La fin d'un voyage, le début d'un autre. | Libre

Tu avais longé les côtes. Cela faisait plusieurs jours, plusieurs nuits, que tu avais semblé avoir vu quelque chose. De larges terres, se profiler au loin. Comme le bout du monde, vers là où tu avais marché. Quel était ce monde, qui semblait si étrange à tes yeux pâles ? Serais-ce enfin ton espoir, ou bien les dieux s’étaient-ils pris d’empathie pour toi. Tes pattes te faisaient tellement souffrir que tu pourrais marcher sur un lit de ronces sans en sentir le moindre picotement, tu étais là engourdie et anesthésiée. Ton mental d’acier et ta conscience envolée te faisais continuer là où ton instinct semblait te guider. Tu sursautais parfois, souvent, lorsque les buissons remuèrent.

Tu étais atterrie ici, traversant une chaîne de montagne, manquant de glisser plusieurs fois. Tu respirais de plus en plus difficilement, l’air manquant avec l’altitude. Tu ne te souvenais pas vraiment du temps que tu avais déjà passé à marcher, et tu devinais aussi difficilement si le soleil qui était rouge et qui semblait se noyer dans les profondeurs était le soleil levant ou couchant. Tu ne savais plus, mais tu avais continué ainsi pendant de longues heures - si seulement tu savais si c’étaient des heures du jour ou de la nuit, peut-être saurais-tu alors l’heure qu’il devait être ?

Tes côtes saillantes trahissait ta sous-alimentation et tes efforts - non, ton surmenage due à ta traversée du monde. Mais toi, tout ce qui t’importait, c’était de mettre le plus de distance possible avec le monde là-bas, celui que tu avais laissé derrière toi sans regrets, sans compassion même envers ton père. Tu n’avais de toute façon jamais su si tu comptais à ses yeux, la question en ces terres ne s’était ainsi jamais posée. Tu avais donc choisi d’effacer son image comme tu l’avais fait avec celle de ta mère, le jour où tu l’avais vue partir en fumée et en cendres.

Tes pattes engourdies et sales de poussière et de sang, commençaient à te faire défaut et cela malgré toi. Tu avais montré bien du courage mais il semblait t’avoir quittée en cet instant précis, Edna. Tu te retrouvas seule avec ce corps qui ne souhaitait plus te suivre, te hurlant sa douleur que tu lui infligeait depuis des mois sans t’en préoccuper, s’en t’en inquiéter le moins du monde. Ton corps t’avait obéis et subis tout ce que tu avais envie de lui faire subir, mais il semblait alors que ton voyage marquait sa fin.

Tes pattes se dérobèrent, donc, sous un éboulement. Tu glissas, non, tu roula le long d’une pente rocheuse, accrochant à quelques pierres des touffes de poils grisés et tachés de rouge. Ta glissade s’arrêta sans que tu saches où tu avais atterrie. Tes yeux fermés, plissés, trahissaient la douleur qui te déchira la gorge et l’abdomen. D’un cri rauque, tu hurlas ta douleur que tu vais engendrée durant des mois, et ce pour la toute première fois depuis le début du voyage. Ou peut-être même depuis que tu étais née. Recroquevillée sur toi-même, ne sachant pas te relever, tu restas un moment ici-même, tentant de reprendre ton souffle et tes esprits.

Il arrivait parfois à Noé de quitter sa très chère bibliothèque, et même les terres Nakhus, pour parcourir les terres de Punk Wolf en quête de savoir. Ou plutôt, de nouvelles plantes médicinales dont il pourrait prendre graines ou boutures pour contribuer à la diversité d'espèce présentes dans le jardin d'Eden. C'était quelque chose qui lui tenait à cœur, d'aider du mieux qu'il pouvait ce nouveau clan qui avait su l'accueillir et dans lequel il se sentait si bien.

Son visage de fendit d'un sourire paisible. Un sourire qui revenait souvent, depuis qu'il était devenu Nakhu.
Un sourire qui s'étendit, lorsque son regard se posa sur quelques fleurs jaunes : de l'arnica des montagnes. C'était une plante que l'on ne trouvait qu'ici, dans ces conditions particulières, et dont la culture semblait bien compliquée... Il allait donc être compliqué d'en ramener au jardin. Ceci dit, rien ne l'empêchait d'en prélever un petit peu afin de confectionner des traitements contre les bobos du quotidien, une fois rentré.
Tout doucement, pour ne pas les abîmer, Noé récolta les fleurs et les enveloppa avant de les ranger dans sa sacoche de panseur.

