La Mort [Libre]

Regardes.
Ils sont partout.
Ces prédateurs qui ôtent la vie sans morale.
Regardes.
Ressens la douleur de leurs victimes.
Car tel est ta nature, Lircone.

Ils ont une odeur particulière les Nakhus. Prudence sentait leur trace partout dans la bibliothèque.

Les pattes issues de son pouvoir effleurèrent les livres, parfois laissés à même le sol, de peur de les abîmer. Les yeux mauves de la louve étudiaient chaque recoin de cet endroit, pour ne rien omettre lorsqu’elle devrait conter à ses soeurs ses aventures. La solitaire s’arrête, observant un instant le corps de son serpent glisser sur le sol, alors que résonne le bruit de son estomac vide.

Hum.

Se nourrir devenait compliqué, si au début de son voyage elle avait pu compté sur les fruits séchés, graines et autres mets transportables de ses parents, ces stocks étaient maintenant épuisés et trouver de la nourriture se faisait rare au fil que la température se rafraichissait. Ainsi, trouver des fruits en dehors du jardin des Nakhus (qu’elle refusait de toucher de crainte de ne s’attirer des ennuies) devenait compliqué. Mais elle tenait le coup pour le moment, préférant profiter des bons moments plutôt que de songer aux mauvais.

Puis, une odeur.
Nakhus ?
Il en avait l’air.
Juste de l’autre côté du rayon où elle se trouvait.

Soudain, elle passa sa truffe entre deux livres pour faire peur à l’inconnu.

« — Bouh ! »

Il grogne l’inconnu, là où Prudence se contente d’un grand sourire, ses yeux brillants de malices. C’était toujours drôle de voir que même les plus grands pouvaient avoir peur.

« — En effet. »

Prudence fit le tour pour ne pas plus mettre le bazar afin de rejoindre l’inconnu, sa queue tressée balayant doucement le sol.

« — J’peux t’aider ? » La tête se penche pour lire le titre de la couverture. « Oh, ce n’est pas très gai comme sujet… »

Mais si c’était dans ce thème là qu’il cherchait quelque chose, Prudence pouvait bien lui filer un p’tit coup de patte. Après tout, elle venait manifestement de le déranger dans ses recherches… Il lui semblait avoir aperçu un bouquin portant un titre similaire… hum…

(Lancé de dé)

Son pouvoir vint soulever tirer lentement un livre. Non, ce n'était vraiment pas ça du tout... Ah ! Mais voilà que Peter se cachait là. le serpent siffla, avant de glisser sur le museau de sa maîtresse pour se nicher sous la fourrure à son cou. Affichant un sourire d'excuse elle se tourna vers le Nakhus.

« — Désolée, il me semblait avoir vu un livre sur ce que tu cherchais... »

Hum, elle avait passé plusieurs minutes à ne rien trouver, mais ne se décourageait pas pour autant. Ses yeux continuant de parcourir les reliures, en espérant trouver le bon. La solitaire se tourna vers son interlocuteur du jour, souriant lorsqu’il se présenta, avant de se présenter à son tour.

« — Prudence, mais appelles-moi Prudy ! »

Ce serait bien moins long, puis elle avait l’habitude avec ses soeurs.

« — Pourquoi tu t’intéresses à ce genre de livre, Heinly ? »

Elle espérait ne pas être trop curieuse…

(Lancé de dé)

Laissant la possibilité au loup de ne pas répondre, ses pattes tirèrent un fin ouvrage à la reliure marron. En le feuilletant brièvement, Prudence ne trouva que quelques allusions, rien de très concret.

La mort fascinante ? Prudence observa le loup un moment, sans juger. Si sa nature de Licorne l’obligeait à respecter la vie, elle n’en était pas moins curieuse de la mort. Parce qu’elle avait tant d’effet sur les autres, sur elle-même. Fascinante et terrifiante.

« — La mort, permet de renaître. D’une certaine manière. La fleur fanée, refleurira ou laissera place à une autre plante plus forte… »

Mais il y a des fois où la mort est la seule gagnante…
Des fois où elle ne laisse pas place à la vie et alors, il n’y a plus d’équilibre.

(Lancé de dé)

Hum, toujours des petits passages, mais pas un livre entier dédié au sujet de recherche. Peter sifflota dans le cou de Prudence, trouvant visiblement tout cela futile. La solitaire se tourna de nouveau vers le loup, choisissant de faire la discussion plutôt que de s'attarder sur leurs échecs.

« — Tu es un futur disciple de Yurai ? »

Là où elle s’intéressait aux animaux quelque peu dangereux, lui s’intéressait à la mort.

À l’expression d’Heinly, Prudence eut l’impression de l’avoir offensé. Ah ? Il ne portait visiblement pas Yurai dans son coeur, étrange pour un Nakhus… Peut-être n’était-il pas ici par choix… mais par obligation. Au moins se destinait-il à une divinité, Mido. La jeune louve ne s’intéressait pas vraiment au dieu vert, retenant surtout qu’il avait enfermé le clan dont faisait parti ses parents sous un dôme et avait envoyé un raptor…

« — Mido est… un peu strict non avec ses disciples ? Enfin de ce que j’ai entendu, mais j’admets ne pas trop m’y être intéressée… »

Voir presque pas en fait… Oups ?

« — Je souhaiterai devenir disciple de Moiro. »

La solitaire ouvrit de nouveau livre, fronçant les sourcils en voyant qu'encore une fois, il n'y avait rien de concret.

« — Nous ne devons pas être très doués pour trouver un livre... »

Oups, la voilà percée à jour, bon ce n’était pas faute d’avoir essayé ! La solitaire laisse échapper un rire à la remarque du Nakhus.

« — D’accord je l’admets ! »

Pourquoi Moiro ?

Prudence aurait pu répondre que c’était pour rendre fier son père, mais cela n’aurait pas été la vérité. Car ce n’était pas pour Teddy qu’elle faisait cela. La louve se tourne vers son interlocuteur, en souriant avec douceur.

« — Pour prouver que la beauté ne s’arrête pas qu’au physique. Parce que la beauté ça va bien au-delà de tout cela, surpasser ses rêves, les critiques d’autrui. Prouver que rien ne peut nous arrêter et qu’à jamais nous nous tiendrons debout. Afin de démontrer à nous-mêmes que la plus belle des choses, c’est la volonté qui nous habite, que c'est cela qui nous rend beau. »

La Licorne ne savait pas si sa rencontre du jour comprendrait son point de vue, mais c’était là les valeurs qu’elle souhaitait défendre. Pas la force mentale que convoitait Ao, ni l’intelligence que désirait Mido chez ses disciples. Mais pouvoir démontrer qu’être belle et gracieuse, ça ne s’arrêtait pas seulement au physique, qu’on pouvait l’être et qu’on devait l’être pour prouver que l’on se tiendrait toujours debout.  

Puis soudain, Heinly les vit. Les objets de sa convoitise. Deux livres.

« — Voilà que nous avons parlé trop vite… »

Ne souhaitant les toucher directement, Prudence utilisa son don inné qui souleva l’épaisse couverture noire, tournant quelques pages. Plusieurs schémas étaient représentés sur les pages, rien de très réjouissant.

« — Hum… »