La carcasse [Nirvana]

Velikan

Velikan n'aimait pas trop cet endroit. L'air avait une odeur bizarre, comme saturé d'humidité et de moisissure, ça lui rappelait un peu sa prison après des temps trop pluvieux. Mauvais souvenirs, pas agréables mais qui envahissaient quand même la tête. Il trouvait aussi le sol un peu trop spongieux sous ses pattes trop lourdes, un peu comme de la tourbe.
Non rien ne l'attirait ici, mis à part peut-être cette odeur de vieille viande rance.

Velikan était grand, non, géant comparativement aux autres loups alors il lui fallait de l'énergie. Sauf qu'il était aussi mauvais chasseur, chaque carcasse délaissée devenait un véritable appel. Alors le grand mâle gris avait traversé cette zone au sol mou, s'y était enfoncé jusqu'à apercevoir une colonne de corbeaux se battre pour les restes d'une biche déjà à moitié dévorée. Petit trot, Velikan chargea les volatiles en poussant de gros aboiements avant de se jeter sur la carcasse. Compétition rude, les oiseaux voulaient aussi leur part du butin et si leurs coups de becs ne firent pas grand chose sur le cuir épais du loup, les grands coups de pattes agacés de celui-ci n'eurent pas plus d'effet.
Velikan broya les os sous son épaisse mâchoire, chercha à avaler chaque morceau de viande avant qu'il ne se fasse voler par un corvidé. Très rapidement, trop sans doute, il ne resta plus grand chose à en tirer. Doucement, les oiseaux commencèrent à s'éloigner par petits bonds, attendant peut-être l'envolée générale. Velikan s'ébroua, récupéra un dernier os épais qu'il alla mâchouiller un peu plus loin, par simple plaisir, se couchant sur le sol humidifié par un temps nuageux et gris.

L’endroit n’était pas le plus agréable. Tous ces champignons ça devenait vite lassant… mais la plaine était longée par une plage qui offrait de ravissants coquillages. Nirvana avait été chanceuse ce jour-là, puisqu’elle était parvenu à dénicher un squelette d’étoile de mer d’une belle couleur bordeaux.
De quoi compléter ma collection.
Le pelage encore humide et les pattes couvertes de sable, la louvette avançait sur le sol spongieux en essayant de ne pas écraser de champignon. Elle s’arrêta dans sa marche en entendant des craquements… comme des os que l’on brise. Sans parler des aboiements et des coassements.
Pourquoi se passe-t-il toujours des choses étranges en terres solitaires ?
Prudemment, Nirvana s’approcha de la source du vacarme, pour trouver un loup en train de mâcher un os. Un solitaire de toute évidence. Ce qui frappa le plus l’Etelkrus c’est qu’elle faisait la taille de la tête du géant.
Et je n’exagère pas.

« — Bonjour. »

Bien qu’elle aurait dû se sentir intimidé de par l’écart de taille, Nirvana se montra surtout intriguée. C’était la première fois qu’elle croisait un loup presque aussi grand que les Direwolf. Faisant quelque pas pour s’approcher, la jeune louve s’assit face à l’inconnu.

« — Je m’appelle Nirvana, et toi ? »

Elle fixe les yeux jaunes tout en parlant, avant de laissé son regard glissé sur la corde au cou du mâle.
Comme si il avait été attaché.
Puis de s’intéresser à la mâchoire dont quelques dents dépassées sans pour autant s'y attarder.
Avec des dents pareilles, il peut broyer tout ce qu’il veut.
Les os compris.

Velikan

Velikan continue à mâchouiller, fait passer l'os d'un côté puis de l'autre de sa gueule, le marquant de marques de dents mais essaye de ne pas le briser trop vite. C'est quelque chose qu'il aime faire mâchouiller alors il le fait, redressant à peine les oreilles lorsqu'il entends des bruits de pas, n'ayant pas appris à être attentif. Il se stoppe cependant lorsqu'il entends une voix parler devant lui.

