You Can Be A Fascist too (ft. Iris)

Dough avait beaucoup réfléchit à ce qu'il voulait dire à son élève. Il y avait un sentiment, surtout, qu'il tenait à retranscrire : celui de la fierté. Bon, il n'était pas poète pour un sous, mais il avait trouvé quelques trucs rigolos, qui permettraient peut-être de dédramatiser cet au revoir informel, et puis il se dé patouillerait bien pour en faire quelque-chose, au final.

Ce dont il était sûr, c'était qu'il se lancerait durant l'une de leurs rondes de nuit. Il aimait beaucoup être en binôme avec Iris, là où il avait beaucoup de mal à supporter certains autres collègues, estimés comme trop bavards et trop peu concentrés sur leurs tâches.
C'était souvent l'occasion de leçons informelles, aussi, de perfectionnement de technique, qu'il s'agisse de traque, de surveillance ou de chasse.
Mais aujourd'hui, une chose était évidente : le mentor n'avait plus rien à lui apprendre.

Il trottait d'un pas allègre quand il se râcla la gorge, avant de s'exprimer de façon plus solennelle qu'à son habitude.
- Gamine, aujourd'hui c't'un grand jour ! 'Fin, une belle nuit. Bref.
Même s'il s'était un peu penché sur la question, il n'était décidemment pas un littéraire - il savait lire et écrire, c'était déjà pas mal, hein.
- À marquer d'une pierre blanche ! Gamine, écoute-moi bien, car...
Il laisse un peu de suspens.
- C'tait la dernière fois qu'j'tapp'lais "gamine".
Un surnom que le vieux loup affectionnait pour son élève, qui lui collait à la peau depuis qu'elle avait accepté de l'être, et qui ponctuait leurs échanges - de mots ou de coups.

Le tripatte s'arrêta, fit face à la jeune et vint ébouriffer ses cheveux ondulés d'une patte.
- Parc'que t'en ai p'us une. J't'ai transmis tout mon savoir, t'as p'us b'soin d'moi maint'nant.
Il esquissa un immense sourire.
- J'suis fier d'toi, et d'l'adulte accompli qu't'es dev'nue.
C'était important, qu'elle le sache, qu'il lui dise, avant de partir de façon définitive. Enfin, pas si définitive, s'il en croyait Anita - ça le trottait toujours cet histoire d'esprit. Mais, bref, fallait qu'il lui dise avant de caner.
En espérant que ça ait son petit effet et qu'il ne fasse pas un flop.

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Face au scepticisme d'Iris, l'ancien mentor eut un rire gras.
- Haha, on peut s'battr' s'tu veux, j'dirai jamais non à un combat cont' toi !
Comme si c'était une sorte d'honneur que la jeune louve avait gagné en même temps que son respect.
- Mais c'tait pas forcément là qu'j'voulais en v'nir !
Son sourire se fait triste. Visiblement, il n'y échapperait pas : il allait devoir être plus clair. Il s'arrêta, échappant un soupire comme l'un de ses antérieurs vint se faufiler sous ses dreadlocks pour gratter son crâne.
- T'sais, Iris… Y a p't'êt' ben un truc que j'peux t'apprendre, encore. C'est qu'y a toujours un combat qu'on finira par perd', celui d'la vie. Et qu'tout qu'on peut faire, c'est d'se batt' jusqu'au bout.
Il releva le regard, retrouva son sourire. C'était pas trop mal, ça, pour parler entre rouges de la mort.

