Ombre du passé | LIBRE & RETOUR

Sujet: Ombre du passé | LIBRE & RETOUR Dim 29 Mar 2020, 19:45

Lymphalème

Ou as-tu été ces longs mois ?

Tu arrives, comme une ombre, au bord des terres. Une ombre blanchie, une ombre déchirée, une ombre pleine de nouvelles pensées, de nouvelles idées. Tu marches sur le bord des terres Etelkrus, tes yeux d’ambre passant sur ces lieux qui ont été ta maison si longtemps. Quelle est cette émotion qui crépite dans ton regard, d’où vient cette démarche plus lourde, ce poids dans tes pas. Tu marches sur le bord des terres, comme un prédateur regardant sa proie, comme un Solitaire, un inconnu.
Tu sembles attendre quelque chose, quelqu’un peut être.
Ça fait si longtemps. Ces mois, que tu as compté en faisant ces cordes qui pendent maintenant autour de ton cou, t’on parut une éternité. Une éternité enfermée. Une éternité de souffrance. Une éternité de désir de revenir. Maintenant tu es là, mais ce n’est pas comme si tu n’étais jamais parti. Une part de toi est restée là-bas. Un glowstick est resté en morceaux sous leurs pattes. Ce sont des choses qui ne peuvent plus être récupérés, mais peut être un jour reconstruites. Le regard dur du loup se pose finalement sur la frontière.

Il a attendu là, au bord, trop longtemps à son goût. Son regard brille. Il sait l’endroit qu’on voit le moins depuis la tour, il y a monté garde trop de fois dans cette tour, il a regardé les loups passer. Il sait les chemins qu’on n’observe que trop mal depuis les postes.

Il la traverse, frontière invisible, qui le séparait du danger de la fureur de ses congénères. Il en sait tant sur vous, ce serait dommage qu’il ait mis quelqu’un d’autre au courant. Les pas se font tout doux pendant qu’il avance. Il semble avoir maigri, il n’a plus le poil aussi épais et touffu qu’auparavant, mais il est aussi plus musclé que la dernière fois qu’il a posé les pattes ici. Son regard est différent aussi. Pourtant c’est la seule chose dont la couleur est restée intacte.
Il hume l’air. Ici, un loup a dû se frotter, c’est une odeur qu’il reconnait légèrement. Dough, tu es passé par là ? Parfait. Il se frotte contre la pierre, masquant son odeur d’étranger dans celle de Dough. Ce n’est pas parfait, mais cela lui donner la seconde de confusion dont il pourrait avoir besoin si quelqu’un lui tombe dessus. Soudain il entend du bruit. Quelqu’un arrive.
Très bien.

Il regarde le rocher, et bondit dessus, pour s’y asseoir. Certes, on pourrait l’encercler, mais il attendra ici ceux qui viennent. Il verra l’idée qu’ils se feront de lui sur leurs visages. Comme il a rêvé de ce moment. Comme il se demande quel regard se posera en premier sur ce loup gris et blanc assis en haut d’un rocher.

Sujet: Re: Ombre du passé | LIBRE & RETOUR Lun 30 Mar 2020, 00:24

Ombre du passé

▬ ft. Lymphalème

Printemps 2020.
5ans et demi / 8mois.

Il est devenu grand, le fils.
Tu ne l'as même pas vu naître, toi qui était déjà parti, toi qui avait quitté sa vie alors qu'elle lui donnait naissance, soutenue par la seule personne qui ne lui ait jamais tourné le dos. Pepper s'était sentie trahie, de ton départ. Et qu'importe l'excuse qui se cachait derrière, elle t'en avait voulu terriblement, Lymphalème. Car il n'y avait de raison, pour que tu t'éloignes seul, pour que tu commettes tel imprudence.

Te rayer de sa vie avait été un moyen de ne pas souffrir de ton départ.

