Dream Battle (ft. Iris)

-Iris-

Lorsqu'Iris n'était pas avec Maps et Désiré, il trainait à la bibliothèque. Il avançait à pas de fourmis, mais il avait à présent plusieurs pistes, dont une qui ne concernait ni les démons, ni ce fameux "eldritch" qui continuait à vouloir le prévenir d'un rapprochement des mondes. Non, son sujet de la matinée était tout autre : la recette permettant de changer de corps. Iris était loin de le souhaiter, à vrai dire, relire le texte lui donnait le tournis. Mais il ne pouvait s'empêcher d'y revenir, d'y repenser, de tourner, de caresser l'idée avec tantôt une tendresse presque maternelle, tantôt une violence cruelle.

Malgré la magie, malgré tout, il ne sera jamais ... un "vrai mâle". Il restera différent. Ces pensées polluaient son esprit, l'empêchait d'avancer. A quoi bon chercher à tout prix à changer son corps, si au fond rien ne changeait ? Parfois, même, il retombait dans ses vieux travers, se demandant s'il n'avait pas un problème plus profond que simplement une erreur de corps. Mais était-ce vraiment une "erreur" ? Cette idée lui semblait étrange. Il était né avec ce corps, il était le sien, et il était libre d'en faire ce qu'il voulait. Il n'était pas ... Il n'était pas une erreur. Il luttait, de toute ses forces, contre cette idée qui venait empoisonner sa volonté et son énergie. Une idée mauvaise, qu'il n'arrivait pas à secouer entièrement.

Mais parfois, l'espoir revenait, puissant. Parfois, il passait devant une glace et voyait un reflet qui lui plaisait, parfois, il voyait dans le regard de ceux qu'il rencontrait une hésitation, subtile mais bien présente. Et grâce à ça, il arrivait à ne pas sombrer, à s'accrocher à cette conviction profonde que ce qu'il faisait était le bon chemin pour lui. Ce matin là était un de ceux-là : même s'il avait peur de changer son corps, il caressait l'idée avec convoitise, une angoisse mêlée à une envie folle, dévorante. Cela ne lui coûtait rien de chercher, après tout : c'était ce qu'il s'était dit lorsqu'il avait commencé à chercher des livres sur les ingrédients mentionnés. Mais ses pattes fébriles trahissaient l'espoir, qui suintait de ses pores, de ses coussinets, de ses yeux vifs.

Il mit du temps à remarquer les yeux posés sur lui. Le regard plongé dans les livres sur la flore et faune magique, il sent soudain un frisson courir sur son échine. Il se retourne, lentement, et la voit. Epaisse, le regard vide et brillant, une patte de métal : une reader. Il ne bouge pas, mais sent soudain son humeur assombrie. A son épaule, le rouge brillait, presque ostentatoire. Il se souvenait, de l'ordre de son Dieu d'éradiquer le clan de ceux qui avaient volé leurs enfants. Les etelkrus n'oubliaient pas. Mais ... il savait que confronter celle-ci, en plein coeur des terres des pacifistes nakhus, était une idée désastreuse. Il maintient son regard un instant avant de replonger dans son livre, l'ignorant.

-Iris-

Les yeux de la reader le scrutait, il pouvait presque les sentir, cuisant dans son dos. Il détestait cela, et son esprit était plus concentré sur elle à présent que sur ses lectures. Les bruissements de tissus, les grincements mécaniques et puis ensuite, les pas lourds annonçaient que la pirate s'était décidée à se lever, et se rapprochait. La voix rauque vient briser le silence de la bibliothèque, sans qu'Iris n'eut daigner lever les yeux. Il referme son livre -une sorte d'herbier des terres du Sud- d'un geste sec, et relève deux yeux violets. Neutre, sans animosité, un léger agacement se laisse deviner sur ses babines tendues. Il n'aimait pas qu'on l'appelle mademoiselle.


Ses yeux tombent sur la patte tendue, et Iris se tend un peu. Il n'avait aucune envie de la toucher, cette patte. Pourtant ... Il repense à Astrid, et lentement, relève les yeux. N'y avait-il pas un certain air de famille, dans les yeux luisants sans pupilles, dans la peau noire et lisse ? Lentement, il lève la patte pour serrer celle de l'épaisse louve.


