Les pattes de la poupée ✡ Dough

On ne pouvait pas dire que Dough avait peur de grand chose.
Mais là, tout de même, il ne s'attendait pas à ça.

Des loups ailés, au Castel, il y en avait une paire. Mais voir le corps de son neveu se distordre de la sorte… C'était sans doute plus effrayant que toutes les bestioles qu'ils seraient susceptibles de débusquer à la Maison Hantée.

Bon, il fallait relativiser. Un pouvoir divin se cachait très certainement derrière cette transformation.
Mais quand même, ça restait impressionnant. Bien plus impressionnant que les petits vortex qu'Aka lui avait offert.
Décidément, le disciple rouge ne comprendrait jamais ce qui était passé par la tête de son Dieu en le bénissant de ce pouvoir… Surtout quand son neveu pouvait se transformer en putain de serpiplume.

Ce fut avec beaucoup d'appréhension que l'oncle se laissa finalement convaincre de grimper sur le crâne du kétzakoa. Et s'il était d'abord tout blême, tout penaud et tout recroquevillé contre le corps longiforme de son neveu, il prit finalement goût à la brise qui lui caressait le visage et gagna en vaillance et en confort. De toutes façons, si le gamin le laissait tomber, il lui ferait sa fête. Depuis l'au-delà s'il le fallait.

Une fois arrivés, et Désastre revenu à sa forme originelle, celui-ci poursuivit sur sa lancée en prenant la tête de leur petit cortège, guidant son oncle dans ce lieu qui lui était parfaitement inconnu.

« Elles se cachent sur les meubles et dans les couloirs, je crois...Les arracheuses de langue. »

Dough haussa les épaules avant de commencer à suivre l'exemple de son neveu, fouillant et farfouillant, jusqu'à tomber sur un objet inanimé. Si celui-ci avait l'air dangereux, tranchant, Dough doutait qu'il puisse couper une langue à lui seul.
Par contre, bien utilisé… Ni une, ni deux, l'Épée prit le manche dans sa gueule avant de s'adresser à son cadet : "Tcha vucha ?"

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« C'est cool. 》
Ce que Dough trouvait cool, lui, c'était d'avoir trouvé quelque-chose qui puisse impressionner son neveu. Ça lui donnait l'occasion de fanfaronner, et on pouvait lire beaucoup de fierté dans son langage corporel. L'Épée se tenait plus droit que jamais, faisant le beau, dévoilant tous ses crocs et s'efforçant de ne pas baver de façon trop abondante sur le manche de sa découverte.

Désastre indiqua alors un objet longiforme qui se tenait dans un coin.
《 Tu devrais essayer de couper ça. Pour voir. 》
Et l'Épée de se faire la réflexion que ce n'était pas une mauvaise idée. Il aimait trancher des trucs, alors pourquoi pas couper ? Et puis, ça pouvait être une forme d'entraînement, non ? Et alors qu'il tentait de trimballer son arme à bonne distance du mannequin qui avait maintenant était désigné comme de combat, son neveu changea d'idée :
《 ..Ou plutôt sur lui. 》
Et l'oncle de se détourner aussi prestement qu'il le put pour apercevoir une créature qui lui glaça le sang. Il n'avait jamais vu de telles choses.
"Ché cha, une poupée ?" demanda-t-il tout en se préparant à l'attaque. Se dandinant du popotin, l'Épée se ramassa sur lui-même pour mieux s'élancer en direction de l'ennemi inconnu, lame en avant. L'objectif : le fendre en deux, bien entendu !

Et l'attaque fut effectivement réussie ! Dough réattérit sur ses pattes sans problème après que la faux eut touchée la créature de plein fouet.
"Cha pas l'air ben dangreux tchon tchruc."
Purée, il se faisait penser à Thid à parler comme ça.