Elle n'avait versé une larme, s'était contenté de laisser cette frustration naître en elle. Plus encore.
Colère, à ton égard. Et vide, dans son cœur, qu'elle avait oublié à l'égard de ce que la vie -ou plutôt l'Autre- avait placé sur son chemin. Elle ne lui avait même pas parlé de toi, alors que vous aviez pourtant tant partagé ensemble. Pour lui, tu n'étais qu'une ombre errante évoquée, dans une lointaine discussion qui avait eu le malheur de tomber dans sa seule oreille capable d'écouter.
Tu étais un mirage.
Un souvenir d'un avant qu'il n'était en mesure de connaître.

Ils marchaient côte à côte. Elle, le port altier et la tête haute. Lui, tête plus basse et queue frôlant le sol. Il la dépassait déjà, de ses huit mois tout juste passés, prenant une taille que l'on devinait plus grande encore que son autre parent. Il n'en restait pas moins un adolescent, qui avait encore beaucoup à apprendre.
Autant qu'à prouver.
Il hume l'air, Désastre. Décèle la moindre effluve, la moindre espèce vivante qui aurait foulée ici la terre. Mère et fils chassaient, l'apprentissage se poursuivait parmi les autres. Il se devait aujourd’hui de trouver espèce plus impressionnante qu'un simple rongeur ou qu'un volatile, pour tenir quelques prouesses de combat.

Il avait perçu l'odeur de Dough, oncle plus aimant que Cookie. Il l'avait vu passé, il n'y a pas si longtemps que ça, ressentait à nouveau son odeur. Un peu effacée, ce n'était plus très frais. Il était venu vénérer son dieu, puis était reparti...
Le nez levé, Désastre renifle.
Et alors que Pepper se tenait derrière lui, les oreilles en arrière, suivant la traque de ce qu'il pistait... Lui te vit alors.

Ce sont les yeux rouges sertis d'une étoile qui se posèrent en premier sur toi, quand les dorés n'en avait possibilité.

Mais tu n'est pas Dough, toi sur ton rocher, toi qui portait la trace de lui comme s'il était venu contre toi un instant. Toi...
Toi tu n'es qu'un solitaire, ici sur leurs terres.
Où est Légionnaire, qui rode et protège ?
Et pourquoi Dough serait-il ainsi venu contre toi ? Désastre n'a pas la notion d'amant, et s'il sait que les solitaires en dehors des frontières ne sont pas si assassin...

Toi, tu étais chez eux.

Dans un instinct de défense, dans une peur inculquer de l'inconnu sur ses terres, ou peut-être pour impressionner Pepper, l'adolescent montre les crocs sans un grognement et le regard se fait assassin. On aurait pu penser que ce minot aurait bondit pour te déloger de ton rocher, peut-être te planter la mâchoire dans une patte.
Tu n'aurais pas eu tort, de penser ça.
Pepper, que tu es en mesure de voir et se tiens cinq mètre derrière lui s'est stoppée. Elle relève son museau, sent ton odeur.

Elle ne lui fait vraiment tilt. Elle l'a oublié, elle aussi.

«Penses-tu être ici à ta place ? »

La tension s'accumule dans le corps du jeune loup, qui ne sais y faire face. Il ne sait ce que sa mère attend de lui, encore, car ses mots son sans hostilité. Il ne porte pourtant la moindre chaleur, et elle ne sourit pas.
Elle reste dur.
Lui, immobile.

Un mouvement vers Pepper, et c'est pourtant le fils que tu aurais eu suspendu à ton cou.

Sujet: Re: Ombre du passé | LIBRE & RETOUR Lun 30 Mar 2020, 09:48

Pfffrp - musique

Lymphalème

Il fallait que ce soit elle, qui apparaisse à l’horizon. La forme bleue qui se détache là, accompagnée d’un jeune loup aux yeux de feu ne fait aucun doute. Il la reconnaîtrait entre mille. Entre des milliers. Qu’est ce qu’il a pensé à toi, Pepper, dans son exil, loin, dans les terres froides qui ont vu mourir son sourire si discret. Il cherche sur toi la broche qu’il t’as donnée, mais ne la vois pas. Etais-tu fâchée contre lui ? Blessée, qu’il soit parti aussi longtemps, sans nouvelles ? Qu’il ne t’as même pas dit au revoir.
Ce sentiment de brisure le fissure de l'intérieur, pendant que ses yeux se posent sur toi.