Relevant la tête, l'os toujours en gueule, bavant un peu dessus, son regard s'arrêta sur un petit loup – non une petite louve tacheté. Aux premiers abords, il resta là à la fixer de ses yeux jaunes, il ne l'avait pas vraiment comprise, pas vraiment écouté à vrai dire, il n'avait donc fait aucun effort pour.
Petit mouvement de mâchoire, Velikan replaça l'os sur un des côtés de sa gueule avant de se relever à demi. Il approcha sa grosse tête de la louve, la reniflant bruyamment, allant presque au contact avec sa truffe. Elle portait une odeur nouvelle sur elle, détonnant à celle générale qu'elle portait, ça l'intéressait. Il finit par tomber sur un objet étrange, comme un os avec plus de détail, dans le doute, peut-être, ça se mangeait. Alors Velikan ouvrit la gueule, large, pour chercher à attraper la trouvaille récente de la louve. Il la voulait.
Donne.

Un léger haussement de sourcil chez l’Etelkrus en voyant la bave dégouliner de l’os. Le genre de jeu auquel elle ne se prêtait pas. Voilà que l’inconnu se lève, sans répondre à sa question, approchant son énorme museau d’elle, pour la renifler.
Un solitaire dénué de la moindre politesse. Iberis l’aurait qualifié de rustre.
Nirvana se racla la gorge pour faire cessé cette inspection -un peu trop rapprochée à son goût-. En sentant le loup gris cherché à s’emparer de l’étoile de mer, la louve leva l’une de ses pattes pour la poser sur la grosse truffe noir.

« — Non. »

Le ton est ferme, mais pas brutal.
Nirvana ne se laisserai pas dépouiller ainsi. Elle fixe avec intensité les prunelles jaunes, sans se sentir menacée par la différence de gabarit entre elle et ce loup.

« — Demandes avant. »

S’il ne pouvait parler, il pouvait toujours essayé de communiquer avec des gestes.

Velikan

Plus que le contact sur sa truffe, c'est à la voix à nouveau que Velikan réagit. Un ordre bref, ferme, le géant eu un léger sursaut avant de se laisser tomber, reprenant la position couchée, tête entre les pattes, oreilles en arrière. Il craignait quelque chose, un coup, une agression sans doute mais ça ne vint pas alors il redressa toute doucement les oreilles.
Positionné ainsi, Velikan avait le regard plus bas que celui de la louve, il le releva vers elle, entrouvrant pour s'approcher doucement à nouveau de l'objet convoité, l'os toujours coincé entre les dents. Il le voulait tellement cet objet, parce qu'il était différent, il le voulait d'autant plus maintenant que la femelle ne le lui avait pas laissé le prendre.

La louve, Velikan la craignait un peu maintenant, trop pour tenter à nouveau frontalement, pas suffisamment pour ne pas essayer quand même.
Il comprend ses mots cette fois, parce qu'elle était maintenant clairement identifiée et qu'elle avait son attention. Aussi parce qu'ils étaient simple, connus, que les phrases étaient courtes. Alors il essaye, ouvre un peu plus sa gueule, souffle parce que dans cette position, ses poumons étaient un peu comprimés.

« ...Donne »

Le mot est expulsé de sa gorge, peine un peu à être articulé à cause de ses dents et de l'os.

Nirvana fut quelque peu surprise par l’attitude du géant… un peu suspicieuse aussi. Pourquoi se mettre dans pareil position alors que d’un coup de patte il aurait pu balayer la petite louve qu’elle était ?
Son museau se penche légèrement sur le côté, alors que sans commenter elle observe l’inconnu. L’étoile de mer semble lui tenir à coeur, les gestes font moins brusques.
Et quand la louvette se demandait si il ne parlait pas tout simplement parce qu’il ne le pouvait… il lâche un mot simple. Sans politesse, mais le ton de sa voix laissait presque sous-entendre qu’il ne pouvait pas plus. Un instant, Nirvana ne bougea pas.

« — D’accord. »

L’objet est tendu.
Elle était curieuse de voir ce qu’il en ferait.
Plus encore, son attitude étrange intriguait la sirène. Il ne semblait ni habitué aux contacts, ni à la discussion. Lentement elle leva une nouvelle fois sa patte, pour la poser doucement sur le dessus de la tête du loup.
Que vas-tu faire ?

