Blanche comme un mort [PV Uma]

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Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas erré entre ces tombes ... Elles étaient celles qui avaient fini par le convaincre découvrir le monde que de rester sagement chez les bouffeurs de pâquerettes. Celles avec qui il avait découvert des lieux jusqu'alors inexploré par sa jeune âme. Et aujourd'hui, il revenait parmi elles et mieux encre, il voyait les spectres s'animer autour des pierres tombales. Il les observait en silence, parfois il en suivit une, quelques fois il discutait du monde perdu dont ils étaient issus. Il semblait vivre parmi eux comme un vivant parmi son Clan.

Ecoutant une nouvelle histoire, son attention fut cependant captée par un mouvement. Un Vivant était là. Nul doute une drôle d'odeur venait de se répandre parmi les Morts. Il hérissa son échine puis s'excusant auprès du Défunt, il suivit le fumet. Une louve qui perdait sang. Tss. Mort qu'il détestait ces périodes de l'année ! Son instinct de mâle le poussait à la suivre puis lorsqu'elle fut en vue, il sembla oublier ce qui l'avait pousser à venir la voir. La louve avait un teint blafard proche de celui des macchabés. Elle avait rehaussé son teint avec quelques drôles de couleurs et sa coiffure était des plus étranges. Heinly s'approcha, se montrant entièrement face à elle. Il ne dit rien, fasciné par l'étrange tableau qu'il avait devant lui.

Cette tombe avait une tache tenace.

Uma avait beau avoir aspergé un peu d'eau de rose sur celle-ci, la pierre était si vieille que rien ne semblait l'aider. Il y avait cependant de la beauté dans les détails des craquelures, signe du passage du temps... C'était assez d'entretient pour aujourd'hui, car à trop vouloir faire, l'effet de restauration n'était plus une réussite. Elle s'étira légèrement, revenant au moment présent. Une présente c'était fait sentir, mais rien qui lui indiquait que c'était une menace, le loup se promenait tranquillement, en silence, jusqu'à se positionner dans son champ de vision.

Elle regarda le nouveau venu, la fascination qu'il semblait avoir pour elle était réciproque. Après avoir rencontré depuis son arrivé ici des loups ailés, à cristaux ou même en partie crocodile, voilà qu'elle était devant un loup à plantes. À moins que ce n'était que du maquillage, mais si c'était le cas, elle était jalouse de son talent...

Allait-il dire quelque chose ou continuer son chemin ?

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Il continua de à l'observer pendant un moment, sans rien dire. Elle avait beau le regarder, il ne décocha pas un seul mot, un seul sourire. Il demeurait froid comme ces pierres dont elle semblait apprécier prendre soin puis il fit un pas vers elle.

« Appartiens-tu aux vivants ou aux morts ?

Il ne dit rien de plus, entretenant de nouveau ce silence tant qu'il était fasciné par sa beauté. Tenait-elle vraiment du monde des vivants ? Si elle ne dégageait pas cette odeur, il la voyait des morts mais il avait besoin qu'elle le lui dise, celle qui abordait le teint des Défunts. Il n'était plus sûr de rien en la voyant.

Duel de regards, curiosité presque enfantine.

Uma ne pouvait pas déceler l'émotion du loup en face d'elle, mais il ne semblait pas agressif et c'était assez pour ne pas alarmer la louve. Elle le vit prendre un pas en avant, puis prendre parole. Elle sourit légèrement à sa question, au courant que son physique pouvait parfois mettre mal à l'aise.

« Peut-être que je passe trop de temps ici, le paysage commence à déteindre sur moi... »

Ce n'était pas un oui catégorique, mais on pouvait bien comprendre ce qu'elle voulait dire. De plus, si on prenait le temps de mieux la regarder, on remarquait que son portail montait et descendait à chacune de ses respirations et sans parler de l'odeur sucrée qu'elle dégageait en cette période...

« Parlant des alentours... toi aussi tu sembles ne faire qu'un avec la nature. »

Elle fit un pas à son tour, tel un miroir désynchronisé.

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Alors elle était donc bel et bien des vivants. Une ombre de déception passa dans le regard azur du mâle. Il le savait, à quoi s'attendait-il réellement ? Il lâcha un soupir, la regardant s'approcher un peu plus, parlant de la Nature dont il pouvait se fondre dedans. Sans la quitter du regard, il lui expliqua :

« Une nature qui maudit mon sang.

Il se souvenait de ce que sa mère avait dit sur la mort de sa grand-mère Vivaldi. Il se rappelait la propre mort de sa mère, devenue arbre dans le petit Eden. Deux morts à des âges précoces. Il savait que lui non plus ne vivrait pas vieux. Il le sentait. La végétation le parasitait de plus en plus. Fléau que les Ignorants jugeaient de beaux à regarder. Fléau qui attirait quand il entraînait un décès avant de connaître la vieillesse.

« Qui es tu ? Je ne t'ai jamais vu ici.

Il fit un nouveau pas. Il sentait qu'il ne devait pas aller plus près d'elle. Son odeur devenait trop ... Entêtante.

Oh.

Cet étrange esthétique venait donc avec son lot de problème, dommage. Peut-être sentait-il les plantes pousser à l'intérieur de lui-même ? Ou il était facilement combustible, qui sait ? La louve n'était plus surprise par les étrangetés de ce monde, mais elle espérait quand même que ce n'était pas trop douloureux comme fardeau, elle ne souhaitait la souffrance à personne. Par politesse, elle lâcha du regard la flore qu'il l'habitait, question de passer à autre chose.

