Froid et Feu [Uneth]

-Ted-

Il faisait froid, ces derniers temps. Très très froid, pour le loup qui venait tout juste de terminer son poil d'hiver. Lui qui habituellement aimait rester tranquille chez lui se devait de faire plus d'activité sous peine d'être frigorifié, même dans sa tanière encombrée de papiers et de notes. La neige avait même commencé à tomber régulièrement depuis quelques jours, et si Ted aimait écouter les flocons et le silence que le climat induisait, il détestait se retrouver humide perpétuellement et devoir redoubler d'attention vis à vis de son papier sec.

Ses préparatifs au voyage avançaient bien. Il avait à présent un grand stock de papier qu'il pourrait entreposer chez lui, ainsi qu'assez de plantes pour soigner un régiment. Il s'était tissé un nouveau sac, qu'il avait adapté avec soin à sa morphologie pour ne pas entraver ses mouvements. Et bien sûr, il avait commencé à s'entraîner pour gagner en endurance, afin de ne pas être un poids pour son compagnon de route, Vanhir. Le tout prenait forme, mais Ted était toujours assez anxieux, et continuait à trouver des raisons de repousser son voyage : l'hiver serait rude, il n'allait pas laisser le refuge aujourd'hui, il restait des choses à faire, il attendrait le printemps ...

En attendant, son envie de partir était tout aussi dévorante qu'avant, voir plus. Cet étrange paradoxe le menait parfois à partir plusieurs jours dans des endroits nouveaux, qui le faisait rêver ou seulement envie. Ce jour là, il était parti vers la vasque, sans vraiment y réfléchir, avec seulement une vague idée en tête : Mido. Le Dieu était connu pour être celui de la connaissance, protecteur de la bibliothèque nakhu. Alors que Ted avait pour projet d'en créer une, il s'était demandé si l'aide d'un Dieu pouvait lui être bénéfique. C'est en marchant qu'il avait réalisé sa bêtise : les Dieux n'étaient pas là pour ça, de toute manière. Et puis, il était solitaire, fils d'ex-lazulis. Il courrait à sa perte. Une fois proche du temple, il s'était arrêté, le souffle créant des petits nuages de fumées blanche, et avait fait demi-tour. Il n'avait pas besoin de Dieu pour son petit projet.

Il n'allait tout de même pas quitter la Vasque tout de suite. Le froid le gagnait de plus en plus alors qu'il marchait, et ses pensées se dirigèrent bien malgré lui vers Fenouil. Les mois s'étiraient depuis sa disparition, et plus Ted y pensait, plus il y avait de chance que le loup-dinosaure soit tout simplement mort. Une idée triste, qu'il repoussait tant que possible pour garder espoir. Mais l'idée qu'il ai simplement voulu arrêter de le voir était presque aussi insupportable pour le grand mâle brun.

Sa marche s'était faite plus lente, et le froid plus mordant. Ted s'arrête, tremblotant : la nuit tombait, et il avait bien trop froid, le pelage humidifié par son trajet. Il lui faudrait une protection, quelque chose comme la cape d'Onyx pour le protéger l'hiver. En attendant, il pouvait faire un feu : il regroupe rapidemment quelques branche, dégage un endroit pour en faire un foyer. Il se saisit d'une feuille de papier sec, d'un silex et d'un peu de volonté, et au bout de quelques minutes, le feu prend. Ted l'entretient, jusqu'à ce qu'il soit sûr d'avoir un foyer allumé et bien vivant. Là, il s'assoit, la lumière du feu dansant sur son visage, et profite tout simplement de la chaleur qui émané des flammes.

Froid & feu

Ted x Zen

On se rapprochait du jour le plus court de l'année. Pour Zen, c'était une sorte d'évènement, en dehors de lui, c'était plus une obsession un peu étrange de faire une fixette sur un jour.

Mais il se complaisait dans cette idée, qu'après ce jour, le soleil viendrait un peu plus se faufiler entre ses poils de soie pour caresser sa peau.

En attendant, le grand loup gris fuyait l'obscurité qu'il craignait tant. La compagnie de Désiré lui permettait d'apaiser ses angoisses nocturnes, et il lui en serait éternellement reconnaissant, rien que pour ça. Le nez entre ses pattes, en boule, rêvassant en cette fin de journée. Il lui fallait cependant chasser, contre son gré. Son fils n'était pas encore assez formé pour ramener pour deux, Zen continuait d'entretenir ce rôle. Cela lui fit penser qu'il devait le revoir prochainement pour perfectionner cela, au passage.

Il s'étira longuement pour retarder au maximum son départ dans le froid. Sa truffe dépassa de la tanière, oreilles couchées, il prit une grande inspiration, et il s'éloigna de sa maison, direction le marais. Il y trouverait bien quelques lapins à ramener.

Sa démarche lente, queue toujours en panache sur ses reins, il s'avança calmement en saluant ses comparses claniques avec son immense sourire habituel. La Rougelande ne fut qu'une formalité, il arriva bien vite aux marais. Aucune odeur ... Avait-il fait fausse route ?

Il soupira, cherchant toujours une piste, une silhouette. Rapidement, il se trouva devant le temple de son dieu. Il viendrait le revoir lors des beaux jours, même si les divinités ne ressentent pas le froid, il ne voulait pas se présenter ainsi, humide et les griffes mal taillées à cause de l'hiver. Il se contenta de hurler chaleureusement vers la bâtisse jaune, et le revoilà en cavale.

La tête toujours passe, inspectant le sol, le paysage, et toujours en alerte, une lueur chaude attira son attention au loin. Du feu en hiver ? Il ne pouvait être qu'artificiel. Zen se redressa, gonflant le poitrail, et s'approcha du ruisseau séparant la terre. Les flammes étaient là. Curieux, Zen huma de nouveau l'air, s'aidant de ses autres sens. Hors de question de traverser l'eau gelée.

- Y a-t-il quelqu'un, ici ?

-Ted-

Le crépitement des flammes, la lumière dansant sur la neige et l'odeur fumée apaise Ted, qui se laisse aller à la détente. Il s'allonge, sur son pseudo-lit de terre, et ferme les yeux en souriant. Ses pensées divaguent -vague- vers son voyage proche : où allait-il partir en premier ? Il repense à Fenouil, à son désir d'avoir un compagnon semblable à lui. Il faudrait choisir entre le Nord, le froid et le danger, ou le Sud, peuplé par la meute des Etelkrus. Mais Ted comptait sur Vanhir pour le guider, du moins au début, et pour l'aider à recueillir des informations sur les différents dangers, sur les histoires des peuples aussi. S'il voulait faire sa mini-bibliothèque, il avait du travail, mais il aimerait retrouver en priorité le loup-dinosaure.

Soudain, un craquement le tire de son état de semi-sommeil. il se redresse, avant qu'une voix ne vienne percer le silence : quelqu'un l'appelait. Il se relève, inquiet, regarde autour de lui avant d'apercevoir celui qui l'avait appelé : un mâle visiblement, de l'autre côté du ruisseau. Ted s'approche, les oreilles couchées. A-t-il besoin d'aide, de se réchauffer dans cette nuit froide lui aussi ? Ou bien ... Il avance, dos au feu, avant de lancer d'une voix pitoyable, partant vers les aigües :