Velikan

A l'objet tendu, Velikan crache son morceau d'os pour le saisir du bout des crocs, méfiant un instant à la sincérité du geste, il avait bien plus expérimenté la compétition entre charognards. Il fait glissé l'objet dans sa gueule, le manipule à l'intérieur avec sa langue, l’expérimentant. Grimace, c'était salé.
Un instant le géant ne s'occupa plus de la louve, ayant obtenu ce qu'il voulait, sa quasi entière attention étant portée sur l'objet. Il le mordille, le fait tourner, test sa texture et sa résistance. Une patte se tend vers lui, Velikan a un mouvement léger de recul, aplati un peu sa grosse tête au sol, pivote ses oreilles en arrière.
Contact.
Mais il ne se passe rien.
Alors le grand mâle se détend un peu, redresse le corps et ses oreilles, sort la tête de ses épaules pour continuer à expérimenter l'objet.

Crunch
Entre ses crocs, il l'a croqué, ses mâchoires broient, détruit alors que la grimace se fait plus prononcer. Ça ne se mangeait pas pas, ce n'était même, pas très bon. Babines se retroussant, il vint frotter sa langue contre les incisives pour se débarrasser des débris.

Essayait-il de … manger l’étoile de mer ? Heureusement que c’était quelque chose de commun. Nirvana note l’attitude du grand loup quand elle pose sa patte. Avait-il été maltraité pour craindre aussi le moindre contact ?

« — Je ne suis pas méchante. »

Enfin du moment qu’on ne parlait pas en mal de Dairo ou qu’on ne ternissait la réputation des Etelkrus.
Et qu’on était pas un crétin fini qui parlait pour ne rien dire.
À part ça, Nirvana n’était pas méchante (juste un peu exigeante dans ses relations ce qui expliquait son nombre quasi inexistant d’amis). La louvette retira sa patte pour la reposer sur le sol. L’inconnu avait décidé de croquer l’étoile de mer.

« — Craches, ça ne se mange pas. »

Simplement décoratif.

Velikan

Les phrases redeviennent plus longue, peut être plus rapide aussi et Velikan est occupé à recracher les débris de l’objet justement, alors encore une fois, il n’écoute pas beaucoup. Ça il l’avait déjà remarqué que les autres parlaient beaucoup, même de derrière les barreaux de sa cage, lui moins, il maîtrisait moins.
Pour se débarrasser du goût salé, le gros loup gris alla lécher son morceau d’os précédent, le mordillant un peu à nouveau. Il l’avait bien nettoyé, il n’avait plus beaucoup de goût malgré la viande rance qu’il avait porté. Ah, Velikan avait encore faim, il était toujours affamé alors sa grosse tête se tourne vers la petite louve tachetée. Il la renifle une seconde fois, cherche sur elle, hésite pas à la bousculer pour savoir mais... mis à part un reste d’odeur de repas lointain, rien.

L’os à nouveau en gueule, Velikan se releva, immense masse lourde de chair et de fourrure, ses gestes étaient relativement lent afin de pouvoir se soulever sans basculer. Il se secoua, releva la tête, truffe en l’air pour chercher de nouvelles odeurs et surtout celle de nouvelles carcasses.

Hum… l’étranger ne parlait pas beaucoup, voir pas du tout.
Les mots simples, il les comprends, les phrases non.
Déjà le géant se remet à la renifler, secouant un peu Nirvana qui fronça les sourcils. Bien que pareil contact l’agaçait, cela n’avait rien d’offensif, il était inutile de répondre. Le voyant se relever, elle observa la silhouette massive, même les Etelkrus ailés n’avaient plus rien d‘impressionnant à côté de lui.
D’apparence, il plairait aux disciples d’Aka.
De toute évidence, il cherchait de quoi manger. La chasse devait être un exercice difficile, les bêtes les plus agiles et rapides devaient lui échapper sans mal. Désireuse de connaître au moins son nom, la louvette renifla le sol cherchant une proie. Si il était aussi primitif de pensée que le laissait suggérer ses manières, le mâle ne penserait à rien d'autre que manger. Nirvana n'était pas une bonne chasseuse, mais son pouvoir lui permettrait d'immobiliser sa prise, assez pour qu'avec sa mâchoire l'inconnu l'achève.

