Iel avait jamais franchi les terres Nakhus avant. Cependant, iel avait fait un choix, et pour cela, iel devait partir – au moins temporairement – des Terres de son clan. Etait-il encore réellement sien, ce clan ? Iel ne s’y sentait pas toujours à sa place. Vexé, iel se tournait toujours vers le sarcasme, le venin, la vengeance, alors que ses pairs choisissaient le pardon, la compréhension. Mais ce n’était pas pour son venin qu’iel venait jusqu’à l’île aux roses. Armé d’une carte, iel repéra l’île flamboyante de fleurs au bord des terres. Iel n’avait pas croisé de Solitaire, ni d’Etelkrus, ni de Nakhu pendant son périple. Heureusement, iel n’avait pas envie d’avoir l’attention d’autres sur iel. Ce qui comptait, aujourd’hui, c’était son attention à elle : la déesse rose, Moiro.
Iel n’avait pas eu à procéder par élimination, la seule divinité qui lui plaisait était la Rose, celle de Prudence. Iel ne s’était jamais vu que obtenable, même pour toutes les richesses de Punk Wolf, iel ne consentirait à une relation exclusive, telle qu’iel avait vu d’autres loups entretenir. Mais iel acceptait de lâcher un peu de cette liberté, si c’était pour porter la couleur de la tigresse.

Lorsqu’iel arriva, iel prit le soin de se recoiffer, de remettre ses chainettes d’or dans ses cheveux, puis de tisser avec eux un chignon complexe, qui paraissait à la fois nonchalant et élégant. De nonchalance il n’y avait rien : cela prit plusieurs minutes pour tout arranger, en utilisant son reflet dans l’eau pour corriger ses erreurs. Iel dépoussiéra sa longue queue soyeuse et remit dedans ses bijoux dorés qu’iel avait enlevés le temps de la marche.  Une fois qu’iel se sentait présentable – en effet, iel paraissait prêt pour un bal de légende – iel prit le chemin du temple. Entre les rosiers, iel se sentait heureux. Les odeurs douces et les belles pétales lae ravissaient. Ce lieu semblé tombé d’un des livres de la bibliothèque : petit hameau de beauté et de splendeur, à deux pas des terres ennuyeuses et sales. Qu’est ce que cela devait être agréable que d’habiter ici ? Iel se demanda si la déesse de Rose avait un prête ou une prêtresse, tel Kerguelen chez les Nakhus. Il faudrait sûrement se prouver très séducteur pour avoir une telle place aux côtés de la rose. Iel se demanda un instant si iel pourrait un jour y prétendre ? La pensée lui plut, alors iel lui fit une petite place dans son cœur. En tournant un coin, iel aperçut une statue d’or sous des jeunes arbres fleuris de blanc. Qui était-ce ? Une Oracle, tels ceux qui trônaient dans l’église de Yurai ? Ou était-ce là une prêtresse de Moiro ? S’il n’y en avait qu’une la sélection devait être rude.

Lorsqu’iel arriva devant les tigres, iel s’inclina un peu. Pouvait-iel rentrer dans le temple de la Tigresse ? Les tigres ne semblaient y faire nulle opposition, alors iel rentra dans le temple et vint se tenir devant la statue de la tigresse. Moiro devait avoir l’habitude des princes dans son temple, mais pouvaient-ils tous êtres aussi beaux qu’iel ?

« Déesse Moiro, je suis venu pour prétendre à votre épreuve de Glowtick. »

Iel ne l’entends pas apparaître derrière iel, ainsi iel a un léger sursaut, lorsqu’elle parle dans son oreille, et tourne la tête avec surprise pour suivre la déesse rose.
Iel n’as jamais vu de dieu d’aussi près de sa vie. Iel a vu Yurai de loin, dans l’Eglise, lorsque certains loups allaient lui parler, mais n’était jamais allé la voir pour iel même. Ainsi, son regard se transperce de surprise et d’admiration, lorsque la louve rose éthérée se dresse devant lui. Ses cheveux flottaient comme animés par une brise qui n’existait pas pour les mortels. Ses yeux étaient blancs sans émotion ni ombre. Elle semblait être entièrement faite de lumière, ses traits disparaissaient dans l’air autour d’elle comme la brume du matin.