Si seulement il avait su, en prenant la suite de Godric, ce qu’il lui arriverait, il l’aurait laissé partir en soupirant. Mais aujourd’hui, ce n’était plus une question qui valait la peine d’être posée. Il l’avait suivi, il était tombé avec lui, puis il s’était relevé, pour revenir. Il avait perdu tant, en partant d’ici, puis reperdu en partant de là-bas. Il lui semblait à présent que peu importe où il poserait les pattes, il laisserait derrière lui des cœurs brisés, des espoirs détruits, des familles brisés. Où étaient partis les jours de sa jeunesse, où l’insouciance et les jeux rythmaient sa vie. Que restait-il de ses jours heureux, à part des souvenirs ?
Elle-même n’était que souvenir, jusqu’à ce moment. Mais voilà qu’elle se dressait devant lui, avec un petit qui avait tout l’air d’être son fils. Elle aussi, donc, avait fait sa vie. Il n’avait eu guère le choix, lui, alors il espérait que son fils lui apportait plus de bonheur et de joie que ce que lui, avait laissé derrière. Il la reconnaissait dans tout. Il savait comment elle bougeait, le mouvement de ses oreilles, rapide et aiguisé, son regard vide, le mouvement de ses épaules lorsqu’elle marchait. Il ne l’avait jamais oubliée, il avait toujours pensé à elle, à ce qu’elle devenait. Il avait toujours pensé à s’échapper pour revenir. Elle n’avait pas grandi physiquement, mais sa façon de bouger trahissait quelque chose de bien plus complexe, comme évolution. Que s’est-il passé pendant qu’il était parti ? Qu’est ce qu’il ne savait pas ? Comme son cœur se déchirait d’être si proche d’elle, enfin, mais d’être encore si loin. C’était comme si une éternité les séparait. Une éternité de temps, de choses qu’ils avaient vécu différemment, de vie qui s’était écoulée l’un loin de l’autre.

Son regard d’ambre s’est fait si doux, si peiné, lorsque tu es arrivée, puis il se pose sur le fils, sans bouger. Qui es-tu, toi, qui porte de toute évidence les gènes de la bleue ? Tu sembles prêt à l’attaquer, ce loup qui a tout d’un Solitaire à tes yeux. Même si ta mère t’avait parlé de lui, est ce que tu l’aurais reconnu ? Lymphalème ne bouge pas, ne donnant pas d’excuse pour qu’on lui arrache la tête. Sa voix n’a pas changé, si elle n’est pas plus teintée de regrets.

« Il n’y a que toi qui puisse me le dire, Pepper. »

Ombre du passé

▬ ft. Lymphalème

Printemps 2020.
5ans et demi / 8mois.

Il lui suffit d'un mouvement, à Pepper, un signe de la tête...pour que le fils baisse sa garde et vienne derrière elle. Il est déjà plus grand qu'elle, il a des muscles si affutés et pourtant le visage si jeune. Il était prêt à beaucoup, pour elle.
Et elle si petite devant lui, pas moins forte pourtant.

Tes mots ne la font pas tilter, elle ne laisse que ce froid qui persiste, le vide de son expression. Elle a l'air mauvaise, mais pas autant que lorsqu'elle fait face à un solitaire ou à un Raeder. C'est différent.
Il y a de la colère cumulée et de la peine passée, il y a les souvenirs qui la hantent et le futur qu'elle ne veut plus voir. Elle souffle par le museau, ses babines se soulèvent.

«Tu es parti trop longtemps. »

Et beaucoup de choses ont changés.
Le jeune loup ne le quitte pas des yeux, cet ami ancien. Il ne sait pas que tu en es un, il sait juste que tu n'es pas un solitaire quelconque, car Pepper te connait. D'il y a longtemps, sans savoir de quand.
Il baissa la tête, sans te quitter de ses yeux rouges.
Tu ne l'avais pas vu naître, lui, tu pensais sans doute que c'est par choix qu'elle lui avait donné naissance. Pourtant elle l'avait élevé avec l'aigreur de ton départ.
Et quoi qu'il te soit arrivé, quoi que soit l'histoire que tu lui raconteras, celle qu'elle ne te demandera pas...