RC : Nirvana parvint à trouver un cerf
RS : Un dindon sauvage, pas trop mal
ES : Un lapin, mieux que rien
EC : Un mulot... on va loin avec ça

Le museau au sol, elle se contra pour dissocier les différentes odeurs. Certaines pistes dataient... quand d'autres étaient plus récentes. Concentrée, Nirvana suivit l'odeur qui lui semblait la plus intéressante, passant devant le géant, pour finalement trouver derrière de gros champignon un gros oiseau avec une étrange couronne de plumes en guise de queue. L'oiseau releva la tête au moment où la brume entra en contact avec l'une de ses pattes.
Ne bouges pas.
C'était un bien triste sort pour un animal qui n'avait rien demandé... L'Etelkrus se tourna vers le géant.

« — Prends-le. »

Avant que je ne relâche l'emprise que j'ai sur lui.

Velikan

Museau au sol, la petite louve sembla chercher quelque et puisque Velikan ne trouva rien en l'air, il se laissa distraire par son attitude. L'imitant le grand mâle gris pencha son nez au sol lui aussi mais sans réelle volonté d'efficacité, reniflant toutes les odeurs mélangées sans les dissocier. Il colla la femelle, ses pas faisant les doubles des siens, il manqua presque d'aller lui marcher dessus plus d'une fois. Il se stoppa lorsqu'elle s'arrêta, ses yeux jaunes la regardant elle avant qu'il ne les relève vers ce qu'elle fixait.
Oh !
Animal impatient et enthousiaste, il trépignant sur quelques pas un peu sur place avant de faire un bond au dessus de la louve, la contourner n'étant pas venu à l'esprit, avant d'en faire un nouveau qui le fit atterrir sur l'oiseau. Velikan s'étonna cependant de son immobilité mais ça n'ont plus, ça ne monta pas vraiment au cerveau, avant même que la question se soit sérieusement posée, son énorme gueule s'était refermé sur la tête, les os du cou broyés dans un son de branche cassée.
Velikan prenait à peine le temps de déguster, il dévorait comme une bête sauvage, avalait même les plumes et les os sans aucune attention, broyant le tout via une puissante mastication. Au moins pas de gâchis avec lui, les corbeaux allaient être déçus mais Velikan était ravi.  

Nirvana se coucha quand le géant bondit au-dessus d’elle. Bon sang, ne se rendait-il pas compté qu’avec sa taille, il pouvait l’écraser d’une patte ?! L’emprise de Nirvana sur la proie se rompt aussitôt que la tête est dévoré, c'est une sensation désagréable qui vient parcourir la louvette.
Elle ne prend même pas la peine de regarder le solitaire dévorer sa proie, le bruit suffisait.
Quelques plumes avaient volé. Nirvana vint en capturer une entre deux griffes, pensive. Ce solitaire n’était pas habitué au contact des autres, il ne sait pas comment se conduire. Les manières sont quasiment inexistantes… tout comme la discussion.
Sa priorité est de manger, encore et encore.
Conservant le silence, l'Etelkrus se contenta de fixer le mâle.

Velikan

Velikan mange, broie, dévore et mange encore. Il ne s’arrête que lorsqu’il ne reste absolument plus rien du malheureux volatile mis à part quelques plumes coincées entre les dents du géant ou plantées dans son museau. Il renifle un peu le sol, y lèche un peu le sang restant comme pour s’assurer qu’il n’y avait vraiment plus rien avant de relever la tête et humer un peu leur.
Les odeurs, c’était une des seules choses que Velikan comprenait vaguement dans ce monde. Ça ne le dérangeait pas vraiment, il ne l’était pour pas pas grand chose du moment que ce n’était pas désagréable.

Pour une fois Velikan n’a plus vraiment faim alors il se sait pas très bien ce qu’il veut, il gratta un peu le sol avant que son regard jaune retomba sur la petite louve tachetée.
Elle était là ! Encore!
Alors il se coucha devant elle, la tête entre les pattes, couinant un peu sans raison, la regardant de ses yeux jaunes.
Velikan ne savait pas vraiment ce qu’il attendait d’elle, alors dans le doute, plus de nourriture. Il ne savait pas non plus s’arrêter.   