Iel rassembla ses idées pour ne pas avoir l’air béat devant une déesse du charme. Ce serait être bien faible proie. Ou plutôt une proie normale, c’était la spécialité de la rose après tout, de charmer de beauté et de grâce.
Quelqu’un qui ne s’aimait pas, était-il capable de charmer un autre ? Si on ne savait pas ce qu’on avait à offrir, comment pouvait-on le proposer aux autres ? On pourrait certes complimenter l’autre, mais si on ne savait pas ce que ça faisait de recevoir des compliments, saurait-on bien les donner ? Les questions filèrent dans son esprit, pour qu’iel puisse dire succinctement :

« Il faut bien que je m’aime moi-même, avant de pouvoir aimer les autres. »

Iel en avait pris du temps, pour pouvoir s’aimer soi-même. C’était avec l’aide de Cheza qu’iel avait pu commencer, il y avait presque un an, à s’aimer. Iel s’inclina un instant devant la déesse avant de lui répondre.

« Je fais rarement de la place pour aimer les autres, vous avez raison. Mais pour vous, il y a une place dans mon cœur. »

Est-ce qu’iel avait donc tort, d’être aussi sélectif pour ses affections ? Dans ses amis, il n’y avait que Cheza, Prudence, peut-être Nocera, et Blizzard. Il n’y avait pas d’autre dieu, ni d’autre mortel, d’ailleurs, pour qui iel ferait cette place privilégiée. Sauf peut-être … sauf peut-être elle. Blizzard. Mais iel n’était pas sûr.

« Est-ce que je peux vous la donner ? »
Iel lui sourit en coin. Iel ferait tout ce qu’il faudrait pour prouver à la déesse que c’était à elle qu’appartenait cette place, que c’était une place qui valait le coup de prendre, et qu’iel se montrerait disciple loyal, et honorerait la couleur de la Tigresse, encore plus que le clan des Nakhus.

Iel sent que sa réponse n'était pas la mauvaise, il n'y pas de hargne dans la voix séduisante le la déesse rose, qui se faufile encore dans l'air comme si il y avait des pierres invisibles sur lesquelles marcher. Iel écoute la déesse rose sans l'interrompre, lorsqu'elle parle de sa meute. Les Nakhus. Son sourire d'apparât se pince un peu. C'est chez iel, mais en même temps, iel n'y est pas à l'aise, pour deux raisons: Leur pacte avec les Etelkrus, et leur pacte avec les Raeders. Les Etelkrus, iel ne peut leur pardonner d'avoir laissé des loups dans une bibliothèque en feu, iel les haïra jusqu'à sa dernière respiration, iel en est certain. Et les Raeders, non contents d'avoir vu son père se sacrifier pour eux, ont agressé Blizzard. Une des seules personnes qui ne soit pas de sa famille, en qui iel a de l'affection et de l'amitié. Cheza lui en avait parlé, rallumant la haine d'antant que Nymeria avait commencé à oublier.

"Ces insectes n'ont ni mon respect, ni mon aide. " souffle-iel, contenant sa haine à relever un peu la commissure de sa gueule pour montrer quelques crocs.
"Ils ne respectent ni la grâce des Dieux, ni l'aide que les Nakhus leur ont prodigué par pitié. Si les Nakhus venaient à essayer de renouer avec eux, je n'hésiterai pas à les quitter."

Iel ne met pas. Ce serait pas facile, en effet, de mentir à une déesse, mais cela n'est pas nécessaire. Le pacte avec les Etelkrus le dérange beaucoup, mais alors aider cette vermine -pour utiliser les termes de la Tigresse-, alors que celle-ci, non contente de ne pas respecter le sacrifice de son père, agresse des Nakhus ... c'est hors de question. Déjà, iel sent que si Yurai ne choisit pas de prendre position contre ces loups inférieurs, face à leur trahison, iel ne saura continuer de vivre dans le Dédale.