« Mon nom est Umaïma, et toi ? », lui répondit-elle en se pointant de la griffe.

Elle n'avait pas envie de partager plus à propos de ses habitudes, étant encore très neutre par apport au loup. Elle décida de s'assoir, voyant bien que son odeur pouvait déranger un tantinet... c'était une odeur que même les fleurs les plus odorantes du cimetière ne pouvait dissimuler. Ce qu'elle détestait ce temps de l'année...

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Umaïma ... Quel prénom étrange aux sonorités qu'il ne connaissait pas. Sans doute venait-elle d'au-delà les frontières connues ?

« Heinly est le mien ... Es-tu la gardienne de ce lieu ?

Il avisa autour d'eux avant de se reconcentrer sur elle. Il remuait doucement la queue, essayant de ne pas penser à l'odeur qu'elle dégageait. Pourquoi Dieux les femelles devenaient-elles si ... Intéressantes à cette période ? Il se retint de lever les yeux au ciel, ne souhaitant paraître impoli face à la Blanche.

« Que mets-tu ainsi sur ton visage ? C'est ... Joli.

Et fascinant.

Elle aurait voulu répondre par un oui.

Parfois, alors qu'elle s'occupait de ce lieu, elle avait l'impression qu'effectivement, ce lieu était son terrain de jeu. Sauf que c'était se mentir à soi-même, car qui était-elle pour s'accaparer d'un lieu aussi sacré ? Elle ne connaissait aucuns loups qui s'y reposaient, n'avait jamais demandé à quiconque la permission de passer ses temps libres ici. La louve avait juste commencer à mettre de sa touche ici et par-là, voyant qu'il y avait personne pour s'y opposer. Elle n'avait pas l'impression de faire du mal à personne, pensait même qu'elle avait enfin trouvé sa place sur ces terres... était-ce naïf de sa part ?

« J'évite que cet endroit tombe trop en ruine. », décida t-elle de répondre.

Ce n'était ni un oui ou un non officiel, mais ce n'était pas un mensonge.

À sa surprise, le mâle commenta sur son maquillage, ou plutôt, lui donna un compliment. Elle rougit, peu habituée à être le centre d'attention. Décidément, ce Heinly portait une grande attention aux détails.

« C'est du maquillage, je crée des teintes avec des fruits ou d'autres éléments que j'ai sous la patte. Ce n'est pas encore au point par contre... »

Ah Uma, toujours à se rabaisser...

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Elle prenait donc soin de ce décor plus qu'elle ne le gardait ... Du moins c'est ce que comprit le loup. Il était vrai que le lieu était plus entretenu que la dernière fois qu'il était venu. Des pierres plus propres, plus lustrées. Elle semblait avoir un certain affect pour ce cimetière, sans doute appréciait-elle la Mort tout comme lui ? Il ne lui poserait cette question. Tout ce qui touchait le Décès était tabou. A croire que personne ne voulait y penser alors que ce n'était qu'une fatalité parmi tant d'autres.

Du maquillage donc. Il connaissait que très vaguement ce terme. Il fronça légèrement les sourcils en entendant ces derniers mots, presque murmurés.

« Pourquoi penses-tu que ce n'est pas au point ? Ca m'a l'air de l'être. Tu as une belle couleur.

Compliment et encouragement, deux choses qu'Heinly ne pratiquait pas couramment. Ca lui paraissait même étrange de dire de tels mots. Et une idée folle germa dans son esprit.

« Peux-tu me maquiller ?

Demande franche et dite avec un visage que trop sérieux. Il était curieux de porter pareil artifice coloré. Une expérience nouvelle et fascinante, du moins si la louve acceptait.

Uma rougit au compliment sincère, alors que le loup lui demanda une faveur particulière.

Le... maquiller ? Jamais personne ne lui avait demandé une telle requête, comme si le fait de porter de faux marquages sur le visage était une idée tabou par ici... mais pas pour ce mâle qui semblait tout simplement fascinée par la pratique d'Umaïma. Elle attendit quelques secondes, afin d'être certaine que ce Heinly ne plaisantait pas, mais son regard était tout le contraire de moqueur. Elle s'approcha alors de lui, prenant un certain moment afin d'assimiler les traits de son visage lupin. Il n'avait pas un pelage trop foncé au niveau de la figure, alors peut-être que le maquillage allait bien s'imprégner. Car bien que la femelle était une spécialiste en application sur elle, jamais n'avait-elle tester ce talent sur autrui.

Sans demandé permission, à présent totalement en mission de lui offrir une transformation esthétique, ses doigts de loups se promenèrent délicatement sur sa face, afin de comprendre la texture de son pelage et de voir de plus près ses végétaux qui poussaient en lui.

« Je pourrais essayer. » chuchota t-elle finalement.

Restait à trouver quelques trucs ici et par-là, puis d'écraser ses trouvailles pour en faire une pâte facilement applicable.

Uma s'en alla chercher des choses en silence - en espérant qu'Heinly pouvait faire preuve de patience, pour ensuite revenir quelques minutes plus tard avec quelques fleurs séchés, une branche et des mûres. Elle écrasa ses trouvailles sur une roche plate non loin de là, puis se mis à récolter le liquide épais sur le bout de branche - son nouveau pinceau.

« Tu es prêt ? »

Elle espérait que oui, parce qu'elle était à présent aussi intriguée que lui par le résultat.

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