Tu avais commis une erreur.
Une erreur qu'elle ne te pardonnerait pas.

Du moins, pas tout de suite.
Il en faudrait du temps, bien plus que ton départ. Pour qu'elle reconsidère la rage qui se rappelait en elle, pour qu'elle retrouve ce qui avait fait votre amitié. Si tu n'avais pas trop changé, comme elle avait pu le faire.
Car tu avais raison de le penser, Lymphalème.
Elle était autre, désormais.
Une louve qui avait accompli sa vengeance, qui avait donné la vie et c'était ensuite battu pour lui. Une louve qui avait retrouvé le chemin de Dairo, quittant celui d'Aka. Une louve avec des projets, immense.
Tu étais un maillon oublié, dans son histoire.
Tu venais pourtant côtoyer la chaine, à nouveau.

« Mais certains nous sont revenus après plus de temps encore. »

Plus qu'après huit mois. Qu'est-ce que c'était, quand certains s’égarer des années, avant de retrouver chemin de la maison ?

Lymphalème

Le gris regardait la bleue et son fils, depuis son rocher. Il était comme le roi de ces lieux, juché sur un piédestal, pourtant la reine, d’en bas, le dominait sans avoir un mot à dire. Il n’avait été de ceux qui maîtrisent habillement la parole, ni de ceux qui l’utilisent pour leurs fins. C’était dans le silence qu’il travaillait au mieux, mais voici que son silence devait être rompu. Après cette absence, seuls les mots pouvaient expliquer. Le silence était méfiance. La méfiance était haine.
Il fit un signe de tête envers le jeune doué de vue, pour signifier qu’il descendait de son rocher, en montrant du museau là où il allait se mettre, juste en dessous, sans s’approcher plus que cela.
Il bondit donc, tombant sur ses quatre pattes devant son piédestal. Il était le roi déchu parmi les prétendants au cœur de la louve azur. Il avait été si proche mais si loin à la fois, pour maintenant être si loin alors qu’il était enfin là. Quelle torture était l’existence, quand elle se balançait sur le tranchant du couteau de l’affection.

« C’est Godric, que j’étais allé chercher ce jour-là. » dit-il calmement, en s’asseyant, pour se montrer inoffensif. Il serait débile de se jeter sur la bleue, elle était petite mais forte, et lui était grand mais épuisé.

« Godric ne reviendra pas. Je l’ai perdu dans les terres du Nord. Mes condoléances pour Sire Athelstan. Je n’ai pas pu secourir son fils. » dit-il très doucement, la tête baissée.
Athelstan avait été le mentor de Pepper, presque comme un père. Il était devenu, après grande difficulté, l’ami de Lymphalème, un confident, presque. Mais à présent, le gris ne savait même pas s’il était encore vivant. Il redressa ses oreilles son regard d’ambre se posant sur les deux, de nouveau, se détachant du sol, qu’il avait fixé longuement en avouant la raison de sa disparition. Son fils donc. Son fils avec elle ? Elle lui ressemblait, comme une ombre bleutée avec des cheveux de sang.

Il inspira doucement. La voix de la bleue était atténuée par ces trous qui avaient été déchirés dans ses oreilles. Drôle de blague que cela avait été, il se demandait comment elle avait fait, toutes ces années, elle, pour bien entendre avec pareil handicap. Mais il n’allait pas éternellement laisser la bleue dans son ombre de furie et de méfiance vis-à-vis de ses desseins, alors il énonça clairement son but.

« Je ne suis pas venu pour réclamer une place qui serait mienne. Je viens demander une nouvelle place, une nouvelle chance. Auprès de vous, comme de la déesse Dairo. »

Son glowstick avait été brisé là-bas, comme tant d’autres choses auxquelles il tenait.

Ombre du passé

▬ ft. Lymphalème

Printemps 2020.
5ans et demi / 8mois.