Il redressa la tête en sentant l'odeur d'une louve. Oh, il n'était donc pas tout seul dans ces montagnes et se demandait bien à quel genre d'individu il avait à faire. Il l'espérait sympathique !
Ses yeux s'ouvrirent en grand lorsqu'il la vit chuter, dévaler la pente, cette femelle au pelage clair, visiblement bien affaiblie. Noé ne perdit pas une seconde et accourut à ses côtés.
...
Pouvait-il l’ausculter ? N'allait-elle pas le mordre ? Vu son état, de toutes manières, il ne pouvait se permettre de politesses excessives, il fallait faire vite. Alors sortit de sa sacoche une petite boule de plantes.

- Tiens, prend ça. C'est pour la douleur. Dis moi quelque chose. N'importe quoi. C'est quoi ton nom, tu viens d'où ?

Il fallait absolument la garder consciente.

Narkhos

Le collier de chaine qui s’enroulait au cou du mâle sombre cliquetait à chaque pas qu’il entamait, ce bruit qui résonnait aux oreilles du sombre comme une mélodie doucereuse. Narkhos avait en tête de trouver certaines plantes pour son propre plaisir et apprentissage. Il avait toujours eus cette obsession dans le sang. Si le rang d’herboriste existait dans une meute, il voudra surement en faire parti. Il avait suivit le chemin des chamois sur les falaises, les plus jeunes utilisés des routes praticables qu’il avait prit l’habitude de sillonner. Fredonnant une mélodie, le loup sombre s’arrêta pour admirer la vie. Le vent cognant contre son corps.

Le monde vaste qui s’offrait à lui donnait presque le vertige. Mais c’était son monde, l’endroit où il était né, et qu’il ne voudra quitter que par la mort. Punk Wolf était chez lui, partout, puisque les Lazulis n’étaient plus, il avait admit avec un peu de colère qu’il était solitaire. Il ne voulait pas rejoindre les Etelkrus, trop fort et puissant pour lui, trop de règles qu’il ne voulait pas suivre aussi. Il ne souhaitait pas non plus devenir Nakhus, la meute était beaucoup trop noble et tendre pour qu’il y soit accepté avec son mauvais caractère et ses sautes d’humeurs. Heureusement cela dit, il avait commencé à bien changer.

Secouant son pelage qui chauffait sous les rayons du soleil d’été, il glissa les oreilles en arrière alors que l’envie de mordre dans la chair fraiche lui traversait les crocs. Quand soudain ses oreilles pivotèrent vers un grand fracas. Relevant vivement la tête, aux aguets, le mâle d’ébènes observa la chaîne de montagne avant de voir une silhouette dévaler une pente. Un loup ! Sans même y réfléchir il se précipita là-bas. Oubliant le danger de cavaler dans les rochers à flanc de montagne. Il rejoignit la femelle en même temps qu’un autre loup. Un mâle au pelage brun dont l’odeur ne lui disait rien. Mais qui ne semblait pas méchant, ce qui le rassura au fond. Il n’aimait pas se battre, et il doutait que la jeune louve le puisse aussi.

Il s’approcha d’elle, observant son corps meurtri par la faim et la chute, se mordant la langue pour ne pas tressaillir. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu un corps dans un tel état. Elle était si jeune, et il senti son cœur se serrer. Un sentiment de bienveillance qui lui donna la nausée le traversa. D’où lui venait donc cette idée complètement hallucinante d’aider les autres ? Pourtant en entendant l’autre mâle il dressa les oreilles, et croisa son regard en terminant de s’approcher.

« Qu’est ce que je peux faire pour aider ? »

Demanda-t-il au loup brun avant de descendre son regard sur la jeune louve. Lui donnant un petit coup de museau bienveillant contre la truffe. Voir mourir quelqu’un, il avait prit l’habitude avec la mort des Lazulis. Mais il ne voulait pas voir cela encore. C’était fatiguant, de regarder les autres mourir … C’était éreintant aussi. Et puis elle était jeune, elle devrait avoir toute la vie devant elle.

« Reste consciente petite »

Lui souffla-t-il à l’oreille avant de regarder ses plaies, se demandant si quelques coups de langues pourraient aider à nettoyer tout ça…

Tu sentais d’abord l’odeur d’un loup.
Quelqu’un.

