Appartenance | Lestat

De son nid d’origine à ces montages sans fins... avait-elle fait le bon choix ?

La silhouette blanchâtre naviguait entre les chemins de pierres, signe qu’il y avait de l’activité sur ces terres. Bien qu’elle n’ait pas rencontré qui que ce soit depuis son départ, elle commençait à s’inquiéter de trop s’éloigner de… tout. Des proies étaient encore à sa disposition cependant, ce qui l’encourageait à continuer d’avancer dans la direction qu’elle avait prise. De plus, des odeurs de d'autres canidés chatouillaient ses narines depuis ce matin. Une certaine excitation, mélangée à de la peur, se logeait dans son ventre. La solitaire n'était pas des plus sociale, ni des plus chaleureuse... Le conflit n'était cependant pas le but. Vivre et laisser vivre, un motto qu'elle voulait suivre à tout prix.

Aucun doute que sa meute d’origine n’allait plus jamais la retrouver, cela faisait facilement quinze lunes qu’Umaïma marchait du matin au soir, se reposant seulement pour dormir et chasser. À sa surprise, la louve n’était pas triste, son deuil avait été fait une fois sa décision de partir faite. Elle souhaitait le meilleur à sa fratrie, à sa génitrice, à elle-même. Sa vie ne venait que de débuter après tout, elle ne savait rien de la vraie vie.

Elle prenait cependant le temps de regarder les magnifiques paysages et les nouvelles odeurs qui s’offraient à elle. Depuis peu, les plaines et les forêts prenaient de l’aptitude, jusqu’à temps que ses prunelles noires puissent apercevoir l’horizon de l’océan et un tout autre monde devant elle. Son instinct lui susurra à l’oreille qu’elle avait fait assez de chemin, qu’il était temps de voir si cet endroit avait du cachet, quelque chose qui allait l’attirer et permettre de s’épanouir.

Une nouvelle page blanche, blanche comme la neige de la montagne, blanche comme elle.

Le soleil était encore haut dans le ciel, ce qui allait permettre à la femelle de vérifier les environs, d’installer une tanière qu’elle pourra ensuite considérer comme sa demeure. Car pour le moment, rien lui était familié, tout était un mystère prêt à être décelé.

Seul son corps, ses pensées, l'air qui se promenait dans ses poumons, était à elle seule.

« Kerguelen ? »

Était-ce un nom, un mot d’une autre langue ?

La louve ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. La peur, mélangé à de la curiosité, mais surtout une façon de se protéger en restant silencieuse. Elle se dissimulait bien dans la neige, bien que sa chevelure de jais fût de trop dans ce paysage glacial. Les deux inconnus étaient à une distance assez proche, le froid éteignant les odeurs violemment. C’était un peu stupide finalement, le loup noir avait probablement l’avantage du terrain, Uma était trop nouvelle pour avoir une chance de s’échapper.

Pourquoi voyait-elle cette première rencontre d’une façon si négative ?

« … Non ? » répondit-elle très en retard.

À sa connaissance, cette réponse était universelle, l’inconnu allait donc comprendre que Kerguelen, c’était non. Après un autre instant, elle fit aussi le mouvement de la tête. D'accord, peut-être venait-elle de prendre le nouvel arrivant comme trop stupide, mais son intention était seulement de mettre les choses au clair.

Tout en gardant une distance acceptable pour deux loups qui ne se connaissaient pas encore, elle en profita pour légèrement se positionner d'une façon plus présentable, amicale. La queue enroulée sur son dos remuait légèrement, une certaine excitation à l'idée de voir quelqu'un depuis son long voyage.

« Je suis nouvelle ici. »

Le moment véridique de savoir si la langue allait être familière à ses oreilles.

Le loup sombre s’approche de plus en plus, sans hésiter un instant. Umaïma est paralysée par la peur, ne veut pas faire un mauvais mouvement qui pourrait être perçu de façon négative. Elle n’avait jamais vu un loup inconnu de si près avant, ayant toujours été entourée que des siens. La louve se résout à regarder le sol, timide. Elle allait s’excuser de ne pas être celle qu’il croyait être, mais c’était stupide de s’excuser pour cette raison, peut-être qu’il n’appréciait même pas cette Kerguelen.

« Non, je ne suis pas perdue, bien que je ne sais pas où aller... »

Je n’ai plus un chez moi, aurait-elle pu dire. Mais le dire à voix haute allait rendre ce fait encore plus réel, elle n’avait pas encore fait son deuil.

Les bourrasques de vents deviennent de plus en plus violentes. Son exploration doit être mise en pause, il serait stupide de continuer d’avancer dans l’inconnu, alors qu’un accident pouvait frapper à tout moment.