Désastre se tend un peu, quand il bouge et qu'il descend, le loup inconnu. Elle n'a pas prononcé de nom, Pepper, et lui ne peut toujours pas savoir. Il sait maintenant que ce n'est pas un ennemi, ne dispose pas d'autre chose. Il tarde sur toi des yeux rouges sangs, dont les étoiles dessinées au stylo n'ont pas la capacité de pivoter comme celles de Pepper.

Il ne connait pas non plus le nom que tu évoques, car il venait juste, tout juste de naître ; les souvenirs ne peuvent être, à ce moment, qu'un rêve aveugle.

Mais il fait tiquer Pepper. Et elle souffle, comme il l'entend souffler dans la colère et la déception d'une attaque qu'il rate. Son visage se ferme et ses babines frémissent, elles se lèvent sur le bout de ses crocs qui luisent sous le soleil rare, dont les nuages le masque de moitié.
L'amertume coule dans un flot abandon, noie les sentiments sous son hémorragie.

« C'est donc le second de ses enfants que tu perds, Sir Lymphalème. L'une que tu as cru sauvée mais qui n'est plus rien ; l'autre qui disparu, parce que tu décidas de le suivre seul alors que nous sommes meute.

Ce n'est pas à moi que tu dois énoncer tes excuses, mais à lui. »

Elle n'aurait pas à transmettre ces paroles vides et chargées d'une terrible erreur. C'était à toi, toi seul, de le faire. Elle énonçait par se biais l'autorisation de vous rejoindre à nouveau. Cette place que tu ne réclames pas mais espères obtenir, de tes mots prononcés.
Tu es devenu pathétique, sa langue claque.

« Parce que je ne peux oublier tout ce qui se passa avant, tu pourras retrouver place parmi nous. Mais comme les solitaires, tu n'obtiendras droit à un glowstick, à un apprenti, à une quelconque importance. Tu seras jugé et évalué, comme eux.
Il ne tiendra qu'à toi de faire renaître l'Etelkru que tu es. »

Elle ferait part à Anette de sa décision, qu'elle pensait juste. Car il avait été là pour son père, à elle, lorsque le monstre attaqua au cimetière. Et elle ne l'oublierait pas, elle aussi.
Ses épaules s'affaissent, sa déception à ton égare perdure et perdurera toujours mais ne se laisse plus autant palper.

« De quoi est-il mort ? ...Godric. »

L'enfant te fixe plus densément encore, il est maintenant debout aux côtés de sa mère. A nouveau frémisse les babines de l'Alpha.
Mais elle ne corrige le fils. Elle écoute, seulement.

Lymphalème

Il redressa ses oreilles, son regard d'ambre se faisant soudain plein de peine. Parlait-elle de Rowena ?

"Qu'est-il arrivé à Rowena ?" demanda-il, son ton se faisant soudain plus dur. Rowena avait été pendant quelques courts mois sa fille, une fille tumultueuse et dure à garder en ligne, une fille dont il devinait la malice et la force psychologique. Il n'aurait rien laissé lui arriver, et il redressa la tête, ses oreilles pointés en avant, l'inquiétude peignant son visage.
Elle lui donna ensuite une réponse, qu'il balaya d'une patte.

"Très bien, je suis prêt à refaire mes preuves. Mais qu'est-il de mon apprentie, de Rowena ? "
Elle avait habité ses pensées, elle aussi, et il s'était inquiété chaque jour que d'autres lui feraient du mal avant qu'elle ne leur fasse suffisamment de preuves. Il finit par redresser ses oreilles entendant la question de Désastre.

Son regard d'or resta un long instant posé sur le fils. Visage blanc teinté du sang de ses cheveux, que donnerais-tu pour faire tes preuves ta mère de glace ? Tu lui obéis si vite, sans remettre en question ses décisions, ses actes. Elle est certes l'alpha, et très probablement ta mère, mais tu le regardes bouger avec intérêt. Il est surpris que tu poses une question, toi, qui t’effaces derrière elle. Mais il te considère de la même manière. Ainsi, Pepper aussi avait hérité d'un enfant de la Solitaire folle.