Tes yeux s’entrouvrirent pour les lever vers celui qui s’approchait. Tu observas son langage corporel, c’était ton réflexe. Il ne sembla pas agressif, tu décidas alors de respirer de nouveau, notant en cet instant que tu avais retenu ta respiration. Le loup te donna une boule végétale que tu ne reconnaissais pas. Il fallait dire que ta vision n’était pas à son maximum, là, tout de suite. Tu eu bien-sûr un léger mouvement de recul lorsqu’il avait approché cette chose de toi. Mais tu compris assez vite que, de toute façon, tu n’avais pas vraiment d’autres solutions à ta portée que d’accepter bien sagement l’aide que l’on t’apportait. Et cela, pour une raison que tu ignorais. Il voulait que tu dises quelque chose, tu allais ouvrir la gueule quand tu vis une silhouette sombre s’approcher, et tu reculas instinctivement contre ton rocher. Ta respiration, tu la sentais s’accélérer, mais tu savais que ce n’était pas fondé. Tu tentas de rester rationnelle, tu en appelas à tes esprits de se remettre en ordre, du moins, à peu près… Elle parvint donc à articuler quelques paroles.

« Ces terres… Vous vivez ici. Pas vrai ?… »

Le deuxième inconnu s’approcha beaucoup trop près de ton espace vital. Alerte. Alerte. A son dernier murmure à ton oreille, tu ne pus t’empêcher de plaquer immédiatement tes oreilles en arrière.

Tu ne savais pas trop quoi faire, mais tu te sentais surtout prise au piège. Pourtant, tu avais une bonne impression concernant le premier loup, et donc, tu essayas de détendre tes muscles bandés. Ce dernier semblait savoir ce qu’il faisait. Et tu avais surtout eu le temps d’examiner rapidement son comportement, ce qui n’avait pas été le cas pour le second, que tu n’as aperçu qu’une fois arrivé près de toi.

« J’ai marché des jours. Je ne … »

Oups. Dans ta gorge, tu sentis une vive remontée acide la traverser comme des épines. Tu pris un bref air désolé envers le disons guérisseur avant de lui vomir sur les pattes. Mais tu n’avais pas grand chose à vomir, à la place, il y avait surtout un peu d’herbe, quelques baies et du sang.

Noé coucha brièvement ses oreilles sur l'arrière de son crâne.
Ses premières paroles furent à l'attention du loup noir qui, malgré ses bonnes intentions, n'avait pas forcément les bons gestes.

- S'il te plait, ne la touche pas. Tu ne sais pas, si elle ne souffre pas de fractures que tes gestes pourraient rendre plus douloureuses.

Ni si elle n'allait pas le mordre, sous la surprise ou la douleur. D'ailleurs, elle semblait bien incommodée, cette demoiselle, de ce contact imposé.
Le mâle chocolat s'assit face à sa patiente d'un jour, cherchant quelque chose qui pourrait le laisser supposer une possible fracture ou, pire, d'une patte cassée ou d'une hémorragie. Hélas, ce n'était pas quelque chose qu'il pourrait déterminer à l’œil nu.
Au moins, elle était consciente.

A sa question, il hocha la tête.

- Oui ! Je suis un Nakhu. Nos terres sont situées un peu plus au Nord.

Il faudrait d'ailleurs peut-être l'y emmener, cette jeune louve. Au moins le temps qu'elle se remette sur pattes... Noé doutait que les siens y voient une objection : Après tout, elle ne serait pas la première à trouver asile au sanctuaire.
Ainsi, lui et les siens pourraient continuer de veiller sur elle.

La louve reprit la parole et... Il sentit dans son attitude qu'il ferait mieux de se pousser un peu. L'expérience de Panseur lui était utile pour anticiper certaines choses. Il évita donc le plus gros. Mais pas tout.
Il haussa les épaules face à l'air désolé de la femelle. Ses babines s'étirèrent en un sourire amusé.

- Ne t'inquiète pas, j'en ai vu d'autres !

Il s'essuya les pattes, histoire de rester à peu près propre.

- Tu dois être affamée.

Il tourna la tête vers le loup noir.

- Pourrais-tu aller lui chasser quelque chose, s'il te plait ?

Lui, sortit de sa sacoche une petite gourde d'eau qu'il gardait toujours avec lui, pour les longs trajets et... en cas de besoin de nettoyage.
Utilisant un minimum d'eau pour nettoyer les restes de vomi sur ses pattes, il tendit l'objet à la femelle afin qu'elle puisse s'abreuver.

- Tiens, bois un peu. Doucement. Où as-tu mal ? Est-ce que je peux t'ausculter ?

