L'Or et le Vent [PV Hayndriel]

Hayndriel ne savait jamais si il faisait nuit ou jour lorsqu’elle quittait la maison. Elle avait réfléchis à la technique d’Eva, et elle s’était engageait à chercher de la lavande, et d’autres plantes permettant de marquer le chemin par l’odeur. Cela pourrait peut être aider d’autres loups, elle n’était pas la seule aveugle et elle en avait parfaitement conscience. Elle remuait joyeusement la queue, humant les embruns, allant à droite et à gauche, totalement insouciante. Ou presque.

Le vent lui murmurait qu’elle était seule. Alors elle ne se souciait de rien. En général il la prévenait bien à l’avance et lui donnait les directions à suivre pour fuir le danger. Il était gentil avec elle, mais parfois un peu farceur, elle c’était déjà retrouvé à la flotte à force de l’écouter. Mais ça la faisait souvent rire. Elle s’approcha d’une plante odorante, ça puait presque, ne se doutant pas qu’elle venait de mettre la truffe dans du jeunait et qu’un putois venait de s’y défendre contre elle justement.  Elle recula en secouant vivement la truffe, s’engageant sur un autre chemin tout en cherchant un court d’eau pour si laver au cas où l’odeur serait resté sur elle. Elle trouva cela après un moment avant de se laisser sécher tout en continuant sa promenade.

Elle était très motivée. Et elle ne comptait pas rentrer bredouille. Elle tenait absolument à pouvoir ramener des plants de lavandes. La jeune femelle arriva finalement sur un territoire où une nouvelle odeur s’effilochait sous sa truffe. On la prévint qu’elle se dirigeait vers un loup et s’arrêta, reculant, avant de marcher sur une branche. Entendant une voix, pas celle du vent, elle mit les oreilles vers l’arrière, souriant nerveusement.

« Héhé… non… J’avoue »

Répondit-elle doucement avant de se rapprocher de l’individu en percevant cette odeur inconnu. Il dégageait quelque chose de différents des Nakhus. Elle remua doucement la queue, un peu stressée à l’idée qu’il pouvait lui sauter à la gorge pour la faire partir, voir la tuer.

« Je… Je voulais pas vous déranger… vous allez bien ? »

Demanda-t-elle tout de même. Elle sentait sa nervosité et son inquiétude monter, mais elle faisait avec. Remuant calmement sa queue pour se donner du courage. Il avait un timbre de voix plus jeune que ce qu’elle entendait d’habitude. Alors ça la surprenait un peu. .

La louve noire ailée été un peu inquiète à l’idée de se faire attaquée par cet inconnu. Il avait l’odeur d’aucun autre. Il n’avait pas l’odeur sauvage des Solitaires, pas celle des Etelkrus non plus. Ni celle des Nakhus. Avait-il était si longtemps sur le territoire des Lazulis qu’il en avait prit cette odeur qu’elle ne connaissait pas ? Elle pencha la tête en fixant le vide où se trouvait normalement le mâle. Entendant l’hésitation dans sa voix, puis ses quelques mots.

Elle opina du chef, souriante au mâle. Elle n’avait pas l’intention de l’attaquer ou de se montrer agressive. Ce n’était pas dans ses habitudes. Puis elle n’avait jamais vraiment apprit à se battre, et n’y trouvait pas vraiment d’intérêt. Sauf peut être si on tentait de la tuer ou de tuer les siens. Et encore ce serait plus pour arrêter le combat que vraiment blesser autrui. Elle agita les oreilles à ses mots, il pensait ?

« Quelque chose vous tourmente ? Je vais bien. Je vous remercie »

A sa question Hayndriel se redressa, vint s’asseoir calmement et rabattit son épaisse queue sombre contre ses pattes avant en inclinant calmement la tête.

« Je suis une Nakhus. Vous n’avez pas l’odeur des Solitaire, vous seriez… un ancien Lazulis ? »

Demanda-t-elle incertaine et ne voulant pas l’insulter ou qu’il se mette en colère. Elle espérait rencontrer des Lazulis. Ils avaient peut être besoin d’aide. Elle avait déjà rencontrer Judas, très particulier comme loup, mais le bruit ambiant qu’il produit permet à la jeune louve de savoir qu’il va bien même s’il râle. Et puis il n’est pas méchant. Ce loup là non plus ne semblait pas méchant, mais peut être qu’être confondu avec les Lazulis ne lui plairait pas.
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La fille de Raison tentait souvent d’être aussi sage que son père. Elle voulait porter les valeurs justes de la déesse qu’elle aimait. Yurai était une déesse si noble à ses yeux d’aveugles. Elle s’avança vers le loup, calmement, gardant une distance d’intimité, avant de s’asseoir à quelques pas du jeune mâle. Il semblait perdu, peut être pas physiquement car il savait sans doute mieux qu’elle où ils se trouvaient. Mais son esprit semblait déchiré et happé par des questions. Elle sentait que quelque chose n’allait pas, que quelque chose troublait la quiétude qu’elle voulait à tous les loups.