"Godric n'est pas mort. Il y a de pires choses que la mort qui peuvent vous arracher aux vôtres, même alors que vous marchez dans le camp Etelkrus. Il était parti avant de quitter le camp. Je n'ai jamais réussi à faire revenir. le Godric que nous aimions. "

Si il l'avait ramené ici, ils ne l'auraient pas reconnu. Il ne l'auraient pas accepté. Ils aurait été blessés par son existence. Pour eux, il était meilleur de ne savoir rien d'autre que cela, pour garder la belle mémoire du jeune fils de chevalier. Le regard d'or se posa sur la bleue. Elle était la mère du fils, il était devenu comme le père de la fille.
Il attendait donc l'ordre, pour savoir si il pouvait rentrer. Il avait perdu une bataille, ici, mais il avait une guerre à faire. Une guerre pour l'honneur. Une guerre pour revenir.

Ombre du passé

▬ ft. Lymphalème

Printemps 2020.
5ans et demi / 8mois.

Désastre voit ton expression, quand Pepper évoque celle qui fut enlevée par l'ennemie. Il voit ta crainte, il se dit que tu tiens à elle. Mais tu ne sais pas, pourtant, ce qu'elle est devenue. Celle que tu ne peux plus aimer comme ta fille, toi qui ne connait plus rien d'elle, toi qui ne soupçonnes pas les mots prononcés à ses oreilles. Elle commis une bêtise, elle n'avait eu la finesse d'esprit de contrôler sa langue devant lui.
Désastre dresse le buste, l'instinct formaté se dit que tu pourrais bien l'aider à s'en prendre à Pepper, elle qui l'aura déjà bercé de mises en garde exacerbée.
Il la voit comme une erreur, maintenant, il se dit qu'un jour il plantera ses crocs dans sa gorge. Elle n'est pas fiable et il s'en méfie.
Pire encore, quand de glowstick il aurait obtenu, mais ça il ne le sait pas encore.
Il parle donc sans hésitation, dans son tact morne.

Maintenant que Pepper lui avait autorisé parole, en ne le reprenant pas, il se déliait un peu face à toi, ce jeune loup.

« Elle n'a que les idées de l'ennemie en tête. C'est pour ça qu'elle est venu me voir. Pour ne parler que d'elle.
- Mon fils comme Anette m'auront tenus au courant de leurs observations, je me dois de te mettre au courant même si le silence est de mise.
Il n'y a rien que l'on puisse faire, pour elle, car regarde ce qui persiste dans son esprit alors qu'elle ne resta que si peu de temps avec elle, et alors qu'elle nous revint dans l'âge où l'on aurait pu rattraper son esprit et la lui faire oublier.
Elle est maintenant adulte. Tu ne lui donneras davantage d'armes, son apprentissage est avorté au vu du temps écoulé entre son début et ta revenue. Et puisque tu ne peux avoir de jeunes sous ta gouverne pour le moment elle n'aura à te le redemander.
Elle est comme l'ennemie, à surveiller.

Car si ces idées sont siennes, elle cherchera à la venger un jour. »

Prêtre Kalashnikov me l'aura porté dans une vision, aurait-elle pu ajouter, si elle avait eu pour toi les mêmes sentiments qu'avant qui l'aurait mené à la confidence.
Pepper aurait pu faire fausse route, mais elle avait la certitude que non, par l'expérience que lui avait apportée sa vie.
Et tout ça avait été suffisait pour qu'elle pense à un plan bien plus vaste que la disparition malheureuse d'une pauvre sotte, au premier faux pas de celle-ci. Pepper avait développé une psychose importante, à cause de l'ennemie. Et de cette psychose était restée une méfiance absolue. Cela l'avait rendue bien plus radicale qu'elle ne l'était déjà, dans ses décisions.
Et face au nombre grandissant de ceux voulant sa mort...

Voilà qu'elle formait dans l'ombre sa milice.

L'initiative était lancée, déjà, elle façonnait ses apprentis. Ils deviendront des loups puissants, eux qui n'étaient encore que des adolescents prometteurs.
Sans doute en choisiraient-elle d'autres, qui n'auraient été formés par ses soins.
Son fils était là pour les rencontrer et lui raconter.
Son soldat à la lumière. Son assassin dans l'ombre.

Tu parles de Godric, ensuite, et le visage de Pepper se durcit.
Elle n'aime pas, ce que tu dis là.