Il avait finit par s’asseoir aux côtés de la jeune louve, les oreilles pointées et les sens aux aguets. L’odeur de son sang avait pu attirer quelconque prédateur qui aurait pu chercher à les blesser. Il agita les oreilles en entendant le mâle brun et hocha doucement la tête. Avant de glisser un regard vers la jeune louve.

« Pardon si je t’ai fais mal, ce n’était pas mon but. »

Il ne voulait ni la blesser ni l’effrayer. Mais c’était un grand loup au pelage sombre et il savait qu’il pouvait effrayer un peu les plus jeunes. Il resta droit, ne sachant ni soigner ni comprendre les corps. Il ne savait que les enterrer ou les manger. Il agita les oreilles en entendant le loup dire qu’il était d’ici, un Nakhus. Il agita lentement sa queue.

« Pour ma part, je suis un solitaire, j’habite là où mes pattes me conduisent »

Et il n’y reste jamais très longtemps. Il finit toujours par retourner au même endroit. Sa maison d’origine, endroit où il se sent bien. Il agita les oreilles en observant la jeune louve. Elle semblait avoir fuit elle. Fuir sa maison pour en trouver une autre. Il trouvait cela si dur de quitter sa demeure et de chercher un avenir ailleurs. Les oreilles du mâle s’agitèrent lentement. Il était presque impressionné par le courage d’une si petite chose, d’une si jeune louve.

Il l’observait, et observait le brun avant de la voir vomir plus de bile que de nourriture. L’odeur était assez forte, mais elle était presque préférable à celle d’un cadavre. Il avait vraiment besoin d’une question rhétorique le Nakhus ? On n’est pas dans un état pareil quand on se nourrit bien. A la question du mâle il se releva en hochant la tête.

« Evidemment. »

Bien sûr qu’il pouvait aller lui chasser quelque chose, il allait même faire ça bien ! Il s’éloigna en roulant des yeux, dos au loup brun qui ne pu pas voir son air désabusé. Comme si il avait besoin qu’on lui demande vraiment. Il avait demandé ce qu’il pouvait faire pour aider, pas besoin d’un s’il te plait pour qu’il bouge son sublime arrière train. Il s’engagea plus loin dans la montagne à la recherche de la dite nourriture. Il cherchait une viande tendre, mais une proie pas trop grosse pour que la nourriture ne soit pas perdu. Quelque chose qui pourrait être accepté par un petit estomac qui n’a sommes toutes pas manger depuis des lustres.

Il trouva finalement l’objet de ses désirs. De jeunes lièvres qui malheureusement découvraient l’extérieure, et qui étaient encore aussi lent que maladroit. Il n’en chassa qu’un seul parmi la petite troupe de six et retourna calmement vers la louve et le médecin avant de déposer sa proie et de la pousser vers elle.

« Voilà pour la demoiselle. »

Remarqua-t-il calmement, essayant d’être le plus doux possible, mais gardant une certaine distance pour ne pas qu’elle se tende sous la peur. Il savait à quel point contracter les muscles était quelque chose de douloureux quand on est affamé et blessé. Et il n’avait pas particulièrement envie de faire souffrir un individu innocent.

Ta gueule dégoulinante de bile, tu ressentais la honte t’envahir. La honte, puis la peur, mais surtout la peur. Tu te rendais compte que tu étais là vulnérable, et, si le sort en avait décidé ainsi, tu pourrais alors en terminer maintenant, à l’issue de ton long périple. Mais, il se trouva que tu n’étais pas si malchanceuse, et tu commenças à penser sérieusement que les dieux s’étaient pris d’empathie pour toi. Tu remercias le loup brun, en te demandant pourquoi il t’aidait et prêtait ainsi attention à toi. À cette pensée, tes yeux se baissèrent et un léger soupir te pris par surprise. Un tout petit élan de détente dans ton petit corps crispé.

Tu ne savais pas ce que voulais dire « Nakhu » mais tu devinais facilement que cela devait être un clan de ces terres. Ainsi, tu fus encore un peu plus soulagée : tu étais vraiment arrivée au bout. Ici, il semblait y avoir de la vie et d’autres règles bien installées, et tu espérais de tout ton coeur meurtri qu’elles seraient bien plus vivables que celles qui régnaient à l’endroit que tu avais fuis. L’autre était solitaire, tu serais sûrement comme lui, par la suite.