A ses mots Hayndriel agita doucement les oreilles. Il était tourmenté par ce qu’il n’était plus ? Parce que les Lazulis n’étaient plus un véritable clan peut être ? Elle pencha la tête. Fermant les yeux. Elle n’avait jamais vu ses valeurs lui être arrachées. Mais elle doutait fortement que l’on puisse enlever à un loup ce qui lui était propre et intérieur. Elle n’était pas sûre de sa réponse, de ce qu’elle allait lui dire. Mais il avait besoin d’une réponse sans doute. Ce serait un petit pas pour l’aider, le soulager un peu.

« Parce que les Lazulis ne sont plus une meute, vous pensez ne plus en être un ? »

Demanda-t-elle calmement avant de lever la truffe vers le ciel. Ses oreilles se pointant en la direction de la voûte célestes qu’elle voyait toujours aussi noire, mais qu’elle imaginait vaste et sans réel fond.

« Je n’ai jamais connu votre situation. Et je ne suis pas sûre d’être capable de vous aider, de vous apporter les réponses dont vous avez besoin mais… Je ne pense pas qu’on puisse arracher à un loup ce qui lui est intérieur. Les valeurs que l’on porte, on ne devrait laisser personne les bafouer, et continuer de les porter en soi comme une fierté. Il ne faut pas les imposer aux autres comme seules valeurs existantes. Mais, en cohabitant avec autrui, on peu essayer de partager nos valeurs. Pour qu’elles subsistent en nous, et en d’autres. Comme un cadeau un échange qu’il faut chérir. Après tout, on peu en avoir plusieurs des valeurs qui cohabitent en nous. Alors on peut sans doute accueillir celle des autres aussi tout en gardant les notre. »

Elle ne savait pas si ce qu’elle disait était compréhensible, ni même si c’était sage, ou correcte. Mais elle faisait de son mieux. Elle entendit son soupir et ses quelques mots avant de baisser la truffe et de tourner sa face aveugle vers lui. Les oreilles pointées vers le loup qu’elle ne voyait pas, mais qu’elle imaginait légèrement plus petit qu’elle.

« Je pense que les Lazulis seront toujours, tant qu’il y aura quelqu’un pour se souvenir de leur mode de vie, de leurs coutumes, de leurs valeurs, et du fait qu’ils ont été une grande meute. »

Remarqua-t-elle avant de sentir le vent jouer dans ses cheveux et dans ses plumes. Elle aimait entendre ses chuchotements, ses murmures, et ses paroles taquines. Mais aujourd’hui elle voulait surtout aider le loup à ses côtés. Pour le moment, c’était la seule chose à laquelle elle pensait.
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La femelle noire avait les oreilles qui s’agitaient au rythme de ce qu’elle entendait. Elle ne savait pas si elle l’aidait, elle le voulait pourtant, mais elle n’était pas très douée pour cela. Elle ne partirait pas tant que le loup ne se sentirait pas un peu mieux. Elle l’écouta râler sur cette meute qui avait été la sienne, sur ces souvenirs bafouées d’une enfance dévorée par les conflits et la mort. Elle baissa les oreilles, attristée pour lui, avant de souffler longuement.

« Ces guerres entrent famille, montraient peut être que chaque famille était trop unies pour tenir le cape… être soudée est nécessaire, mais si on est trop fusionnels, tout finit par s’effriter et se perdre. »

La femelle l’entendit s’effondrer, elle avait comprit qu’il grognait un peu précédemment, mais savait que ce n’était pas contre elle. Elle n’avait pas senti d’animosité à son égard, alors elle n’avait rien dit, acceptant seulement de l’écouter geindre. Mais quand il se mit à pleurer, la femelle n’arrivait plus vraiment à retenir son envie. Elle passa une patte douce et chaleureuse autour de l’encolure du mâle. Elle avait raison, il était légèrement plus jeune et plus petite qu’elle. Elle lui donna un petit coup de museau amical contre les oreilles.

« Vas y, pleure, cri même si tu veux… Relâche la pression et la douleur que tu as dans le corps, ça te fera sans doute du bien. »

Elle savait que la plus part des loups refusaient de se montrer faible en présence d’autrui. Encore plus de pleurer ou de se plaindre. Mais elle trouvait ça complètement idiot. Elle leva sa truffe vers le ciel, remuant doucement sa queue dans son dos, laissant Méridor pleurer.