Que cherchait-elle ? Il essaye de la cerner, une fraction de seconde suspendue alors que leurs deux corps se touchent. Puis, l'etelkru la relâche et baisse le museau sur son livre, laissant ses cheveux courts et bouclés tomber devant ses yeux. Il pose le livre sur le tas devant lui, d'un geste précis, avant de demander, de sa voix toujours un peu plus grave qu'avant :

-Iris-

Le regard brillant d'un intérêt malsain reste verrouillé dans celui d'Iris, qui ne ploie pas face à louve en face de lui. Elle était reader, mais tout comme lui était soumise aux règles du clan les accueillant. Un combat, ici qui plus est, serait fort malvenu pour leur deux clans. La louve lui confirme bien son lien de parenté avec Astrid, et Iris se demande qu'elle était la probabilité de tomber sur sa soeur ainsi. Peut-être était-ce le sort qui l'avait placée sur sa route ? Il plisse les yeux. Il voulait tirer des informations de cette rencontre. Il balaye la pique d'un geste léger de la patte, penchant un peu la tête :


Ses yeux se plissent. Son doigt courre le long du livre, et il se demande un instant pourquoi la reader venait ici, à la bibliothèque. A dire vrai, il ne savait même pas les pirates capables de lire, mais c'était là le mépris qu'il avait pour eux qui parlait. Il restait méfiant, cependant. Il baisse la tête, brisant le regard en acceptant la défaite de leur combat visuel -il préférait se montrer amical, comme avec Astrid, cela avait plus payé.


Son regard se redresse et sonde la réaction de son interlocutrice. Etait-ce voulu, était-ce une nouvelle ? Iris voulait le deviner.

-Iris-

Iris cille. Est-ce qu'elle essayait de la draguer ? C'était difficile à dire. Cette idée là lui retournait un peu l'estomac, surtout à la vue du corps sans aucun poil de l'autre louve. Non, elle devait se payer sa tête, c'était plus logique. Visiblement, la mention des amis d'Astrid ne satisfaisait pas l'autre reader, ce qui interroge l'etelkru. Peut-être que cette amitié était aussi mal vue du côté des readers que de son côté, ce qui était intéressant. Iris reste neutre, détaillant l'autre pirate d'un regard concentré sans départir de sa pseudo-sympathie.


Il plisse légèrement les yeux avant de sourire. Son ton prend des inflexions joueuses maîtrisées, entraînées, en même temps qu'il ne s'assoit par terre. La conversation allait visiblement durer un peu plus que prévu, mais cela n'était finalement pas pour lui déplaire s'il pouvait en apprendre plus sur Astrid.

-Iris-

Une conclusion simple, en effet. L'etelkrus bleu soutient un instant le regard de la reader, avant de baisser la tête pour accepter gracieusement l'offre de s'asseoir. Parler avec une reader, encore. Voilà qui ne plairait pas trop à son Dieu. Mais il se promet mentalement de se contenter d'en tirer quelques informations, sans plus. Il n'était pas du genre à se lier d'amitié avec les forbans. Il s'assoit, avant de laisser un petit silence passer. Que devait-il révéler, jusqu'où aller ? C'était une question difficile. Il commence, sur le ton de la badinerie.


Il avait failli perdre, d'ailleurs. Un souvenir encore amer. Il penche légèrement la tête en souriant, d'un rictus feignant une sorte de chaleur lupine.

N'est-ce pas ? Est-ce que sa propre soeur était au courant de ses fréquentations ?

-Iris-

Iris garde un sourire cordial, même si le rappel du combat ne lui était pas si agréable. Surtout pas après avoir parlé à Désiré de ses fréquentations, et compris qu'ils étaient réellement amis. L'etelkrus ne relève pas la pique de cette Susie, se cachant derrière un masque cordial. Il était plus jeune, lors du dernier combat. Mais il faisait également partie des combattants un peu plus faibles de son clan, comparé aux monstres comme Sakura. Il ne se voilait pas la face : en force brute, il ne faisait pas forcément le poids.

Bien heureusement, la conversation continue sur un ton cordial, loin d'un éventuel combat. Susie confirme qu'elle savait, pour sa soeur, tout en désapprouvant. Ils étaient donc dans une situation similaires, malgré leurs différences, ce qui évidemment éveillait l'intérêt d'Iris. Celui-ci lève une patte pour la regarder, évitant le regard brillant de la pirate. Sa voix se fait un peu plus pernicieuse :


Il relève deux yeux mauves neutres. Bien que s'allier avec un reader le dégoûtait, cela pouvait bien avoir son utilité.