Utiliser son pouvoir sur des proies, cela cause bien moins de douleur à Nirvana, en particulier quand elles étaient plus petites. Faut dire que commencer à s’entraîner sur Sakura ne fut pas le choix le plus judicieux… Le géant se couche à ses pattes, s’en est presque amusant. Toujours pensive, la louvette fait glisser la plume entre ses doigts, évitant au solitaire le bruit de ses perles qui s’entrechoquent (un réflexe qu’elle avait pour s’occuper les pattes). Mieux valait ce genre de réflexe plutôt que celui de cogner.
L’entendre couiner, ça lui rappelle Puceron et Moustique, quand ils n’étaient que de petits insectes, qui avaient faim…
Comprenant que le silence était préférable aux longues phrases, Nirvana ne dit rien, arrêtant de jouer avec la plume pour s’approcher du coup du solitaire. La corde à son cou lui donnait vraiment un p’tit air lugubre qui méritait qu’on ajoute un peu plus de gaieté.
Enfin un peu.
L’Etelkrus s’approcha du cou de l’inconnu. La plume est coincée entre les fils composant la corde. La masse de poils la cacherait sans mal.
Il faudra bien regarder pour la voir.

Vu qu’il ne parle pas, il ne se rend pas agaçant.

Velikan

Velikan rampe un peu pour se rapprocher de la louve, malaxant le sol de ses pattes avant, se fait plus insistant dans sa réclame. Et puis... elle fait un truc avec ce qu’il a autour du coup, ça le stress qu’elle y touche, lui rappelle quelques douleurs à force de tirer dessus. Alors Velikan n’ose plus bouger, menton au sol, oreilles en arrière, il se lécha frénétiquement nez et babine pour évacuer la tension qui l’habite. Cependant, il ne se passe rien encore une fois.

Lorsque la louve a fini, le grand mâle gris se releva et s’ébroua, ne remarque pas la plume qui a été ajouté, elle a été de toute façon bien accrochée. Il huma l’air encore une fois avant d’essayer à nouveau de coller sa truffe au sol. Velikan ne suivit aucune piste, laissa ce fouillis d’odeur non trié dans sa truffe, se contentant d’expérimenter tout en restant près de la louve, tournant autour. Dans ce monde qu’il apprenait à connaître, expérimenter était bien une des seules choses qu’il pouvait faire.
Il s’arrêta sur un caillou, le déterra pour le prendre entre ses crocs et le mordiller. Aucune volonté de le manger, le mâle gris n’était peut être pas bien malin, il n’était pas bête à ce point mais il appréciait avoir un truc résistant entre ses dents.   

Quelque soit son passif avec cette corde, le solitaire semblait terriblement craintive à l’idée qu’on y touche. Nirvana ne s’était ainsi pas trop attardée, oeuvrant en touchant le moins possible le cou du noir pour éviter une trop mauvaise réaction. Satisfaite, elle se recula, l’observant se secouer sans que la plume ne tombe. Au moins ça ne s’envolerait pas à la première secousse. En le voyant renifler le sol, l’Etelkrus ne put s’empêcher d’hausser un sourcil. Il avait encore faim ?
Il a faim au point de mordiller un cailloux….
Mais la disciple de Dairo préférait attendre encore un peu avant d’utiliser de nouveau son pouvoir, de quoi obtenir au moins un nom. Se raclant doucement la, elle posa une patte sur son poitrail.

« — Nirvana. »

Un moyen simple d’échanger.
S’approchant du géant, elle dut se mettre debout sur ses pattes arrières pour toucher le sien de poitrail, dans l’attente d’une réponse.
Je ne pourrais pas faire plus simple.

Velikan

Velikan avait repris ses ronds, truffe au sol, caillou à mâchonné en gueule lorsque la petite louve parla encore. Le géant gris redressa la tête, oreilles pointées vers elle, attentif à ses moindres faits et gestes, à ses moindres paroles cette fois.
Mais il ne comprit pas ce qu'elle dit, sa tête bascula sur le côté dans une grimace interrogative. Elle fit un geste, vers elle, revint vers lui, fit le même sur son poitrail. Velikan se contenta de la fixer de ses yeux jaunes, du moins pendant quelques secondes, quelques vraiment longues secondes avant qu'une étincelle s'alluma dans son esprit.
Oh.
Il pense comprendre, en ouvrant sa gueule, le caillou tombe.