« Tu es fort tu sais… Tu as le courage de pleurer devant autrui… Ne pas montrer ses souffrances, à mes yeux, c’est être faible d’esprit, car c’est croire que l’autre ne peu pas comprendre et rejeter parfois sa bienveillance... »

Lui dit-elle doucement, calmement, les oreilles pliées dans son dos, le bruit de l’eau et le murmure du vent qui jouait dans ses oreilles. La femelle appréciait cet étrange moment qui s’étirait un peu. Elle se sentait utile, un petit peu, au moins. Elle avait l’impression de pouvoir contribuer au bien être de quelqu’un.
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La femelle ailée le laissa pleurer autant qu’il le désirait. C’était important de libérer l’esprit de ses poids. Il prendrait le temps qu’il lui faudrait, la louve noire n’était pas pressée de toute façon. Elle n’avait pas à l’esprit de bouger ou de partir, pas tant qu’il sera en meilleure forme de toute façon. Elle se sentait satisfait de pouvoir aider quelqu’un, elle en retirait du bien être, pas de sa peine à lui, mais de pouvoir la chasser justement. Elle remuait calmement sa queue dans son dos, dans un mouvement pendulaire presque doux.

L’écoutant quand il reprit la parole. Il n’a pas dû avoir une enfance facile … Repartir de 0 ? Oui ils pouvaient, mais il fallait être sûr de ce qu’ils voulaient. Repartir sur des bases saines, quelque chose de serein qui conviendrait à tout le monde et n’entrerait pas en conflit avec les idées des uns ou des autres. Elle hocha doucement la tête.

« Oui, vous pouvez repartir du début, vous pouvez vous relever, et reconstruire quelque chose de plus fort, et de noble, tous ensembles. Comme lorsque le feu a tout détruit, après lui la terre renait, et les nouvelles pousses sont parfois bien plus belles et fortes que ce qui les a précédés. »

Elle prit une pause, comme il avait relever la tête, elle se permit de retirer sa patte de son encolure, mais garda sa protection de l’aile autour de lui, et rabattit sa queue contre le corps du mâle comme une autre protection, une barrière contre ce qui le tourmentait peut être.

« Cependant, il faudra que vous puissiez vous parler, et vous comprendre, pour mieux reconstruire. Il faudra être à l’écoute les uns des autres, et tenter de partir sur le meilleur chemin pour tout le monde. »

Quand elle parlait de chemin, elle parlait d’avenir, de direction à suivre dans sa vie. En parlait à ce jeune loup, elle constatait qu’elle était heureuse d’être Nakhus. Elle se sentait bien chez eux. Elle se sentait paisible et en sécurité, mais aussi écouté et comprise. Et elle voulait pouvoir aider, comprendre, et soutenir autrui. C’était devenu important, et naturel.

« Il ne faut pas oublier votre passer et votre histoire, bien qu’il ne faille pas les ressasser pour ne pas vous y enliser, il faut en tirer votre force, pour que les leçons d’hier puissent vous apporter quelque chose de meilleur demain... »

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L’aveugle agita les oreilles, sa queue protégeant le jeune loup. Elle pencha la tête à ses mots. Il savait sans doute mieux qu’elle ce qu’il disait sur le sujet. Elle ne connaissait pas du tout le mal qui rongeait l’intérieure même de la meute des Lazulis. Elle hocha la truffe.

« Peut-être que tu trouveras d’autres alliés de choix qui comme toi n’ont pas abandonnés. Tu ne sais pas de quoi demain est fait. »

Il semblait aller un peu mieux et cela rassurait grandement la femelle sombre. Repliant ses ailes sur son dos. Elle sentait le vent jouer dans leur poils et leurs cheveux. Le jeune loup avait une odeur de métal unique en son genre, que l’aveugle n’avait jamais croisé, mais qu’elle ne risquait pas d’oublier. Elle pourrait le reconnaître grâce à son identité olfactive.

« J’espère que tu trouveras des choses qui te permettront d’avancer d’avoir un objectif. Si tu as besoin d’une terre d’asile, de soutient, ou de réconfort, n’hésite pas à venir en terre Nakhus, je serais toujours prête à t’aider. »

Oui vraiment, elle le sera toujours, même si tu devenais le pire des petits salauds avec un caractère monstrueux. Elle ne pouvait pas détourner les yeux de quelqu’un qui a besoin d’aide. Son cœur ne pouvait pas oublier un ami, même s’il devenait un jour l’ennemi.

La louve noir le sentie se relever, elle en fit de même, secouant son épais pelage sombre avant de l’entendre le remercier et de sourire.

« Ne me remercie pas. Je m’appelle Hayndriel au fait. »

Elle l’entendit partir et remua la queue, elle était contente d’avoir pu l’aider à lui remonter le moral. Elle se sentait satisfaite d’avoir pu aider quelqu’un. Le recroiser ? Oui ça peut être fortement agréable. La louve étira ses pattes avant et se retourna pour rentrer chez elle, ou peut être errer chez les Lazulis pour les aider, elle verrait ce que l’avenir lui souffle.