D’un oeil quelque peu coupable, tu regardas l’autre loup s’éloigner pour te chasser quelque chose, et la même pensée te venait alors : qu’avais-tu fait pour recevoir un tel traitement, un tel accueil. C’était quelque chose auquel tu n’étais pas habituée et pour cause. Devrais-tu te méfier, Edna ? Seulement, tu n’avais pas ce luxe de te poser la question. Cette fois, il allait falloir faire confiance à la vie, qui t’avais menée à ces loups inconnus. Ainsi, avec une seconde d’hésitation, tu regardas la goutte d’eau couler du goulot de la gourde qui t’étais tendue, et tu décidas de boire un peu, lapant quelques gorgées.

Tu déglutis, et ça te tirait le cou.

« Je ne sais pas où j’ai mal… Je ne sais pas si j’ai mal. »

Tu étais anesthésiée, tu aurais aimé le lui dire, mais tu ne comprenais pas toi-même ton état. Tu hochas donc lentement la tête en signe d’approbation à la question de ton guérisseur, murmurant un « merci » à peine audible - t’aurais t-on entendue ? - avant de la reposer au sol, épuisée. Le deuxième mâle revint alors quelques temps plus tard, avec sa proie que tu vis à peine. Tu aurais aimé t’excuser, mais tes paupières ne t’en laissèrent pas le choix. Tu étais si fatiguée… Que tu aimerais juste reposer tes yeux clairs quelques minutes… Juste… Pour reprendre quelques maigres forces.

Le loup noir s'exécuta sans broncher et les quitta pour aller chasser.
Il resta donc seule avec l'étrangère, la laissant boire tranquillement et se poser un peu en attendant le retour de l'autre mâle et de la proie récemment chassée... Dont la femelle ne voulut pas. Probablement trop épuisée pour manger, et même pour tenir une conversation. Elle ne savait d'ailleurs pas si elle avait mal quelque part.
Noé fit la moue et se tourna, encore, vers le solitaire sombre.

- Nous ne pouvons pas la laisser ici. Peux-tu m'aider à la ramener chez les Nakhus, s'il te plait ? Là bas, nous veillerons sur elle jusqu'à ce qu'elle se rétablisse. Nous accueillons parfois des réfugiés.

Il n'avait aucun doute sur la réaction des siens lorsqu'ils verraient cette louve affaiblie : Ils l'accueilleraient à pattes ouvertes, comme ils les avaient eux-même accueillis, sa soeur, alors gestante, et lui, quelques mois plus tôt, dans toute leur bienveillance.

Noé ne pouvait cependant pas la ramener seul : Il n'avait pas la carrure pour porter un congénère sur son dos. Il avait donc impérativement besoin de la coopération, encore une fois, de cet inconnu.

Narkhos l’observait, elle, lui, eux. Les oreilles pointées, sa queue se mouvant à peine dans son dos. Le clame plat, il laissait Noé faire son devoir de soigneur. C’était lui qui avait la connaissance et les capacités, le sombre ne pouvait que l’aider quand il le lui demandait. Mais il vit la petite perdre connaissant et plaqua ses oreilles contre son crâne.

Ecoutant les paroles du loup, cela n’était-il pas une évidence pour tout le monde qu’il ne fallait pas la laisser ici ? Qui serait assez con pour le faire d’ailleurs. Enfin il ne fit pas de remarque, se contentant de hocher la tête.

« Bien sûr que je peux, pas la peine de demander… »

Y a pas écrit crétin sur son front. Et puis il avait bien ramené à manger pour elle. Il comptait bien l’aider jusqu’au bout. Il était peut être ronchon, froid, distant et parfois désagréable. Mais il n’était pas foncièrement mauvais. Il se coucha en sphinx prêt de la loupiote.

« C’est pas parce que je suis ronchon que je suis méchant...»

Ajouta-t-il en marmonnant dans sa barbe avant de lever la tête et son regard vers Noé.

« Je te laisse la mettre correctement son mon dos. »

Il craignait que s’il était debout quand Noé la hissait sur son dos cela la blesse, ou qu’elle ne glisse de l’autre côté. Ou que Noé n’est pas assez de force pour la soulevée à cette hauteur. Autant qu’il soit couché, qu’on la mette calmement et bien sur son dos et qu’il se relève lentement avec délicatesse et calme pour ne pas la faire tanguer et trop bouger. C’était le plus cohérent et le plus sécuritaire à ses yeux. Mais peut être se trompait-il, et dans ce cas là, Noé n’aura qu’à lui donné les ordres.

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