Il était hors de question que leur sang se mêle à celui de tueurs d'enfants.

-Iris-

Le regard du mâle soutient celui de la pirate. Elle voulait des informations sur Désiré, mais Iris ne souhaitait pas en donner plus que cela. Au vue de l'émotion de la louve, elle le détestait, ou du moins détestait la relation qu'il avait avec Astrid. Ils étaient deux. Le loup inspire, prenant le temps de réfléchir à sa réponse. Il ne voulait pas donner l'impression que le beige lui tenait trop à coeur, même si c'était le cas, de peur de le mettre en danger. Mais il ne pouvait pas insinuer qu'il n'en avait rien à faire, ou il serait également une victime de la pirate. La mesure était de mise.


Il relève ses yeux violets. A eux deux, ils pouvaient réfléchir à un plan, ou du moins à quelques idées pour lentement écarter les deux dissidents l'un de l'autre, avec douceur. Il y aurait peut-être des pleurs, de la tristesse, des regrets, mais au moins il n'y aurait pas d'autre Ibéris.

-Iris-

Le regard violet d'Iris se fait plus dur. Il n'aimait pas vraiment le ton employé par la reader, mais pouvait-il vraiment lui en vouloir ? Oui, oui évidemment. Elle était une de ces louve-poisson qui lui volaient son meilleur ami.

Pour ne pas qu'il le soit.

Il soupire légèrement, reprenant une attitude d'un neutre cordial. Ils formaient une drôle d'alliance, tous les deux ; Iris préférait ne pas trop s'épandre dessus, même en pensée, se focalise plutôt sur leur objectif commun. Il fronce légèrement le museau aux qualificatifs employés.

Une idée soudain lui vient. Une idée terrible, une idée qui le ferait souffrir probablement beaucoup, mais qui briserait sûrement leur couple. Un silence passe, alors que le doute pointe dans le coeur d'Iris - et il se deteste de seulement considérer cette idée là, si mauvaise et pourtant, si efficace. Il tourne son regard vers la reader :

-Iris-

Le sourire de la pirate ne plait évidemment par à Iris, mais ce dernier reste neutre pour ne pas endommager leur accord tacite et fragile. Il avait néanmoins l'impression que cette Susie voulait faire du mal à Désiré à tout prix, et se trouvait dans une position d'équilibriste assez tendue à tenir pour lui qui n'était pas disciple jaune : les séparer en formant une alliance, sans pour autant lui faire plus de mal que prévu. Sans le détruire, évidemment. Alors, différentes méthodes pouvaient être utilisées, mais les plus raisonnables avaient déjà été épuisées.

Finalement, la brute comprend où Iris voulait en venir, et vas même jusqu'à l'inspecter de haut en bas, créant un soudain pic d'inconfort dans le corps du guerrier. Il détestait se faire reluquer, surtout lorsque les yeux s'attardaient sur son anatomie. Il souffle, se retenant de regrouper ses pattes pour essayer de se soustraire au regard de l'autre, et répond.


A choisir, il n'avait pas envie de mentir à Désiré en lui disant le vouloir de nouveau. Il savait que cela briserait à jamais leur amitié à laquelle il tenait beaucoup.

-Iris-

Une mine légèrement boudeuse se peint sur le visage d’Iris. La reader était rapide pour tirer ses conclusions, mais elles ne plaisaient pas vraiment à l’etelkru, qui ne voulait pas utiliser son ami ainsi. Non, définitivement, il n’y avait pas de solution facile. Iris vient poser une de ses pattes sous son menton, réfléchissant. Il ne pouvait pas trop s’éterniser, au cas où on le surprendrait avec une … pirate.


Un loup mignon, solitaire ou nakhus, qui m’aurait pas trop de scrupules. Iris lève une patte, une autre idée le traversant.

Il ne connaissait pas grand chose à l’amour, abordant la chose comme on abordait une bataille.

-Iris-

Iris couche les oreilles, agacé par le rire gras de la pirate. Cela dit, elle décide de terminer la conversation après avoir accépté leur plan ; Lui ne pourrait certainement pas compter sur elle pour le réaliser, mais elle avait eu au moins le mérite de lui donner des idées, des informations et une "alliée" chez les nakhus. Il la salue d'un signe de tête et la laisse repartir de son coté : Lui avait encore à faire.