"Je vous promet de ne jamais les aider."
Ni de mon vivant, ni après.

Arraché le coeur de son île ? Nymeria ne savait pas ce que cela signifiait, mais iel comprenait que son père avait causé un grand tort à la déesse. Iel chercha dans sa mémoire aussi loin qu'iel pouvait une histoire sur ce type de sujet, mais sans fruits. C'était là quelque chose qu'iel devrait chercher dans les livres de la bibliothèque, sans doute.

C'est vrai qu'elle ne lae connait pas, la déesse de rose, et que lorsqu'on ne connait pas quelqu'un, on ne peut pas savoir si elle est digne de confiance. La seule manière de le montrer c'est de se prouver. Alors à cet instant, iel se promets d'être fidèle à sa parole, pour que la déesse de Rose puisse décider de si elle peux lui faire confiance à l'avenir. Et si cela veut dire trahir les valeurs des Nakhus: ainsi soit-il. La fierté de Tigresse a plus de valeur que le pacifisme des Nakhus à ses yeux.

La déesse fait ensuite apparaître quelqu'un pour lui faire passer son épreuve. C'est quelqu'un qu'iel n'arrive pas à genrer d'un coup d’œil, alors c'est peut être quelqu'un comme iel. Peut être que cela lui aurait donné des indices pour savoir comment se comporter ? Iel se sent un peu pris de court. Iel n'en a rencontré presque aucun, de loup comme iel, à la fois il et elle. Est ce que cela devrait affecter comment iel lui parlerait ?

Comment est ce que iel aimerait qu'on lui parle ? Qu'est ce qui le.a faisait tiquer ? Qu'est ce qui la faisait sourire et se sentir en confiance ?
C'est l'image de Liza qui fait surface, et iel esquisse un franc sourire. Il semblerait que c'est pour la.e nouvel arrivé, mais en vérité, c'est pour ses souvenirs.
Iel aimait qu'on lui fasse naturellement confiance, qu'on lae complimente, qu'on lui sourit, qu'on montre de l'entrain, de la curiosité envers iel. Alors pour charmer, iel ferait de même.

"Bonjour, vous allez bien ?" demanda-iel en s'approchant un peu, sans autant rentrer dans un espace trop personnel.
Iel sourit et s’assoit, pour essayer d'instaurer un climat de confiance, de relaxation, sans stress. Un loup qui s’assoit n'as pas l'intention de vous courser pour vous attraper par le cou et vous forcer. Un loup qui s'assoit n'as pas l'air agressif. Un loup qui s'assoit n'est pas dangeureux.

"Vous savez, c'est la première fois que je viens ici, mais j'ai l'impression de vous avoir déjà croisé !" dit-iel en penchant la tête, l'air légèrement gêné mais amusé.

"Mais je suis sure que je me serais souvenu de votre prénom si c'était le cas! Vous avez vraiment une fourrure sublime, on dirait des nuages..."
Iel enroule sa queue autour de ses pattes et détend sa position assise. C'est dur de se concentrer sur autant de détails pour paraître accueillant, désintéressé, mais flirter quand même sans être agressive.

Iel surveille aussi discrètement qu'iel le peut l'expression, les mouvements de lae personne, essayant de guetter tout ce qui pourrait trahir la gêne, le malaise ou l'agacement, pour rétropédaler immédiatement si nécessaire. Etre lourd.e dans la séduction c'était une porte vers l'évitement direct, alors il fallait être fin et gracieux dans sa manière d'approcher les autres. Iel préférait habituellement ne pas approcher les autres, ne désirant pas s'importuner de toute la réflexion et la surveillance des autres pour garantir un échange agréable.

