regard posé sur une fourmi, un mortel, en bas de toute sa fierté. Une représentation qu'il comprenait désormais comme erronée d'Ao. Car en ce temple, il n'y avait pas plus de fierté que de colère, de toute puissance. Il y avait juste l'abandon de la situation, le déni. La tristesse.

- Je n'ai que cette statue à vous offrir. Et tout mon être. Toute ma ferveur. Comme je l'ai confié à Mido, et la confierai a Moiro. Si les Lazulis sont divisés, vous, vous devez restés soudés. Forts. Unis. Dans votre conviction et dans votre pensée.

Il se tint droit, le regard se voulant aussi déterminé que celui du dragon auquel il soutenait les yeux de pierre.

- Je ne vous abandonnerai pas.

Et il trouverait des loups prêt à les aimer comme ils le devaient. A les idolâtrer.

Shrine

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Elle était venue. Un instant. Une fraction de seconde. De quoi prendre son offrande, la laissant disparaitre dans un souffle de poussière, de cracher son venin sur la situation, et de repartir. Comme si de rien n'était. Pas un espoir. Pas un remerciement. Juste le doux vent de l'amertume.

Oui. Ao était en colère.
Et il en était plus qu'attristé. Car, une seconde fois, on le rabroué sur ses attentions. Naïves. Stupides. Vaines. Idéalistes. Elles étaient tout ce que lui était. Et cela le blessait au plus profond de son âme. N'être que cela. Qu'un idiot, incapable de réagir comme il se devait.

Il soupira.

- Aussi naïve et idiote soit-elle, je vous fais la promesse de ne pas vous abandonner...

Car ce serait abandonner ses convictions. Les siens. Tous.
S'oublier soi même.

Et sans un mot de plus, sachant la déesse courroucée et peu loquace dans ses sombres périodes, il se leva, et parti. Presque déçu d'aussi peu d'attente de la part des mortels.