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Dough continue de marcher, poursuivant la ronde, laissant - aussi - le temps qu'il faut à Iris pour digérer l'information, puisqu'il a bien compris au son de sa voie que le message est passé. Bon, ça tombe bien, parce qu'il n'aurait pas vraiment su quoi ajouter.
Et, quand la plus jeune Épée formule sa réponse, le vieillard a un nouveau rire - ne prêtant pas attention à l'usage du masculin, puisqu'après tout, lui non plus n'articulait pas très bien. Et puis, il était disciple du Grizzly, pas professeur de français.
- T's'rai p'têt' pas l'même, mais j'doute pas qu't'en s'rai ben sorti.
Son moignon de queue s'agite, exprimant toutes les émotions positives qui le traversent. Il rend, également son accolade à celle qui prendra sa relève, quelque peu surpris toutefois. Il ne s'attendait pas vraiment à ce genre d'effusion, ne peut blâmer Iris, toutefois. Parfois, il se dit qu'il aurait mieux fait de serre Cookie plus souvent entre ses pattes. À cette pensée, même, retient la louve un peu plus longtemps contre lui, avant de le relâcher l'air de rien.
- J'veux qu'tu sois aussi fière de toi qu'j'le suis.

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Aux mots de son ancienne élève, les oreilles de Dough se redresse avant qu'il ne vienne bloquer la route de la louve.
- En honorant m'mémoire.
Sur cette phrase, le Maillon se met en position de défense.
- En continuant à t'battre.
Parce-que des combats, il en restait !
- Pour l'instant, j'suis 'core là.
Et il ne comptait pas lâcher de si tôt celle dont il avait été fier d'être le mentor ! Et puis, il était bien connu que, chez les Rouges, il n'y avait qu'un remède acceptable pour gérer ses émotions, et c'était de se mettre sur la gueule.
- Cogne.

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Iris marque une pause, ce à quoi Dough ne prête que peu d'intention. Le but, ici, ce n'était pas de gagner. Le but, ici, c'était de se défouler, et de faire sortir toutes les émotions qui pouvaient lui peser sur le cœur, et sur le corps.
La Bouclier se prête au jeu, trop mollement au goût du Maillon, toutefois. Alors, il se décide à lui jouer un petit tour de son cru et, pour la première fois, activera son pouvoir dans un combat contre son ancienne élève. Le Vortex s'illumine, empêchant la faible frappe d'atteindre son objectif.
Le mâle sourit de tous ses crocs.
- J'ai dit : cogne.
Il est rare d'entendre le vieillard articuler de la sorte, pourtant, il semble important que le message soit clair.
À tel point qu'il lève un antérieur dans l'idée de venir l'abattre sur la joue de la louve, histoire de lui montrer comment s'y prendre.

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Sous l'effet du coup, son ancienne élève s'éloigne, et observe Dough. Ce dernier sourit, surtout sous l'effet de l'adrénaline. Dieu, qu'il aimait le combat. Ce serait peut-être ça, le plus dur, une fois mort : s'en passer.
Iris revient à la charge, mord, arrachant même un grognement de douleur au Maillon.
- C'bien, continue comme ça !
Car, lui, ne s'arrêterait pas. C'est frontalement qu'il revient à l'attaque car, si cette fois il avait bien remarqué la toile rouge, il ne comptait pas l'éviter pour autant. Ce n'était pas son genre, de toutes façons. Lui, préférait essayer de venir mordre une patte d'Iris : déjà parce-que son armure la laissait exposée, mais aussi parce-qu'il espérait pouvoir la priver d'un appui.

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C'est d'un sourire amusé que Dough observe Iris se relever en lui hurlant à la gueule. Il était si fier de son ancienne disciple, devenu une vraie Etelkru, une vraie rouge, tout comme lui. Il avait réussi à passer le flambeau, et pouvait crever en paix.
- T'as plus qu'à bosser pour choper mon niveau !
Malgré cette pique, le rouquin en était persuadé : son ancienne élève avait toute l'étoffe d'une guerrière. Ne lui manquait plus que les années d'expérience. Et chaque tarte prise dans le coin du museau, chaque nouvelle fois où elle se relevait, était un pas vers la force pure et brute de leur meute.
Dough rit à cette provocation bienvenue.
- À ce stade, j'pense pas qu'ce s'rait trop tôt.
Il avait fêté son quinzième anniversaire, après tout. C'était déjà beaucoup.

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