Iel à l'air de réfléchir, puis iel se souvient.
"C'est ça ! Je t'ai vu dans le ciel à la tombée de la nuit, lorsque les nuages se colorent et dévoilent les étoiles."

Iel sourit, puis s'approche de lae personne et soupire un peu, baissant la tête.
"Je ne te reverrai sûrement plus jamais après aujourd'hui ..."

Iel redresse la tête, les yeux emplis d'admiration, pour accrocher son regard à celui de l'inconnu.e.
"... alors je regarderai la nuit tomber pour ne pas t'oublier." dit-iel.

Iel sourit plus timidement, et donne un petit coup de museau à la joue de lae louve éphémère.

Iel entends soudain une voix inattendue et se retourne d'un coup alors que lae loup.ve courtisée disparaît. Son regard doré illuminé de confiance en soi s'agrandit de surprise. Liza ? Comment es-tu arrivée là ? C'est Moiro qui t'as appelé ? Iel ouvre la bouche, confus, lorsqu'elle lui pose sa question.

Iel rougit. Ce ne serait pas évident à voir pour Liza à cause de son pelage sombre, mais on ne peut pas cacher aux déesses ce genre de réaction. La réponse n'est pas évidente. Iel a plus osé qu'iel n'ose oser avec toi, parce qu'iel a peur de te faire peur, iel a peur de te faire fuir. tu vois le monde avec tant de joie, tant de positivité, que tu ne voies sans doute pas les sentiments plus grands que l'amitié que Nymeria pourrait ressentir pour toi. Iel a peur que en mettant des mots dessus, tu disparaîtras même en tant qu'amie. Iel aurait pris plus de pincettes avec toi, pour essayer de te faire comprendre de quoi il est question pour iel lorsqu'il te voit.

Iel ouvre la gueule pour mentir, c'est instinctif. Iel ne voudrait pas lui faire peur, la perdre. Mais iel capte le léger sourire et s'interrompt. Iel baisse la tête et soupire.
"Non ... il y aurait plus de madeleines." dit-iel en souriant légèrement en retour à la louve mauve et blanche aux cheveux bouclés. Iel savait que c'était son truc préféré à manger, iel avait prévu d'apprendre à les faire pour lui faire la surprise.

Iel souffle un peu, stressée. C'était pas ce qu'iel avait prévu, iel se sentait pas très préparé à cette question: iel hésitait encore sur la nature exacte de ce qu'iel ressentait, pensait de Liza. Iel cherche en lui les bouts de courage qui lui manquent. Ce sourire l'invite à dire plus qu'iel n'oserait en te croisant tout autre jour. Ce sourire sous-entends que ta réponse ne sera pas forcément négative. Ce sourire est si inattendu.

"Quand je suis avec toi, je ne me sens pas seul, je ne m'ennuie pas, j'ai pas peur: je suis heureux. Je me sens très chanceuse d'avoir cette possibilité, alors je n'ai jamais envie que tu partes. J'aimerai te voir plus souvent, quand tu as le temps, je sais que tu as ta propre vie et tes propres projets - mais j'aimerai en faire un peu plus partie, si tu veux bien ?"

Iel a redressé la tête vers la louve et s'approche un peu pour lui tendre la patte. Iel ne voudrait pas la forcer, c'est son choix à elle. Iel survivrait sans elle, mais sa vie serait tellement moins agréable sans le sourire joyeux, les yeux brillan- ehoh. Les yeux roses ? Iel sent le stress lae quitter d'un coup, ainsi qu'un sentiment embarrassé et amusé. Iel s'est bien fait avoir.
Iel garde la patte tendue vers l'apparition de la déesse. Iel peut dire les mots qu'iel retiendrait encore, en attendant le moment opportun, le moment où iel saurait qu'ils seraient bien reçus par la vraie Liza. Dans des mois, des années, le temps de connaître par coeur celle qui lae rendait si heureux.

"Tu es formidable, je n'ai jamais connu quelqu'un comme toi" dit-iel en souriant sincèrement.