« Parles-tu d'une secte ? Doit-on nous préparer à des représailles, s'il est resté et que tu es revenu ?
Notre force est grandissante, mais pour le bien des nôtres il me faut savoir qu'elles seront les initiatives et les directives à ordonner. »

En même temps qu'elle dit ça, elle se rapproche. Encore. Tu es là, contre le rocher, et bientôt il ne reste même plus la moitié d'un pas. Désastre baisse la tête, plisse les yeux. Il ne connait pas, cette situation, aussi il l'analyse.

Pepper lève la patte et il pense qu'elle va te griffer.

Mais comme la louvette qu'elle fut un jour, elle passe sur ton visage ses coussinets. Elle te découvre, à nouveau.
L'expression n'est plus aussi dure, maintenant.

Il connait pas ce visage là. Celui qui mêle autant de colère que de l'inquiétude.

« Que t-ont-ils fait, Lymphalème ? »

Tu pouvais presque reconnaître la Pepper que tu avais quitté, à cet instant précis.

Lymphalème

Il reste silencieux, un instant, puis sa tête tombe. Il avait donc échoué. Elle n’avait pas pu être tournée. Elle était allée dans un chemin où il ne pouvait la suivre, où il ne pouvait venir la récupérer. Elle était devenue toute autre, et il ne savait plus qui. Ou était partie la petite louve qu’il avait tant apprécié ?

"Elle était toujours habitée par ces pensées, par sa mère. Dairo m'avait donné quelque chose, pour le lui les enlever ... Il n'as été utilisé encore. Vous êtes surs que personne ne pourra la récupérer ?" demanda-il, ses épaules baissés.
Il se souvenait de son regard, de ce petite monstre. Quel grand monstre était-elle devenue ? Il inspira profondément. Et les dieux, pouvaient-ils la changer d'avis ? Pouvaient-ils lui enlever cette haine ? De qui parlait-il maintenant, il ne savait plus, encore la brune et la bleue.

Puis elle se tourna vers lui, elle lui posa des questions et ses muscles se crispèrent.
"Vous n'êtes pas ceux sur qui les représailles sont tombés. Ils ne viendront pas jusque là, ils ont déjà trouvé comment me faire regretter" souffla-il, en baissant ses oreilles.
Il ne bouge pas, pendant que tu approches. De toute manière, si tu désirais le tuer, tu l'aurais sans doute déjà fait, ou déjà fait faire, par ton fils par exemple. Tu le regardes en quoi, ce jeune. Il est comme un petit soldat, là bas. Enfin petit, pas tant que cela, mais un soldat tout de même, aux ordres de sa mère. Quelle vie pouvait-il bien avoir, ce pauvre jeune.

Elle lève une patte, puis l'autre, et il ferme les yeux, la laissant vérifier qui il est. Il a changé, il le sait, il voyait son reflet, dans les flaques de pluie sur le sol, sans en reconnaître les traits, en s'habituant à cet étranger qui avait été lui. Ses cheveux ne sont plus, son visage est griffé, ses oreilles à moitié arrachés, et des cordes, confectionnés de ses propres cheveux, pendent autour de son cou. Leur couleur est celle d'antan, le reste à faibli.
Il inspire, la peine lui poignardant le cœur. Tout lui revient, en cet instant. Leur jeux d'enfants, leurs rires, leurs projets, leurs rêves. Il espérait secrètement que Dairo le ferait prêtre, pour qu'il puisse être éternellement aux côtés de la bleue et la beige, avec les Etelkrus derrière eux, le monde à leurs pattes... Mais il était devenu un inconnu, un ennemi, une ombre parmi les ombres sous la pluie. Comment retrouver ce qu'on a perdu ? Comment reconstruire ce qu'on est plus ? Il la voyait, en face de lui, et la peine de devenir tel elle, une forteresse vidée de joie l'assaillit. Il ne pouvait pas être ainsi, lui aussi, alors il fit un tout léger mouvement de tête vers Désastre, qu'elle devait sentir derrière elle. A peine visible, mais tout à fait possible à sentir lorsqu'on avait les pattes sur sa tête.
Il ne voulait en parler devant son fils. Un jour, quand elle lui ferait de nouveau confiance, quand elle voudrait entendre cette histoire, il lui conterait sans doute. Mais il était trop tôt. Il ne désirait partager les douleurs qui le poignardaient avec eux maintenant. Il ne pouvait pas lire cette pitié dans son regard sans cible.