« … Je crois que je dois me trouver un abris. »

Uma écouta les paroles du mâle avec attention, prête à lui donner un coup de patte sans hésitation. Il semblait savoir de ce qu'il parlait et il n'avait pas l'air d'un loup sédentaire pour un sous. L'aider ne pourrait que l'aider en fin de compte et elle était bien satisfaite avec ce genre de résultat.

La fatigue de sa balade se faisait sentir et prendre une pause pour traquer quelques plantes et fleurs lui convenait parfaitement. Elle prit le temps de regarder ses fioles, reconnaissant quelques-unes. Il y avait aussi un pendentif à côté de sa sacoche qui émettait une couleur verte magnifique, mais elle n'insista pas pour poser une question à son propre, par peur d'être malpolie.

La louve fût touché de la proposition du loup, surprise qu'une meute puisse être emprunt d'autant d'empathie. Elle ne répondit pas par un oui ou un nom précis, se contentant de sourire pour lui faire comprendre qu'elle allait prendre sa proposition en compte. C'était bien d'avoir un plan b, car en ce moment, son plan de trouver un abris par elle-même n'était pas une grande réussite.

Elle posa son nez vers une des plantes qu'il lui montrait, afin de mémoriser l'odeur et d'ainsi en trouver d'autres. Il était difficile de trouver quelque chose de si petit dans l'air glaciale, mais avec de l'attention et de la patience, Umaïma était certaine de faire une trouvaille satisfaisante.

Son instinct avait eu raison, car en peu de temps, elle était en face d'un plant d'arnica des montagnes.

« Ici. » dit-elle en cherchant du regard le loup derrière elle.

Elle n'osa pas le cueillir d'elle-même, au cas où il n'en voulait qu'une partie ou le plant au complet.

[dé ing pour aider Lestat]

Uma appréciait les conseils du loup, bien qu'elle savait être très prudente, cela démontrait qu'il ne souhaitait pas qu'elle se blesse après tout ! Elle zigzagua lentement vers une autre direction, à présent très sérieuse envers la tâche à faire. Elle souhaitait après tout donner bonne impression au premier individu qu'elle rencontrait sur ces terres... la première impression était toujours la plus importante.

Ses pattes avant avaient esquiver de justesse beaucoup de parties glissantes de l'endroit, à son contentement. Malheureusement, sa réussite fut de courte durée, car ce qu'elle avait prit pour ces fleurs n'était qu'un tas de mauvaise herbe. Tout ces efforts pour aller si loin disparus au vent. Elle ne se laissa pas découragée si facilement cependant, et retourna sur ses pas, afin de ne pas perdre de vu la masse noire. D'ailleurs, elle réalisa qu'ils ignoraient chacun le nom de l'autre.

« Navré de mon impolitesse, je suis Uma. » dit-elle en se pointant, avant d'ajouter. « Je n'ai malheureusement pas trouvé d'autres plants dans cette direction, je vais regarder ailleurs, désolé. »

Désolé. Un mot qui lui venait toujours si facilement.

« Avec plaisir. » répondit-elle calmement à Lestat.

Si elle avait possibilité de visiter ces terres plus bas et d'avoir un guide improvisé en plus, il serait stupide de dire non. Uma allait pouvoir juger d'elle-même l'énergie du clan et se faire une meilleure idée de la vie ici. Elle laissa la place au loup pour guider le chemin, gardant une distance raisonnable par politesse, ne voulant pas paraître désespérée, même si cela la rassurait d'enfin tomber sur quelqu'un après ces nombreuses lunes.

Elle le regarda entreposer ses herbes dans ses sacs, une pièce d'accessoires qui semblait très utile. Peut-être devrait-elle confectionner un sac du même genre aussi, afin d'être plus professionnelle dans sa quête d'objets. Les trouvailles de Lestat semblaient bien plus utile que le simple fait d'être plaisant à l'œil, ce qu'Uma respectait entièrement.

Chargé de son précieux fardeau, le mâle à la fourrure ébène prit les devants, traçant la voie et indiquant le chemin vers le territoire des Nakhus qui s’étendait plus bas dans la vallée. Parfois, il prenait une pose, s’assurant qu’il était toujours suivi, qu’elle n’éprouvait aucune difficulté en arrière et qu’elle ne s’était pas évanouie parmi les neiges éternelles, il ne leur faudrait qu’une poignée de minutes pour rejoindre le sentier plus sûr qui les conduirait directement tout deux jusqu’aux jardins du sanctuaire.

Fin