« Vel-i-kan »

La prononciation est difficile, hachurée, il n'a pas l'habitude de parler le mâle gris, essaye surtout de reproduire maladroitement des sons entendus. Celui-ci n'était pas le plus évident, ses dents gênait à une bonne articulation, mais c'est celui qui avait été le plus entendu pour le désigner, celui auquel on avait attendu réaction en retour.    

Patiente, la louvette attendit une réponse. Le cailloux tombe, Nirvana ne sait pas si c’est bon signe, puis finalement, elle l’obtient le nom. Velikan. Ça sonnait un peu comme pélican… mais ce n’était pas vilain. De toute évidence, la mâchoire rend la prononciation difficile, nécessitant que le géant face des efforts.
L’Etelkrus hocha la tête, pour montrer qu’elle comprenait. Au moins, elle pourrait mettre un nom sur une tête.
Assise, elle observa le solitaire, attendant de voir ce qu’il comptait faire à présent. Encore cherché de quoi manger ? La pousser pour voir si elle ne cachait rien sous son harnais ? Lui piquer un coquillage pour en testé le goût ?

Velikan

Si la femelle attend ce qui se passerait ensuite, Velikan attends aussi, figé droit devant elle, si grande masse fasse à la silhouette tachetée. Mais sans doute qu’il est moins patient, dans sa cage, le grand mâle avait attendu trop longtemps sans rien faire, c’était quelque chose qu’il ne supportait plus très bien. Cette attente le stressa un peu, il baissa la tête, les oreilles à l’horizontale dans une expression penaude, regardant à droite, à gauche avec des petits couinements pleurnichards.
Le regard jaune de Velikan retomba sur son caillou, ses oreilles se redressèrent et il le ramassa à nouveau pour le croquer, le mâchonner, le faire résister entre ses dents. À nouveau il recommence à tourner autour de la louve par grands cercles, il serait sans doute parti si elle n’avait pas été là ou si elle n’avait pas éveille son intérêt. Velikan n’est plus patient, alors il bouge, il attends Nirvana tout de même. Pour quoi? Sa réflexion n’avait pas été jusque là.    

Impatient, il semble l’être, n’aimait guère resté en place. Le voilà qui gémit, comme le font les enfants avares d’attention. Nirvana l’observe, sans effectué le moindre geste. Encore une fois, il se saisit du cailloux qu’il vient mâchouiller entre ses immenses dents, tournant de nouveau autour d’elle.
D’une certaine pirate, cela l’aurait énervé et suscité une réaction.
Venant de lui, la louvette savait à présent que c’était dénué de mauvaise intention.
Aussi, elle le suit.

« — Cherches et j’attrape. »

Ainsi, elle ne faisait pas tout le travail.

Velikan

Oh !
Elle bouge ! La petite louve !
Elle marche et elle le suit ! Alors lui la suit aussi d'un pas guilleret. Parce que ses enjambées sont naturellement beaucoup beaucoup plus grandes que celles de la louve, le mâle gris sans doute mène la marche sans s'en rendre compte. Mais il ne cherche pas Velikan, parce qu'il n'a pas compris que c'était ce qui avait été demandé et que s'il n'aurait jamais dit non à une nouvelle occasion de repas, il n'avait plus réellement faim à cet instant. Il se promène et il flâne, son caillou encore en gueule, simplement content, se dirigeant vers nulle part, là où la louve allait.    

La louvette ne sait pas si ce manque de compréhension de la part du géant doit l’agacer. Elle ne cherche pas à accélérer le pas, mais ne ralentit pas pour autant, s’arrêtant par moment pour observer les alentours. C’était bien vide comparé aux plages.
Velikan se comportait un peu comme un enfant.
Silencieuse, la disciple de Dairo se contenta d’avancer, se rapprochant par moment du géant pour marcher à ses côtés (au moins sa présence suffisait à dissuader tout potentiel prédateur), le dirigeant presque naturellement vers la plage.
Elle fit quelques pas dans le sable, allant jusqu’à quelques rochers pour en retourner. Quelques coquillage sous l’un, mais ils n’étaient pas très bons.

Et sous un autre, un crabe.

Nirvana le saisit en essayant de ne pas se faire pincer avant de le poser sur le sable pour l’observer.