"... Des trous dans les oreilles... comment fais-tu pour entendre si bien, c'est vraiment-"
Sa voix se cassa durant le cours de sa légère plaisanterie, et une larme coula de sous un paupière.

Désolé. Je n'aurais jamais du partir.

Il rouvrit les yeux, après s'être assuré qu'il ne se prendrait pas une griffe dans les yeux, et la regarda tristement. Qu'avait-il sacrifié pour ce moment ? Ce tout petit moment ? Tant, et il le referait si il le fallait. Il sentait son odeur, légèrement changée par la maternité, légèrement changée par le sang et les larmes, mais toujours la même au fond, avec ce léger fumet de fruits et légumes de saison. Il referma les yeux. Non, il voulait profiter de ce moment de silence un instant de plus, avant de revenir à la dure réalité qu'ils n'étaient plus amis.
Ils n'étaient plus confidents.

Il était un solitaire, et elle était une reine.
Mais il l'aimait.

Il l'avait toujours aimée.

Ombre du passé

▬ ft. Lymphalème

Printemps 2020.
5ans et demi / 8mois.

«Tu me connais dans ma méfiance. Mais si Dairo elle même te donna solution... Qui sait. »

Tu es face à celle que la vie aura poussé à l'excessivité de la violence et de la méfiance. Celle qui aura plongé dans la paranoïa, et ne s'en sera relevé que par la force d'Aka, l'amour d'Anette. Ta prière à Dairo.
Celle qui avait assassiné, pour un enfant volé et une attaque sur les siens.
Celle qui aurait tué de peu si de prêtresse il n'était intervenu, le traître devenu poisson de sel pour son intrusion, et n'avait eu le moindre égard pour son suicide dans sa geôle, ne le trouvant qu'un peu plus pathétique, dans sa vie misérable. Elle s'en était presque moquée, de sa mort, en rendant aux siens cette amulette dont il s'était défait.
Elle était aussi celle qui avait manqué de déclencher le génocide de ces mêmes poissons de sel, pour le kidnapping d'un enfant, calmée seulement par les mots raisonnés de Dairo.

Celle qui avait encore la mort de ceux-ci en tête, et en saisirait la moindre...moindre occasion.
Pepper assumait cette partie là d'elle même. Ces actions, ces mots, ces pensées que l'on pourrait lui reprocher.
Une menace grommelée dans son dos, et l'on attisait sa méfiance.
Un ersatz d'odeur de sel sur le poil, et elle cherchait la traîtrise dans les pas du porteur.

Et ce qu'ils t'ont fait, vois-tu, suffit à lui donner l'envie de l'éradication.

Elle passe sa patte sur tes changements, Pepper. Sur tes oreilles évidées comme les siennes et celles de Désastre, qui ausculte la scène de son regard mais ne dit plus rien, parce qu'il a comprit que tu es une ombre du passée aujourd'hui revenue. Elle sent tes cheveux liés autour de ton cou. Elle sait, oui, que ce sont tes cheveux. Parce qu'elle en reconnait la texture et le toucher, elle l'enfant qui si souvent glissa ses pattes dans cette tignasse tant plus longue que la sienne. Même s'ils sont secs et abimés,qu'ils n'ont plus de vie, elle s'en souvient. Elle constate le poil mal entretenu, faible et cassant, qui lui fait penser à sa propre fourrure lorsqu'elle pensait ne plus s'en sortir. Elle constate aussi les plaies et les muscles.
Es-tu devenu combattant ?
As-tu fini dans l'arène, comme si tôt son fils ?
Mais tu n'es pas fait pour ça, toi. Elle le sait bien.

Elle retire enfin ses pattes.
Ne prononce plus qu'un mot.

«Viens. »

Rentrons à la maison.

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