//-5 PV pour le feu follet//

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Dough regretta de façon presque immédiate les paroles prononcées. Presque, parce-qu'un animal qui se dématérialise après avoir fait du bruit, c'était pas commun, mais pas plus impressionnant que ça aux yeux de l'Épée.
Il n'avait envisagé cette action que comme une retraite, n'avait jamais pensé que l'ennemi pourrait le prendre en traître : par derrière. Et à ce moment, l'oncle comprend enfin les paroles de Désastre, qu'il se répète en pensée : « Un monstre mort qui vit. »

Ce qui servait de patte à l'adversaire s'était emparé du crâne de l'aîné sans qu'il ne voit rien venir, alors même qu'il s'apprêtait à crier victoire, un peu trop prestement sans doute.
Alors que le disciple rouge s'apprêtait à lâcher un couinement entremêlé de surprise et de douleur, il referma vivement la mâchoire sur le manche de sa nouvelle arme, afin de ne pas la laisser échapper. Aucune raison ne l'y poussait pourtant: il n'avait aucune affinité particulière avec l'objet, qui l'handicapait dans ses mouvements. Et pourtant, il avait en cet instant la certitude inconsciente et infondée qu'il ne devait pas la laisser tomber. Que tout serait perdu, si c'était le cas.

Alors que la panique commence à s'emparer de Dough, immobilisé, aveugle de ce qui se passe dans son dos, son neveu attaque et lui permet de se libérer. Il se reprend, le vieux, se gonfle de courage. Après tout, il n'est pas disciple rouge pour rien : il est né pour vaincre ou être vaincu. Et s'il doit tomber, ce ne sera pas immobilisé par la peur.
« Achève-le. »
Comme si ce n'était pas déjà l'intention de l'aîné. Comme s'il allait se faire prier.
Et c'est cette fois d'un coup latéral de la lame que la combattant tente de faucher son ennemi.

Mais, effectivement, l'arme n'était pas adaptée à son porteur, qui finit par s'entailler lui-même.
"Le con"

//-2 PV pour Dough//

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C'est cette fois à Désastre que le mort-vivant s'en prend. Et il semble à l'Épée que son neveu en sort bien blessé.
Bien blessé, mais victorieux. Et une vague de fierté envahit l'aîné.

« U-Uhn, je vais nous soigner, avant de continuer... »
Et ça l'arrange bien, le rouquin. Parce qu'il n'a aucune foutu idée de ce qu'il peut bien faire face à un loup blessé. Inconsciemment, il s'évite même d'imaginer ce qui se serait passé si le Panseur avait perdu connaissance sous les coups du spectre.
Ce qui est sûr, c'est que l'excursion se terminera là pour aujourd'hui. Il est courageux, le Dough, mais pas téméraire. Pas aujourd'hui, du moins.
La mâchoire du disciple rouge se ressert sur la faux. S'il espère qu'aucune autre créature ne se présentera pendant que son neveu prend le temps de les soigner, il ne peut s'offrir le luxe de baisser sa garde pour le moment. Et cette arme, il compte s'y accrocher comme une moule à son rocher, jusqu'à ce que les deux aventuriers aient quitté la bâtisse.

L'oncle s'approche de Désastre avec une phrase affectueuse :
"Bien joué gamin"

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« C'est toi, qui lui a fait le plus de mal. »
Dough releva le menton, fier. L'Épée adorait les compliments, et bien qu'il n'ait aucune fichue idée de la vérité des propos de Désastre, il n'ira pas le contredire. Qu'il gonfle son égo, le petit, et il montera dans l'estime du tonton.
« ...Merci. »
Boarf, c'était bien normal. Surtout que le jeune avait su abattre la cible quand le Guerrier était au plus mal. En outre, il leur avait sauvé la mise.

Désastre éveilla la curiosité de son oncle lorsqu'il commença à enlever ses bandages. Keskifzé ? Le rouquin plissa les yeux et les approcha de l'antérieur du loup gris pour se retrouver avec petites billes sous le pif.
« Pour les douleurs. »
Ah. Bon. L'aîné haussa les épaules et posa sa faux avant d'engloutir ce qui lui était offert.
Et il ne fallut effectivement pas bien longtemps avant qu'il ne se sente mieux.

Mais il avait bien conscience, le vieux, que ne plus ressentir la douleur ça ne voulait pas dire que les blessures avaient disparues. Et il voyait aussi que Désastre n'était plus en état de tenir la longueur si un nouvel ennemi venait à se présenter. Il initia nonchalamment le chemin du retour, se doutant que son neveu le suivrait.
Ils n'avaient pas trouvé ce qu'ils étaient venu chercher… À moins que le monstre croisé n'ait été adepte de l'arrachage de langue ? Il n'en avait pas eu l'impression et n'avait pas franchement eu le temps de lui poser la question.
Tant pis… Ce serait partie remise.

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